RESEAU SOL(ID)AIRE DES ENERGIES !
Débat problématique énergétique / effet de serre / climat, etc.
Controverses / Energie hydraulique

Une récente étude “EDF” sur les barrages s'interroge sur leur participation à l'effet de serre.
    L'hydroélectricité faisait jusqu'à maintenant figure de solution idéale pour lutter contre la production de gaz à effet de serre (dioxyde de carbone et méthane). Une étude de chercheurs du laboratoire d'aérologie de l'université Paul-Sabatier et du laboratoire d'hydrobiologie du Centre d'étude des systèmes aquatiques continentaux, tous deux à Toulouse, vient de remettre en cause cette certitude. Leur travail a porté sur le barrage de Petit-Saut, situé sur la rivière Sinnamary, en Guyane, construit par EDF entre 1989 et 1995. Les chercheurs ont calculé que la décomposition des 350 km2 de forêt tropicale noyés lors de la mise en eau allait dégager dans les vingt ans à venir 66 millions de tonnes de gaz carbonique. Un comble pour une énergie propre!
    Pour Philippe Cerdan, directeur du laboratoire d'environnement du barrage, “ces émissions sont un moindre mal. Si les arbres avaient été coupés, il aurait fallu les brûler et le gaz carbonique ainsi dégagé aurait été bien plus important.” Même s'ils estiment que la combustion n'aurait atteint que 10 à 20% de ce que dégage la décomposition de la végétation immergée, les chercheurs toulousains admettent que des quantités considérables de gaz auraient été émises lors des opérations (construction d'une route, moteurs des bulldozers) nécessaires à la déforestation.
    Aussi alarmantes que paraissent ces conclusions, il faut les considérer à la lumière des 384 millions de tonnes de gaz carbonique que produit la France chaque année. Par ailleurs, cette étude a permis de savoir que la production de méthane de tous les barrages de la planète ne représente que 10 à 20% de celle des rizières. Enfin, il demeure que Petit-Saut a fourni la réponse la plus respectueuse de l'environnement au besoin croissant d'énergie du département d'outre-mer, lié notamment à l'essor du centre spatial de Kourou. .
N.C.
Trois questions à Corinne Gary-Lacaux, coordinatrice de l'étude sur le barrage de Petit-Saut

Qu'apporte votre étude à notre connaissance de l'impact environnemental des barrages?
    Seule la production de gaz à effet de serre des barrages en milieu boréal avait été étudiée. Nous avons réalisé la première étude complète sur un barrage en milieu tropical. Les différents mécanismes de production et d'émission de méthane et dioxyde de carbone ont été étudiés depuis la mise en eau jusqu'à aujourd'hui.

Comment s'est déroulé votre travail?
    Ce travail était financé par EDF dans le cadre de l'étude de l'impact environnemental de la construction du barrage de Petit-Saut. Nous avons mesuré sur quatre ans la production de gaz par le barrage, ce qui nous a permis d'estimer la production totale de gaz due à la décomposition de la végétation et des sols immergés.

Comment ces résultats ont-ils été accueillis par EDF?
    Favorablement puisqu'ils ont notamment conduit EDF à construire une sorte de cascade, qu'on appelle un seuil à lame déversante, en aval du barrage pour permettre l'évacuation du méthane dissous dans l'eau. Ces études menées sur Petit-Saut ont permis pour la première fois d'avoir une étude d'impact environnemental global et de renforcer le savoir-faire d'EDF en matière de barrages tropicaux.