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VEILLE NUCLEAIRE INTERNATIONALE
2010

Réacteur Iter: l'UE à la recherche de fonds européens pour financer le surcoût
ADIT, juin

BRUXELLES (AFP)

     Les pays de l'UE ont affiché mercredi leur volonté de récupérer des fonds budgétaires européens existants pour financer le spectaculaire surcoût du projet international de réacteur nucléaire Iter, sans toutefois arrêter une position commune.

     Le projet Iter, étalé sur 35 ans, est une initiative visant à établir si la fusion nucléaire peut devenir une importante source d'énergie dans le futur. Il s'agit de piéger des atomes grâce à de puissants champs magnétiques pour les chauffer et faire fusionner leurs noyaux.
     Iter est régi par un accord international entre la Communauté européenne de l'énergie atomique (Euratom) et six autres parties (Chine, Inde, Japon, Corée du Sud, Russie et Etats-Unis).
     Mercredi, les ministres européens en charge de la Recherche réunis à Bruxelles ont signifié qu'ils ne rajouteraient pas d'argent supplémentaire en provenance de leurs budgets nationaux pour faire face à un surcoût de 1,4 md € calculé pour les années 2012 et 2013 en pleine phase de construction.
     Les Etats privilégient un redéploiement de fonds déjà inscrits dans le budget européen 2007-2013, selon plusieurs participants.
     Début mai, la Commission européenne avait au contraire préconisé des financements nationaux supplémentaires ou encore une hausse du budget actuel, deux idées rejetées.
     Le temps presse. Tous les partenaires internationaux du projet doivent se réunir le 17 juin et l'UE espère disposer d'ici là des grandes lignes d'une position commune.
     Le coût initial de construction d'Iter -5,9 milliards € dont 2,7 mds à la charge d'Euratom- est largement dépassé. Désormais, le coût pour l'Europe atteint 7,2 milliards €, dont 20% pour la France, entre 2007 et 2020.

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     La France est particulièrement impliquée puisque le futur réacteur expérimental doit être construit à Cadarache.
     Pour la ministre française de la Recherche Valérie Pécresse, "c'est un projet crucial pour la recherche mondiale", qui a recueilli "un soutien unanime" des capitales européennes.
     Mais les Européens doivent "trouver une vraie unanimité pour rassurer nos partenaires", a-t-elle insisté, à l'issue de la réunion. "Nos partenaires étrangers ont eux aussi des crédits à engager, l'Europe ne peut pas faire défaut", a ajouté Mme Pécresse.
     "La piste du redéploiement budgétaire a été privilégiée, avec la possible option d'un prêt complémentaire de la Banque européenne d'investissement" (BEI)", a-t-elle précisé.
     "Nous avons besoin d'un accord clair (...) sur la part qui sera financée par le budget de l'UE, surtout en ce qui concerne les hausses de coûts jusqu'en 2013", a souligné pour sa part Annette Schavan, ministre allemande à la Recherche.
     "L'Union européenne a une stratégie de croissance et je trouve qu'un tel projet s'y inscrit formidablement", a-t-elle jugé, tout en réclamant "de la transparence sur la question de savoir pourquoi nous sommes confrontés à une hausse des coûts de 300%".
     Un groupe de travail spécial a été créé mercredi et doit démarrer ses travaux la semaine prochaine.
     Avant le débat, la présidence espagnole de l'UE avait indiqué mardi qu'un accord n'était pas encore mûr malgré des progrès. "Il y a une urgence dictée par les délais", mais les Européens doivent aussi "parvenir à un bon équilibre", a commenté Cristina Garmendia, ministre espagnole des Sciences et de l'innovation.
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L'Europe peine à mettre le projet Iter sur les rails