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ACTUALITE INTERNATIONALE de L'ENVIRONNEMENT
Environnement: l'état de la France
LE MONDE http://www.lexpress.fr/LIBERATION.FR


    Publié mardi 17 octobre, le rapport sur l'état de l'environnement en France est destiné à toucher un large public. L'objectif de l'Institut français de l'environnement (IFEN), qui publie cet état des lieux tous les quatre ans, est d'analyser les évolutions les plus significatives affectant le milieu naturel en France. Sa lecture permet de prendre la mesure de phénomènes sous-jacents, moins choquants au premier abord qu'une marée noire, moins débattus que l'introduction de l'ours dans les Pyrénées, mais qui sont des moteurs puissants de la dégradation de l'environnement.
 
    L'édition 2006 comporte plusieurs innovations. Pour la première fois, l'IFEN a utilisé une méthodologie héritée de l'Agence européenne de l'environnement (AEE), l'organisme d'expertise qui conseille la Commission européenne.
    Elle permet d'étudier les principales pressions exercées sur l'environnement, leurs effets sur les milieux naturels et les réactions de la société. Parmi ces pressions figurent, pour la première fois, "les dynamiques socio-économiques" et "les ménages", c'est-à-dire l'influence de l'évolution du mode de vie de la population et des choix quotidiens des consommateurs. Qui plus est, ils sont placés en tête du rapport.
    Ce parti pris illustre l'un des thèmes centraux du document, résumé par sa coordinatrice, Marie Cugny-Seguin : "Le pollueur, ce n'est pas l'autre, c'est tout le monde." "Des résultats réels, même s'ils restent perfectibles, ont été obtenus dans la lutte contre les sources ponctuelles de pollution, constate l'IFEN. L'enjeu est maintenant surtout du côté des sources de pollutions diffuses, celles qui nécessitent l'adhésion de chacun dans ses choix individuels, pour se déplacer, consommer, se chauffer, se loger, ou dans les choix collectifs (construire une société plus sobre en carbone, par exemple)". Il s'agit de faire face à un "défi urgent": "dissocier la croissance économique des émissions de gaz à effet de serre, des pollutions et de la consommation des ressources". Pour cela, affirme le texte, "des marges de manoeuvre existent. Elles nécessitent un changement profond des comportements, des technologies, des modes de vie et de production".

MULTIPLICATION DES DÉPLACEMENTS
    Vieillissement de la population, recomposition familiale, augmentation de la surface des logements, multiplication des déplacements, accroissement du temps consacré aux loisirs, attraction des régions littorales : tous ces changements affectent l'environnement. Par exemple, le volume des déchets produits par an et par habitant, qui atteint aujourd'hui 360 kg, croît, entre autres, en raison de l'augmentation de la consommation de produits préparés et emballés en petites quantités.
    Autre évolution significative: pour loger 1.000 personnes, il fallait 323 logements en 1968, 385 logements en 1990, 417 en 1999. A cela s'ajoute une prédilection pour les maisons individuelles "dictée par des prix immobiliers moins élevés en périphérie qu'en centre-ville mais aussi par l'attrait de la campagne". Résultat, la ville s'étale et la dépendance à l'automobile augmente. On aboutit à "une ville diffuse, où l'habitat et les axes de communication sont particulièrement consommateurs d'espace et où il est difficile de développer des transports collectifs efficaces".
    Pour ses déplacements, un périurbain émet quotidiennement deux à trois fois plus de CO2 qu'un habitant du centre-ville. La mobilité, qui ne cesse d'augmenter, exerce "de fortes pressions sur l'environnement : pollutions atmosphériques, gaz à effet de serre, nuisances sonores, sans oublier les pollutions liées à la construction des véhicules et des infrastructures de transport, et la fragmentation des espaces naturels". En 2002, 84% des déplacements étaient effectués en voitures particulières, contre 81% en 1980. La part des autobus (7%) et des autocars (5%) est "en baisse constante". En revanche, celle du transport ferroviaire, au plus bas en 1995, augmente pour approcher les 10% en 2002. Il faut rappeler toutefois que ce taux était de 11% en 1980. Même les vacances ne sont pas neutres: elles engendrent par exemple une production de déchets disproportionnée dans des zones fragiles comme la montagne ou le littoral...
    En plus de ces pressions directes, les consommateurs "orientent l'ensemble de l'appareil productif par leur choix de consommation". Consommer des fruits et légumes frais hors saison - dont la production et le transport demandent des quantités importantes d'énergie - a des répercussions négatives. L'évolution du régime alimentaire importe également. "Parcourir 100 km en voiture ou manger 1 kg de boeuf ou de mouton revient à peu près au même en ce qui concerne la perturbation climatique", relève par exemple le rapport. En effet, boeufs et moutons produisent naturellement du méthane, un puissant gaz à effet de serre.
    L'influence des consommateurs peut s'exercer dans de multiples domaines, mais les nombreuses études effectuées sur leur comportement soulignent l'existence d'un décalage entre les intentions et les actes. La sensibilité aux thèmes environnementaux est élevée. "L'inquiétude très marquée des Français vis-à-vis de la pollution de l'air et de l'eau montre que l'environnement devient un sujet de préoccupation d'autant plus aigu qu'il est perçu par les individus comme une menace potentielle sur la santé", commente l'IFEN. Selon le baromètre de l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire, 22% des Français placent la dégradation de l'environnement en tête des sujets qui les préoccupent. Ce thème est néanmoins devancé par le chômage, l'insécurité et l'exclusion. La protection de l'environnement est donc devenue "consensuelle".
    Dans le même temps, les Français semblent accepter difficilement la modification de leurs modes de vie. Ils ne sont pas prêts à payer plus cher pour des produits "verts", alors que 55% se disent prêts à payer plus pour des produits censés améliorer la santé. La gestion des déchets par le tri sélectif est le seul domaine dans lequel les citoyens pensent avoir un rôle à jouer. Mais ils considèrent que c'est à l'Etat de lutter, par exemple contre la pollution de l'air. "La voiture illustre bien les tensions qui existent entre notre conscience des enjeux environnementaux et nos comportements", constate le rapport.
    L'exemple de la voiture montre bien, selon l'IFEN, que le changement des comportements en matière d'environnement "ne peut se résumer à la sensibilisation de la population". Car le choix des consommateurs est contraint, par exemple par les prix, l'offre de transports en commun, etc. L'enjeu pour les pouvoirs publics est donc, concluent les experts, de créer les conditions de la transformation des pratiques.
http://www.ifen.fr/

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La France prône des "petits gestes" pour réduire la pollution
L'Express
    Afin de lutter contre la dégradation de l'environnement en France, la ministre de l'Ecologie a prôné "les petits gestes" et milité pour un changement des comportements.

    "Il n'y a pas de petits gestes quand on est 60 millions à le faire!", a déclaré Nelly Olin lors des questions d'actualité à l'Assemblée nationale.
    Au lendemain de la diffusion d'un rapport de l'Institut français de l'environnement (Ifen) qualifiant "d'inquiétant" la qualité de l'air et de l'eau dans l'Hexagone, Nelly Olin a estimé qu'il n'était pas trop tard pour y remédier.
    "Il n'est pas trop tard pour agir et sans bouleverser la vie quotidienne de nos concitoyens, il est possible de modifier notre comportement", a-t-elle dit.
    "Ne pas laisser les appareils électriques en veille. C'est 10% d'économie d'énergie", a souligné la ministre, invitant les Français à bien fermer leurs robinets, éteindre leurs lumières ou encore réduire leur chauffage en quittant leur domicile.
    "Conclure que tout passe par les gestes simples c'est une vaste supercherie", a rétorqué le directeur adjoint de l'association de défense des consommateurs, UFC Que Choisir.
    "Il y a une prise de conscience pour l'écologie : on parle beaucoup de micros démarches, mais les pouvoirs publics ne s'intéressent aucunement aux leviers qui comptent", a dit à Reuters François Carlier.
    Il a par exemple critiqué l'absence de décision politique en matière de transports routiers, l'un des secteurs les plus polluants, dont l'activité a été multipliée par 2,3 en 20 ans au détriment du train.
    "Avec la hausse des prix du carburant, les particuliers sont prêts à prendre les transports en commun. Mais il n'y a pas d'efforts d'investissements de la part des pouvoirs publics", a-t-il regretté.


La France plutôt moyenne en environnement
LIBERATION.FR
    Si la pollution tend à diminuer, le grignotage des espaces naturels s'accélère, souligne un rapport de l'Institut français de l'environnement.
    Par Alexandra Schwartzbrod

    Elève discipliné mais peut mieux faire. C'est en substance le jugement porté par l'Institut français de l'Environnement (Ifen) sur le comportement de la France en matière de protection de la nature. Dans son quatrième rapport, rendu public mardi matin par la Ministre de l'Ecologie, Nelly Olin, l'Ifen passe au crible l'état des milieux et des territoires, les impacts subis par la société et les réponses apportées par celle-ci. Et les conclusions sont en demi-teinte.
    Un bon point d'abord. «Globalement les émissions de gaz à effet de serre (GES) sont à peu près stables: elles sont inférieures aux objectifs du protocole de Kyoto depuis 2000», note l'Ifen. Premier émetteur de GES, les transports semblent être en train de stabiliser leurs émissions grâce à une réduction globale de la consommation de carburants liée à la hausse des prix du pétrole, à la baisse de la consommation moyenne des véhicules et à la limitation des vitesses. Mais de gros progrés restent à faire dans le domaine de l'habitat dont les émissions ne cessent d'augmenter.
    La qualité de l'air des grandes et moyennes agglomérations s'est améliorée ces quatre dernières années grâce au renouvellement du parc automobilet et à la généralisation du pot catalytique mais les pollutions liées aux transports restent préoccupantes. «Les concentrations de particules fines (les plus dangereuses pour la santé) et celles d'oxydes d'azote, ainsi que les composés organiques volatiles (tous deux précurseurs de l'ozone) demeurent élevées dans l'air des agglomérations à proximité des axes de circulation », estime l'Ifen.
    Côté industrie,  les progrès technologiques semblent avoir sérieusement contribué à limiter les rejets dans l'atmosphère. Une évolution est également perceptible dans le domaine de l'agriculture où la perception des risques liés aux nitrates est beaucoup plus forte. «Mais cette amélioration ne s'est pas encore répercutée dans les eaux souterraines», note l'Ifen. Par ailleurs, «les pesticides restent présents dans la plupart des cours d'eau et dans une grande partie des nappes».
    Le mauvais point, c'est le «grignotage» des espaces naturels et la perte de biodiversité qui en découle. «Chaque année, 60.000 hectares, pour l'essentiel des terres agricoles, sont grignotées par l'artificialisation (lotissements, routes, zones d'activité...), s'inquiète l'Ifen. L'urbanisation gagne l'arrière-pays littoral et le paysage se mite aux abords des agglomérations.» Résultat, des espèces animales et végétales sont menacées. «Les populations d'oiseaux communs du milieu agricole ont reculé de 27% ces quinze dernières années, des stocks de poissons sont en danger du fait des prélèvements...»
    Autre inquiétude, l'apparition de «nouveaux polluants»: présence de produits phytosanitaires dans l'air en limite des eaux urbaines, contamination des eaux continentales par de nouveaux micro-polluants provenant des stations d'épuration des agglomération (médicaments, cosmétiques...) ou de rejets industriels (dioxine...).
    Les Français en font-ils assez pour éviter la dégradation de leur environnement? Non, répond l'Ifen qui souligne que les pratiques quotidiennes restent en décalage avec la fibre environnementale nationale. Quelques chiffres le montrent: un Français produit encore chaque année 353 kilos de déchets, un chiffre qui a le mérite de ne pas augmenter mais qui ne baisse pas malgré les campagnes de sensibilisation. Par ailleurs, les quatre cinquièmes des déplacements s'effectuent toujours en voiture particulière, la part des transports en commun étant en baisse.
    Une conclusion qui semble très opportunément valider la dernière campagne du gouvernement sur le thème «il n'y a pas de petits gestes quand on est 60 millions à le faire»: une recommandation qui ne peut pas faire de mal mais qui aurait davantage de poids si les moyens financiers accordé au ministère de l'Ecologie étaient à la hauteur des enjeux.


Formation environnementale et energetique