"L'EFFET BOOMERANG"
Une fois n'est pas coutume, je voudrais aujourd'hui vous résumer un livre, ce qui devrait en plus me permettre de ne pas faire déborder "l'en-crier"... Il s'agit de "L'EFFET BOOMERANG" de Susan Georges, américaine, économiste et écologiste, si, si, "ça" existe: l'incompatibilité est dans nos têtes, pas dans la sienne !

J'ai plusieurs fois ici utilisé des astérisques en parlant de la "DETTE" du tiers monde; ce sujet ne fait pas encore "La Une" de nos médias, cette partie du monde nous paraît encore éloignée, ce sujet fait encore moins l'objet des discussions familiales, mais ce livre arrive à nous montrer comment cette "dette" nous frappe NOUS en retour.

1) La DEFORESTATION (encore?!) dans le Sud est directement liée à la crise de la dette car le lien est étroit entre son inimaginable (ici...) fardeau et le rythme de la destruction de "ses" forêts tropicales; or la diversité biologique (un mot qui va malheureusement devenir à la mode puis "A la Une"), fondement de toutes ressources alimentaires ainsi que l'approvisionnement en médicaments dans l'avenir, sont en train de disparaître avec les forêts.

2) La DROGUE continuera d'inonder les marchés du Nord (avec tous les problèmes sociaux et... politiques que cela entraîne), tant que la survie des pays latino-américains criblés de dettes dépendra des narco-dollars; de plus, des dizaines de milliers de personnes continueront à ne pas trouver de moyens d'existence légaux chez eux et continueront à être..."déplacées"; cette IMMIGRATION, légale ou non, ne peut que croître tant que ces millions d'humains chercheront à échapper à leur conditions de vie désastreuses. Résoudre la crise de la dette est le premier pas indispensable pour que celle là redevienne possible chez eux.

3) Des EMPLOIS ont été perdus par centaines de milliers dans les secteurs industriels du Nord. Les exploitations agricoles sont aux abois parce que les pays débiteurs ne peuvent plus acheter nos produits et doivent reverser aux banques chaque dollar épargné.

4) NOUS sommes en train de payer, sous une forme déguisée, d'énormes subsides aux banques commerciales qui, tout en recevant du tiers monde des paiements considérables, ont soutiré, depuis 1987, au moins 73 milliards de dollards d'argent public (le fardeau des "débiteurs", lui, avait augmenté de 61% par rapport à 1982).

` 5) Enfin, les conflits de LA GUERRE sous toutes ses formes, avec le danger omniprésent de retombées possibles dans notre vie quotidienne, sont les compagnons fidèles de la dette.

Ici se termine le résumé proprement dit, mais je ne peux résister à joindre un commentaire personnel.

Il me semble que nous ne commencerons à nous inquiéter sérieusement que quand la guerre sera aussi chez nous, étant jusque là confirmé que la Yougoslavie ne semble pas être "chez nous"; oui je sais, celle-ci ne fait pas, jusque là, partie des pays sous-développés (mais après la guerre ?!).

N'en profitons donc pas pour nous cacher que l'état de guerre quasi permanent au tiers monde vient principalement du fait qu'ils sont sous-développés et que nous, nous le sommes pas; mais m'expliquera-t'on un jour quelle est la différence entre un pays développé et un qui ne l'est pas ? Est-ce vraiment développé, voire "civilisé", de laisser la guerre se faire chez les autres ou, pire, la faire faire au tiers monde ? Sans compter qu'il faudrait aussi m'expliquer pourquoi "nous" (sous-entendus "civilisés"...) leur exportons non seulement nos déchets (puisqu'il paraît qu'il sont aussi sous-pollués - voir une chronique récente !), mais aussi les médicaments et les produits pharmaceutiques interdits chez nous: il paraît que c'est... "de bonne guerre"... économique bien sûr ! Mais puisque l'économie est produite par les humains, y a-t'il une différence fondamentale entre une guerre économique qui (ne) fait mourrir (que?) de faim et une "vraie" qui fait mourrir pour... de vrai ?! (1).

(1) Excusez-moi, "l'en-crier" a de nouveau débordé, mais je suis chaque jour interpelé en me rendant compte que nous semblons avoir oublié cette évidence: le Nord ne survivra pas sans le Sud.

Yves Renaud