LA PUBLICITE
        Les quelques lignes qui suivent résultent de mon "frottement" avec ce phénomène de société qui, au delà de "délier" notre porte-monnaie, nous LIE, à divers niveaux; je signale immédiatement qu'elles ne sont nullement dirigées contre les entreprises qui ne font qu'accomplir le travail qu'on leur demande, encore moins contre les personnes qui exercent loyalement leur métier: elles sont simplement destinées à être un (modeste) outil de réflexion pour des personnes qui, interpelées par ce concept envahissant, voudraient contribuer à remettre la publicité à sa juste place d'outil d'information et de communication non destructeur des valeurs humaines.
        Le but n'est pas non plus de déclarer illégitime l'activité publicitaire: ce qui est illégitime, c'est le fait que cette activité tende à occuper tout le "PAF" (paysage audiovisuel français!) voire tout le champ culturel; est-il possible de rappeler que les entreprises françaises y consacrent plus de 60 milliards de francs par an?!.
        Il est vrai qu'en s'attaquant à elle on s'attaque au fer de lance de l'économie d'aujourd'hui, qui ne peut plus fontionner sans multiplier toujours plus de besoins; mais cette course est sans fin ou plutôt sans avenir, car elle créera toujours plus de besoins de plus en plus artificiels qu'elle ne pourra satisfaire.
        Remettre la publicité à sa juste place, c'est donc redonner un SENS à l'économie et la sortir de la spirale de la consommation qui rend les humains toujours plus esclaves de besoins insatisfaits, tandis que d'autres s'enfoncent de plus en plus dans la misère.
        Remettre la publicité à sa juste place, c'est enfin aussi défendre les libertés publiques car si la loi défend le citoyen contre les troubles du voisinage et les contrats léonins par exemple, elle doit aussi le défendre contre toutes les formes de pollution, sonore, visuelle, et ...mentale qui l'assaillent de toutes parts: déjà les bords de routes, les champs, les murs des villes, les rues et les ondes sont envahis; bientôt, si l'on y prend pas garde, ce ne seront pas seulement les "oeuvres d'art" qui seront coupées par les spots, mais les monuments publics, les églises, ...qui serviront de support.
        Et lorsque l'Etat est défaillant, c'est au citoyen de faire respecter la liberté, cette LIBERTE QUI COMMENCE (et non finit!) LA OU COMMENCE CELLE DE L'AUTRE

Pour finir, voici une "pêche aux citations", dont je donne "en vrac!" les auteurs en fin d'article:
        1- La publicité, insulte à nos regards, falsifie les épithètes, gâte les paysages, corrompt toute qualité et toute critique (1939)
        2- Il faudrait montrer au public la perversion fondamentale de la "publiculture" (1974)
        3- Notre société sécrète sa propagande en même temps qu'elle sécrète ses propres moyens d'exister (1989)
        4- Les pollueurs publicitaires sont tellement puissants, et si dociles les foules polluées, que la résistance dépend entièrement de refus individuels comme les nôtres (1990)
        5- Vous avez raison de vous défendre contre la publicité; tous les gens conscients de la dignité humaine sont publiphobes (1990)
        6- Contre cette occupation intérieure de l'intégrisme, des ennemis de l'esprit, il s'agit aujourd'hui d'organiser des réseaux de résistance, de résistance au non-sens (1990)
        7- La barbarie suit la loi unique; celle d'expansion; celle des gaz: ils se propagent ainsi que les microbes; ainsi la force et le pouvoir, ainsi la publicité (1990)
        8- Il y a abandon des valeurs éthiques; la simplicité volontaire rencontre comme obsta-
-cle  la vanité, la recherche du plaisir superflu et aussi les médias qui encouragent le gaspillage organisé, la publicité que les enfants absorbent en même temps que leur biberon (1991)

      (Jacques ELLUL, Roger GARAUDY, Paul VALERY, Michel SERRES, Haroun TAZIEF,
          François de CLOSETS, Bertrand POIROT-DELPECH, Commandant COUSTEAU)
        Trouvez les bons liens citations/auteurs !...

Veuillez noter qu'il est tout-à-fait possible de remplacer "publicité" par "consommation"!

Yves Renaud