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2010
L'Allemagne donne le coup d'envoi de l'éolien dans ses propres mers

ADIT, avril
BERLIN (AFP)

     L'Allemagne a inauguré mardi son tout premier parc éolien en haute mer, un projet complexe qui doit ouvrir un nouveau chapitre dans l'approvisionnement énergétique du pays.
     Baptisé "Alpha Ventus", un parc de 12 éoliennes ultra-puissantes a été mis en service en mer du Nord, à 45 km au large de l'île de Borkum.
     Il est présenté par ses concepteurs comme un défi technique unique au monde: des éoliennes d'une capacité de cinq mégawatts chacune, hautes de 150 mètres - nettement plus qu'habituellement pour des parcs en mer -, implantées très loin des côtes et à plus de 30 mètres de profondeur.
     "Alpha Ventus, c'est le dernier cri de la modernité en matière d'éolien offshore", a confirmé à l'AFP le porte-parole de la Fédération de l'énergie éolienne, Ulf Gerder.
     D'une capacité de 60 MW, ce parc expérimental doit couvrir les besoins en électricité d'au moins 50.000 foyers et servir de "terrain de test" à des recherches sur l'éolien et l'environnement, comme l'impact des éoliennes sur les oiseaux et certaines espèces marines.
     Il a été édifié par un consortium comprenant le numéro un allemand de l'énergie EON, Vattenfall Europe et le groupe EWE, pour une facture de 250 millions €, et dans un "cadre naturel difficile", a souligné le chef de Vattenfall Europe, Tuomo Hatakka.
     Installer des éoliennes en haute mer au large des côtes allemandes est une gageure. La sévère loi qui protège le littoral contraint à les installer très au large, à plus de 30 km des côtes, et hors de nombreux espaces naturels protégés de la mer des Wadden ou de la Baltique, où passent des oiseaux migrateurs.

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     C'est l'une des raisons pour lesquelles les projets en mer ont tardé en Allemagne, alors que des centaines d'éoliennes font déjà partie du paysage au large de l'Angleterre, du Danemark, des Pays-Bas et de la Suède.
     L'autre raison est que l'Allemagne, 3e marché mondial des éoliennes derrière les Etats-Unis et la Chine, continue de miser fortement sur l'expansion des installations terrestres: 21.000 éoliennes sont implantées sur la terre ferme en Allemagne et les capacités pourraient encore tripler.
     "Mais un jour il y aura saturation, d'où l'intérêt pour la haute mer", dit M. Gerder. Autre atout: les éoliennes offshore ne rencontrent pas la même résistance de la part de la population, très versée dans l'écologie.
     Aussi, le secteur devrait-il désormais se développer rapidement. Des permis de construire ont déjà été délivrés pour 34 parcs éoliens marins, soit un potentiel total de 30.000 à 40.000 MW.
     Certes, des interrogations subsistent autour de cette technologie, comme sur la résistance des éoliennes au vent et aux vagues, la difficulté de leur raccordement aux réseaux électriques et la maintenance.
     Mais Berlin, qui vise une couverture de 30% des besoins en électricité et 14% en chaleur par les énergies renouvelables d'ici à 2020, biomasse et éolien en tête, subventionne généreusement l'électricité produite via des éoliennes.
     Et les autorités veulent parvenir d'ici à 2030 à une capacité totale d'éoliennes en mer de 25.000 mégawatts, a rappelé mardi le ministre de l'Environnement Norbert Röttgen, en mettant en service le parc Alpha Ventus.
     "Cela va être sportif, mais c'est possible", selon Ulf Gerder.
     Si l'Allemagne a tardé à se doter d'un parc éolien en haute mer, elle est en revanche très en pointe dans la fourniture de la technologie offshore. Siemens est notamment l'un des leaders mondiaux du secteur.