La G@zette Nucléaire sur le Net!
N°257,  septembre 2010

Nucléaire et agressions externes: quels risques?
Dédiée à Yannick Sené et à Henri Octor
EDITORIAL / SOMMAIRE


     Ce numéro est dédié à la mémoire de mon fils Yannick soutien de nos actions et porteur de nos messages (comme toute la fratrie Sené) et à Henri OCTOR, membre du GSIEN depuis plus de 30 ans et toujours aussi pertinent dans ses analyses et ses apports lors de nos AG.
     Ils vont nous manquer, mais nous ne les oublierons pas et continuerons. Ce sera plus difficile sans leur chaleureuse présence...
     La Gazette a aussi une pensée pour Christian Chenal vice président de l'Association des Médecins Français pour la Prévention de la Guerre Nucléaire (AMFPGN).

EDITO

     Le rapport VD3 Fessenheim 1 est terminé, celui sur l'enquête publique de Ganil l'est aussi. Le HCTISN a rendu celui sur le cycle de l'uranium (naturel, de retraitement, enrichi, appauvri...) et le GEP rendra le sien en septembre. Nous reparlerons de tout dans le prochain numéro et à l'AG du GSIEN.
     L'Iran va faire démarrer le réacteur de Bushehr grâce aux Russes. Israël menace...
     L'Allemagne n'a pas encore décidé si oui ou non on ferme les réacteurs et si on en relance. Mais au moins ils discutent.
     Par contre cela ne va toujours pas en Russie: «La menace persiste près du centre nucléaire. Un vaste incendie à proximité du centre nucléaire de Sarov donne du fil à retordre aux secours en Russie. Le ministère des Situations d'urgence admettait être en présence d'un certain danger
     Après les fortes pluies de la nuit, la situation s'améliorait un peu du côté de Moscou, hier. En revanche, l'incendie qui ravage une réserve naturelle près du centre nucléaire de Sarov gagne du terrain. «Le foyer d'incendie, apparu il y a deux jours dans la partie orientale d'une réserve naturelle, a progressé et représente un certain danger», déclarait le ministère russe des Situations d'urgence. Il indiquait par ailleurs qu'un incendie de 1.000 ha faisait rage dans le district de Popovka, sans préciser à quelle distance les flammes étaient du centre nucléaire. Le chef-lieu de ce district est à 17 km de Sarov. Selon la même source, un deuxième foyer de 200 ha a, lui, été "circonscrit" dans le district de Pouchta, à une vingtaine de kilomètres de Sarov.
     Les autorités russes avaient affirmé, le 4 août, avoir évacué les matériaux radioactifs et explosifs, avant d'assurer quelques jours plus tard que le danger était passé et que le centre fonctionnait normalement. Deux autres sites sensibles, le centre de retraitement de déchets nucléaires de Mayak et le centre de matières fissiles de Snejinsk, à 2.000km à l'est de Moscou, dans l'Oural, ont aussi été menacés par des feux, mais la situation serait sous contrôle.
     Déjà en juillet: les autorités ont par ailleurs révélé, cette semaine, que des incendies avaient sévi en juillet sur des milliers d'hectares de zones irradiées notamment par l'explosion, en 1986, de la centrale de Tchernobyl, laissant craindre une propagation des radiations. Le patron de l'agence russe de l'énergie nucléaire Rosatom, Sergueï Kirienko, a souligné hier que les radiations étaient «au niveau habituel» en Russie. Les feux qui s'étaient déclarés à quelque 60km de Tchernobyl, en Ukraine, semblaient, hier, en voie d'extinction selon les autorités ukrainiennes. Le gouvernement avait annoncé, jeudi, que des tourbières et des forêts brûlaient depuis plusieurs jours à environ 60km de cette centrale à l'origine de la plus grande catastrophe nucléaire civile.
     Que dire: qu'il y a un risque si le feu passe sur Sarov ou sur Maïak, mais aussi sur les anciens sites industriels. Tous ces endroits regeorgent de déchets, mal conditionnés, pas vraiment à l'abri.
     Il faut se rappeler que les sites sont plus ou moins (tout dépend de leur âge et ceux-ci ont 50 ans...) protégés pour un incendie interne, mais externe c'est autre chose. Toute l'alimentation électrique peut être interrompue et s'il reste les diesels, et que le feu passe sur le site, que restera-t-il?
Quant aux cendres , elles vont se remettre en suspension avec les vents et tout cela se baladera comme les sables que nous recevons en provenance du Sahara.
suite:
     Ce qui est certain c'est que les cataclysmes naturels sont violents et ceci est dû à une surexploitation des forêts pour ce qui concernent les incendies monstres de Russie (et des USA, rappelez-vous Los Alamos et ses fosses de déchets en 2009). Quant aux inondations c'est pour avoir oublié qu'un fleuve ou une rivière cela peut déborder...
     Ces incendies de tourbières ne vont pas arranger les émissions de CO2? Le Monde nous apprend «Depuis fin juillet, Moscou suffoque sous une épaisse fumée de poussières toxiques, issues de la combustion des forêts et des tourbières qui entourent la capitale. L'air est aussi chargé en monoxyde de carbone (CO), en concentrations très supérieures à la normale qu'en dioxyde de carbone (CO2), gaz non toxique mais à effet de serre. 
     La canicule et la sécheresse à l'origine des incendies alimentent ainsi, dans un cercle vicieux, des émissions massives de l'un des principaux agents du réchauffement climatique. D'après la littérature scientifique, une tourbière en feu recrache environ 70 tonnes de CO2 par hectare et des centaines d'hectares de tourbières sont en flammes aux portes de Moscou. C'est pourtant peu de choses comparé aux 161 millions de tonnes de CO2 que relâche annuellement, près de 140 millions d'hectares que compte le territoire russe (en sa partie asiatique).
     Ces zones humides où s'accumule la matière organique d'origine végétale constituent, lorsqu'elle baigne dans l'eau, un gigantesque puits de carbone, stockant l'équivalent de plus de 1.000 tonnes de CO2 par hectare. Mais lorsqu'elles sont drainées et asséchées, la décomposition de la matière organique libère d'énormes quantités de CO2
     Et le seul moyen d'éviter feu et relâchement est de recréer les tourbières aussi bien en Russie, qu'en Europe.
     De toute façon le bilan des incendies ne va émerger que petit à petit, comme d'habitude.
     J'ai rassemblé quelques nouvelles sur ITER, sur les déchets, en particulier le rapport de la CNE2. Ce rapport fourmille de données et pose de bonnes questions. Un truc amusant à propos des possibilités de géothermie: voici la phrase de la CNE: «La commission adhère, comme l'Andra, à la conclusion que le Trias dans la région de Bure ne représente pas une ressource géothermique potentielle attractive dans les conditions technologiques et économiques actuelles. Cependant cette considération repose plus sur la modestie de la température et l'incertitude qui demeure sur les possibilités de réinjecter l'eau que sur la productivité de l'aquifère du Trias inférieur dont il n'est pas pour l'instant démontré qu'elle soit inférieure à celle constatée dans les installations géothermiques au Dogger existantes dans le centre du Bassin parisien». Bon c'est difficile de prévoir l'avenir, mais tout de même c'est quelque peu incohérent!!
Cependant ses appréciations sur le temps d'entreposage en surface (au moins 100 ans pour que le stockage résiste), l'évacuation de la chaleur, l'inventaire dimensionnant ou Mid, les demandes pour choisir la fameuse Zira. Enfin je trouve ce rapport fort intéressant et il faut s'appuyer sur les demandes de la CNE pour obtenir des compléments d'information.
     La synthèse du rapport Roussely vaut le déplacement.  Lisez-le et utilisez.
     Comme Michel Fernex m'a envoyé un très bon texte sur Tchernobyl, je vous en fais profiter.
     Je pense que sa revue des diverses études environnementales est très pertinente.
     Et pour finir ne manquez la présentation du colloque sur l'enfouissement dans les mers, incroyable mais vrai d'écrire autant de contre-vérités: ce n'est pas une solution, mais une agression environnementale ingérable et stupide.
     Ne manquez pas non plus la revue de détail du CEA-Saclay: il y a encore beaucoup à faire !!!

Bonne lecture à tous. 

pp.1-2
Correctif du N°256:
    Heinz STockinger, Plage, Salzbourg:
    Je viens de lire le N°256 de la Gazette Nucléaire, où se trouve p.15 un communiqué de presse du RSN en bas duquel vous êtes donné comme contact presse.
    Rien à redire sur la teneur du communiqué. Cependant, il contient en annotation 3, une information imprécise concernant l'Autriche: le parlement autrichien a en effet voté une loi interdisant la production d'énergie par fission nucléaire (Atomsperrgesetz: Wikipedia, voir Energie nucléaire - et nos archives) en décembre 1978, un peu plus d'un mois après le referendum historique du 5 novembre 1978. Il s'agissait là d'une simple loi qui aurait pu être abrogée par une simple majorité parlementaire. Elle a tenu - avec bien des rebondissements, grâce à des mobilisations bien réduites par rapport avec celles d'avant le referendum mais donc suffisantes - face aux multiples attaques du lobby pronucléaire, jusqu'à l'accident de Tchernobyl. Ce n'est qu'en juillet 1999 que le parlement a voté, à l'unanimité, la "loi constitutionnelle pour une Autriche sans énergie nucléaire", après de longs efforts de nous autres antinucléaires.

SOMMAIRE
EDITO
- Communiqué «participer aux cérémonies d'Hiroshima»; Missiles nucléaire à St Dizier; Le tritium: livre blanc de l'ASN; L'enfouissement en mer revient...; Un procédé révolutionnaire pour éliminer les déchets ??? et commentaire; Coût de l'électricité; Fusion: le laser mégajoule
Nouvelles en vrac
- ITER: communiqué du Réseau Sortir du Nucléaire; Analyses des coûts d'ITER et de la décision de juillet 2010 (budget x 3 = 7,25 milliards €); débat public Penly: matériaux?; rapport IRSN sur les combustibles; Communiqué CRILAN sur combustibles; Qui voudra de l'Energie Nucléaire du Canada?; en Europe; il n'y a pas de renouveau du nucléaire
- Tchernobyl: suite film ARTE
- Rapport Roussely: AVENIR DE LA FILIERE  FRANÇAISE DU NUCLEAIRE CIVIL
- CNE2: extraits rapport n°4: Résumé, Réversibilité, Coûts, Zira, Mid: Modèle inventaire dimensionnement
- Saclay: inspections de détail

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