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N°32
DES RADIATIONS ET DES NORMES (1)
ANNEXE
 

Définitions
     Pour aider nos lecteurs à s'y retrouver, nous leur fournissons un glossaire des termes utilisés dans les normes de radioprotection. Pour cela, nous reproduisons l'article premier de la proposition de directive parue au Journal Officiel des Communautés européennes, numéro 86/79 du 2.4.1979.

a) Termes physiques, grandeurs et unités

     Rayonnements ionisants: rayonnements composés de photons ou de particules capables de déterminer la formation d'ions directement ou indirectement.
     Cette définition ne s'applique pas aux termes «activité» et «activités» figurant dans les articles 2, 3, 4, 6, 6bis et 12.

     Becquerel (Bq): non spécial de l'unité SI d'activité. 

1 Bq = 1 s-1

     Dans la présente directive, on donne également les valeurs à utiliser lorsque l'activité est exprimée en curies:

1 Ci = 3,7 x 1010 Bq
exactement
1 Bq = 2,7027 X 10-11 Ci

     Activité (A): quotient de dN par dt où dN est le nombre de transformations nucléaires spontanées qui se produisent dans une quantité d'un radionucléide pendant le temps dt:

A = dN /dt

b) Termes radiologiques, biologiques et médicaux

     Irradiation: toute irradiation de personnes par des rayonnements ionisants. On distingue:
     - l'irradiation externe : irradiation résultant de sources situées en dehors de l'organisme,
     - l'irradiation interne : irradiation résultant de sources situées dans l'organisme,
     - l'irradiation totale somme de l'irradiation externe et de l'irradiation interne.

     Exposition continue: irradiation externe permanente dont l'intensité peut cependant varier dans le temps ou irradiation interne résultant d'une incorporation permanente dont l'importance peut cependant varier dans le temps.

     Exposition unique: irradiation externe de courte durée ou irradiation interne résultant d'une incorporation de radionucléides en un temps court.

     Facteur de qualité (Q): fonction du transfert linéique d'énergie (Lµ), utilisée pour pondérer les doses absorbées afin de rendre compte de leur signification pour les besoins de la radioprotection.

     Equivalent de dose (H): produit de la dose absorbée (D) par le facteur de qualité (Q) et par le produit de tous les facteurs de modification (N). Lorsque le mot « dose» est utilisé seul, il y a lieu de considérer qu'il s'agit toujours d'équivalent de dose.

     Sievert (Sv): nom spécial de l'unité d'équivalent de dose, lorsque la dose absorbée est exprimée en gray. Dans la présente directive, on donne également les valeurs à utiliser lorsque l'équivalent de dose est exprimé en rems: 

1 rem = 10-2 Sv
1 Sv = 100 rems

     Indice d'équivalent de dose profond, Hl.p. en un point: équivalent de dose maximal dans la volume central de 28 centimètres de diamère d'une sphère de 30 centimètres de diamètre centrée en ce point et constituée d'un matériau équivalent au tissu mou avec une densité de 1 g/cm-3.

     Indice d'équivalent de dose superficiel, Hl.s. en un point: équivalent de dose maximal dans le volume compris entre 0,07 millimètre et 1 centimètre de la surface d'une sphère de 30 centimètres de diamètre centrée en ce point et constituée d'un matériau équivalent au tissu mou avec une densité de 1 g/cm-3. Il n'est pas nécessaire d'évaluer l'équivalent de dose dans la couche externe de 0,07 millimètre d'épaisseur.

     Dose effective: moyenne pondérée des doses moyennes aux différents organes ou tissus, évaluée selon les modalités fixées à l'annexe II, section E.

p.14

     Irradiation globale: irradiation considérée comme homogène du corps entier.

     Irradiation partielle: irradiation portant essentiellement sur une partie de l'organisme ou sur un ou plusieurs organes ou tissus, ou irradiation du corps entier considérée comme non homogène.

     Dose engagée: dose qui sera reçue en cinquante ans au niveau d'un organe ou d'un tissu, par suite de l'incorporation d'un ou de plusieurs radionucléides.

     Dose génétique: dose qui, si elle était effectivement reçue par chaque individu d'une population donnée, de la conception à l'âge moyen de procréation, entraînerait la même charge génétique pour cette population considérée dans son ensemble que les doses réellement reçues par les individus de cette population.
La dose génétique peut être évaluée en effectuant le produit de la dose annuelle génétiquement significative par l'âge moyen de procréation fixé à trente ans.

     Dose annuelle génétiquement significative: moyenne, dans une population, des doses annuelles individuelles aux gonades, chaque dose individuelle étant pondérée par un facteur tenant compte du nombre probable d'enfants qui seront engendrés après l'irradiation.*

     Dose collective: la dose collective, S, à une population ou à un groupe est donnée par la sommation:

S = S i   Hi Pi
où Hi est la moyenne des doses globales ou des doses à un organe donné parmi les Pi membres du 1er sous-groupe de la population ou du groupe.

     Contamination radioactive: contamination d'une matière, d'une surface, d'un milieu quelconque ou d'une personne par des substances radioactives.
     Dans le cas particulier du corps humain, cette contamination comprend à la fois la contamination externe cutanée et la contamination interne par quelque voie que ce soit.

     Limites de dose: limites fixées dans cette directive pour les doses résultant de l'exposition des travailleurs exposés, des apprentis et des étudiants et des personnes du public, compte non tenu des doses résultant du fond naturel de rayonnements et de l'irradiation subie par les individus du fait des examens et traitements médicaux auxquels ils sont soumis. Les limites de dose s'appliquent à la somme de la dose reçue par irradiation externe pendant la période considérée et de la dose engagée résultant de l'incorporation de radionucléides pendant la même période.

     Incorporation: activité prélevée par l'organisme dans le milieu extérieur.

     Limite d'incorporation annuelle: activité qui, introduite dans l'organisme, entraîne pour un individu donné une dose engagée égale à la limite de dose annuelle appropriée fixée aux articles 7, 8, 9 et 11.

     Limite dérivée de concentration d'un radionucléide dans l'air inhalé: concentration moyenne annuelle dans l'air inhalé, exprimée en unités d'activité par unité de volume, qui, pour 2.000 heures de travail par an, entraîne une incorporation égale à la limite d'incorporation annuelle.

     Radiotoxicité: toxicité due aux rayonnements ionisants émis par un radionucléide incorporé et par ses produits de filiation; la radiotoxicité n'est pas seulement liée aux caractéristiques radioactives de ce radionucléide mais à son état chimique et physique et également au métabolisme de cet élément dans l'organisme ou dans l'organe.

     Source: appareil ou substance capable d'émettre des rayonnements ionisants.

     Source scellée: source constituée par des substances radioactives solidement incorporées dans des matières solides et effectivement inactives, ou scellée dans une enveloppe inactive présentant une résistance suffisante pour éviter, dans les conditions normales d'emploi, toute dispersion de substances radioactives et toute possibilité de contamination.


*Sic.
suite:
c) Autres termes

     Substance radioactive: toute substance qui contient un ou plusieurs radionucléides dont l'activité ou la concentration ne peut être négligée pour des raisons de radioprotection.

     Fond naturel de rayonnements: ensemble des rayonnements ionisants qui proviennent des sources naturelles terrestres et cosmiques, dans la mesure où l'irradiation qui en résulte n'est pas augmentée de manière significative du fait de l'homme.

     Assemblage critique: ensemble de matières fissiles dans lequel une réaction en chaîne peut être entretenue.

     Population dans son ensemble: toute la population comprenant les travailleurs exposés, les apprentis, les étudiants et les personnes du public.

     Travailleurs exposés: personnes soumises du fait de leur travail à une exposition susceptible d'entraîner des doses annuelles supérieures au dixième des limites de dose annuelle fixées pour les travailleurs.

     Groupes critiques de la population: groupes comprenant les personnes dont l'exposition est raisonnablement homogène et représentative de celle des individus les plus exposés de la population.

     Personnes du public: individus de la population à l'exception des travailleurs exposés, des apprentis et des étudiants pendant leurs heures de travail.

     Zone contrôlée: zone soumise à une réglementation pour des raisons de protection contre les rayonnements ionisants et dont l'accès est réglementé.

     Zone surveillée: zone soumise à une surveillance adéquate pour les raisons de protection contre les rayonnements ionisants.

     Niveau d'intervention: valeur de dose absorbée, d'équivalent de dose ou valeur dérivée que l'on fixe en vue d'établir des plans d'urgence.

     Médecin agréé: médecin responsable de la surveillance médicale des travailleurs de la catégorie A visés à l'article 23, dont la qualification et l'autorité sont reconnues par les autorités compétentes.

     Experts qualifiés: personnes ayant les connaissances et l'entraînement nécessaires soit pour effectuer des examens physiques ou techniques, ou des examens radiotoxicologiques, soit pour donner tous les conseils en vue d'assurer une protection efficace des individus et un fonctionnement correct des installations de protection selon le cas, et dont la qualification est reconnue par l'autorité compétente.

     Accident: événement imprévu qui provoque des dommages à une installation ou une perturbation de la bonne marche de cette installation et qui est susceptible d'entraîner pour une ou plusieurs personnes une dose supérieure aux limites de dose.

     Exposition exceptionnelle concertée: exposition entraînant le dépassement de l'une des limites de dose annuelle fixées pour les travailleurs exposés, que l'on autorise à titre exceptionnel dans certaines situations survenant au cours d'opérations normales, lorsque d'autres techniques ne comportant pas de telles expositions ne peuvent être utilisées.

     Exposition accidentelle: exposition de caractère fortuit et involontaire entraînant le dépassement d'une des limites de dose fixées pour les travailleurs exposés.

     Exposition d'urgence: exposition justifiée dans des conditions anormales pour porter assistance à des individus en danger, prévenir l'irradiation d'un grand nombre de personnes ou sauver une installation de valeur, qui entraîne le dépassement d'une des limites de dose fixées pour les travailleurs, les limites fixées pour les expositions exceptionnelles concertées pouvant également être dépassées. De telles expositions ne peuvent s'appliquer qu'à des volontaires.

p.15

COURRIER DES LECTEURS
 
Nous sommes perplexes, car nous avons reçu deux lettres de lecteurs sur la fiche technique 37 (Gazette N°30).
Or il se trouve que ces deux courriers sont contradictoires.
Nous reproduisons ci-dessous les deux textes et nous mettons en contact les deux auteurs
en espérant avoir le fin mot de l'histoire dans quelque temps.
 
Mariette GERBER
Docteur en médecine
Faculté de médecine de Toulouse
L 'Estradelle, Treille
11470 CAVES
17.2.80
Bonjour,
     Je suis tout à fait étonnée de la fiche 37. Tout au moins en ce qui concerne le paragraphe 1 et le paragraphe 7.
     Le commentaire du paragraphe 7 me paraît tout à fait incompréhensible.
     Quant au paragraphe l, tout d'abord l'illustration donnée ne correspond pas à l'article paru dans Nature, ensuite un peu de patience aurait permis de consulter la publication des mêmes sur le même sujet, mais plus approfondie, parue au PNAS 76, p. 5755, 1979. Cela aurait évité ces conclusions maladroites, en particulier en ce qui concerne la «plausibilité» de ce phénomène en radiobiologie.
     Je serai contente de recevoir quelques explications, avec le compte rendu de l'assemblée générale.
J.F. MOUGEL
6, rue Rimbaud
91470 LIMOURS
Saclay le 6,2,80
A la Gazette Nucléaire,
     Je reçois, sans rien payer, deux numéros de la Gazette... On peut en supprimer un et encaisser le chèque ci-joint.
     A vouloir trop prouver... on mériterait un «pan sur le bec». Donc, ci-après, un petit texte pour lequel je ne demande pas d'insertion en page 19... (cf. numéro 30, à propos de Miller et Hall!).
     Salutations.

Sur quelques aspects peu scientifiques d'études récentes sur les effets radiologiques des faibles doses
     Thomas Mancuso, Alice Stewart et George Kneale (La Gazette Nucléaire, numéro 30, octobre-novembre 79, p. 19) disent avoir montré qu'une très faible dose (quelques rads sur toute une vie professionnelle) cause une augmentation sensible du taux d'apparition des cancers. Ces auteurs ignorent les erreurs dues aux fluctuations statistiques: lorsqu'ils calculent une fréquence avec environ 200 cas, le résultat est donné sans erreur (voir le tableau p. 4). De plus, ils oublient de donner la fréquence des travailleurs non contrôlés: 21,76 %.
En conclusion:
     a) Si on peut admettre que des médecins ingorent les lois des fluctuations statistiques, cela se comprend en revanche difficilement de la part de la rédaction de la Gazette.
     b) Les erreurs statistiques des résultats (figure) étant importantes et les résultats n'étant par ailleurs pas plausibles (on ne parle que d'irradiation externe d'origine professionnelle, il faudrait ajouter l'irradiation naturelle et les clichés radiographiques, soit environ 10 rads pour toute la vie professionnelle: on aurait alors une fréquence de 19,3% pour 10 rads et 2 l ,5%) pour 11 rads, puis 22,1% pour 12 rads, etc.), il convient de prendre en compte tous les facteurs connus et de placer les barres d'erreurs.

suite:

 
ANNONCE

     Dans la Gazette numéro 30, nous faisions appel à nos lecteurs pour la réalisation d'un film sur l'énergie par l'équipe de "Condamnés à réussir". Peu de lecteurs ont répondu, c'est pourquoi nous renouvelons notre appel.
     Ce film se propose d'enquêter sur la réalité de la crise énergétique et sur le bien-fondé de la réponse nucléaire qui lui est apportée.
     Comblant certains silences, il opposera à la propagande du pouvoir la réalité du nucléaire, telle qu'elle est vécue par ceux des travailleurs de cette industrie qui refusent de se laisser imposer un silence complice.
     Nous examinerons les réponses et les expériences qu'apportent les énergies dites «nouvelles». Des réalisations concrètes viendront les illustrer. Au travers des propositions d'écologistes, de syndicalistes, etc. nous chercherons à comprendre si, et à quelles conditions, ces technologies énergétiques permettent d'éviter la situation bloquée que renforce le choix nucléaire.
     C'est une banalité de rappeler que dans les sociétés modernes, la communication est dominée par l'image; le pouvoir le sait. En France, on projette dans les écoles et les lycées des films de propagande pro-nucléaire, réalisés à grand renfort de millions par EDF et le CEA. Depuis deux ans, la télévision programme en grand nombre reportages et débats, mettant en scène le spectacle des énergies nouvelles, des économies d'énergie, du contrôle «sévère» des pollutions ou de la défense de l'environnement. Mais curieusement, la quantité d'informations déversées sur les téléspectateurs est inversement proportionnelle aux volumes respectifs d'investissements consentis à l'énergie nucléaire et aux énergies nouvelles.

Soutien financier à envoyer à:
T. Leray, 59 rue A.Pageaud - 92160 Antony
CCP Paris - 14 883 03 B

p.16

UNE TRISTE AFFAIRE
 
     Une répression inadmissible a lieu contre un militant que nous connaissons bien à la Gazette. Afin que tous nos lecteurs soient informés et puissent éventuellement agir, nous publions la lettre que l'Union Départementale CFDT de la Haute Vienne a envoyée au Ministre de l'environnement et du Cadre de vie:

     Monsieur le Ministre,
     Au nom de l'Union Départementale des Syndicats CFDT de la Haute-Vienne, nous tenons à vous signaler les faits suivants:
     - Le 12 novembre 1979, vos services engageaient Monsieur Michel GENESTOUT comme contractuel au sein de la Délégation Régionale à l'Architecture et à l'Environnement du Limousin.
     Celui-ci avait répondu à l'avis de vacance de poste, à la demande expresse de Monsieur PETIN, le Délégué Régional à l'Architecture et à l'Environnement; il avait été sélectionné parmi les nombreux demandeurs comme étant la personne qui correspondait le mieux à l'emploi proposé.
     - Las, le 13 novembre 1979, le Directeur de la Division Minière de la Crouzille exploitée par la COGEMA, Monsieur AVRIL, apprenant l'embauche de Michel Genestou, faisait savoir avec force son opposition à Monsieur Petin.
     - Il est vrai que Michel Genestout se préoccupe depuis fort longtemps des problèmes d'environnement et de ceux liés à l'exploitation des mines d'uranium en Limousin en particulier. Il a travaillé pendant deux ans au Museum National d'Histoire Naturelle (service de Conservation de la Nature). D'autre part, il fait partie de nombreuses assotiations dont le Groupement de Scientifiques pour l'Information sur l'Energie Nucléaire qui conteste la politique de la COGEMA.
     - Nous avions cru entendre de votre bouche que «les Associations devaient être l'aiguillon de l'Administration», nous pensons par ailleurs, tout comme Michel Genestout, que les principaux problèmes d'environnement dans notre Région proviennent de l'extraction du minerai d'uranium et qu'il serait bon qu'une personne au fait de ces problèmes travaille à la DRAE du Limousin.

     - Or, le 15 novembre 1979, au lendemain d'une entrevue avec Monsieur le Préfet de Région, le Délégué Régional à l'Architecture et à l'Environnement faisait savoir à Michel Genestout qu'il était renvoyé. Les motifs invoqués étant les suivants:
     -  l'opposition de la COGEMA à cette embauche,
     - le «trop grand succès associatif de M. Genestout». Avant d'intenter une action publique, M. Genestout a préféré signaler ces faits et demander sa réembauche à Monsieur Eydou, votre Chef de Cabinet, par l'intermédiaire de Monsieur Lefeuvre, Président de la Fédération Française des Sociétés de Protection de la Nature (M. Genestout est secrétaire général du Mouvement de Jeunes de cette fédération).
     On lui a fait savoir que son dossier était à l'étude et on lui a parlé d'une éventuelle embauche.
     Depuis la mi-décembre, plus rien...
     Nous savons, par ailleurs, qu'il est question de transformer le poste de catégorie B qui fut proposé à Michel Genestout, en poste de catégorie A, ce qui serait bien entendu une façon de l'évincer, en sauvegardant les apparences de la légalité.
     Nous nous élevons avec force contre de tels procédés qui ne sont rien d'autre qu'une interdiction professionnelle pour motif d'opinion. Nous nous inquiétons du pouvoir exorbitant de la COGEMA, société de Droit Privé, sur l'Administration Nationale et Régionale.
     Nous sommes scandalisés de voir que cette société qui porte les plus graves atteintes à l'environnement des Limousins dicte sa conduite à votre Ministère. 
La COGEMA peut-elle être juge et partie en matière d'environnement et cadre de vie?
     Nous exigeons le retour immédiat de Michel Genestout à la DRAE du Limousin, sinon il apparaîtrait clairement que le Ministère de l'Environnement et du Cadre de Vie n'est qu'un alibi servant souvent à cacher les méfaits des destructeurs de la nature.
     Veuillez agréer, Monsieur le Ministre, l'expression de notre considération. 
Pour la COMMISSION EXECUTIVE
G. LABIDOIRE
p.17

BONNES FEUILLES
 
     Dans le Bulletin numéro 18 (4 juillet 1979) du Club de Paris du Rotary International, nous avons trouvé le texte d'une conférence du Professeur Pierre PELLERIN, membre de la Conférence Internationale de Protection Radiologique (CIPR), chef du service central de Protection contre les Rayonnements lonisants (SCPRJ). Nous en citons ci-dessous quelques extraits savoureux, en nous abstenant (malgré nos démangeaisons) de tout commentaire:

     «Monsieur le Président, Mesdames, Messieurs, je viens vous parler aujourd'hui du sort désastreux que certains voudraient faire à l'énergie atomique.
     On entend beaucoup parler en ce moment des dangers effroyables qu'elle ferait courir à l 'humanite. Depuis quelque temps dejà, d'aucuns nous rebattent les oreilles des descriptions apocalyptiques des conséquences qu'aurait, selon eux, notre programme d'électricité nucléaire. Nous sommes gratifiés de déclarations péremptoires et de manifestes signés par des prétendues personnalités scientifiques. Des mères de famille, terrorisées par les menaces affreuses qu'on leur dit peser sur leurs enfants, signent en nombre des suppliques polycopiées, des défilés de porteurs de pancartes effrayantes et de crieurs de slogans sont organisés à travers le pays par des groupes qui cherchent à affoler de calmes populations. Tout cela à grands frais naturellement...
     Je sais qu'en fait très peu de Français se laissent impressionner par ce genre de démonstrations et n'était la complaisante publicité qui leur est faite, et les récupérations politiques que d'aucuns ne manquent de tenter en pensant à des voix toujours bonnes à prendre, il est certain qu'on parlerait beaucoup moins de cette agitation et de la psychose qu'elle cherche à susciter par tous les moyens.
...
     Si l'on en croit les nouveaux prophètes de la malédiction nucléaire, il n y a que deux explications possibles:
     - la première, c'est que tous les ingénieurs atomistes, constructeurs de centrales, exploitants et hygiénistes de radioprotection, dans notre pays comme dans le monde entier, sont devenus complètement fous;
     - la seconde, c'est qu'ils se prêtent tous au plus abominable complot jamais perpétré contre l'humanité afïn de la rayer de la terre (eux compris d'ailleurs...)
     Il faudra bien qu'un jour la lumière soit faite sur les véritables raisons qui président à cette orchestration, et aussi sur les moyens considérables dont elle dispose.
...
     Les déchets: seuls ceux de très haute activité présentent un danger réel. Or si toute l'énergie électrique produite en l'an 2000 était d'origine nucléaire, leur volume représenterait, par Français, à peine celui d'un cachet d'aspirine. En dix ans, plus de 90% de leur radioactivité disparaît et ce qu'il en subsiste peut être vitrifié et enfoui à plusieurs centaines de mètres de profondeur.
     Quelques dizaines d'hectares de galeries suffiront alors à stocker avec le minimum de surveillance, de la façon la plus sûre, pour des milliers d'années, tous ces déchets radioactifs qui, de toutes façons, seront d'ailleurs pratiquement revenus, au bout de 300 ans, à la radioactivité du minerai qui était à leur origine...

suite:
     Reste le dernier argument, la division des scientifiques sur la question de l'énergie nucléaire. Elle existe en effet: entre ceux qui savent de quoi ils parlent, et ceux qui l'ignorent. La plus grande partie de la prétendue opposition scientifique vient de ceux qui ne savent que peu, ou même rien du tout, sur l'énergie nucléaire. Car aucun scientifique, quel que soit son niveau, même prix Nobel, ne peut être universel. Il faut savoir par exemple que la physique nucléaire ne confère aucune compétence en matière de génie atomique ni de technologie des réacteurs, à plus forte raison de radiobiologie.
...
     L 'humanité est donc confrontée à un choix inévitable:
     - ou bien elle décide d'abandonner totalement le progrès, de revenir aux techniques ancestrales, de s'éclairer à la chandelle et de s'habiller de peaux de bêtes. Mais alors, en contrepartie, elle doit accepter la certitude de voir ressurgir des fléaux cataclysmiques comme les épidémies qui l'ont décimée pendant des millénaires avant l'apparition des médicaments, des antibiotiques, des pesticides, qui l'en ont débarrassée depuis à peine un siècle. Et ce ne sont pas les énergies dites "douces" qui peuvent lui apporter le moindre secours en ce sens!
     - ou bien elle accepte la progression actuelle du développement de l'énergie avec toutes les conséquences bénéfiques qu'elle est en droit d'en attendre. Mais dans ce cas, toutes les personnes compétentes et de bonne foi savent que seule l'énergie nucléaire peut actuellement faire face à la demande, et, dans ces conditions, l'opposition à l'énergie nucléaire ne peut être que le fait d'ignorants ou d'imposteurs. Les hygiénistes le savent les premiers, et s'ils prennent parti, d'une façon générale, favorablement pour l'énergie nucléaire c'est, nous venons de le voir, parce qu'ils savent qu'à puissance égale cette énergie nucléaire, à la condition qu'elle soit bien gérée, est infiniment moins polluante que les méthodes traditionnelles de production d'énergie.

     Pour terminer, je voudrais que vous me permettiez quelques réflexions.
     Toute civilisation repose sur la confiance, et actuellement, la critique de l'énergie atomique n'est pas autre chose que l'une des tentatives parfaitement concertées de remise en cause de la confiance, donc de la civilisation que nous connaissons. Actuellement, le risque nucléaire est l'argument employé. Demain c'en sera un autre lorsque, ce qui ne saurait tarder, celui-ci aura perdu son efficacité. Car le public est beaucoup plus intelligent que ne le croient les opposants. Mais pourquoi s'arrêteraient-ils en si bon chemin? On peut remettre en cause toute la technologie: les transports aériens, les chemins de fer, mais aussi l'architecture, la médecine, etc.» 

     Voilà. Pas mal, n'est-ce pas ?...

p.18

NOUVELLES BRÈVES
 
en cours...
     · En regardant le rapport de la commission PEON (Production d'Électricité d'Origine Nucléaire), on peut s'apercevoir que le prix du retraitement est passé de 214 F en 1973 à 2.500 F en 1978 par kilogramme d'uranium retraité. Il semblerait qu'il y ait eu une «légère» sous-évaluation. Nous sommes prêts à parier avec les nucléocrates distingués de PEON que la hausse est loin d'être arrêtée!
     · Nous avons reçu à la Gazette une copie de la lettre que le Préfet de la Manche a envoyé le 21 mars au Directeur Départemental de la Jeunesse et des Sports à St Lô. Dans cette missive relative à l'agrément de l'association «Jeunesse Sportive Cherbourgeoise», il est intéressant de lire la dernière phrase: 
«j'ai l'honneur de vous faire connaître que je n'ai pas d'objections à formuler à l'agrément des membres susnommés, à l'exception de M et Mme D... qui sont connus comme militants gauchistes et anti-nudéaires
     Lecteurs de la Gazette, méfiez-vous!
     · Entre autres choses, nous avons vu, dans le Bulletin de l'Association Suisse des Electriciens (numéro 22, novembre 1979), les chiffres suivants:
Programme pour l'année 1985 des pays de la Communauté européenne, en puissance nucléaire installée:
Objectif 1973 .........................200 GWe
Objectif 1974 .........................160 GWe
Objectif 1976..........................132 GWe
Objectif 1978 .........................80 GWe
*Giga Watt: un milliard de watts.
     Le moins que l'on puisse dire c'est qu'il y a eu révision des programmes à la baisse. Remarquons par contre que ces chiffres incluent le programme français, soit 45 GWe! La France fait l'admiration de tous les nucléocrates du monde!
     · Décidément ces aborigènes...
     Nous avions déjà parlé de la mauvaise volonté que mettaient ces peuplades (à l'âge de la bougie) à l'exploitation des gisements d'uranium de leur «réserve». Et voilà qu'ils récidivent: au cours d'une réunion à Copenhague entre Australiens, Américains (US), Groenlandais et Namibiens, ils ont lancé un appel à l'ONU pour la garantie de leurs droits légitimes. 
suite:
     · On a lu avec intérêt, dans le Bulletin d'Information des chefs d'unité à EDF (BICU) une information sur l'installation de chauffage géothermique de CREIL:
Capacité définitive:  4.000 logements en deux tranches, soit 27.000 thermies/heure;
Nombre de forages: 4 à environ 1,5 km de la chaufferie;
Chauffage auxiliaire: trois pompes à chaleur (2.100 kW au total),
Débit d'eau géothermique et apport calorifique: 270 m3/h (soit une économie d'énergie primaire de 5.200 tonnes d'équivalent pétrole/an), sur une durée de 50 ans.
     Voilà un exemple à suivre pour d'autres réalisations.
     · On n'arrête pas le progrès: dans la revue Économie et Politique, on a trouvé sous la plume de J .Ch. Dubart un court article sur les fissures des centrales nucléaires qui mérite que l'on s'y arrête. Nous en citons un bref extrait: 
«Dans les faits, la technologie nucléaire en matière de métallurgie, comme ailleurs, est facteur de progrès considérables; les techniciens français qui ont su innover en mettant en place une double couche de revêtement alors que Westinghouse n'en place qu'une, maîtrisent cette technologie qui permet d'augmenter la fiabilité et la durée de vie des équipements nucléaires." 
     Eh oui, de là à dire que les fissures ont été faites exprès... pour améliorer la durée de vie!
     Pour ceux qui ne le sauraient pas, signalons que cette revue est très proche du Parti Communiste Français.
     · Aux élections professionnelles au CEA, la CFDT a vu une importante progression, en particulier à Marcoule et au CEA proprement dit. A La Hague, le SNPEA reste de loin la première organisation, avec 45% des voix. Au total du groupe, il en est de même. Ceci confirme d'une certaine façon les résultats déjà enregistrés à EDF et exprime bien qu'en particulier les positions de la CFDT sur l'énergie sont partagées par les travailleurs directement impliqués. 
     · Dans la revue «Kommunist» (sept. 79), MM. Dollzhal (Académie des Sciences) et Koryakin (économiste) ont élevé quelques «réserves» sur le programme nucléaire soviétique. En particulier, ils demandent que les centrales soient construites dans des régions peu peuplées (Sibérie), en raison des risques d'accidents et ils émettent des doutes sur la «faisabilité» technique du retraitement... mais oui!
p.19

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