UN "BAIN" POUR UNE SOCIETE..."BIOLOGIQUE"!
Lors des dernières élections cantonales et régionales, je me rappelle avoir discerné des préoccupations au sujet d'agriculture biologique... Bientôt une année s'est passée; alors pour que cela ne reste pas qu'un souvenir et pour compléter une chronique de l'année passée sur les effets positifs de la nourriture, disons naturelle plutôt que biologique, je voudrais rappeler certains effets que l'on peut aisément qualifier de pervers des procédés intensifs.

Cet élevage, d'abord, qui obéit au désir d'obtenir un poids maximum en un minimum de temps et au moindre coût, entraîne des effets pervers que je vais devoir résumer, sans même parler de l'aspect... "inhumain" des procédés; tout le monde sait maintenant que les volailles aussi "bien" que les porcs, les veaux, les vaches ou les boeufs mais également les poissons (ce qui se sait moins), sont produits (le mot parle de lui-même) intensivement; encore faut-il savoir ce que ce terme cache:

1) leur alimentation est faite de poudres de poissons et de "granulés osseux" ( terme pudique pour dire les restes des congénères qui les ont précédés...), le tout souvent additionné d'activateurs de croissance et d'antibiotiques, cercle vicieux car ces derniers sont administrés surtout à cause des conditions d'élevage qui facilitent la transmission des microbes!; à noter qu'il est de plus en plus permis de supposer, suite à des expérimentations, que les maladies infectieuses du type E.S.T. (formes d'encéphalopathies: T pour Transmissibles) le sont peut-être à l'homme (se rappeler l'épidémie "de la vache folle", maladie du type E.S.B: B pour Bovidés) car elles le sont déjà aux souris et aux porcs. N'oublions pas que les tissus du porc sont très proches de ceux de l'homme car déjà utilisés lors de greffes...

2) on trouve chez ces animaux beaucoup plus de graisses que de protéines mais surtout la qualité de cette graisse a dégénéré: trop de graisses saturées favorisant les cardiopathies et les cancers du sein et du colon.

Quant à l'agriculture, la concentration (décidemment ce mot nous poursuivra désormais toujours...) des terres en grandes exploitations, leur spécialisation dans la monoculture, la mécanisation et, grâce (?!) à la puissance de la science moderne, l'accroissement (de plus en plus apparent) des rendements, tout cela a pour conséquence d'accroître la production, déjà généralement excédentaire..., de réduire la main d'oeuvre employée et par suite (et ce qui était le principal but de l'opération) de réduire les coûts directs par unité de production.

Ces coûts là diminuent, c'est indéniable; mais qu'en est-il des coûts indirects?

Lorsque les gens abandonnent la terre, ils sont aspirés par les grandes villes à la recherche d'un emploi; mais le chômage grandissant sans cesse et si manquent les équipements de base - logements, écoles, hôpitaux, etc... - , alors la société devra payer les coûts indirects de cet exode rural: assurances chômage bien sûr, toutes les aides sociales, le développement de ces équipements, etc... MAIS IL EXISTE UN AUTRE PRIX A PAYER: dans l'industrie, lorsque des emplois sont supprimés à cause du progrès technologique (donc encore "grâce" à la puissance de la science moderne...), la société et son équilibre ne sont pas fondamentalement altérés, certains secteurs en déclin régressent ou disparaissent tandis que d'autres, (provisoirement...) plus compétitifs, émergent ou se développent. Dans le monde rural, par contre, les suppressions d'emplois et cet exode provoquent des mutations essentielles; partout dans le monde ces phénomènes ont entraîné la déstabilisation de la société traditionnelle rurale, le développement de vastes zones urbaines où s'agglutinent des humains déracinés, dont les familles ont éclaté, dont les traditions culturelles ont été anéanties, qui sont réduits à vivre aux crochets de l'aide sociale. Ils constituent alors une classe de sous-citoyens aliénés entrainant irréversiblement une déstabilisation de la société dans son ensemble.

Et cet effet existe aussi "bien" dans notre monde (dit) développé que dans le Tiers Monde, ce qui nous fait sentir, si besoin était, que nous sommes tous sur le même bâteau qui pourrait bien, peu à peu, rappeler le Titanic: seulement, "nous", nous sommes en 1ère classe...(S.Georges). Donc, l'affirmation selon laquelle seule l'agriculture et l'élevage intensifs produisent des biens alimentaires au meilleur coût ne devrait même plus avoir à être réexaminée si dès maintenant nous prenions en compte ses conséquences directes et indirectes.

En guise de conclusion et en ce qui concerne l'élevage - puisque ce n'est pas ma profession mais une de mes "tasses de thé" -, mes "sources" sont venues principalement de "The lancet", prestigieuse revue médicale anglaise ainsi que de "Veterinary Record"; quant à l'agriculture, chacun peut le constater (et y réfléchir!) jour après jour... Mais que nous soyons décideurs ou utilisateurs nous sommes tous acteurs: alors que nous sachions nager ou pas, si nous ne voulons pas nous aussi, couler comme le Titanic,

"MOUILLONS NOUS" !

Yves Renaud