A l'attention de lÌéditeur du précédent numéro du Graviton

Rappel: La conclusion de l'éditorial était: ""aucune recette n'est vraiment valable si elle n'est pas accordée et appliquée dans le monde entier ÓÓ.

HYPOTHÈSE DE DÉPART:
A mon avis toutes les solutions simples à étiqueter sont vouées à l'échec:  toute solution trouvée dans un certain contexte ne peut être reproductible telle quelle dans un autre.

EXPLICATIONS:
 Pour donner un peu plus de poids à ce que je pense, voici quelques réflexions issues de mon Ïmilitantisme solidaritaire", mais regroupées dÌune manière nécessairement succincte:

- Chaque société a ses racines philosophiques, intellectuelles, culturelles et donc ses ÏrichessesÓ, mais si la planète adoptait le mode de développement occidental qui, rappelons-le, est celui de 20% de la planète consommant 80% des richesses mondiales!, le Ïpoint de non retourÓ serait vite atteint. Il faut donc promouvoir des démarches qui prennent en compte non seulement la grande interdépendance des phénomènes à lÌéchelle planétaire, mais aussi et surtout lÌextrême diversité des situations locales et cette multiplicité des cultures.

- Je suis d'accord que nous serons impuissants si nos actions et nos volontés ne convergent pas, mais il faut que cela soit avec celles de millions, de milliards d'autres: notre monde est à la fois unique et infiniment divers et la stratégie à INVENTER pour assurer notre survie et notre épanouissement doit respecter à la fois cette unicité qui nous lie et cette diversité qui nous enrichit (je ne sais pas de qui est cette belle formule: tout éclaircissement est bienvenu!), cÌest à dire quÌil faut toujours garder à lÌesprit que LES PRIORITES VARIENT D'UN PAYS A L'AUTRE, D'UN CONTINENT A L'AUTRE. Pour qu'une telle convergence existe, il faut que les sociétés ne se replient plus sur leurs seules urgences et objectifs propres, car ainsi LEURS RECHERCHES SONT DES QUETES PARALLELES PLUTOT QUE CONVERGENTES.

- Je ne crois pas à la possibilité de parvenir à un DEVELOPPEMENT "SOUTENABLE" qui serait respectueux des grands équilibres écologiques mais qui le serait AU PRIX DE L'EXCLUSION D'UNE LARGE PART DE L'HUMANITE. Rappelons-nous de ce chiffre qui vient de ÏtomberÓ: 358 personnes les plus riches du monde (= 0.000005% de la planète÷) ont des revenus équivalents à ceux des 2.5 milliards les plus pauvres (= 45% !!!).

- Enfin, ne nous cachons pas que même sÌils ont indéniablement des retombées positives (mais souvent à quel prix: par exemple, le traitement dÌun malade occidental du Sida équivaut au budget annuel du plus grand hôpital dÌAfrique!), la diffusion de la science et du marché de type occidental ont CONTRIBUE à la crise du monde actuel (par 3 déséquilibres majeurs: entre Ïle Nord et le SudÓ, entre les riches et les pauvres au sein de chaque société, entre les hommes et la nature): ils ne valent donc en définitive que par rapport aux choix et aux finalités des sociétés dans lesquelles ils se développent; et la nôtre doit trop souvent résoudre des problèmes que cette science et ce marché ont eux-mêmes créés! Ils devront donc retrouver leur juste place dÌOUTILS, outils essentiels certes mais outils au SERVICE DE SOCIETES PROFONDEMENT INEGALES, AVIDES, IMPREVOYANTES.

CONCLUSIONS:
 - Les priorités ÏsociétalesÓ se traduiront moins par des mesures uniformes, arrêtées au niveau mondial, que par des actions coordonnées, adaptées à l'infinie diversité des contextes: exclusions pour les riches, conversion du système "soviétique", exploitation forcenée des hommes et des milieux des pays "nouvellement industrialisés", maîtrise de la croissance de la population ( ), réduction de la misère, sauvegarde des eaux et des sols des pays les plus pauvres, etc...).

- Les quelques priorités planétaires, sauvegarde des océans, protection de la couche d'ozone, limitation des émissions de gaz a effet de serre...) NE POURRONT ETRE CONÇUES NI ACCEPTEES PARTOUT DE LA MEME FACON, SURTOUT SI ELLES SEMBLENT IMPOSEES AUX PLUS FAIBLES PAR LES PLUS PUISSANTS...

 - L'idée de pleine souveraineté comme celle de l'étanchéité des frontières est devenue un leurre: il est donc un niveau qui devrait jouer un rôle croissant dans le prochain siècle: le NIVEAU REGIONAL, avant le niveau mondial, même si celui-ci va effectivement devenir décisif (principalement pour les normes, le droit et les réglementations, les taxations, le contrôle, le lancement des grandes initiatives...) et je crois être connu que 8 à 10 grandes régions émergent...

 - Les ÏPROBLEMES-PROGRAMMESÓ QUI SEMBLENT LES PLUS MOBILISATEURS ( ):
L'EAU: 90% des maladies prioritaires du tiers-monde tiennent à elle et les conflits entre pays, pour le contrôle de cette ressource qui va devenir de plus en plus rare (je parle de lÌeau non polluée!) vont devenir de plus en plus fréquents et graves car les grands "bassins versants" ignorent les frontières (et l'actualité autre que "traditionnelle" nous en montre des exemples: Canada, Amérique du Sud, Afrique et Extrême Orient...)
L'ENERGIE: multiplier toutes les action en faveur des économies d'énergie et équipement en énergies renouvelables. En supprimant "chez nous" les multiples formes de subventions déguisées à l'usage des énergies fossiles ET SURTOUT DU NUCLEAIRE!
LES SOLS: production agricole moins dégradatrice, désertifications, forêts humides...
REVITALISATION DES REGIONS PROFONDEMENT DEGRADEES: Europe centrale, URSS ou ailleurs...
ET... LA CONVERSION DES INDUSTRIES D'ARMEMENT! (voir articles dÌautres Cernois dans le Graviton).

EN NÌOUBLIANT PAS QUE LES PAYS RICHES ONT A APPORTER UNE CONTRIBUTION MAJEURE (et donc pas seulement au niveau de la réflexion!)...

Yves Renaud