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G@zette N°270, septembre 2013
Que de déchets et que faire?
Fukushima connaît un niveau de radiation record depuis deux ans

Le Monde - Octobre 2013

 
     Six employés ont été exposés mercredi à de l'eau dont le taux de radioactivité était treize fois supérieur à celui des jours précédents et atteignait des niveaux qui n'avaient plus été enregistrés depuis fin 2011, a précisé Tepco. | AFP/TEPCO
     Les problèmes sont quasi quotidiens à la centrale accidentée de Fukushima, au Japon.
     L'opérateur Tokyo Electric Power Company (Tepco) a annoncé jeudi 10 octobre avoir relevé des niveaux de radiation dans l'eau de mer à proximité de la centrale accidentée au plus haut depuis deux ans.
     Six employés ont été exposés la veille à de l'eau dont le taux de radioactivité était treize fois supérieur à celui des jours précédents et atteignait des niveaux qui n'avaient plus été enregistrés depuis la fin de 2011. Un ouvrier a débranché par erreur un tuyau raccordé au système de refroidissement des réacteurs, libérant sept tonnes d'eau hautement radioactive (34 millions de becquerels par litre).
     L'exploitant est contraint d'utiliser d'énormes quantités d'eau afin de contrôler la température des réacteurs endommagés. Un porte-parole de Tepco a précisé que la brusque poussée du niveau de radioactivité a été provoquée par des travaux de construction près du bâtiment n°2.
     Tepco a beaucoup de mal à contenir le niveau d'eau radioactive dans la centrale de Fukushima-Daiichi, dévastée par une série de fusions et d'explosions provoquées par le séisme et le tsunami de mars 2011. Les incidents se succèdent au fil des mois et le nettoyage du site, opération complexe, devrait prendre des décennies.
     Tepco a-t-il menti sur la gestion des eaux contaminées?
     L'entreprise procède à des injections de produits chimiques afin de durcir le sol sur lequel reposent les réacteurs de la centrale pour éviter que l'eau contaminée se répande dans l'océan voisin. L'injection de ces produits provoque une pression qui a pour conséquence de rejeter une partie des sols contaminés vers la zone portuaire de la ville, a expliqué le porte-parole de Tepco.

     "PROBLÈME D'ENVERGURE"
     "C'est grave dans le sens où il s'agit d'un nouveau problème causé par la négligence, mais je ne pense pas que ce soit dans des quantités très inquiétantes", a déclaré Shunichi Tanaka, président de l'Autorité nucléaire japonaise. "Mais le fait qu'il y ait une série d'incidents qui surviennent sur une base quotidienne et qui auraient pu être évités, est, je pense, un problème d'envergure", a-t-il ajouté.
     Il a précisé que l'eau répandue avait déjà été traitée pour en ôter le césium, qui émet des radiations gamma néfastes pour la santé des humains. Il a demandé à Tepco d'améliorer sa gestion de l'eau contaminée, sans pour autant menacer l'opérateur de sanctions.
     La semaine dernière, l'autorité de régulation avait ordonné à Tepco d'engager du personnel supplémentaire et de faire un point une semaine plus tard sur les mesures prises pour résoudre le problème du nettoyage dangereux.
     Lundi, Tepco avait indiqué qu'un membre du personnel avait accidentellement coupé le courant alimentant les pompes utilisées pour injecter l'eau nécessaire au refroidissement des réacteurs de la centrale. Jeudi dernier, Tepco avait annoncé une fuite de 430 litres d'eau radioactive d'un réservoir sur le site de la centrale nucléaire et n'avait pas exclu que cette eau se déverse dans l'océan Pacifique. Tepco a aussi admis en août que 300 tonnes d'eau hautement radioactive avaient fui d'un réservoir construit en urgence après la catastrophe de mars 2011.
(suite)
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Nouveaux dégâts à Fukushima après le passage du typhon Wipha
Le Monde.fr le 21.10.2013

     Après avoir indiqué dans un premier temps que le typhon Wipha qui a arrosé le sud et l'est du Japon la semaine passée n'avait pas provoqué de dégâts à Fukushima-Daiichi, Tokyo Electric Power (Tepco) a reconnu lundi 21 octobre que la centrale nucléaire avait en réalité connu plusieurs problèmes.
     De l'eau de pluie contaminée du site de Fukushima s'est peut-être écoulée dans l'océan Pacifique voisin, a notamment indiqué la compagnie exploitante du complexe atomique qui pourrait en outre subir prochainement le nouveau Typhon Francisco.
L'eau de pluie aurait débordé des zones où sont installés des réservoirs de stockage de liquide radioactif. Ces citernes sont scellées sur une dalle de béton entourée d'une petite digue de 30 cm. Mais lorsqu'il pleut des trombes, l'eau s'accumule dans ces zones au point de dépasser la hauteur des digues et de déborder en emportant avec elle des substances radioactives.
     Fukushima connaît un niveau de radiation record depuis deux ans
     Par endroits, l'eau de pluie a affiché une teneur en strontium 90 de 710 becquerels par litre et est peut-être en partie descendue vers l'océan. Ailleurs, l'eau de pluie qui est restée à l'intérieur des zones des réservoirs a affiché un niveau de strontium 90 de 12.000 becquerels par litre. Au total, de l'eau a débordé en douze emplacements, mais les degrés de contamination et quantités restent inconnus.
     Or Tepco et le gouvernement avaient convenu que ne pouvait être délibérément rejetée dans la nature que l'eau dont le niveau de radioactivité ne dépassait pas 10 becquerels/litre pour le strontium 90, 15 Bq/litre pour le césium 134 et 25 Bq/l pour le césium 137.

PAS DE CONSÉQUENCES POUR LE CHANTIER ?
     Tepco a aussi confirmé à l'agence AFP qu'avait eu lieu dans l'enceinte de la centrale un glissement de terrain, initialement signalé par des travailleurs du site via Internet.
     "Cela n'est pas grave et n'a aucune conséquence sur le chantier en cours", a assuré par téléphone un responsable de Tepco.

     À Tokyo, le désespoir et la colère de ceux qui ont tout perdu
     La centrale de Fukushima Daiichi regorge d'eau radioactive en partie stockée dans un millier de réservoirs de divers types ou accumulée dans les sous-sols du site. Tepco se débat depuis plus de deux ans et demi avec ce liquide dont la quantité augmente de jour en jour.
     De nombreuses avaries ont, en outre, eu lieu récemment dans ce complexe atomique sinistré par le tsunami du 11 mars 2011, ce qui a forcé Tepco à augmenter les moyens affectés à la gestion de l'eau radioactive et le gouvernement à s'impliquer davantage pour rassurer la communauté internationale inquiète.
     Par ailleurs, une mission de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) se trouve actuellement au Japon pour étudier les progrès réalisés dans la décontamination de la région alentour que quelque 160.000 personnes ont dû fuir. Elles ne peuvent toujours pas rentrer chez elles.
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