CONTROVERSES NUCLEAIRES !
VEILLE NUCLEAIRE INTERNATIONALE
2010

La "poubelle nucléaire" russe fait peau neuve dans l'Arctique
ADIT, octobre
http://www.lemonde.fr/
     Sur le mur d'une rue passante, le panneau donne la température, la vitesse du vent et... la radioactivité. Dans le nord-ouest de la Russie, la péninsule de Kola porte les stigmates d'une époque, peut-être bientôt révolue, qui l'a vue devenir la "poubelle nucléaire" de l'ex-URSS.
     Lourdement militarisée à cause de sa proximité immédiate avec l'Otan, cette région de l'Arctique a hérité d'un legs encombrant après l'implosion de l'Union soviétique: des sous-marins atomiques en fin de vie par dizaines et du combustible nucléaire usé dans des containers pas toujours hermétiques.
     Autant de menaces pour l'environnement près des eaux poissonneuses de la mer de Barents mais aussi d'aubaines pour trafiquants sans scrupules.
     Deux décennies et deux milliards de dollars -- essentiellement occidentaux -- plus tard, la "poubelle" a meilleure allure.
     "Le plus positif, ou peut-être devrais-je dire le moins négatif, c'est que la situation est sous contrôle pour ce qui est de la sûreté nucléaire", dit Sergueï Javoronkine.
     "Ca n'a pas toujours été le cas", précise ce responsable du Conseil public pour l'utilisation sûre de l'énergie nucléaire à Mourmansk, le chef-lieu de la péninsule.
     Finies les décharges de déchets radioactifs en mer qui avaient cours jusqu'au milieu des années 1980. La grosse centaine de submersibles qui rouillaient à quai ont presque tous été envoyés à la casse.
     Isolés, inoccupés et exposés aux intrus, les phares alimentés par des "générateurs thermoélectriques radio-isotopiques" (GTR) radioactifs tournent maintenant à l'énergie solaire.
     "La situation a changé dans le bon sens", admet Alexandre Nikitine, ancien officier de la flotte sous-marine soviétique arrêté par le FSB (ex-KGB) en 1996 pour avoir informé l'ONG environnementale norvégienne Bellona -- pour qui il travaille aujourd'hui -- sur la pollution causée par les sous-marins.
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     "Mais de notre point de vue, il y a encore des problèmes", ajoute-t-il.
     Tout en haut des motifs persistants de préoccupation, la baie d'Andreïeva abrite 30 tonnes de déchets radioactifs et du combustible usé des sous-marins et brise-glaces nucléaires, à quelque 40 km de la frontière norvégienne.
     Les 21.000 "crayons" nucléaires, petits tubes de combusible, stockés sur place dans des citernes et containers douteux représentent une radioactivité totale de 850.000 térabecquerels. L'équivalent de neuf Tchernobyl près des rives de la mer de Barents.
     Ce sont les mêmes citernes que dans les années 1980. "Ils ont juste construit un toit au-dessus pour les protéger de la pluie et une barrière pour tenir les personnes indésirables à distance", explique Igor Koudrik, un chercheur de Bellona.
     Selon Valery Panteleyev, directeur de SevRao, l'organisme public chargé du "nettoyage" de la péninsule, un premier lot de "crayons" a été acheminé par voie ferroviaire vers l'usine de retraitement de Mayak, dans l'Oural, en juin.
     "Le plus facile", selon Igor Koudrik. "Ils ne savent toujours pas comment vider les citernes".
     Autre point noir, le Lepse, un navire de soutien aux brise-glaces atomiques, attend depuis 20 ans à Mourmansk que l'on trouve une solution pour sa cargaison de tubes de combustibles, brisés ou endommagés pour bon nombre et donc difficiles à extraire.
     Véritable épave flottante, le bateau construit en 1936 menace de sombrer.
     Bien que les autorités professent officiellement "la transparence", de nombreux sites restent fermés aux journalistes étrangers.
     A Mourmansk, la radio continue de mentionner le niveau de radioactivité dans ses bulletins météo et à la toute proche frontière russo-norvégienne, des portiques de détection scannent les véhicules pour détecter d'éventuelles sorties frauduleuses de matières radioactives.