Août 2023 •

Rejets radioactifs

Comme toutes installations nucléaires, ITER va générer des effluents radioactifs liquides et surtout gazeux. Bien supérieurs à ceux d’une tranche REP, les rejets de tritium gazeux (sous forme d’eau tritiée) seront très importants lorsque l’installation en sera aux opérations de plasma deutérium/tritium et surtout lors des maintenances lourdes. Le tableau page suivante synthétise le terme source associé aux rejets annuels moyens d’une tranche REP d’EDF comparé au terme source estimé des rejets annuels d’ITER. A noter que l’estimation des rejets d’ITER est faite à partir d’un terme source incomplet.

Lors des Journées technique de la Société française de radioprotection (SFRP) des 5 et 6 novembre 2015, les « Rejets liquides et gazeux de l’installation expérimentale ITER en fonctionnement de routine » ont été présentés. En sus du tritium, ITER va créer (et rejeter) des gaz rares comme l’argon 41 provenant de « l’activation de l’argon introduit dans la chambre à vide et celui contenu dans l’air proche des flux neutroniques ».

Comparaison des rejets radioactifs annuels

entre ITER et une centrale REP française

durant leur exploitation

Effluents

3H

(TBq)

Gaz rares

(TBq

14C (GBq)

Autres bêta-gamma

(GBq)

ITER

Liquides

0,2

/

0,2

0,2

Gazeux

220 à 900

5

5,4

2

REP

Liquides

10 à 35

/

8 à 20

0,5

Gazeux

0,35 à 0,65

0,3 à 1*

120 à 270

0,004

Pour ITER, la fourchette de valeur représente les rejets annuels avec et sans phase de maintenance lourde. Exemple avec le tritium gazeux : 220 TBq pour les années d’exploitation et 900 TBq pour les années avec maintenance lourde.

Pour les REP, la fourchette de valeur représente une moyenne annuelle par tranche en fonction des paliers de puissance. Exemple avec le tritium gazeux : de 0,35 à 0,65 GBq par tranche.

* En cas de ruptures de gaines, les rejets de gaz rares peuvent dépasser 2 TBq/an/tranches concernées.

Sources,

Demande d’autorisation de création - Pièce 6 : Étude d’impact - Iter Organization, 2011

Centrales nucléaires et environnement, EDF 2020

On trouvera dans les rejets d’ITER du carbone 14 créé par « activation de l’azote contenu, soit dans le fluide de refroidissement, soit dans les additifs introduits pour limiter la corrosion » mais « également via des traces d’azote éventuellement présentes proches des flux neutroniques ».

Sous la rubrique Autres bêta/gamma (Cf. tableau) et pour ITER, on trouve :

- les produits de corrosion activés qui ont pour origine « l’activation des structures métalliques des circuits de refroidissement sous flux neutroniques et corrosion de ces structures » ; on trouve ces « produits de corrosion activés dans les circuits de refroidissement ».

- les poussières de béryllium et de tungstène activées qui proviennent de « l’activation des structures sous flux neutroniques, puis “érosion” des composants face au plasma » [SFRP, 2015].

Malgré les centaines de TBq rejetés annuellement, ITER sera étanche, selon ITER Organization : « Pour éviter tout risque de relâchement de tritium, plusieurs barrières se dressent entre l'installation et l'environnement.

Les parois de la chambre à vide constituent la première de ces barrières de sûreté. La deuxième est formée par les bâtiments et les systèmes de détritiation chargés d'extraire le tritium des gaz et des liquides. Dans les zones où le tritium fait l'objet de manutention, l'organisation des locaux en cascades de pressions atmosphériques négatives empêchera toute diffusion du tritium de l'intérieur vers l'extérieur » [ITER et la Sureté, iter.org]. La fable des barrières qui seraient étanches, un incontournable de l’industrie nucléaire...