CONTROVERSES ENERG...ETHIQUES !
Energies renouvelables, environnement-écologie, développement...
Pour une Organisation Mondiale de la Santé indépendante
5 - décembre 2011 - BROKEN CHAIRS, La priorité: la radioprotection, Ce pourquoi il faut sauver Belrad (pdf 1Mo, Pour l'indépendance de l'OMS!, actualité 2011)
4 - mai 2011 - OMS et industrie du nucléaire: des liens qui dérangent (www.lexpress.fr)
3 - avril 2011 - Fukushima, Tchernobyl: «L'OMS répète les chiffres de l'AIEA»
2 - juin 2009 - lettre ouverte à Mme Chan, Directrice générale de l'OMS

     L'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) est garante de la santé des populations dans le monde et fait autorité auprès des Etats. Elle doit, conformément à sa Constitution, être indépendante de tout intérêt commercial. Les affaires successives de l'amiante et du tabac, auxquelles s'ajoutent actuellement les problèmes posés par les pesticides, les polychlorobiphényls ou PCB... montrent que l'OMS peut être entravée dans sa mission par des lobbies infiltrés. Ce sont là accidents susceptibles de se produire dans toute institution.

     Avec l'accord entre l'OMS et l'AIEA (Agence Internationale pour l'Energie Atomique), signé le 28 mai 1959, (Rés.WHA 12-40), l'Organisation Mondiale de la Santé s'est liée à une agence dont le but reconnu est la promotion commerciale de l'atome civil.  Or, cet accord exige que «chaque fois que l'une des parties se propose d'entreprendre un programme ou une activité dans un domaine qui présente ou peut présenter un intérêt majeur pour l'autre partie, la première consulte la seconde en vue de régler la question d'un commun accord». (article I §3). L'article III prévoit de «prendre certaines mesures restrictives pour sauvegarder le caractère confidentiel de certains documents». Enfin: «en vue d'assurer une coopération aussi complète que possible... l'OMS et l'AIEA s'engagent à éviter les doubles emplois inutiles dans le rassemblement, l'établissement et la publication des statistiques » (Art.7).

     L'AIEA dépend  du Conseil de Sécurité de l'ONU et se trouve ainsi dans une position hiérarchique dominante à l'égard de l'OMS qui ne dépend que du Conseil Économique et Social[1]. Que se passe-t-il lorsqu'il y a conflit d'intérêts entre l'information et la prise en charge de la santé des populations par l'OMS face à la promotion commerciale du nucléaire par l'AIEA? La réponse est dans la gestion de  la catastrophe de Tchernobyl.

     L'OMS a mis 5 ans avant de venir sur les lieux, laissant le champ libre à l'AIEA. En novembre 1995, l'OMS a réuni une conférence internationale sur les suites de Tchernobyl. Beaucoup de témoignages se sont révélés inquiétants: les actes de cette conférence n'ont toujours pas été publiés[2]. Six mois plus tard, l'AIEA convoque une autre conférence à Vienne (avril 1996), qui donne ce bilan officiel de la catastrophe, que l'OMS ne remet pas en cause: 32 morts, 200 irradiés, 2.000 cancers de la thyroïde chez les enfants! Ces chiffres, révisés à la hausse le 5 septembre 2005 (une cinquantaine de morts, 400 irradiés, 4.000 cancers) sont tout aussi dérisoires, ne tenant aucun compte de l'état de santé des enfants, à 80% malades dans les zones contaminées, ni du nombre de morts et d'invalides parmi les 600.000 à 1.000.000 de liquidateurs qui sont intervenus pour éviter une plus grande catastrophe.


[1]Témoignage du Dr.Nakajima, directeur de l'OMS en 1995, interviewé à Kiev en 2001 (Cf. Controverses nucléaires, documentaire de W.Tchertkoff. www.alerte-verte.com
[2] Cf. La catastrophe de Tchernobyl et la santé de Michel Fernex in Chroniques sur la Biélorussie contemporaine, L'Harmattan 2001 - http://tchernobyl.verites.free.fr

suite:
     Il suffit pour s'en convaincre de confronter ce bilan avec ce que rapporte l'Ambassade d'Ukraine en France, le 25 avril 2005, concernant ce seul pays: «3,5 millions d'habitants dont 1,3 millions d'enfants ont été fortement irradiés en 1986. 2.646.106 citoyens sont considérés comme victimes, en janvier 2005. Parmi ceux qui vivent encore dans les régions contaminées par des retombées radioactives, 84.7% sont malades. En 2004, 94 % des liquidateurs étaient malades. Chaque année la proportion des malades augmente».

     IndependentWHO demande la révision de cet accord entre l'OMS et l'AIEA, afin que l'OMS redevienne indépendante:
     - qu'elle cesse d'être complice d'une désinformation à propos du nucléaire en général;
     - qu'elle soutienne l'effort des chercheurs de l'ex-union soviétique et d'ailleurs, qui tentent d'aider les populations contaminées à lutter contre les effets de la catastrophe de Tchernobyl;
     - qu'elle prenne l'initiative de recherches et de prophylaxie sur le problème controversé de l'irradiation interne par les faibles doses de Césium 137 et autres radionucléïdes, qui continuent d'être actifs pendant des périodes allant de quelques décennies à des centaines d'années.
     Nous estimons que toutes ces recherches doivent être rendues publiques car nulle part nous ne sommes à l'abri d'un accident pour lequel nous n'avons aucune préparation  sérieuse à ce jour.

Nos actions:

     Depuis le 26 avril 2007, des «vigies» sont devant le siège de l'OMS à Genève, de 8 heures du matin à 18 heures, les jours ouvrables  pour  dénoncer cet accord OMS-AIEA et demander à l'OMS de recouvrer son indépendance.
    Outre les tracts, pétitions que nous faisons circuler et les manifestations que nous organisons pour sensibiliser le grand public, nous recueillons des signatures autour d'un Appel des professionnels de la santé s'adressant à la fois au Ministre  de la Santé  de chaque pays et à la directrice de l'OMS.
     Nous invitons les délégués des Missions permanentes des États membres de l'OMS à présenter une Résolution à l'ordre du jour de l'Assemblée Mondiale de la Santé pour y introduire  la révision de l'Accord OMS-AIEA de 1959 en son sein.

     INDEPENDENTWHO est un mouvement citoyen animé par un collectif d'individus et d'associations (Brut de Béton, CETIM (Centre Europe Tiers Monde), Contratom Genève, CRIIRAD, Enfants de Tchernobyl Belarus, PSR/ IPPNW (Suisse), Réseau Sortir du Nucléaire, SDN Loire et Vilaine, Mouvement des Peuples pour la Santé (PHM)) - soutenu par une soixantaine d'autres. Il ne se situe pas au niveau des choix énergétiques, mais s'adresse exclusivement à l'Organisation Mondiale de la Santé qui, par son alliance avec l'AIEA ne peut remplir sa mission constitutionnelle: «agir en tant qu'autorité directrice et coordinatrice dans le domaine de la santé» et «aider à former parmi les peuples une opinion éclairée en ce qui concerne la santé». Il s'adresse à tout citoyen du monde qui exige que les institutions mettent en œuvre  les PRINCIPES qui les fondent.
 

1 - Un lien toxique: L'OMS et l'AIEA

Jeudi, le 28 mai 2009

     Un accord, vieux de 50 ans avec l'AIEA a effectivement bâillonné l'OMS en l'empêchant de dire la vérité concernant les risques de  radiation pour la santé.
     Il y a cinquante ans, le 28 mai 1959, l'assemblée de  l'OMS a fait voter un accord peu connu, mais important avec  l'Agence Internationale de l'Energie Atomique - l' organisation: ONU "les Atomes pour la Paix",  fondée juste deux années auparavant en 1957.
http://www.iaea.org/Publications/
http://en.wikipedia.org/wiki/Atoms_for_Peace
     Comme conséquence de cet accord,  l'AIEA peut effectivement exercer un  droit de veto sur toute  action de l'OMS liée au nucléaire – et ainsi empêcher l'OMS  de jouer le rôle qui lui incombe quant à la recherche et la mise en garde des dangers de la radiation pour la santé humaine.
     La mission de l'OMS est de «d'amener tous les peuples au niveau de santé le plus élevé possible», tandis  que celle de l'AIEA est «d'accélérer et d'accroître la contribution de l'énergie atomique pour la paix, la santé et la prospérité dans le monde entier».  Bien que connu, avant tout, pour son travail  afin de limiter la prolifération nucléaire, le rôle principal de l'AIEA a été de promouvoir les intérêts de l'industrie nucléaire dans le monde et il s'est servi de cet accord pour étouffer le corpus croissant d'informations scientifiques sur les véritables risques pour la santé des radiations.
     Selon cet accord, chaque fois qu'une des deux  organisations veut entreprendre  une action qui peut concerner l'autre, "la première consulte la seconde en vue de régler la question d'un commun accord». Les deux agences doivent «se garder complètement informées concernant toutes les activités projetées et tous les programmes de travail qui peuvent être de l'intérêt pour les deux parties». Et en ce qui concerne les statistiques – une question clé dans l'épidémiologie des risques nucléaires - les deux organisations s'engagent «à se consulter sur la manière d'employer le plus efficacement les renseignements, les ressources et le personnel technique dans le domaine statistique, ainsi que sur tous les travaux statistiques portant sur des questions d'intérêt commun».
     Les termes semblent être équilibrés, mais les effets ont été à sens unique.  Ainsi, par exemple, c'est l'AIEA qui a effectivement pris en main les enquêtes concernant les impacts sur la santé de l'accident de Tchernobyl  survenu en Ukraine le 26 avril 1986 et les informations  discordantes ont été censurées.
http://en.wikipedia.org/wiki/
     Les effets sur la santé de l'accident ont été le sujet de deux conférences importantes, à Genève en 1995 et à Kiev en 2001.
http://www.reliefweb.int/
     Cependant, les actes complets de ces conférences n'ont jamais été  publiés, en dépit des affirmations du contraire par un porte-parole haut placé, publié  dans Le Monde Diplomatique.
http://mondediplo.com/2008/
En attendant, le compte rendu du Chernobyl Forum 2005, 
(http://www-ns.iaea.org/
forum dominé par  l'AIEA, et qui  estima à seulement quelques milliers de morts le bilan total de Tchernobyl, est largement considéré comme une opération de blanchissement, puisque il  ne tient pas compte d'un grand nombre d'études épidémiologiques, évaluées par les pairs, qui font état d'un taux de mortalité  bien plus élevée ainsi que des dommages du génome importants. Beaucoup de ces études furent  présentées aux conférences de Genève et de Kiev, mais ces études ainsi que  les débats scientifiques qui en ont suivi, restent  à ce jour inconnues du fait de la non-publication des actes.
     Le radiobiologiste britannique, Keith Baverstock,  (http://www.uraniumconference.org/
est une autre victime de l'accord et de la mentalité créée au sein de l'OMS. Baverstock  a exercé les fonctions de radiobiologiste et de conseiller régional au bureau européen de l'OMS entre 1991 et  2003.

suite:
     Il  fut renvoyé après avoir informé ses supérieurs  hiérarchiques de ses craintes concernant les nouvelles données épidémiologiques provenant des anciens combattants présents lors des essais nucléaires et des soldats exposés à l'uranium appauvri, données qui  indiquent que les modèles de risque actuels pour la radiation minimisaient les risques réels.
(http://www.bandepleteduranium.org/
     Actuellement, professeur à l'Université de Kuopio, en Finlande, Baverstock a finalement publié son article en avril 2005, dans le journal, avec comité de lecture, "Medicine, Conflict and Survival
(http://www.informaworld.com/)
     Il a terminé son article en lançant un appel  pour une «réforme de la profession de  l'intérieur»,  et en insistant «sur la nécessité politique impérieuse d'institutions scientifiques libres et indépendants» - une référence sans ambigüité  à la "non-indépendance"  de son ex-employeur, l'OMS, qui pendant si longtemps n'avait tenu aucun compte de ses craintes. 
     Depuis la 21e commémoration du désastre de Tchernobyl en avril de 2007, chaque jour une "vigie d'Hippocrate" se tient  devant les bureaux de l'OMS à Genève, organisée par Indépendant WHO pour inciter l'OMS de rompre avec l'Accord OMS-AIEA. 
(http://www.independentwho.info
     La protestation s'est poursuivie  pendant la 62e Assemblée Mondiale de la Santé, qui a terminé  hier, et continuera  pendant la réunion du Conseil de Direction qui commence aujourd'hui. L'association s'est battue pour gagner le soutien des Etats Membres de l'OMS.  Mais, le dossier scientifique contre l'Accord s'est encore consolidé  tout récemment,  quand  le "Comité européen sur le risque de l'irradiation ( CERI) " a demandé son abandon lors de sa conférence au début de ce mois à Lesbos, en Grèce.

http://www.euradcom.org/
     Lors de la conférence, des recherches furent présentées indiquant qu'il a pu y avoir jusqu'à un million de décès intra-utérins à travers l'Europe et l'Asie à la suite de la radiation de Tchernobyl, ainsi que des centaines de milliers d'autres qui avaient été exposés aux retombées radioactives - ce qui est en conformité avec les données antérieures publiées par le CERI dans  "Chernobyl 20 Years On  Health Effects of the Chernobyl Accident." (http://www.euradcom.org/): 
     Les délégués ont appris que les modèles de risque classiques publiés par la CIPR – (Commision Internationale de Protection Radiologique) et acceptés par l'OMS,
(http: // www.icrp.org/) sous-estiment les impacts sur la santé de la  radiation interne à faibles doses par  un facteur allant de 100 à 1.000 - ce qui cadre avec le modèle 2003 du  CERI du risque radiologique.  (The Health Effects of Ionising Radiation Exposure at Low Doses and Low Dose Rates for Radiation Protection Purposes: Regulators' Edition).
 (http://www.euradcom.org/)
     Selon Chris Busby, secrétaire scientifique du CERI  et professeur invité à la faculté de sciences biomédicales, à  l'Université d'Ulster: «La subordination  de l'OMS à AIEA est un élément clé de la falsification systématique du  risque nucléaire qui perdure depuis Hiroshima; l'accord crée un conflit d'intérêts inacceptable dans lequel l'ONU, dont la vocation est la promotion de notre santé,  a été rendue dépendante de ceux dont l'intérêt principal est la promotion du nucléaire.  L'annulation de l'accord OMS-AIEA est un premier pas nécessaire pour que l'OMS retrouve son indépendance pour la recherche des  véritables impacts sur la santé de  la radiation ionisante et pour publier ses conclusions

     Certains anniversaires méritent qu'on les fête - mais pas celui-ci. Après cinq décennies, le temps est venu pour que l'OMS puisse retrouver sa liberté de communiquer des recommandations  indépendantes et objectives concernant les risques de radiation pour la santé.


Voir aussi "La vigie d'Hippocrate"
Contact Yann  Forget: yann@forget-me.net