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DEVELOPPEMENT
Amérique latine: le chaos des transports continue à asphyxier les villes
ADIT, février 2009
     BOGOTA (AFP)

     Les grandes villes du continent latino-américain sont au bord de l'asphyxie, victimes de leur croissance chaotique et des lobbies de transporteurs, en dépit de mesures parfois radicales, comme l'interdiction de circuler deux jours par semaine proposée récemment à Bogota.

     La mairie de Bogota, sept millions d'habitants, 1,4 million de voitures, a annoncé dimanche son intention d'interdire complètement à partir du 6 février la circulation des véhicules particuliers, deux jours par semaine, entre 06H00 du matin et 20H00, pour éviter une paralysie de la capitale colombienne.
     Le maire de gauche Samuel Moreno a assuré que cette mesure était incontournable, en raison de la construction de 130 km de voies en partie réservées au transport collectif, mais le débat suscité est si vif qu'il n'a pas encore signé le texte d'application.
     Aux quatre coins du continent sud-américain, où 77% de la population est urbaine, les villes ont explosé sans plan d'urbanisme ni coordination des transports, notamment en raison de la puissance des lobbies de transporteurs privés qui se mènent une concurrence féroce et sont opposés à toute régulation.
     Ils "représentent des votes", explique Bernardo Baranda Sepulveda, directeur pour le Mexique de l'Institut des politiques pour le transport et de développement.
     "Les villes les plus problématiques sont Mexico et Sao Paulo", avec respectivement 20 et 17,5 millions d'habitants, précise pour sa part Jose Brakarz, expert en développement urbain à la Banque interaméricaine de développement (BID).
     Contrairement aux métropoles américaines, les villes sud-américaines restent très centralisées, ajoute-t-il, ce qui entraîne des gigantesques migrations quotidiennes entre la périphérie et le centre.
     A Mexico, qui fut dans les années 1980 la ville la plus polluée du monde selon l'Organisation mondiale de la santé, le temps moyen pour un seul déplacement varie entre une heure et une heure quarante-cinq.
     A Sao Paulo, des records d'embouteillages - jusqu'à trois heures de suite - sont battus régulièrement, tandis qu'à Caracas, où 62% des véhicules sont privés, les experts estiment que chaque automobiliste passe deux à trois heures par jour dans sa voiture.
     Partout, les plus pauvres sont les plus touchés par la perte en temps et en argent, faute de subvention des transports collectifs, qui facturent au prix coûtant et absorbent jusqu'à 20% des revenus familiaux.
     Le risque, c'est l'asphyxie, ajoute Jose Brakarz en notant que ces villes ont cessé de croître: "c'est comme pour le corps humain, il faut permettre au sang de circuler, mettre en relation les gens et les activités", sinon, la productivité baisse.
     Face à ce danger, des initiatives plus ou moins réussies se multiplient.
     Dans la capitale vénézuélienne, un nouveau plan, "Caracas en mouvement" est en préparation, avec des restrictions de circulation qui toucheront 81 avenues.
     Mexico applique déjà une interdiction de circuler, variant en fonction du numéro de plaque, un jour par semaine.
     Buenos Aires a pour sa part mis en place en 2008 un plan de réorganisation du trafic, qui prévoit la multiplication de parc-mètres, amendes et policiers.
     Plusieurs villes, comme Curitiba (Brésil), Bogota, Santiago du Chili ou Mexico, développent les couloirs réservés aux bus, moins coûteux à réaliser que de nouvelles lignes de métro.
     Santiago, a tenté un nouveau système de transport public, le "Transantiago", en février 2007. La moitié des 8.000 bus, parfois antédéluviens, ont été retirés de la circulation, les routes changées et l'usage du métro encouragé. Mais le système a échoué, au point de provoquer un remaniement gouvernemental et un retour en arrière, avec une nouvelle hausse à 6.500 du nombre de bus.
     "Il faudra encore attendre dix ans pour une amélioration et les villes qui n'investiront pas vont suffoquer", conclut Jose Brakarz.