PAC, RIO, GATT (... et les autres)
Non, ce n'est pas le titre d'un nouveau film (ni une nouvelle marque de... chaussures; mais avouez, "Pac, Rio, Gatt, Maastricht", ça a moins d'allure, non?) !

Vous n'avez pas un peu la tête qui tourne, vous? Avec la réforme accélérée de la Politique Agricole Commune (la fameuse - qui a dit "fumeuse"? - PAC) signée par les ministres des Douze le 21 mai, puis le Carnaval, pardon le grand show du Sommet de la Terre en juin à Rio et les négociations du Gatt qui se poursuivent (dans l'ombre...), il y a de quoi se sentir un peu étourdi devant ces grandes valses de politique internationale... (ne me demandez pas déjà - ou encore - pourquoi tout ce remue ménage inhabituel, ne me faites pas non plus dire que les élections ont quelque chose à voir là-dedans...).

Mais "heureusement", les citoyens français vont avoir l'occasion de s'exprimer sur l'Europe; et au galop s'il vous plaît ! Le 20 septembre, référendum sur le traité de Maastricht (au fait, vous savez comment ça se prononce, vous ? Il semble qu'il y ait un peu tous les sons de... cloche, non?): alors veuillez prévoir 3 jours au moins pour étudier le traité; mais pour la compréhension des 17 protocoles et 31 déclarations, mieux vaudra se faire assister d'un "euro-député".

Car si le référendum reste, pour l'instant, la forme la plus démocratique de consultation, il me semble qu'on ne devrait pouvoir parler de consultation sans accès à l'information; et là, pour l'information, côté Maastricht cela coince déjà: pour ne donner qu'un exemple, la demande des associations écologistes, relayées pourtant par le Parlement Européen, de faire figurer dans le traité le libre accès aux informations, n'a pas été reprise par Maastricht... Pour montrer un risque de conséquence parlant pour tout le monde, à partir de 1993, les entreprises chimiques seront tenues de transmettre à Bruxelles les données sur les volumes de substances toxiques qu'elles produisent chaque année, mais ces données ne seront pas rendues publiques !!.

Quand vous saurez de plus que toutes les études prospectives sur les implications de Maastricht prévoient une augmentation fantastique du trafic autoroutier, du trafic des déchets de toutes sortes, du bétonnage et d'une euro-tambouille, il y a quoi se demander où est le progrès qui nous est annoncé: progrès qu'il est déjà considéré comme rétrograde ou égoïste (faudrait savoir!) de refuser...

Oui, nous, citoyens d'Europe devrons nous prononcer, mais quel contrôle aurons-nous en retour sur cette Europe que notre vote va légitimer? Et l'ensemble est tellement opaque et confus qu'ayant rencontré un fonctionnaire de Bruxelles, il nous a avoué ne parfois pas en comprendre le fonctionnement...; une chose est pourtant d'ores et déjà certaine, c'est que le Parlement Européen, seul organe démocratiquement élu, ne sort pas substantiellement renforcé de Maastricht, ce qui fait que pour tous les grands choix de société, aucun contrôle démocratique n'est prévu.

Pour la petite histoire, sachez quand même que certaines nouveautés ont le mérite de friser le comique; ainsi, l'article 2 du traité de Rome a été modifié: la "croissance continue pour tous" a été remplacé par la "croissance supportable", voilà qui change tout n'est-ce pas ?! C'est un peu comme les conventions issues du Sommet de Rio: concessions au niveau des déclarations mais verrouillage à celui des décisions.

Est-ce donc vraiment un projet de société qui méritait un tel nouveau traité ? Je ne suis pas le seul à être tenté de dire: Messieurs les Chefs d'Etat, revoyez votre film, euh votre copie; mais aussi, et surtout, citoyens et citoyennes, revoyons nos comportements; et ça...

Yves Renaud
P-S: pas d'"en-crier" renversé aujourd'hui...