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Controverses / Energie hydraulique

Alerte aux fissures sur les barrages d'EDF
     Risque de "rupture" en Dordogne, d'"effondrement" sur un village en Savoie, fuites, fissures et déformations: un rapport confidentiel d'EDF, révélé jeudi, détaille la vétusté de près de la moitié des barrages hydrauliques français, dont une centaine sont même jugés dangereux.
     Sur 450 barrages exploités dans l'Hexagone par le groupe, 200 présentent des signes inquiétants de vétusté, révèle le magazine Capital, qui s'est procuré un rapport confidentiel établi en août 2006 par la division production et ingénierie hydraulique (DPIH) d'EDF.
     Une centaine de ces jugés dangereux font même peser de réels dangers sur leur environnement immédiat, poursuit Capital, qui cite des risques d'affaissement de terrain, de destructions de routes et d'inondations de villages comme conséquences éventuelles.
     Les problèmes sont essentiellement concentrés dans les Alpes, mais les barrages du Massif central et des Pyrénées sont également concernés.
     Le rapport répertorie notamment un "risque d'instabilité du mur" pour le barrage de Noyer-Chut (Isère), une "fissuration voûte" et des "fuites membranes" à La Girotte (Savoie) et un "état de dégradation avancée" au Verney (Isère).
     Parmi les barrages les plus dangereux de France figurent celui de Mauzac (Dordogne), où le rapport note un "risque de rupture", celui de Viclaire (Savoie) avec un "risque d'effondrement de la galerie sur un village" et le barrage de Fond-de-France (Isère), où sont apparues des "fuites dans la digue avec une zone très habitée à l'aval".
     Selon Capital, EDF a prévu un programme de réhabilitation, baptisé "Super Hydrau", consacrant entre 500 et 550 millions d'euros sur cinq ans à la rénovation de 200 installations.
     La rénovation du seul barrage de Tuilières (Dordogne), dont les vannes rouillées sont tombées le 29 janvier 2006 dans le fleuve libérant 5 millions de mètres cubes d'eau, nécessitera jusqu'à 80 millions € d'investissements, soit près de 20% du budget du plan "Super Hydrau", estime Capital.
     Interrogé par l'AFP sur les conclusions de ce rapport, EDF s'est refusé à commenter un document qualifié de "confidentiel".
     Toutefois, le groupe a confirmé avoir engagé sur plusieurs années un important programme de 500 millions € sur la période 2007-2011 pour la maintenance de ses barrages hydrauliques.
     "L'ensemble des risques techniques détectés sur les ouvrages hydrauliques a été mesuré", précise EDF, ajoutant que les investissements prévus répondaient "à tous les besoins de maintenance".
     "Les ouvrages hydrauliques sont conçus pour une durée de vie qui dépasse le siècle", a indiqué une porte-parole du groupe. "L'âge moyen des centrales hydroélectriques d'EDF n'est que de 50 ans et elles affichent des niveaux satisfaisants de performance et de sûreté", a-t-elle assuré.
     Interrogé jeudi matin sur Europe 1 sur l'utilisation des profits records d'EDF (5,6 milliards € en 2006, soit +73,5%), son PDG, Pierre Gadonneix, a affirmé qu'il allait "relancer l'investissement et de façon massive", avec pour objectif de "doubler le rythme d'investissement en France" en trois ans.
     "C'était nécessaire", a-t-il reconnu. "EDF a un formidable patrimoine de production (...) et nous n'avons pas investi depuis dix ans. Il est urgent de rénover, de moderniser et de développer ce patrimoine".