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Environnement écologie

Réchauffement climatique: le Soleil en cause?
ADIT, http://www.larecherche.fr, décembre 2008


© Pierre Auger Observatory

     N'en déplaise aux climatosceptiques, les données recueillies à ce jour montrent que la part du Soleil dans le réchauffement actuel est négligeable. Mais les mécanismes internes de notre étoile sont encore largement incompris.
     Et si c'était lui? Dans le contexte du réchauffement actuel de la Terre, le Soleil est régulièrement pointé du doigt. Certains scientifiques dits «climatosceptiques», se demandent notamment si les variations de sa luminosité n'expliqueraient pas l'élévation de température observée depuis un siècle.
     Que le rayonnement solaire influence notre climat, nul n'en doute. La question est toutefois de savoir dans quelles proportions. Selon les conclusions du dernier rapport du Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat (GIEC), publié en 2007, il apparaît que la composante solaire dans le réchauffement est très minoritaire. De l'ordre de 10% d'après une publication récente.

Lutte idéologique
     Pourquoi une telle polémique dans ce cas? A n'en pas douter, les enjeux socio-économiques tendent à transformer ce débat scientifique complexe en une lutte idéologique médiatisée, occultant la faiblesse de certains raisonnements. Mais il faut bien admettre que la mesure des variations de l'activité du Soleil n'est pas une mince affaire.
     En fusionnant les données d'au moins six expériences spatiales, trois équipes concurrentes, suisse, belge et américaine, ont par exemple obtenu trois reconstitutions de l'éclairement solaire différentes! Chaque instrument ayant sa propre dérive, et chaque équipe sa façon de la corriger.

     En outre, les premières mesures systématiques du rayonnement solaire n'ont débuté qu'en 1978, avec les premières missions spatiales conçues dans ce but. A plus long terme, sur quelques siècles, la reconstruction de l'histoire de l'éclairement solaire est plus difficile, et passe par des indicateurs indirects. Ce sont entre autres les isotopes cosmogéniques, ces atomes comme le carbone-14, le béryllium-10 ou le chlore-36, dont la production dans l'atmophère dépend du champ magnétique du Soleil et du champ magnétique d'origine interne de la Terre.

Rôle des ultraviolets
     Mais l'éclairement du Soleil n'est pas le seul paramètre à analyser. Il faut en effet prendre en compte toute la subtilité du spectre lumineux du Soleil. Les rayons ultraviolets, par exemple, ionisent la haute atmosphère, entraînent la production d'ozone dans la stratosphère et provoquent des réactions chimiques elles-mêmes productrices de chaleur. Pour autant, on ne sait pas encore quantifier ces effets au niveau du sol.
     Une autre voie consiste à comprendre l'origine des fluctuations de notre étoile. Certes, la connaissance du Soleil a énormément avancé, en particulier grâce au satellite européen SOHO, mais aucun modèle standard n'est pour l'heure capable de générer de lui même le cycle d'activité solaire de onze ans et ses taches, ni la variation de 0,1% du rayonnement observée.
     Ce constat reflète également un autre écueil. Jusqu'ici, la modélisation du Soleil a en effet été réalisée par deux communautés d'astrophysiciens qui n'interragissaient pas du tout. D'un côté ceux qui font appel à un modèle fondé sur la production et la propagation de l'énergie. De l'autre, ceux qui cherchent à comprendre les phénomènes de surface liés aux fluctuations du champ magnétique externe. Or les deux approches ont besoin l'une de l'autre.
     D'ici 5 ans, nous devrions toutefois être en mesure d'ajuster les modèles grâce aux prochaines expériences spatiales. En attendant, la communauté scientifique ne pourra pas vraiment quantifier toute l'influence du Soleil sur la Terre et prétendre la prédire. Il y a donc urgence à fournir ces informations pour faire taire les discours simplistes et conservateurs.