CONTROVERSES NUCLEAIRES !
ACTUALITE NUCLEAIRE
2009
février
Deux sous-marins nucléaires entrent en collision dans l'Atlantique
ADIT, Le Figaro-AP-AFP

Jérôme Bouin (lefigaro.fr) Avec AP et AFP
16/02/2009

«Le Triomphant» (à droite), est entré en collision avec un sous-marin à propulsion nucléaire britannique, le «HMS-Vanguard» (à gauche).

     Les bâtiments français «Le Triomphant» et britannique «HMS-Vanguard» se sont heurtés début février, selon The Sun. Un accident rarissime confirmé par le ministère français de la Défense.

     C'est un accident rarissime qui s'est produit au début du mois de février au milieu de l'Atlantique, révélé par le quotidien britannique The Sun. Un sous-marin à propulsion nucléaire français, «Le Triomphant», est entré en collision avec un sous-marin à propulsion nucléaire britannique, le «HMS-Vanguard». Les deux bâtiments effectuaient alors en immersion deux missions séparées. L'information a été confirmée par le ministère Français de la Défense ainsi que par la marine britannique.


Le sous-marin français «Le Triomphant».

     Deux SNLE (sous-marin nucléaire lanceur d'engins), l'un français et l'autre britannique, conduisaient, il y a quelques jours, des patrouilles nationales de routine dans l'océan Atlantique. Ils sont entrés en contact brièvement à très basse vitesse alors qu'ils étaient en plongée. Il n'y a eu aucun blessé. Ni leurs missions de dissuasion ni la sûreté nucléaire n'ont été affectées, a précisé le centre de presse de la marine. Il s'agit de «la première fois qu'un incident de ce type arrive, sur plus 400 patrouilles à notre actif,» a précisé le chef du service d'information et de relations publiques de la marine.
     Contacté lundi matin par lefigaro.fr, la Délégation à l'information et à la communication de la défense (Dicod), n'avait dans un premier temps pas souhaité faire «de commentaire particulier» sur les faits rapportés par The Sun. Le 6 février dernier, la Marine nationale française avait seulement expliqué que «Le Triomphant «avait heurté quelques jours plus tôt un objet immergé», qui pourrait être un conteneur, en plongée. Contacté dimanche soir, le ministère britannique de la Défense avait tenu de son côté à souligner «que la capacité de dissuasion britannique n'a été affectée à aucun moment et que la sûreté nucléaire n'a pas été mise en péril».
     Selon le «Sun», «Le Triomphant» est rentré à Brest avec des dommages importants subis par son dôme-sonar. Quant au «Vanguard», il a été remorqué dimanche soir jusqu'au port écossais de Faslane, avec des éraflures et des bosses visibles sur sa coque.

     Citant de hauts responsables de la Royal Navy, le tabloïd précise que cet accident s'est produit «le 3 ou le 4 février» et ses «conséquences potentielles sont inimaginables», souligne l'un de ces hauts responsables britanniques. Tout en écartant une «très improbable explosion nucléaire», ce même responsable ajoute toutefois: «Mais il y avait un risque de fuite radioactive. Pire, nous aurions pu perdre l'équipage et les têtes nucléaires (...) cela aurait été un désastre national».

Une chance sur un million
     Alors qu'une enquête a été ouverte, plusieurs sources maritimes jointes par le «Sun» soulignent que cet accident est rarissime, estimant à une chance sur un million pour que les deux submersibles se soient trouvés dans le même secteur en même temps, notamment en raison de l'efficacité des sonars embarqués par les bâtiments de guerre. Toutefois, ces mêmes sources estiment que l'incident n'est possible que dans la mesure où les systèmes de sonar sophistiqués des deux sous-marins se seraient mutuellement neutralisés. Pour d'autres sources navales, il s'agit de l'incident le plus embarrassant pour la Royal Navy depuis la capture par la Marine iranienne de 15 de ses marins en 2007 alors qu'ils étaient en mission aux limites des eaux irako-iraniennes.
     Selon le blog Secret Défense du journaliste de Libération Jean-Dominique Merchet, les collisions avec des objets sont rares, mais pas exceptionnelles.

     Le «HMS Vanguard» est l'un des quatre sous-marins nucléaires lanceurs d'engins de la Marine britannique. Selon le site Internet du ministère français de la Défense, «Le Triomphant» est l'un des quatre sous-marins nucléaires lanceurs d'engins de la Force océanique stratégique (FOST) avec «l'Inflexible», le «Téméraire» et le «Vigilant». Les deux bâtiments transportent environ 250 hommes à eux deux.
Les dégâts du sous-marin Le Triomphant plus importants que ceux annoncés par la Marine
http://www.liberennes.fr/libe/, 19 février

     Les dégâts subis par le sous-marin nucléaire lanceur d'engins (SNLE) français Le Triomphant ont été plus importants que ceux qui ont été dévoilés par la Marine nationale, affirme le quotidien Ouest-France dans son édition de jeudi. Le "nez du Triomphant", un dôme de résine et de verre qui protège le sonar et a été enfoncé, comme indiqué par la Marine, ne serait pas la seule partie du sous-marin endommagée. Un "impact" a également eu lieu sur le kiosque, première partie visible du submersible quand il fait surface et la barre de plongée tribord, un aileron horizontal servant à modifier la profondeur d'immersion, aurait été abîmée. Les réparations sur le Triomphant, entré en collision avec le sous-marin britannique Vanguard début février, pourraient donc être plus longues que prévues. "Les seize missiles portant chacun six têtes nucléaires d'une puissance totale représentant 1.000 fois Hiroshima devront sans doute être déposés avant travaux" à la base de l'île Longue en rade de Brest, précise Ouest-France qui souligne que les dégâts n'ont pu encore être expertisés précisément faute de cale sèche disponible à l'île Longue. Le Triomphant immobilisé pour une durée inconnue, il reste deux SNLE dans le dispositif français de dissuasion nucléiare, Le Téméraire et le Vigilant. Prévu pour complèter cet arsenal (3.000 Hiroshimas?), un nouveau bâtiment, le Terrible, est attendu fin 2010.

P.H.A

(Photo: Reuters)