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2010
Congo: l'énergie solaire change la vie des villages

ADIT, avril
http://www.syfia-grands-lacs.info/
(Syfia Grands Lacs/Rd Congo)
     Les panneaux solaires changent la vie de nombreux villages du Bas-Congo: moulins et cuisinières électriques, téléviseurs, ventilateurs y fonctionnent aujourd'hui. Au grand bonheur des agriculteurs qui n'hésitent pas à investir leurs économies dans cette énergie non polluante.
     Bâti en pleine savane de la province du Bas-Congo (sud-ouest de Kinshasa), dans le district de la Lukaya à 305 km de Matadi, Nselo attire la curiosité des visiteurs.
     Depuis quelques mois, cette bourgade de plus de 18 mille habitants a, en effet, fait un bond en avant spectaculaire. Un peu comme par miracle, les lampes tempête et bougies qui éclairaient jusque-là les maisons cèdent progressivement la place à l'énergie solaire.
     L'arrivée de cette nouvelle technologie s'accompagne d'autres petits changements. Cà et là, des cases en chaume sont remplacées par des maisons en briques cuites ou en terre, couvertes de tôles. Samuel Lutumba, un des hommes célèbres du village, en est tout fier. "J'ai commencé par remplacer la toiture en paille de ma maison pour éviter tout incendie", raconte-t-il.
     C'est en août 2009 que les panneaux solaires ont fait leur apparition dans cette contrée. Les villages, ici très éloignés des centres urbains, n'attendent pas recevoir de sitôt, l'électricité produite à Inga, le grand barrage du pays implanté dans cette province. Les paysans de la région qui vivent essentiellement de l'agriculture, n'hésitent par conséquent pas à dépenser leurs petites économies pour bénéficier des bienfaits de cette technologie que leur vend le Centre de recherches technologique et environnementale (CRTE). "J'ai acheté cash tout le matériel nécessaire à 1 200 $", témoigne Lutumba.

Paysans solidaires
     Les kits qui leur sont vendus sont de deux types. Le premier, d'une puissance de 80 W, qui coûte 1.500 $, possède une autonomie de 8 heures par jour et permet de faire fonctionner une radio, une télé ou encore un ventilateur et cinq points lumineux. Le second kit de 60 W avec le même dispositif, coûte 1.200 $. "Nous pouvons aussi fournir des kits complets pour alimenter une maison à plusieurs pièces", explique Shabani Record, le responsable du CRTE.

     Les quelques paysans nantis ont été les premiers à être servis. Pour les foyers démunis, les gens se cotisent à plusieurs. Comme ces trois voisins d'une même rangée de maisons à Nselo. "Chacun a donné 400 $. Au bout de trois mois nous avons reçu le kit complet et nous maisons sont éclairées par un même panneau solaire", se réjouit l'un d'eux, Maurice Kindudi. Ceux qui ont déjà cette électricité non polluante jouent la solidarité. Ils la partagent avec les plus pauvres.
     A Mpese, un autre village qui a aussi découvert le solaire, Césarine Lufuilu, une veuve, s'en félicite. En retour de ce geste de solidarité, "j'ai donné une chèvre et un porc à mon voisin", raconte-t-elle.
     Selon CRTE, 52 villages se sont ainsi dotés de panneaux solaires en moins d'une année. Plus de 22 mille villageois en seraient aujourd'hui bénéficiaires. A Kibueya, petit village d'une centaine de maisons, 68 sont déjà banchés. Ce qui change beaucoup leur mode de vie.

La vie comme en ville
     L'installation dans les villages de petits moulins notamment, allège le travail des femmes qui pilaient durement manioc et maïs dans des mortiers. Dans la région forestière de Mayumbe, Josué Makaya du village Kizu, lui, se frotte les mains car il s'est acheté une belle cuisinière électrique. Il ne va désormais plus chercher ni bois de chauffe, ni braise pour son foyer. Ce progrès réjouit les défenseurs de l'environnement, qui ont souvent dénoncé l'abattage massif des arbres de la forêt de cette région.
     Les jeunes souvent attirés par la ville ont à présent de quoi se divertir. Car ce courant leur permet de suivre les émissions des radios et télévisions de la ville, "sans recourir aux piles ou aux batteries qui ne durent pas longtemps." D'autres, qui avaient quitté la campagne, commencent à revenir et pensent même à y investir. "Maintenant, est décidé Etienne Mavungu, je peux réaliser mon vieux rêve de doter mon village d'un atelier mécanique."