CONTROVERSES ENER...ETHIQUES
et NUCLEAIRES

SEISMES ET ENERGIE NUCLEAIRE
JAPON, le 16 juillet 2007

20 juillet: Sources ADIT, Le Monde, Réseau Sortir du nucléaire

I/ Les Japonais sont de plus en plus méfiants envers le nucléaire
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TOKYO CORRESPONDANCE
     Les problèmes de la centrale de Kashiwazaki-Kariwa renforcent la méfiance des Japonais vis-à-vis du nucléaire. Cette installation, dotée de sept réacteurs d'une puissance totale de plus de 8 gigawatts, connaît, depuis le tremblement de terre qui a touché les préfectures de Niigata et de Nagano, le 16 juillet, une inquiétante série de problèmes. Le dernier en date, annoncé jeudi 19 juillet, par la société exploitante Tepco, est une nouvelle fuite radioactive. C'est la première fois qu'une centrale enregistre une telle série d'incidents après un séisme.
     La lenteur manifestée par Tepco pour résoudre les problèmes survenus depuis le 16 juillet et à diffuser une information fiable à leur sujet a fait réagir le ministère de l'économie, du commerce et de l'industrie (METI). Le ministre, Akira Amari, a déclaré que cela "pourrait amener les gens à ne plus faire confiance au nucléaire". La remarque peut passer pour un euphémisme tant est ancienne la défiance des Japonais envers cette énergie, leur pays étant le seul à avoir subi des bombardements atomiques. Les villes d'Hiroshima et de Nagasaki, victimes des attaques américaines de 1945 - dont les conséquences se font toujours sentir -, restent de solides foyers d'antinucléaires.
     La question sismique représente l'autre argument fort des opposants à cette énergie. Dans un communiqué du 17 juillet, le Centre d'information des citoyens sur le nucléaire, mouvement associatif, rappelle notamment que, "en deux ans, trois séismes de magnitude supérieure à 6,5 ont touché le Japon". Or certaines centrales ne sont pas conçues pour résister à des secousses dépassant cette intensité.
     Le comportement des compagnies d'électricité n'améliore pas l'image du nucléaire. Le 30 mars, l'Agence de sûreté industrielle et nucléaire, qui dépend du METI, a fait savoir qu'entre 1978 et 2002 97 incidents, dont 19 jugés "critiques", avaient été dissimulés aux autorités. L'attitude de Tepco, après le séisme du 16 juillet, montre que le réflexe de dissimulation reste bien ancré. A cela s'ajoutent différents accidents, parfois mortels, comme en 2004 à la centrale de Mihama, qui rappellent la dangerosité du nucléaire.

RÉSISTANCES
     L'électricité au Japon, pays faible en ressources naturelles, est à 35% d'origine nucléaire, une proportion qui doit passer à 40% d'ici à 2010. Cependant, les résistances à la construction de nouvelles installations restent fortes. Le 4 juillet, le METI a autorisé Chubu Electric Company à recourir à une nouvelle technologie à la centrale d'Omaezaki, mais les travaux sont la cible d'un procès intenté par un groupe civique qui juge insuffisantes les mesures antisismiques prévues.
     En 2001, les 3.600 électeurs du village de Kariwa se sont prononcés à 54% contre l'utilisation, dans la centrale de Kashiwazaki-Kariwa, de combustible Mox, jugé plus dangereux que l'uranium en cas d'incident. De même, l'approbation des travaux de la centrale de Namie Okada a été repoussée plus de vingt fois.
     En septembre 2006, le gouvernement a annoncé de nouvelles règles de construction pour que les centrales résistent mieux aux séismes. Ces règles s'ajoutent à des règlements déjà très stricts. Dans un éditorial du 19 juillet, le Japan Times appelle les compagnies d'électricité à "réviser, en toute honnêteté, les capacités antisismiques des centrales, et ce dans la transparence". Cela semble un minimum pour obtenir un début d'adhésion des Japonais.

Philippe Mesmer

II/ "Sortir du nucléaire" dénonce les normes sismiques d'EDF

     Le réseau Sortir du nucléaire a mis en ligne sur son site Internet, jeudi 19 juillet, des documents confidentiels d'EDF datant de 2003 sur la sûreté des centrales nucléaires françaises face au risque sismique. Il dénonce la manière dont ce risque est évalué et intégré par l'opérateur et accuse EDF de l'avoir minimisé pour ne pas avoir à entreprendre des travaux de mise en conformité évalués à 1,9 milliard d'euros. En mai 2003, le réseau écologiste avait déjà accusé EDF d'avoir abaissé les valeurs de l'intensité des séismes de référence en France et exigé la fermeture des centrales du Bugey et de Fessenheim dans l'est du pays. EDF réaffirme pour sa part que ses centrales nucléaires "sont conçues pour résister à un séisme deux fois plus important que le séisme le plus grave relevé en 1.000 ans dans les régions où elles sont implantées." L'opérateur assure mener, sous le contrôle de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN), "de vastes programmes pour vérifier que ses installations répondent aux normes sismiques en vigueur". Aucune centrale n'a jamais été arrêtée pour des raisons sismiques et, selon Fabien Féron, directeur adjoint des centrales nucléaires à l'ASN, les 58 installations françaises "sont jugées suffisamment sûres".


En bleu de travail, le président de Tokyo Electric Power (au centre) présente ses excuses au maire de Kashiwazaki-Kariwa (à gauche), le 18 juillet 2007, deux jours après qu'un séisme a endommagé une centrale nucléaire dans sa ville.
REUTERS/KYODO
Craintes de pénurie d'électricité au Japon après le séisme
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LEMONDE.FR avec AFP | 20.07.07
     La paralysie de la plus puissante centrale nucléaire du Japon, endommagée lundi par un violent séisme, fait craindre une possible pénurie d'électricité durant l'été à Tokyo. Vendredi 20 juillet, le gouvernement japonais a exhorté les industriels à économiser l'énergie pendant les heures de pointe.
     «Le ministère du commerce et de l'industrie a décidé d'ordonner à tous les industriels qui sont sous notre supervision d'économiser l'énergie. Nous nous apprêtons à publier des instructions administratives à cet effet», a indiqué un porte-parole du ministère qui contrôle une grande part du secteur secondaire et du tertiaire.
     Selon la presse japonaise, la centrale de Kashiwazaki-Kariwa (8.212 mégawatts), une des plus grosses du monde, qui alimente en électricité la mégalopole de Tokyo (20 millions d'habitants), pourrait cesser toute activité pendant au moins un an en raison des importants dommages causés par le séisme. Une hypothèse d'autant plus probable que Tokyo Electric Power (Tepco) qui exploite la centrale, a reconnu jeudi qu'une nouvelle fuite radioactive avait été détectée sur le site. Des particules radioactives ont en effet été localisées mercredi dans un filtre d'un des sept réacteurs de la centrale et une petite quantité d'eau radioactive s'est échappée d'un tuyau. Tepco, plus grande compagnie privée d'électricité du monde, a d'ores et déjà demandé de l'aide à ses concurrentes pour répondre aux énormes besoins en électricité de la capitale.

RISQUES DE PICS DE CONSOMMATION
     Le ministre Akira Amari a toutefois indiqué que Tepco l'avait assuré qu'il n'y aurait pas de pénuries d'électricité si les températures restaient dans la moyenne, mais que des restrictions pourraient s'avérer nécessaires par mesure de sécurité. L'été est une saison de forte chaleur au Japon et la consommation électrique est à son pic pour alimenter les climatiseurs. "Nous ferons de notre mieux pour garantir un approvisionnement régulier en électricité en faisant appel à nos centrales thermiques, mais nous allons probablement devoir demander à nos clients de faire des économies d'énergie", a expliqué jeudi un porte-parole de Tepco.
     Très pauvre en ressources naturelles, le Japon dépend à 35% du nucléaire pour son électricité, mais il est aussi situé dans une zone à très hauts risques sismiques. Kashiwazaki-Kariwa se trouve à seulement neuf kilomètres de l'épicentre du séisme de magnitude 6,8 sur l'échelle de Richter qui a fait dix morts, un millier de blessés et détruits ou endommagé plus de 2.000 bâtiments dans la région de Niigata (centre). Il semble que l'usine de Kashiwazaki-Kariwa ait été construite juste au-dessus d'une faille active.
     La secousse a provoqué un sérieux incendie dans la centrale et a fait se déverser 1,2 mètre cube d'eau radioactive dans la mer du Japon. 438 fûts d'acier hermétiques destinés à recueillir les gants et autres vêtements potentiellement irradiés se sont renversés lors de la secousse. Certains se sont ouverts. La centrale, qui n'était pas conçue pour résister a un séisme aussi fort, a été fermée pour une période indéfinie par les autorités à des fins d'enquête sur la sécurité du site. 


Le séisme du 16 juillet 2007 a occasionné d'importants dégâts à la centrale nucléaire de Kashiwazaki Kariwa, l'une des plus grosses du monde, contrainte à la fermeture jusqu'à une date indéfinie. | AP
La principale centrale nucléaire fermée pour au moins un an
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     Le gouvernement japonais envisage de maintenir fermée pendant au moins un an la centrale nucléaire de Kashiwazaki-Kariwa, la plus grande du monde, endommagée par le séisme, selon le quotidien économique Nikkei du jeudi 19 juillet.
     La fermeture a été ordonnée à des fins d'enquête sur la sécurité du site, le tremblement de terre ayant déclenché une cinquantaine de dysfonctionnements dans la centrale, dont un incendie, du bris de matériel et une fuite d'eau radioactive dans la mer, mais dont la "radioactivité reste sous la limite légale" selon un communiqué de l'exploitant, Tokyo Electric Power (Tepco), la plus grande compagnie privée d'électricité mondiale.
     L'usine pourrait être située juste au-dessus d'une faille active. S'il s'avère que la structure de la centrale doit être renforcée, les installations "pourraient rester hors service pendant beaucoup plus d'un an", ajoute le Nikkei, sans citer de sources. Tepco a reconnu mercredi que la puissance du séisme était supérieure aux normes de résistance prévues pour la centrale.
     La centrale de 8 212 mégawatts alimente la mégalopole de Tokyo (20 millions d'habitants). Tepco a déjà demandé de l'aide à ses concurrents pour répondre aux importants besoins en électricité de la capitale pendant la saison d'été.