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N°30

GSIEN - FICHE TECHNIQUE N° 37
SUR QUELQUES ASPECTS PEU SCIENTIFIQUES
D'ETUDES RECENTES SUR
LES EFFETS RADIOLOGIQUES DES FAIBLES DOSES
 

     1. MILLER et HALL (Nature, v. 272, p.58,1978) disent avoir montré qu'une faible dose (£ 100 rad) administrée en deux fois cause deux fois plus de mutations que la même dose donnée en une seule fois. Ces auteurs ignorent les erreurs dues aux fluctuations statistiques: lorsqu'ils ne font qu'une expérience, avec 5 cellules mutantes, le résultat est donné sans erreur. Lorsque la mesure a été répétée, ils indiquent la moyenne, affectée d'une marge d'erreur dont les extrêmes correspondent aux deux mesures.
En conclusion
     a) Si on peut admettre que des médecins ignorent les lois de fluctuations statistiques, cela se comprend; en revanche difficilement de la part de la rédaction de Nature.
     b) Les erreurs statistiques des résultats (figure) étant importantes et les résultats n'étant par ailleurs absolument pas plausibles (pour la double dose, on saute d'un effet nul à zéro rad à 2.5 104 à 25 rads, on plafonne à cette valeur jusqu'à 300 rads et ce n'est qu'au-delà que l'effet recommence à grimper), il convient de répéter l'expérience avant de tirer des conclusions aussi drastiques.

     2. BROSS et NATARAJAN (Jama v. 237, p. 2399, 1977) comparent le taux de leucémie, le taux de certaines maladies respiratoires dites indicatrices, et la corrélation entre les deux, pour les enfants dont les parents ont subi des diagnostics aux rayons X avant la conception, ou la mère pendant la grossesse, et pour des enfants dont les parents n'avaient pas été irradiés. L'irradiation parentale n'influe guère sur les maladies indicatrices mais augmente de près de 50% l'incidence de la leucémie, comme cela avait été déjà montré par Alice Stewart et al. Le résultat nouveau concerne les enfants de parents irradiés souffrant de maladies indicatrices et de leucémie: alors que 4,8 cas sont attendus, on en trouve 12: une corrélation triple irradiation - maladies respiratoires - leucémie semble donc probable. (Le chiffre de 3-4 cas attendus avancé par les auteurs en l'absence de leucémies radio-induites n'est pas à sa place ici). Mais rien n'étaye le scénario imaginé par les auteurs: le 99% des enfants ne souffriraient point des rayons X parentaux, mais 1% de ces enfants s'en ressentiraient très fort: par une incidence de la leucémie 50 fois plus élevée! Trop de conclusions sont ainsi dérivées d'un seul chiffre, imprécis par surcroît: 12 + 3,5 (racine de 12). On aurait pu dire plus simplement (et plus démocratiquement) que tous les enfants prédisposés aux maladies respiratoires et dont les parents ont été irradiés, avaient une probabilité deux fois plus élevée de contracter une leucémie.

suite:
     3. Deux auteurs ont cherché récemment à établir la diminution de l'espérance de vie causée par 1 rem,en utilisant tous les deux l'accroissement du taux de leucémie:
- Rosalie BERTELL (collaboratrice de I.D.J. Bross, voir 2. Journal of Surgical Oncology, v. 9, p. 379, 1977) trouve 1 an.
- R.L. GOTCHY (appartenant au US Nuclear Regulatory Commission; Health Physics, v. 35, p. 563, 1978) trouve 1 jour.

     4. E.J. STERNGLASS. (University of Pittsburgh Report, 1975) a montré une corrélation d'apparence spectaculaire entre les tests dans l'atmosphère (1953-1963 surtout) et la mortalité infantile dont la forte tendance décroissante a été interrompue par un plafonnement pendant cette période, que Sternglass attribue aux retombées de Sr 90 et de Cs 137. Mais la baisse de la mortalité infantile a été régulière et ininterrompue dans les autres pays développés de l'hémisphère Nord (UN Statistical Yearbook) qui ont tous connu des concentrations de Sr et Cs comparables dans le sol, le lait, les os...     (UNSCEAR 1977 Report).

     5. Il semble que la Radioökologisches Gutachten Wyhl (du Tutorium für Umweltschutz, Heidelberg, 1978) soit facile à critiquer: on y considère de nombreux facteurs de transferts partiels (sol, plantes, animaux, lait, homme) et, des trayaux effectués en laboratoire, mais on y ignore l'expérience à l'échelle du globe qu'ont constituée les explosions nucléaires dans l'atmosphère, et dont on continue à mesurer les retombées qui ont fini dans nos squelettes (UNSCEAR 1977).

     6. Dans leur travail fondamental sur les effets génétiques de l'irradiation naturelle au-dessus d'un gisement de thorium, N. KOCHUPILLAI et al. (Nature, v. 262, p. 60, 1976) la mesurent en R, ensuite en mr (interprétés comme des «mrem» par PORETTI, et comme des «mrad» par SUNDARAM, in Nature, 267, 728; 1977), créant ainsi une difficulté d'interprétation supplémentaire (ce type de rayonnement est composé pour un tiers de rayons a, dont l'efficacité biologique relative esst élevée).

     7. Il semble, hélas que l'apparition d'attaques personnelles dans les mass media et jusque dans les publications scientifiques, permette encore maintenant de reconnaître les travaux importants dans le domaine des faibles doses (voir, à la suite des premières publications de MANCUSO, STEWART et KNEALE, bien des articles dans la grande presse, mais aussi B.L. COHEN, in Health Physics,35, 582,1978; et L.A. SAGAN, Electric Power Research Institute, Palo Alto, 1978).

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