CONTROVERSES NUCLEAIRES !
ACTUALITE NUCLEAIRE
2008
juillet
Gabon: la pollution radioactive d'AREVA à Mounana refait surface
Source ADIT, http://www.gaboneco.com
Publié le 22-07-2008    Source: continental news

     Un élu local de Mounana, Louis Gaston Mathangoye Toundha, a tenu un point de presse le 19 juillet dernier à Libreville pour dénoncer les retombées sanitaires des activités de la Compagnie minière d'uranium de Franceville (COMUF), filiale gabonaise du géant français de l'énergie AREVA. L'élu a notamment demandé la mise en place effective dans les meilleurs délais de l'observatoire de la santé pour les populations de Mounana, dans le sud-est du pays.
     Maladies sanguines, dérèglements gynécologiques, réactions dermatologiques, un bilan sanitaire alarmant a été établi par monsieur Mathangoye Toundha, élu local à la commune de Mounana, lors d'un point de presse tenu le 19 juillet dernier à Libreville.
     Selon le conseiller municipal de Mounana, où est implantée la Compagnie minière d'uranium de Franceville (COMUF), filiale du groupe français AREVA, les populations de cette localité seraient victimes des effets radioactifs des déchets des activités d'exploitation de l'uranium.
     Fils d'ancien mineur, ce dernier a été le porte parole des populations lors de la réunion de concertation tenue à Mounana le 17 octobre 2007 sous la présidence de Guy Lauret, directeur des réaménagements des sites miniers du groupe français Areva.
     Au nom des victimes, Louis Gaston Mathangoye Toundha demande la mise en place effective, dans les meilleurs délais, de l'observatoire de la santé promis par la COMUF lors des précédentes rencontres avec les représentants des populations locales.
     Après les études d'impact sanitaire menées en 2007, AREVA avait annoncé la création d'un observatoire de la santé, chargé de suivre les 6.000 anciens salariés et la population de Mounana.
     Selon les prévisions d'AREVA, cet observatoire devait être opérationnel en fin 2007 ou début 2008. Il aurait pour mission de suivre le statut biomédical à la fois des anciens employés de la COMUF (Compagnie minière d'uranium de Franceville, qui a assuré l'exploitation à Mounana) et des populations environnantes.
     «Malheureusement, l'observatoire n'est pas effectif (…) Les populations de Mounana sombrent dans les pathologies pulmonaires accompagnées de multiples cas de maladies sanguines, gynécologiques et dermatologiques» a déploré le conseiller municipal.
     Selon le rapport médical 2006-2007 produit par l'hôpital local Jean Claude Andrault de Mounana, la situation sanitaire de la localité serait préoccupante. Il relève notamment des centaines d'enfants de 0 à 5 ans atteints des pathologies pulmonaires, de multiples cas de maladies sanguines, gynécologiques, des malformations congénitales et enfin des maladies dermatologiques. Monsieur Mathangoye Toundha a dénoncé la lenteur du processus de mise en place de l'observatoire, dont les responsables s'attardent encore à actualiser les fichiers du personnel et les registres de l'hôpital local. Les responsables ont expliqué que certains fichiers qui datent des années 1950 permettraient de déceler les principales pathologies dont souffraient les agents de la COMUF.«Nous pensons que nous sommes ici devant une volonté manifeste que l'on peut qualifier de perte de temps» a lancé le porte parole des populations lors de son point de presse.
     Plus de 9 ans après le départ de l'entreprise de la région, de nombreux problèmes de santé avaient été enregistrés chez les anciens employés et le Centre national de prévention et de protection contre les rayonnements ionisants (CNPPRI) avait ordonné la destruction des bâtiments construits par l'entreprise pour ses employés. Les études menées en 2007 avaient révélé un fort taux de radioactivité dans les matériaux de construction utilisés pour ses bâtiments.
     Monsieur Mathangoye Toundha a enfin dénoncé un manque d'information des populations, qui continueraient de s'approvisionner dans des zones contaminées faute de contre indications.
     «Les populations auront à juste titre, le moment venu, l'occasion d'engager des actions contre le groupe AREVA pour le fondement de mise en danger des vies d'autrui» a par ailleurs conclu l'élu local.
     Les ONG environnementales gabonaises et internationales ont été invitées à se saisir du dossier alors qu'une plainte contre le géant français de l'énergie nucléaire a été réclamée à la société civile française.
     Le gisement d'uranium de Mounana fut découvert le 21 décembre 1956 par les géologues du commissariat à l'énergie atomique (CEA). Sa mise en exploitation débute le 19 décembre 1958. En avril 1961, la production industrielle démarrait et l'usine produisait les premières tonnes d'uranate de magnésie. L'exploitation a été définitivement arrêtée en juin 1999, soit 38 ans d'exploitation.