CONTROVERSES NUCLEAIRES !
ACTUALITE INTERNATIONALE
2008

février
Le nucléaire «nous empêche de nous engager dans la troisième révolution industrielle»
http://bellaciao.org/
     vendredi 1er février 2008
Jeremy Rifkin: «L'Europe peut faire la troisième révolution industrielle»
     Après la publication en français de son travail «Engager la troisième révolution industrielle, un nouvel ordre du jour énergétique pour l'UE du XXIème siècle», par la Fondation pour l'innovation politique, Jeremy Rifkin, président de la Fondation pour les tendances économiques, est revenu, pour EurActiv, sur le rôle que doit jouer l'UE dans cette révolution.
     «L'économie mondiale est maintenant à la dernière étape d'une ère énergétique», constate le président de la Fondation pour les tendances économiques, l'Américain, Jeremy Rifkin. Il s'agit du point de départ de la réflexion de l'économiste.
     Le système énergétique qui repose principalement sur les énergies fossiles est en effet «en fin de vie», estime Rifkin.
     Les prix du pétrole vont continuer à augmenter, mais surtout, le « peak oil » (le plafonnement de la production du pétrole) sera, selon lui, atteint d'ici une trentaine d'années.
     Aussi, les études récentes, tel que le troisième rapport de l'ONU sur le changement climatique, sont de plus en plus alarmantes, tant sur la vitesse du réchauffement, que sur ses conséquences.
     Face à ces deux bouleversements essentiels, les engagements qu'a pris l'UE en la matière, lui permettent de se positionner en leader dans la lutte contre le réchauffement climatique mais sont insuffisants, selon Rifkin.
     Ses objectifs, dont les moyens ont été déployés dans le paquet « Energie climat » la semaine dernière - notamment, une baisse des émissions de GES de 20% d'ici 2020 et une amélioration de 20% de l'efficacité énergétique- ne doivent être qu'un début.
«Une troisième révolution industrielle qui repose sur trois piliers»
     Loin de se résumer aux engagements déjà pris par l'UE, la théorie de la troisième révolution industrielle développée par l'économiste américain, et sur laquelle se joue l'avenir de l'Europe, se décline en trois étapes.
     La première est le développement des énergies renouvelables (solaires, hydro, géothermal, biomasse, éoliennes…), auquel s'est déja engagée l'UE.
     La deuxième phase consiste à stocker cette énergie produite. Comme l'économiste le souligne, «pour maximiser les énergies renouvelables et pour minimiser les coûts, il sera nécessaire de développer des méthodes de stockage pour convertir ces sources d'énergies intermittentes en atout fiable».
     C'est à ce niveau de la révolution industrielle que l'hydrogène joue un rôle majeur. En effet, malgré les critiques dont elle fait l'objet, pour J. Rifkin, l'hydrogène est «le vecteur universel largement disponible» est le plus à même de stocker toutes formes d'énergies renouvelables.
     Une fois ces deux phases engagées, la question de la distribution de l'énergie se pose. Pour y répondre, l'économiste constate que les grandes transformations économiques surviennent dès lors que les régimes énergétiques et les systèmes de communications sont bouleversés.
     Dans la troisième révolution industrielle, Internet, qui a mis en place un système d'information décentralisé, permettra, selon le même schéma, de développer un système d'échange décentralisé des énergies produites dans tous les bâtiments, les industries, les entreprises…«Le réel potentiel [des nouvelles communications] reste à faire: il s'agit de leur convergence avec les énergies renouvelables», explique Rifkin.
     Par conséquent, dans ce nouveau régime énergétique dont l'organisation est totalement décentralisée, le nucléaire, source énergétique très centralisée, «nous empêche de nous engager dans la troisième révolution industrielle». En outre, les dépenses engendrées par le développement du nucléaire sont trop importantes par rapport à la contribution de cette énergie pour répondre à la demande actuelle.
Une opportunité pour l'UE
     Comme le rappelle Jeremy Rifkin, «l'UE a le plus grand marché intérieur au monde, avec plus de 500 millions de consommateurs». Elle présente donc des atouts essentiels pour mettre en place ces différentes étapes, et ainsi favoriser un mouvement au niveau mondial.
     Le marché intérieur de l'UE, qui doit continuer à réellement se former, notamment dans les transports et la communication, «permettra à tous les Etats de produire sa propre énergie, et de partager son surplus avec le reste de l'UE, selon une logique de réseau qui assurera la sécurité énergétique» du continent.