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EFFET DE SERRE
Europe: Les émissions de CO2 des 23 principaux électriciens européens n'ont toujours pas baissé en 2005
http://www.actu-environnement.com/ae/news/2090.php4

    Depuis 2001, le cabinet PricewaterhouseCoopers (PwC) réalise une étude annuelle sur les 23 principaux électriciens européens au regard de leur production d'électricité et de leurs émissions de CO2. La cinquième édition de cette étude révèle que ces derniers n'ont toujours pas réduit leurs émissions de CO2 en 2005. Le total des émissions s'élève à 787 millions de tonnes pour une production de 2,16 TWh représentant 70% de la production totale d'électricité de l'Europe (3,093 TWh).
     Cette stabilité cache bien évidemment des variations plus ou moins positives. Certains électriciens comme Iberdrola (Espagne), EDP (Portugual/Espagne) ou Scottish & Southern Energy (Angleterre) ont augmenté leurs émissions alors que d'autres comme Enel (Italie/Espagne), Fortum (Finlande) ou PVO (Finlande/Suède) les ont réduites pour certains de 66%.
     Mais ces différences entre les électriciens ne sont pas le reflet d'un changement de politique en faveur des énergies renouvelables ou d'une modernisation massives des installations. Elles sont le fruit d'un remaniement du parc de centrales ou liées aux conditions climatiques. La sécheresse espagnole de 2005 a par exemple poussé Iberdrola à recourir à ces chaudières thermiques plutôt qu'à ces centrales hydrauliques, d'où une augmentation des émissions pour une production électrique similaire. Dans le cas de PVO, la réduction de ces émissions vient du fait que l'énergéticien a préféré s'approvisionner en électricité hydraulique de Norvège où la pluviométrie a été favorable.
     Au final, la production globale de l'Europe a augmenté de 0,4% seulement entre 2004 et 2005 mais les émissions de CO2 sont restées stables. Ainsi chaque MWh produit en Europe provoque actuellement l'émission de 373 kg de CO2 contre 374 kg l'année dernière. Depuis le début de ces études en 2001, cet indicateur baptisé Facteur Carbone n'a pas évolué.
     Pourtant les électriciens sont largement incités à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre au travers du système d'échange des quotas de CO2 ou encore des certificats d'économies d'énergie. Ils semblent en être conscients car selon PricewaterhouseCoopers, ils communiquent de plus en plus sur les moyens mis en œuvre pour réduire leurs émissions à court et moyen termes.
     L'amélioration de l'efficacité énergétique est souvent décrite comme le levier prioritaire efficace à court terme. Les industriels concernés par l'utilisation du charbon comme RWE(Allemagne/Angleterre) ou EON (Allemagne/Angleterre ) cherchent par exemple à améliorer le rendement thermique des procédés. Le recours accru au gaz et la mise en place d'unités à cycle combiné sont également souvent mentionnés. Les centrales hydroélectriques sont modernisées et les projets nucléaires sont remis à l'ordre du jour comme chez Enel.
     Les électriciens misent également sur le mix énergétique et le développement des énergies renouvelables. De nombreux électriciens ont développé en 2005 et prévoient d'augmenter leur parc éolien dans les années à venir, soit une puissance supplémentaire de plus de 6,5GW au total. Plusieurs électriciens font fonctionner des usines à l'énergie biomasse de puissance cumulée supérieure à 1,5 GW. RWE a par exemple prévu de construire une unité mixte charbon-biomasse de 2x800 MW à partir de 2012 aux Pays-Bas. D'autres se base sur un changement de combustibles : Union Fenosa (Espagne) et DEI (Grèce) ont par exemple utilisé plus de gaz naturel à la place de charbon ou de lignite en 2005. Cependant peu d'électriciens font état d'investissements dans le solaire, le géothermique, les piles à combustibles ou encore l'énergie marémotrice.
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     En revanche, les électriciens s'impliquent dans des programmes type Mécanismes de Développement Propre (MDP). Les crédits de ces projets proviendront en majorité des pays suivants, qui sont les principaux pays hôtes en matière de MDP : Chine (36%), Inde (26%), Mexique (13%), Brésil (12%), Corée du Sud (12%). L'essentiel de ces crédits proviendra principalement d'un domaine industriel non lié à la production d'énergie, à savoir la destruction du HFC23 (69%) même si ces projets ne sont pas vu d'un très bon œil puisqu'ils rejetteraient du HFC22, gaz nocif pour la couche d'ozone. Les autres projets sont liés à la méthanisation des lisiers d'animaux (21%), la valorisation énergétique de la biomasse (4%), la création de parcs éoliens (4%).
     Enfin, dans les trois pays européens qui ont instauré un marché des certificats d'économie d'énergie ou certificats blancs comme la France en 2006 pour maîtriser la demande en énergie, certains électriciens ont développé des offres de conseil à destination de leurs clients pour mieux gérer leur consommation d'électricité.
     La neutralisation des émissions est aussi un moyen abordé par certains électriciens pour réduire leurs émissions. EDF Energy propose par exemple à ses clients un service payant leur permettant de neutraliser leurs émissions. L'électricien investit alors les fonds collectés dans des projets réduisant les émissions.
     Malgré tout, les effets ne se font pas encore sentir réellement sur les émissions de CO2 car ces projets sont relativement récents. PricewaterhouseCoopers estime même qu'ils ne devraient pas impacter les données CO2 avant plusieurs années.
     En attendant, l'économie des pays émergents continue de croître. Dans l'une de ses études, publiée en mars 2006, le cabinet PwC explique qu'en 2050, le groupe des pays du E7 (Chine, Inde, Brésil, Russie, Mexique, Indonésie, Turquie) pourrait représenter des économies supérieures de 25 à 75% à celles du groupe des pays du G7. Notamment, l'économie chinoise pourrait dépasser celle des Etats-Unis dès 2016. Selon le scénario de PwC, si rien n'est fait, les émissions de gaz à effet de serre du G7 pourraient croître de 30% entre 2004 et 2050 et celles du E7 de 225% sur la même période, induisant une croissance mondiale des émissions de 112% sur la période.
     À l'instar d'autres études et rapport internationaux, le cabinet démontre qu'une autre voie est possible, que les émissions de CO2 peuvent être limitées sans compromettre la croissance économique. Dans un scénario basé sur un taux de croissance annuel mondial de 3.2%, un taux de croissance annuel de l'énergie primaire de 0.6 % et de celui de l'énergie non fossile de 2.5%, PricewaterhouseCoopers prévoit une réduction de moitié des émissions de gaz à effet de serre du G7 et une augmentation de 30% de celles du E7 sur la même période, permettant une décroissance mondiale des émissions de 17 %. Selon le cabinet, ce scénario parvient à stabiliser la concentration en CO2 dans l'atmosphère aux environs de 460 ppm, ce qui réduirait très sérieusement les risques de perturbation climatique mondiale. Pour y parvenir, PwC estime qu'il faudra dépenser environ 2 à 3% du PNB mondial en 2050 car, selon lui, les mesures à mettre en place sont faisables technologiquement et relativement peu onéreuses. Elles porteraient sur l'amélioration de l'efficacité énergétique, la diminution de la part des combustibles fossiles en faveur d'énergies renouvelables et de l'énergie nucléaire et la séquestration du carbone dans le sous-sol. Seul bémol, elles requièrent une action concertée des gouvernements, des industriels et des particuliers.