CONTROVERSES NUCLEAIRES !
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2009
mars
Epidémiologie: les risques de pathologie cancéreuse ou non-cancéreuse après exposition
ADIT,
     Le 36e congrès annuel de la Société européenne de recherche sur les rayonnements (ERRS): une vision globale de la radiobiologie
Jean-Marc Bertho and Philippe Voisin
IRSN, DRPH/SRBE, Laboratoire de radiotoxicologie expérimentale, BP 7, 92262 Fontenay-aux-Roses Cedex, France
(Manuscrit reçu le 10 octobre 2008, accepté le 21 octobre 2008, publié en ligne le 4 mars 2009)

Résumé
     Le 36e congrès annuel de la société européenne de recherche sur les rayonnements (ERRS), l'ERR 2008, a été organisé par une équipe française de l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), du 1er au 4 septembre 2008, à Tours (France). Ce congrès a rassemblé plus de 150 chercheurs et médecins venus du monde entier. Au-delà de ces chiffres, ce congrès a mis en avant plusieurs thèmes de recherche majeurs à l'heure actuelle et notamment la dosimétrie biologique, l'instabilité génétique et les effets de voisinage, et les dommages aux tissus sains. L'épidémiologie était également pour la première fois présente dans un congrès de l'ERRS. L'objectif de cet article est de faire un tour d'horizon rapide des résultats marquants présentés durant ce congrès.
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3. Épidémiologie: les risques de pathologie cancéreuse ou non-cancéreuse après exposition
     Parmi les communications en épidémiologie, deux ont particulièrement retenu l'attention. Il s'agit tout d'abord de la communication orale de D. Bazyka (Ukraine), qui décrit une étude cas-témoin au sein d'une cohorte de plus de 110.000 liquidateurs pour l'incidence des leucémies et des pathologies hématologiques en relation sur la période 1986-2000 (Romanenko et al., 2008).
     Dans cette étude, 87 cas de leucémies, 8 cas de myélomes multiples et 7 cas de myelodysplasie ont pu être confirmés.

     L'originalité de l'étude réside dans l'obtention d'informations individuelles plus précises, notamment pour la reconstitution des doses. La dose moyenne estimée est 76,4 mGy, avec une erreur standard de 213,4 mGy. Les auteurs aboutissent à un excès de risque relatif pour l'ensemble des leucémies de 3,44 par Gy (intervalle de confiance à 95% 0,47- 9,78, p < 0,01), avec une relation linéaire entre le risque et la dose d'irradiation.
     C'est la première fois qu'un excès de risque relatif de leucémie chez l'adulte est démontré à la suite de l'accident de Tchernobyl.
     La seconde étude qui a retenu l'attention est celle de Tukenova et al. (2008) (France), qui a étudié la mortalité globale et par maladie cardiovasculaire chez des patients traités pour un primo-cancer durant l'enfance. La cohorte comprend plus de 4.000 patients traités durant la période 1942-1986, avec un suivi moyen de 26 ans. Parmi les 603 décès enregistrés, 21 sont dus à une maladie cardiovasculaire, ce qui correspond à un risque augmenté d'un facteur 6,0 (intervalle de confiance à 95%: 3,8-9,0). Parmi les facteurs influençant la mortalité, deux paramètres liés au traitement ont été identifiés. Une dose d'irradiation comprise entre 5 et 14,9 Gy pendant le traitement augmente le risque de décès par maladie cardio-vasculaire d'un facteur 14,5 (IC 95%: 2-291), et l'utilisation de certains agents de chimiothérapie comme les anthracyclines, les agents alkylants et les alcaloïdes. Cette étude démontre la survenue de pathologies non cancéreuses à la suite de traitements par radiothérapie, et vient conforter les données de la cohorte des survivants de Hiroshima-Nagasaki sur l'existence d'une relation entre irradiation externe et pathologies cardio-vasculaires (Yamada et al., 2004). Il est à noter que cette présentation a reçu un prix poster, pour distinguer la qualité et l'originalité de ces travaux.
Radioprotection Volume 44 - 1 (Janvier-Mars 2009) is available on line.
FRANCE (Paris): http://www.radioprotection.org/
Radioprotection 2009, Vol. 44, n° 1 (2009), pages 89 à 99
DOI: 10.1051/radiopro/2008052