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Environnement écologie

Désastre climatique: des mesures radicales s'imposent
http://www.enerzine.com, World Science Summit, Credit Suisse, septembre 2008

     Pour éviter le désastre climatique, des mesures radicales s'imposent: c'est ce qu'ont affirmé les scientifiques et les urbanistes réunis fin mai à New York à l'occasion du "World Science Summit**", soutenu par le Crédit Suisse.
     Le physicien Steven Chu, directeur du Lawrence Berkeley National Laboratory, ne mâche pas ses mots: "Si nous n'inversons pas la tendance d'ici à 2050, la production alimentaire diminuera de 20% aux Etats-Unis. Il y aura alors trop peu de neige sur les montagnes pour irriguer les champs californiens. L'Amérique aura faim." Selon Steven Chu, Prix Nobel, le dépérissement des forêts et l'inondation des côtes ne sont pas de la fiction. "Pour éviter la catastrophe climatique, il faudra une technologie révolutionnaire." Steven Chu était le premier intervenant de la table ronde "Radical Science for a Warming Planet". Il a décrit l'état d'esprit des chercheurs, qui réfléchissent sans cesse à des projets innovants.

Plantes de synthèse à l'étude
     Steven Chu a expliqué comment les nanotechnologies permettaient de créer de nouvelles piles solaires. Il a présenté des herbes génétiquement modifiées fournissant des sucres plus complexes, et donc des biocarburants de qualité supérieure à ceux tirés du maïs ou de la canne à sucre. Il a ensuite évoqué des plantes de synthèse capables de produire de l'énergie via la photosynthèse.
     Zhenhua Xie, le ministre chinois de l'environnement, partage cette opinion. "La croissance fulgurante du pays n'est pas durable", a-t-il déclaré, ajoutant que si la Chine ne réagissait pas, le boom économique causerait des dommages irréparables. Le gouvernement chinois a donc chargé la société d'ingénierie britannique Arup de construire une ville écologique modèle, Dongtan, sur une île proche de Shanghai. Peter Head, directeur d'Arup, a présenté le projet et expliqué pourquoi toutes les villes du monde devraient s'inspirer de Dongtan. "Il y a cent ans, chaque être humain disposait de huit hectares de terres, contre deux aujourd'hui, et nous faisons comme si de rien n'était."

Des cultures en plein cœur des villes
     Pas encore assez près, estime Dickson Despommier. "Pour pouvoir nourrir trois milliards d'hommes supplémentaires d'ici à 2050, il nous faudra la surface du Brésil", a annoncé ce professeur de sciences environnementales à l'Université Columbia. Près de 80% des surfaces agricoles mondiales étant déjà cultivées, il propose de faire pousser choux et pommes de terre en plein cœur des villes. "Il faut produire les aliments là où les gens vivent. C'est possible, et c'est une nécessité absolue. La nature ne pourra se rétablir que si nous la laissons tranquille."

Bureaux, logements et… serres
     Depuis huit ans, Dickson Despommier planche avec ses étudiants sur un curieux concept : l'agriculture verticale. Des gratte-ciel de verre abriteront des bureaux, des logements et des serres. Les eaux usées urbaines serviront à irriguer les plantations. Des piles solaires fourniront l'énergie nécessaire à ces fermes verticales. Il espère pouvoir construire une première tour à Incheon, près de Séoul, pour y cultiver du riz et des fraises, mais aussi élever des poulets et des crevettes.
     Tous les intervenants sont d'accord sur un point: l'impulsion de ces projets révolutionnaires ne vient pas de l'Etat, mais surtout du secteur privé. "Les investisseurs ont réalisé qu'avec des idées radicales, ils pouvaient sauver la planète en gagnant de l'argent", a résumé Peter Head.


** Fin mai, le "World Science Summit“ parrainé par le Credit Suisse s’est tenu dans les prestigieux locaux de l’Université Columbia, à New York. Le débat sur le réchauffement climatique a rassemblé d’éminents intervenants: Steven Chu, directeur du Lawrence Berkeley National Laboratory, Prix Nobel de physique; Peter Head, directeur de la société britannique Arup; Dickson Despommier, professeur à l’Université Columbia; Andy Karsner, sous-secrétaire du DOE aux énergies renouvelables; Walter Isaacson, président et CEO de l’Aspen Institute.