UNE REPONSE A L'ABERRATION ALIMENTAIRE MONDIALE?
    C'est l'annonce dans le dernier Gessien, du décès de Mme la Doctoresse Kousmine qui m'a donné envie, d'abord, d'apporter mon témoignage, et ensuite de vous livrer quelques réflexions autour de l'alimentation.
"La santé existe, je l'ai rencontrée !"
    Ceci pour dire que grâce justement à l'adoption du régime préconisé par cette grande dame de la médecine, je peux témoigner avoir arrêté l'évolution d'une polyarthrite chronique évolutive: il m'arrivait de plus en plus souvent d'être réveillé la nuit par des inflammations douloureuses des articulations des doigts, de ne plus pouvoir dormir sur le côté à cause de douleurs dans les hanches, et ceci même après plusieurs essais de médicaments "classiques".
    Sans entrer dans les détails de ses idées, elle préconisait donc, pour juguler l'augmentation des maladies dites "de civilisation" ou dégénératives, le retour à une alimentation saine, principalement en corrigeant la nature et la ration des corps gras, celles des sucres et des viandes et en revenant aux céréales complètes, sans oublier les légumineuses, crudités et autres fruits oléagineux; autre originalité, la fameuse "crème Budwig" du matin...
Alors comment nourrir (toute...) la planète?
    Au delà du constat de l'incidence majeure de l'alimentation (dans les pays riches) sur l'apparition de certaines maladies graves, il y a celui qu'une immense partie de la population mondiale meurt de faim et de ses conséquences; et malheureusement et paradoxalement, les pays du Tiers Monde adoptent de plus en plus nos habitudes alimentaires mais, il faut bien le dire, parce que nous les poussons d'abord à la culture destinée à nourrir notre bétail.
    Savons-nous que le poids du bétail sur la Terre est aujourd'hui plus important que celui de toute l'humanité et aussi que nous devons fournir 10gr de protéines végétales pour produire 1gr de protéines animales, tout cela pendant que 40000 enfants meurent de faim chaque jour et que 730 millions de personnes souffrent de malnutrition (1 personne sur 8!) ? (source Greenpeace).
    La solution est de suivre l'exemple de plus en plus nombreuses régions du globe qui s'engagent dans le développement des cultures vivrières: légumes, céréales, légumineuses, etc... ce qui répond au défi de la dégradation des ressources agricoles sur tous les continents, érosion ou acidification des sols, déboisement et désertification, gaspillage et pollution de l'eau causées non seulement par la production industrielle et la surconsommation des ressources énergétiques, mais aussi par la surproduction de denrées alimentaires principalement d'origine animale, hors des considérations écologiques; n'oublions pas les quantités astronomiques de pesticides et d'engrais chimiques déversées dans l'environnement pour produire les aliments d'un bétail dont l'humanité pourrait se passer sur le plan nutritionnel: avant de penser à toujours produire davantage, il faudrait peut-être gérer rationnellement les ressources alimentaires dont nous disposons en renonçant à la surconsommation de produits d'origine animale qui contribue:
1- à détériorer notre environnement,
2- à piller les ressources du Tiers Monde,
3- à maintenir le cercle vicieux de la malnutrition dans les pays pauvres et des maladies dégénératives (nous y revoilà) dans les pays riches.
    C'est pourquoi la généralisation d'un comportement à (au moins) dominante végétarienne apparaît comme la pièce maîtresse d'une stratégie alimentaire mondiale.
    Eléments de cette proposition... anticonformiste:
- l'espèce humaine est omnivore mais à dominante frugivore et granivore: voir nos dents et notre système digestif.
- augmentation des maladies de civilisation liées à la mauvaise nutrition: constipation, calculs de la vésicule biliaire, diabète et bien sûr les maladies cardio-vasculaires et autres cancers.
- en parallèle et lié au souci d'une nourriture saine, la nocivité chaque jour plus reconnue des additifs alimentaires, ce qui entraîne ainsi la nécessité d'une nourriture biologique, car on ne peut plus concevoir une alimentation végétarienne qui ne soit en même temps biologique.
- conséquences sur l'environnement, donc.
- redécouverte des cycles naturels en mangeant principalement les produits de saison.
- conservation de plus longue durée et consommatrice de moins d'énergie.
- anecdotiquement, il est intéressant de signaler que plusieurs compagnies d'assurance US offrent des tarifs préférentiels aux végétariens: "vous êtes moins malades, vous payez moins"!
    Il ne s'agit donc pas seulement d'une question de santé physique, il s'agit de santé morale allant de pair avec le choix de toutes les autres "nourritures", la santé ne pouvant résulter que de l'harmonisation de toutes les dimensions de l'homme: corps, âme, esprit et intellect.
    Je voudrais terminer en disant pourtant que la santé n'est pas une fin en soi - sinon quid des handicapés de toutes sortes, mais ne le sommes nous pas tous d'une manière ou d'une autre ?! - car dans la santé autant que dans la souffrance, on peut puiser des choses multiples telles qu'aussi bien la haine ou la sagesse, l'intolérance ou l'amour des autres: tâchons de ne pas oublier que la Vie ne se limite pas à notre seule petite personne.
    Je ne vous dis donc pas "bon appétit" ni "bonne santé", mais faim, euh, FIN !
Yves Renaud