CONTROVERSES NUCLEAIRES !
ACTUALITE NUCLEAIRE
2009 - 2010
juin-juillet
La Suède va enterrer ses déchets nucléaires
ADIT

2)http://www.lemonde.fr/

LE MONDE | 23.06.09
     Cent mille ans. C'était la durée figurant au cahier des charges fixé par le gouvernement à l'Agence suédoise de gestion des déchets nucléaires (SKB) pour la recherche d'un site de stockage définitif de déchets nucléaires. Cent mille ans, parce qu'on estime qu'au bout de cette période, la radioactivité des combustibles usés sera redevenue celle de l'uranium à l'état naturel.
     Il aura fallu trente ans de recherches et d'études pour finalement désigner, début juin, la commune de Östhammar, à une centaine de kilomètres au nord de Stockholm, comme futur site. La population a reçu le message dans un calme relatif. Depuis 1980, Östhammar accueille la centrale nucléaire de Forsmark.
     Il faut encore déposer le permis de construire, qui doit être approuvé par le tribunal de l'environnement. Ce n'est qu'ensuite que le gouvernement donnera son accord définitif. Les travaux démarreraient en 2015 et les premiers dépôts seraient faits vers 2023.

A 500 M DE PROFONDEUR
     La technologie retenue repose entièrement sur la géologie. Des capsules de cuivre, où les déchets nucléaires seront déposés dans de la bentonite, une argile à forte capacité d'absorption, seront enfouies à 500 m de profondeur, dans une roche de granit homogène, non fissurée et avec très peu d'eau, "ce qui est exceptionnel", note Saida Laarouchi Engström, directrice du département Evaluation de l'impact environnemental et des affaires publiques de SKB.

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     "Nous faisons des analyses à une échéance de cent mille ans, explique-t-elle, ce qui ne veut pas dire que nous sommes capables de garantir la sécurité à aussi longue échéance. Mais nous avons choisi des matériaux qui sont connus pour leurs performances à long terme et qui ont une histoire de plus de cent mille ans."
     L'association Oss (Groupe d'opinion pour un stockage définitif sûr) estime que SKB a choisi trop rapidement le site définitif. Pour Kenneth Gunnarsson, son président, il reste trop d'incertitudes "liées au risque de corrosion du cuivre et au fait que la barrière de bentonite puisse perdre son effet protecteur dans certaines circonstances". "Ces incertitudes sont liées aux conditions de la nappe phréatique sur le site", dit-il.
     Dans un environnement sans oxygène, le risque de corrosion du cuivre est négligeable, selon SKB, qui, par principe, poursuit tout de même des études et a opté pour la prudence en choisissant des cuves de 5 cm d'épaisseur.
     Certains reprochent à SKB la relativement faible profondeur de l'enfouissement et préconisent de creuser jusqu'à 4.000 m.
     "Le problème est qu'à cette profondeur, le milieu est très abrasif, tout se dissout beaucoup plus vite, explique Saida Laarouchi Engström. Et si vous enfouissez des déchets à cette profondeur, vous aurez beaucoup plus de mal à les remonter en cas de problème. Si vous avez un container coincé à 2.000 m, c'est quasi insurmontable. Or, le maillon faible restera toujours l'humain. On doit conserver la possibilité de faire machine arrière, de remonter les containers de 500 m sans qu'il y ait de conséquences inacceptables."
Olivier Truc

1) http://www.usinenouvelle.com/
04/06/2009
     C'est un tournant dans la gestion des déchets nucléaires à vie longue. 
     Alors que la France cherche encore un lieu de stockage, et que les Etats-Unis se sont donné 6 mois pour y voir plus clair, la Suède a  déjà localisé son sanctuaire de matières radioactives.
     La Suède va enterrer ses déchets nucléaires L'annonce a été faite mercredi par le président de la Société suédoise de gestion de l'énergie et des déchets nucléaires (SKB), Claes Thegerström. Un des premiers sites de stockage permanents de déchets nucléaires au monde, destiné à abriter des déchets pendant plus de cent mille ans, va être construit dans l'est de la Suède, à Forsmark, près d'Östhammar, à 200 kilomètres au nord de Stockholm.
     Les déchets les plus radioactifs y reposeront  sur 15 hectares, à 500 mètre sous la terre, dans des containers étanches durant cent mille ans, le temps que la radioactivité diminue suffisamment. Si cette dernière se réduit de 99% après plusieurs décennies, elle ne retrouve le niveau du minerai d'uranium brut qu'après cent mille ans, a fait savoir SKB.
     Le chantier devrait débuter en 2016 et être inauguré entre 2022 et 2024, selon le porte-parole de SKB. Au moment le plus fort de la construction, trente à quarante camions (20 tonnes chacun) vont transporter des roches issues de l'excavation chaque jour.

Une réponse à trouver pour toutes les industries nucléaires
     Le problème du stockage des déchets radioactifs à vie longue se pose pour toutes les nations privilégiant le nucléaire dans leur energy mix.  La Suède dispose d'une dizaine de réacteurs nucléaires qui produisent 45% de l'électricité du pays, contre 80% en France. Elle avait annoncé début février la relance de son programme nucléaire qu'elle souhaitait initialement abandonner progressivement.
     Les déchets nucléaires hautement radioactifs suédois sont depuis 1985 stockés dans un centre temporaire à Oskarshamn, mais une solution devait être trouvée pour un stockage à très long terme, afin de désengorger le site. Le processus de sélection était en route depuis 2002. Le site finalement choisi, proche d'une centrale nucléaire existante, était en compétition avec un autre site à Oskarshamn, où se trouve le laboratoire expérimental destiné à développer le stockage permanent de déchets nucléaires.

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     La France quant à elle doit encore résoudre ce casse-tête. Pour les déchets hautement actifs et à vie longue, il est prévu de construire des centres de stockage à 500m de profondeur sous une couche d'argile datant de 150 millions d'années de 130 mètres d'épaisseur. Les autorisations pour construire ce type de sites seront délivrées dans le courant de l'année 2015 pour une mise en service en 2025.
   Des centres de stockage sont également à l'étude en Finlande pour des inaugurations avant 2030. La méthode est la même: enfouis à 500 mètres de profondeur dans un sol granitique, les déchets seront placés dans des coffres en cuivre et doivent, selon le cahier des charges, y être stockés au moins cent mille ans.

Une solution risquée pour les générations futures
     Cette solution laisse sceptique le chercheur indépendant John Large. Dans une interview à L'Usine Nouvelle.com, il pointait « un manque total de coordination entre le concepteur de la centrale EPR, Areva, et les concepteurs des containers destinés à contenir les déchets radioactifs, tels que Posiva en Finlande, ou SKB en Suède.  Ces derniers sont bien en peine aujourd'hui de concevoir des containers apropriés» déclarait-il. Les assemblages de combustibles usés seront enfermés dans des paniers de fer, à l'intérieur d'épais containers de cuivre, puis dans de l'argile, aux creux de blocs d'un tenant de roches étanches. La méthode, qui répond au doux nom de as KBS-3, a été sélectionnée en... 1983.
     «En Finlande, en Suède, aux Etats-Unis, en Allemagne, le principe est de stocker les combustibles irradiés dans des containers en cuivre, à 400-600 mètres sous terre » rappelait-il. « Or ces containers ont été conçus pour pouvoir résister à toute fuite durant cent mille ans. 
     Durant ce temps, la majorité des isotopes radioactifs auront perdu leur toxicité. Reste que l'129, un isotope radioactif de l'iode créé lors des réactions de fission (cassure des noyaux d'uranium ou de 
plutonium) dans un réacteur nucléaire, reste dangereux 5 millions d'années après pour l'être humain. Au bout de cent mille ans, quand le container le laissera échapper, il contaminera l'eau en sous-sol et 
aura une incidence sur les générations futures. Si les pays utilisant l'énergie de l'atome ont fini par trouver une solution à l'épineux problème des déchets, il ne s'agit que d'une solution partielle.

Ana Lutzky