CONTROVERSES NUCLEAIRES !
ACTUALITE DES CONTROVERSES...

Suivi des infiltrations de la mine de sel d'Asse
(Allemagne, Basse-Saxe)
2007 - 2008 -
2009

août
Mesures de sécurisation de la mine d'Asse II pour protéger l'environnement contre la radioactivité
ADIT
     Dans le site de stockage de déchets radioactifs de Asse, en Basse-Saxe, s'écoulent quotidiennement, et depuis 1988, 12.000 litres d'eau saumâtre [1] dans un bassin collecteur, en provenance des montagnes voisines. La majeure partie de cette eau est évacuée jour après jour par un ascenseur de 658 m de profondeur vers la surface. La situation demeure ainsi maîtrisable pour le moment. Cependant, pour Wolfram König, Président de l'Office fédéral pour la radioprotection et la sûreté nucléaire (BfS, [2]), elle n'est pas particulièrement rassurante. "Nous ne connaissons pas le chemin qu'emprunte l'eau, ni d'où elle provient". Ainsi, Wolfram König et ses experts ne peuvent pas estimer à quel moment le "pire" pourrait arriver. Il est donc nécessaire d'envisager un engouffrement soudain et conséquent de saumure dans la mine, ce qui constituerait un accident majeur et retentissant. Si le site de stockage de Wolfenbüttel, dans les chambres duquel sont stockés 126.000 fûts dans des conditions non adéquates, était rempli d'eau, l'environnement immédiat de la mine pourrait être fortement pollué à long terme par des nucléides radioactifs à travers la nappe phréatique, et il y aurait vraisemblablement un outrepassement de la valeur limite de radioactivité tolérée. Le Président du BfS estime que la probabilité de ce scénario catastrophe est faible, mais son Office doit s'y préparer. L'objectif premier de toutes les mesures prises pour fermer la mine est ainsi d'assurer un confinement sécurisé des déchets radioactifs vis-à-vis de la biosphère.
     Depuis le début de l'année 2009, le puits d'Asse II, officiellement considéré comme un centre de recherche, et ayant servi de facto au stockage de déchets à faible et moyenne activité entre 1967 et 1978, est désormais considéré comme un centre de stockage définitif de déchets radioactifs et dépend donc du droit nucléaire, sous la responsabilité du BfS [3].
     Le BfS a d'abord renforcé la protection contre les radiations : dosimètres et vêtements spéciaux sont désormais obligatoires lors de l'entrée dans la mine. Un inventaire intensif des contenus des fûts stockés est également réalisé. L'ancien exploitant de la mine, le Centre Helmholtz de Munich, a fourni des "inventaires contenant de grosses lacunes, qui n'étaient pas effectués systématiquement, loin de l'état qui serait exigible pour un centre de stockage définitif de déchets nucléaires", selon Wolfram König. Pour la gestion du "pire", le BfS a prévu deux paquets de mesures, annoncées par le Président du BfS le 2 juillet 2009. Le premier doit permettre de réduire la probabilité d'une inondation incontrôlée. Ainsi, les fissures situées entre les chambres de la mine et le sel instable environnant devraient être stabilisées à l'aide de béton. En même temps, en cas d'engouffrement soudain d'eau saumâtre, de gros bassins collecteurs devraient être aménagés et des pompes à haute performance installées. En cas d'échec de ces systèmes, certaines cellules devraient être remplies de béton pour empêcher que des solutions aqueuses mélangées à des déchets radioactifs se propagent dans les montagnes environnantes et ainsi dans la biosphère.
suite:
     Le BfS part du principe que l'écoulement continu puisse également être contrôlé, si ce ne sont plus 12 mais 200 mètres cubes d'eau qui s'écoulent quotidiennement. "Nous souhaitons pouvoir aussi maîtriser 500 mètres cubes", selon Wolfram König, mais au dessus de ce flux "il n'y aurait plus rien à faire". Les experts préfèrent ne pas se prononcer quant à la probabilité d'occurrence du "pire". "Depuis 1995, le système est stable. Mais le fait qu'une quantité constante d'eau saumâtre pénètre dans la mine pourrait empiriquement signifier qu'il faille bientôt compter sur une irruption brutale et drastique d'eau". Wolfram König ne veut pas propager un vent de panique, mais il ne peut pas promettre une sécurité absolue. "C'est un exercice d'équilibre. Nous ne pouvons offrir aucune garantie pour le respect des seuils limites".
     Les mesures ne seraient pas une décision préliminaire à la fermeture de la mine d'Asse, selon Wolfram König. Actuellement, les experts se concertent sur trois options : la récupération des déchets nucléaires ou d'une partie d'entre eux, le déplacement des fûts dans un autre site de la même mine, ou le remplissage des puits par du béton. En août devraient être effectuées des études de faisabilité, et une décision définitive devrait tomber d'ici la fin de l'année.
[2] BfS: Bundesamt für Strahlenschutz
Pour en savoir plus, contacts:
- [1] Article de Wikipédia sur l'eau saumâtre: http://fr.wikipedia.org/wiki/Saum%C3%A2tre
- [3] Informations supplémentaires:
- "Changement de statut et d'exploitant pour la mine de Asse II: le centre de recherche devient centre de stockage de déchets radioactifs" - http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/55920.htm - BE Allemagne 402 - 11/09/2008 "
- "Une commission d'enquête sur le site de stockage de déchets radioactifs de Asse II" - http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/59056.htm - BE Allemagne 436 -15/05/2009
Source :
- "Warten auf die grosse Flut", Süddeutsche Zeitung - 03/07/2009
- " Schutz vor Radioaktivität aus Asse", Tagesspiegel - 03/07/2009
Voir:
http://fr.wikipedia.org/wiki/Mine_d%27Asse
mai
ADIT
Une commission d'enquête sur le site de stockage de déchets radioactifs de Asse II

     Le chef de l'opposition de Basse-Saxe, Wolfgang Jüttner (SPD), vient d'accomplir un revirement d'opinion, qui a été approuvé le 29 avril 2009 par sa fraction au Parlement régional. Le SPD exige à présent - comme les Verts et le parti de la Gauche depuis des mois - que soit créée une Commission d'enquête parlementaire concernant les activités tournant autour du site de stockage de déchets radioactifs de Asse à Wolfenbüttel. Et cela juste avant les élections du Parlement fédéral.
     La mine d'Asse II a été exploitée au cours des années 1970 selon le droit minier [1], pour effectuer des études sur le stockage de déchets faiblement et moyennement radioactifs (FMA [2]). Depuis 1995, le site est en cours de démantèlement. L'objectif majeur de la recherche était de valider la technique, et non la pérennité à long terme d'un stockage définitif. Cependant, il a été stocké des déchets toxiques, ainsi que des matières contaminées FMA. Par ailleurs, une infiltration de saumure (eau très concentrée en sel) a été connue dès les années 70, mettant en cause la sûreté du site. Ainsi, le dossier rassemblé pour la Commission d'enquête met au jour de nombreuses négligences dans la gestion des déchets radioactifs, qui a été délaissée depuis des décennies - par le Ministère fédéral de la recherche à Berlin et par le Ministère de l'environnement de Hanovre. Ce reproche concerne également le SPD en Basse-Saxe, auquel incombait cette responsabilité entre 1990 et 2003. Depuis 1998, Jüttner était lui-même Ministre de l'environnement du Land. Il n'est ainsi pas exclus que lors de la Commission viennent au jour des informations ou témoignages qui l'affectent également. Cela pourrait expliquer partiellement l'hésitation de Jüttner concernant une Commission d'enquête, aboutissant néanmoins à un changement de position lié à la pression exercée par 10 des 48 députés SPD de Basse-Saxe.
     Entre 1967 et 1978, ce sont en tout 125.787 fûts de déchets FMA qui ont été stockés à Asse II. En 1978, à cause de l'amendement de la loi sur l'énergie nucléaire et de la fin des autorisations, l'entreposage de déchets nucléaires a pris fin. Depuis le début des années 70, diverses initiatives de citoyens ou groupes politiques portent plainte contre le stockage définitif et réclament une fermeture du site selon le droit atomique. En 1979, il était déjà prouvé qu' Asse courait des risques en raison d'un manque de stabilité. Mais les résultats de cette étude n'ont pas été pris au sérieux par les responsables du site, ni par les institutions de tutelle. Ce n'est qu'au milieu des années 1990 que les responsables du site et les autorités de tutelle se sont souciés des conséquences potentielles d'une infiltration importante (environ 12,5 m3/jour) de saumure, observée depuis 1988, en provenance des montagnes voisines, et de la solidité insuffisante de la charpente de la mine. Cette infiltration de saumure a conduit à commencer une stabilisation par remplissage des lacunes du flanc de la mine.

     La fermeture du site a rencontré de nombreuses difficultés. En effet, si le Ministère fédéral de l'environnement (BMU) constitue l'autorité compétente en Allemagne en matière de sûreté nucléaire et de radioprotection, l'ancienne mine de Asse, en tant que centre de recherche, tombait quant à elle, jusqu'en 2008, sous la responsabilité du Ministère fédéral de l'enseignement et de la recherche (BMBF), dont elle dépendait financièrement. Le BMBF avait décidé de ne plus exploiter l'installation de la mine d'Asse II, mais de laisser les fûts sur place. Finalement, depuis septembre 2008 [3], le puits de Asse a changé de statut et d'exploitant : il est désormais considéré comme un centre de stockage définitif de déchets radioactifs et dépend donc du droit atomique. L'exploitation est passée le 1er janvier 2009 aux mains de l'Office fédéral pour la radioprotection et la sûreté nucléaire (BfS) et est désormais financée par le BMU. Actuellement, la mine est préparée pour la fermeture. L'objectif premier de toutes les mesures prises pour fermer la mine sera d'assurer un confinement sécurisé des déchets radioactifs vis-à-vis de la biosphère. En attendant, les autorités fédérales explorent la possibilité de réextraire les fûts pour les mettre dans un site de stockage intermédiaire contrôlé. Les coûts d'assainissement liés à la fermeture sécurisée d'Asse II sont estimés à 2 milliards d'euros environ.
[1] Le droit minier prévoit une faible implication du public lors de la fermeture de la mine, par opposition au droit atomique qui prévoit une forte implication.
[2] Déchets FMA : à faible ou moyenne activité
Pour en savoir plus, contacts:
[3] Voir http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/55920.htm, BE Allemagne 402 - 11/09/2008
Plus d'informations sur la mine de Asse II:
- Site du Ministère fédéral de l'environnement (en allemand): http://redirectix.bulletins-electroniques.com/5myml
- Site dédié aux Sites de stockage de déchets nucléaires allemands (en allemand): http://www.atommuell-endlager.de
- Site de Wikipédia (en français): http://fr.wikipedia.org/wiki/Mine_d%27Asse
Source:
Tagesspiegel "Asse als Ass" - 29/04/2009
Rédacteur :
Claire Vaille, claire.vaille@diplomatie.gouv.fr
Origine:
BE Allemagne numéro 436 (15/05/2009) - Ambassade de France en Allemagne / ADIT