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2010

Sarkozy crée un institut international du nucléaire
nouvelobs.com, mars 2010

Sarkozy plaide pour le développement du nucléaire civil
NOUVELOBS.COM | 08.03.2010 | 17:10
     "Le nucléaire civil peut être aux yeux de la France le ciment d'une nouvelle solidarité internationale" a affirmé le chef de l'Etat lors d'une conférence à Paris.

     Nicolas Sarkozy a résolument plaidé pour le développement du nucléaire civil dans le monde, souhaitant qu'il devienne "le ciment d'une nouvelle solidarité internationale" et que la France y joue un rôle moteur, lors de la conférence internationale organisée lundi 8 mars à l'OCDE, l'Organisation de coopération et de développement économiques, à Paris.
     "La France veut coopérer avec tous les pays qui souhaitent le nucléaire civil", a déclaré le chef de l'Etat, inaugurant la conférence. "La population mondiale croît et s'enrichit. Nous aurons besoin de 40% d'énergie en plus d'ici 2030", a-t-il expliqué.
     "La solution n'est pas dans les idéologies de la décroissance ou du repli", a argumenté Nicolas Sarkozy, montrant du doigt "des idéologies égoïstes qui veulent maintenir les pauvres dans la pauvreté".
     La priorité va à la "lutte contre le réchauffement climatique", a assuré le président. "Il faut le nucléaire civil et il faut les énergies renouvelables, il faut les deux", a-t-il estimé, rappelant que "80% de la croissance de la consommation électrique d'ici 2030 viendra de pays non membres de l'OCDE: il faut donc que le nucléaire s'implante dans de nouveaux pays".
     Dans ce contexte, a-t-il dit, "le nucléaire civil peut être aux yeux de la France le ciment d'une nouvelle solidarité internationale".

"Je n'accepte pas l'ostracisme du nucléaire"
     Dressant la liste des "points essentiels" à ses yeux, Nicolas Sarkozy a d'abord évoqué le financement du nucléaire civil dans le monde: "je ne comprends pas et je n'accepte pas l'ostracisme du nucléaire dans les financements internationaux", a-t-il affirmé, y voyant "matière à scandale". Les institutions financières internationales -notamment la Banque mondiale- doivent à son avis s'engager "résolument" dans le financement de l'énergie nucléaire civile.
     Toutefois, a-t-il souligné, "il ne peut pas y avoir de développement du nucléaire civil sans engagement de la transparence".
     En matière de "sûreté nucléaire", le président a donc souhaité "qu'un organe indépendant sous l'égide de l'AIEA (Agence internationale de l'énergie atomique, dépendant de l'ONU) établisse sur des bases scientifiques et techniques incontestables une grille d'analyse internationale", ainsi que la mise en place d'un classement des réacteurs proposés sur le marché "selon le critère de la sûreté".
     Nicolas Sarkozy a insisté sur le "respect de la non-prolifération" de l'armement nucléaire, mettant en exergue "la décision volontaire prise en 2003 par la Libye" dans ce domaine -laquelle Libye n'a pas répondu à l'invitation à la conférence de lundi.

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Barroso pointe l'Iran et la Corée du Nord
     "Je propose donc que nous suspendions notre coopération nucléaire avec les pays qui ne respectent pas leurs obligations", a-t-il déclaré. "La France sera intraitable à l'encontre de ceux qui violent les règles de sécurité collectives", a averti le président français.
Le chef de l'Etat a annoncé la création d'un "Institut international de l'énergie nucléaire" à Saclay (Essonne) et Cadarache (Bouches-du-Rhône), dans le cadre "d'un réseau international de centres d'excellence spécialisés en cours de constitution".
     Il a aussi évoqué le thème de la "sécurité de l'approvisionnement en combustibles", en proposant la "création d'une banque du combustible à l'AIEA".
     Enfin, en ce qui concerne la "gestion des combustibles usés et des déchets ultimes", Nicolas Sarkozy a prôné "le recyclage", sur le modèle de la France. "Il me semble que c'est la voie la plus prometteuse pour l'avenir", a-t-il estimé. "C'est pourquoi la France veut continuer à coopérer avec de nombreux pays en mettant ses installations de retraitement et de recyclage au service de tous ceux qui n'en ont pas."
     Dans la foulée du président français, le président de la commission européenne José Manuel Barroso a mis en exergue le cas de pays comme l'Iran ou la Corée du Nord, "dont les activités nucléaires présentent des risques de sécurité pour la communauté mondiale".
     "Tout pays a le droit d'accéder au nucléaire civil. Les traités internationaux le précisent bien. Mais pour l'Europe, le respect des normes de sûreté, de sécurité et de non-prolifération les plus strictes n'est pas négociable", a-t-il à son tour insisté.

"Sortir du nucléaire" dénonce "un danger global"
     Par ailleurs, José Manuel Barroso a incité le reste du monde à s'aligner sur l'Union européenne, qui depuis juin 2009 a adopté "un cadre communautaire pour la sûreté des installations nucléaires". Cette décision donne "une force juridique contraignante aux principales normes internationales de sûreté nucléaire, notamment celles de l'AIEA" a-t-il souligné.
     L'organisation "Sortir du nucléaire" estime pour sa part que "tant qu'il y aura des centrales, il y aura des bombes". "Le nucléaire représente un danger global", ajoute-t-elle dans un communiqué, citant "la pollution générée par les mines d'uranium, l'héritage empoisonné des déchets radioactifs, le risque permanent d'accident, la menace terroriste".
     Elle juge en outre que "cette technologie est totalement inadaptée pour répondre aux grands enjeux énergétiques et environnementaux actuels, notamment l'épuisement des ressources et le changement climatique", et recommande aux Etats de se tourner "vers d'autres options sûres et prometteuses (efficacité énergétique, énergies renouvelables) plutôt que vers une technologie dangereuse et coûteuse".

(Nouvelobs.com avec AP)