FETE DES MERES OU "FETE" DES... MERS ?
Mères, pardon...

J'avais pourtant prévu de venir ici vous souhaiter une bonne fête; de plus, il y avait un autre anniversaire à souhaiter aux femmes: il y a juste 100 ans le travail de nuit leur était interdit alors que cette année cette loi est abrogée (je laisse aux sociologues, etc, et aux... femmes le loisir (?) de réfléchir à cette évolution; d'autant qu'il y avait la possibilité d'interdire le travail de nuit à quiconque - hors services d'urgences par exemple -: pourquoi toujours niveler par le bas?!). Mais ce qui m'a conduit à les "oublier" fut une succession d'informations au journal de 20h, ce jeudi 21 mai 1992, apparemment sans lien, mais jugez-en vous-même:

1) JCl. Killy, grand ordonnateur des derniers J-O devient responsable du "Paris-Dakar".

2) Les ministres de l'agriculture "des 12" se sont "enfin" mis d'accord pour (je cite) "favoriser la culture extensive".

3) F. Mitterrand et H. Kohl viennent de décider de la création d'une défense commune (ce qui fait moins... guerrier qu' armée commune).

4) Les industries les plus grosses consommatrices d'électricité se voient offrir par l'EdF (donc nous les contribuables) un tarif plus préférentiel que jamais.

Quel rapport entre elles me direz-vous ?

1) On commence à connaitre les dégâts écologiques des récents J-O (sans compter "l'ardoise" de 12 milliards au lieu des 4 annoncés par les organisateurs), en voici quelques-uns:

- pollution de la rivière aux Saisies - tourbières "protégées" (avec les dernières plantes carnivores...) traversées par une piste - affaissement de terrain à La Plagne nécessitant un lit artificiel de la rivière - augmentation des risques d'avalanche à Val d'Isère - coulée de terre due à l'extension de l'altiport - à Bourg St Maurice, le parking de la gare routière est inutilisable à la suite d'un affaissement et plus grave, arrêt total de la station d'épuration, sous-dimensionnée, nécessitant l'ouverture par l'EdF des barrages sur l'Isère pour permettre la dilution de la pollution (!)...

Pour récompenser ce merveilleux travail, supervision de (je cite) "l'incongruité obscène de cette horde, symbole de notre société de consommation dans ce qu'elle a de plus voyant et de plus violent, qui prend pour terrain de jeu un continent dont la plupart des pays manquent des choses les plus élémentaires, les plus essentielles" (Ph. Noiret) et dont l'opposition a été internationalement telle que cette course a été contrainte... d'émigrer vers l'Afrique du Sud.

2) De tous les pays du monde des voix s'élèvent aussi et de plus en plus contre les destructions entrainées par ce type de culture qui de plus est excédentaire.

3) Je parlais d'émigration: non seulement il est bien connu que "l'ennemi c'est toujours l'autre" c'est-à-dire toujours à l'extérieur, mais pouvons-nous croire empêcher ainsi (ne serait-ce que l'envie) de venir (de)tous ceux devant lesquels nous étalons nos richesses ?

4) Alors qu'également des pays de plus en plus nombreux favorisent la recherche, la promotion et l'utilisation d'énergies "alternatives", nous, nous disons "messieurs les pollueurs, consommez le plus possible et vous paierez le moins possible".

Alors qu'il y a 2 mois on entendait partout "nous sommes tous écologistes", qu'un mois plus tard il n'y eut pas une manifestation des médias consacrée au "Jour de la Terre", aujourd'hui nous avons oublié et RIO se prépare à être quelque-chose qui ressemblera plus à un "carnaval" qu'au tant attendu (on a le droit de se demander par qui ?!) "Sommet de la Terre".

Oui, encore une fois le "faites ce que je dis pas ce que je fais", oui "il faut bien mourir de quelque chose", mais outre que la question de "comment vivons-nous" me semble plus primordiale que "de quoi allons-nous ""bien""(?!) mourir?", je crois qu'en n'osant pas s'insurger du mal que l'on fait à la terre (et donc... aux mères!, nous y revoilà quand même), on oublie une chose importante qui est d'oser faire ce que l'on a à faire malgré la souffrance que peut parfois apporter le regard et l'avis des autres.

Pardonnez-moi d'avoir osé car encore une fois j'ai eu mal à l'en... crier.

Alors, même s'il n'y a pas qu'elles pour qui cela va être "la fête", je viens donc demander aussi pardon aux... mers, qui comme les mères, sont source de la vie.

Yves Renaud