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Environnement écologie

Les lacs et les rivières rejettent des quantités monstres de gaz carbonique dans l'atmosphère
http://www.cybersciences.com
ADIT, février 2008

     Les lacs et les rivières rejettent des quantités monstres de gaz carbonique dans l'atmosphère. Personne ne l'avait encore soupçonné!

     La mesure clé dans l'étude des changements climatiques, c'est le bilan de carbone. On découvre à présent une faille énorme dans cette équation que les scientifiques pensaient maîtriser. Sur les six gigatonnes de gaz carbonique produites chaque année par les activités humaines, environ la moitié finit dans l'atmosphère, le reste étant absorbé par les océans ou, sur la terre ferme, par les végétaux. Le rôle des lacs et des rivières dans tout ça? Négligeable, a-t-on toujours cru: des «gouttières» qui acheminent une partie du carbone jusqu'à la mer.
     Or, les eaux intérieures sont le théâtre d'une intense activité  chimique qui pourrait forcer les scientifiques à revoir leurs calculs, a découvert une équipe internationale dont fait partie Yves Prairie, professeur au département des sciences biologiques de l'UQAM. «Seulement la moitié du carbone que reçoivent les eaux intérieures des milieux terrestres se rend jusqu'à l'océan», précise le chercheur. En chemin, 12% demeure piégé dans les sédiments (soit 230 millions de tonnes), et 40% s'échappe dans l'atmosphère, ce qui correspond à 750 millions de tonnes chaque année! Une quantité impressionnante quand on sait que les océans, eux, en absorbent entre 1 et 2 milliards de tonnes.
     Les eaux intérieures ne représentent pourtant que 2% à 3% de la surface de la Terre, tandis que les océans en couvrent 70%. «Par mètre carré, les transformations du carbone sont beaucoup plus intenses dans les lacs et les rivières que dans l'océan ou sur la terre ferme!»

     On ne devra pas pour autant réviser le bilan planétaire de carbone à la hausse, mais la contribution des différents écosystèmes à ce total devra être réévaluée. Autrement dit, la tarte demeure la même, mais elle sera découpée différemment. À plus petite échelle, cependant, c'est une autre histoire. On risque de sérieusement sous-estimer le bilan de carbone d'une région si on le calcule à partir de mesures terrestres, en faisant abstraction du carbone rejeté par les plans d'eau. Dans une région comprenant autant de lacs que le nord du Québec, par exemple, on pourrait passer à côté d'une somme considérable d'émissions de gaz carbonique!
     Yves Prairie et ses collègues états-uniens, suédois, finlandais, néerlandais et espagnols sont arrivés à ces conclusions en examinant les chiffres disponibles dans la littérature scientifique et en refaisant les calculs. L'équipe a eu droit à d'autres surprises depuis la publication de ses travaux dans la revue Ecosystems. «On a recalculé la surface occupée par les eaux intérieures sur la planète. On est passé d'environ 2,5 millions km2 à près de 4 millions km2, simplement en tenant compte de tous les petits lacs. Cela gonfle d'autant plus leur apport au cycle du carbone
     Prochaine étape: raffiner les mesures pour les différents types de plan d'eau, des grands lacs salés jusqu'aux… étangs agricoles! Ces derniers, eux aussi longtemps négligés à cause de leur petite taille, s'avèrent finalement de gros «mangeurs» de carbone. «Ils en accumulent des quantités faramineuses, entre autres parce que ce sont des eaux stagnantes qui reçoivent énormément de matière organique
     Et dire qu'on appelle ça de l'eau douce...