CONTROVERSES NUCLEAIRES ! 
Un peu de technique "en vrac"
DOCUMENTS DE BASE
 
Serbie: après les bombardements à l’uranium appauvri, cancers en hausse
France, de notre correspondant


    L’uranium appauvri provenant des bombardements des avions de l’OTAN sur les objectifs du sud de la Serbie a t-il commencé à produire des effets catastrophiques sur la santé des habitants ? On note une nette recrudescence des cancers et maladies malignes, même si les effets exacts de l’uranium demeurent sujet de polémiques.
    Les institutions officielles, outre la constatation que le nombre de maladies cancérogènes et malignes est en augmentation dans le sud de la Serbie, disent que, pour l’heure, il n’y a pas lieu de paniquer. Mais le docteur Radomir Kovacevic, chef du département pour la protection radiologique de l’Institut de médecine du travail Dr. Dragomir Krajovic, a confirmé que les conséquences se font déjà sentir.
    « Pour prouver les conséquences directes, il faut d’abord prouver la présence de l’uranium dans le milieu, ce que nous avons fait, puis dans la nourriture ou l’eau, ce que nous avons également constaté, ensuite dans l’organisme humain, où nous ne sommes pas très avancés car les appareils coûtent cher et nous n’avons ni suffisamment de médecins ni des programmes appropriés », souligne le docteur Kovacevic. Le quatrième point est de mesurer concrètement les conséquences.

«La plus dangereuse des substances cancérogènes et toxiques»?
    Il est intéressant de noter que, très peu de temps après la fin des bombardements, la Commission Européenne a demandé au Centre régional écologique pour l’Europe centrale et orientale à Budapest de faire un rapport sur l’utilisation et les effets de l’uranium appauvri, qui est décrit comme étant supposé «être la plus dangereuse des substances cancérogènes et toxiques».
    Comme il est indiqué dans ce rapport, les nombreuses substances libérées peuvent provoquer des avortements et des défauts de l’embryon, alors que d’autres favorisent des maladies mortelles des nerfs et du foie. Il y a deux ans, les Nations Unies ont envoyé une équipe d’experts en Yougoslavie, et après avoir fait le tour des zones contaminées, les responsables du Programme de l’ONU pour l’environnement (UNEP) ont établi un rapport dans lequel sont notées deux « nouveautés » quant à la réaction de l’uranium. L’une est l’étonnante rapidité de corrosion des pénétrateurs qui produisent la poussière et, dans le même temps, la laissent sur la surface de la terre. Comme l’ont constaté les experts de l’UNEP, cela crée un danger indirect, tout d’abord par la pollution des eaux souterraines, tandis que le deuxième danger est que, même après trois ans, les particules d’uranium peuvent se transférer par voie aérienne dans d’autres espaces.

    «Lors d’examens chez 29 sujets du village de Bratoselca, on a trouvé une concentration d’uranium des centaines de fois plus élevée dans l’organisme que la normale», constate le docteur Radomir Kovacevic. Chez 90% de la population examinée, on note des changements sur le matériau génétique, bien qu’on ne puisse avec sûreté les attribuer aux conséquences de l’uranium.
    Dès la fin de la guerre en 1999, les experts du ministère de la Défense russe ont estimé que les avions de l’OTAN lors des bombardements en RFY ont jeté au moins 30 tonnes d’uranium appauvri : c’est comme si un «réacteur nucléaire avait éclaté» dans notre pays.

Dispersion des particules radioactives dans l’eau
    D’après les experts militaires russes, il serait possible que l’uranium des munitions de l’OTAN se serait dispersé sur tous les pays balkaniques et qu’il aurait également pénétré jusqu’aux réservoirs d’eau, ce qui porte à croire que l’on boit toujours de l’eau polluée en Serbie. Il a été constaté que les nuages de poussière d’uranium s’élevaient jusqu’à une altitude de 1000 mètres, et l’on peut se demander où s’en sont allés ces nuages...
    L’uranium appauvri est un déchet des centrales atomiques, inutile, mais radioactif en permanence. Les Américains possèdent plusieurs dizaines de milliards de tonnes de cette matière, avec laquel ils ne savaient que faire mais, après de nombreux tests sur leur propre population, ils ont eu l’idée de fabriquer des bombes avec de l’uranium appauvri. C’est ainsi que les déchets sont devenus une grande affaire. Bientôt, ces armes ont été qualifiées un moyen conventionnel et permis de tuer, alors qu’au début de la dernière décennie, le Sénat américain avait adopté une recommandation permettant que les bombes à l’uranium appauvri puissent commencer à être utilisées dans les « conflits de portée limitée ».
    L’uranium appauvri devient sans danger après sa décomposition qui se fait au bout de plus de quatre milliards d’années !
    «Nous n’osons pas aller jusqu’à l’endroit où l’OTAN a bombardé un pilier de pont», raconte Desanka Mladenovic, âgée de 63 ans, du village de Borovac. «J‘ai surtout peur pour les enfants et ils sont une quinzaine à jouer aux alentours. Mais les enfants ne connaissent pas le danger. Du reste, nous n’avons pas d’autre issue ni d’autre village».

Misa Ristovic
Traduit par Persa Aligrudic