AFRIQUE: HISTOIRE D'UN DEFI
Depuis des années (1986), le Collectif Tiers Monde du Pays de Gex s'investit au niveau individuel, associatif et communal pour sensibiliser les Gessiens sur les problèmes de l'Afrique et plus précisément ceux de l'eau dans les pays du Sahel. Des échanges ont été effectués dans les deux sens: des Gessiens sont allés au Burkina Faso (" le pays des hommes intègres"!) et des Burkinabés sont venus ici cet été.

Cette année, nous désirons toucher un public encore plus large et c'est ainsi qu'avant une conférence-débat qui aura lieu le 22 Mai à Versonnex (voir en fin de chronique) avec des invités... "décapants" (réservez votre soirée!), il y aura 3 journées d'information dans les collèges du Pays de Gex début Mai au cours desquels les collégiens serons invités à un concours de dessin pour la création d'un pin's qui servira de logo pour le Collectif. Signalons que cette année, l'association Malaïka se joindra à nous, engagée qu'elle est dans sa promotion du cinéma africain, caraïbéen et noir américain et un désir de notre rapprochement avec ces populations.

Partant de l'évidence, encore trop refoulée et même cachée, que le Nord et le Sud auront un avenir commun ou... pas d'avenir du tout, il faut être bien convaincu qu'aucune des préoccupations centrales des Français (chômage, insécurité, immigration, écologie) n'est traitable sans le Sud: 1)économiquement, il y a bien sûr un marché potentiel gigantesque (et c'est malheureusement la 1ère - la seule ?! - chose qui motive le Nord...); 2) du point de vue des migrations et quoi qu'on fasse à nos frontières, si les pays africains ne se développent pas, les populations monteront vers le Nord; 3) culturellement, nous avons besoin de l'Afrique qui garde avec l'ensemble des secteurs de la vie des relations que nous avons oubliées ou... détruites; enfin, 4) humainement on ne peut pas abandonner ce continent car LA FAIM EST TOUJOURS UNE ATTEINTE AUX DROITS DE L'HOMME.

Dans le monde entier, des hommes qui mangent à leur faim se sentent donc interpellés par ceux qui ont faim, interpellés parce que pendant que certains meurent de trop manger, d'autres - les plus nombreux, ne l'oublions pas - meurent de faim et de soif. Ces milliers de personnes agissent dans la durée car ""on ne peut demander aux Africains de faire en quelques années ce que nous avons fait nous-même en plusieurs siècles, ni connaître des succès rapides là où nous avons parfois échoué""(1). De même n'oublions pas que ""les petits ruisseaux français font de grandes rivières africaines"" (2).

Une autre conception de l'aide au développement de ces pays doit être mise sur pieds, de ces pays dont il faut bien le dire et le redire, ceux du Nord profitent toujours injustement. N'oublions pas non plus, nous pour qui ouvrir un robinet est une action anodine, presque inconsciente, que pour eux et généralement les femmes, cela représente des heures de marche et de travail. D'aucuns disent : "Ils n'ont qu'à faire moins d'enfants!": ce point nécessitant une prochaine chronique (en préparation), je rappellerai simplement que la natalité de la plupart de ces pays est approximativement celle de la France il y a environ 150 ans! Réfléchissons donc sur ce qui a changé ici depuis...

Il est nécessaire aussi de se rendre compte que l'aide alimentaire seule (et même bien administrée, ce qui reste à faire!) qui finalement nous arrange aussi beaucoup en nous permettant d'écouler nos excédents, se révèle néfaste, car même en périodes normales de pluies elle représente un facteur de dépendance non seulement économique mais aussi morale, à tel point qu'on peut dire que ""l'aide-alimentaire-habitude sauve des vies mais détruit l'avenir"" (3).

Il n'est donc plus suffisant de crier que mourir de faim et de soif est le plus grand scandale de ce siècle, il faut se rappeler certaines choses et d'abord que si les famines - faits et chiffres à l'appui - sont le résultat d'une conjonction infernale de mauvaises conditions météorologiques, elles le sont plus encore d'une mauvaise volonté "politique": mot utilisé au sens le plus large, c'est à dire pas seulement comme on vote mais comme on vit!

(1 à 3): Jean Fréoux, coordinateur de l'association Eau Vive, un des moteurs de ce "projet-eau"

Pour le Collectif, Yves Renaud