Dossier "IMPORTANT"!

EXCLUSIVITE «LE DNIEPR»
Interview du Ministre Monsieur Hervé Novelli
sur le dossier de TCHERNOBYL
Monsieur Thierry MEYER
Président de l'association «Les Enfants de Tchernobyl»
Directeur de Publication de la revue «Le Dniepr»

à

Monsieur Hervé NOVELLI
Secrétaire d'Etat auprès de la ministre de l'Economie, des Finances et de l'emploi,
Chargé des Entreprises et du Commerce extérieur

          Monsieur le Ministre,
     L'association «Les Enfants de Tchernobyl» que j'ai fondée et que j'ai l'honneur de présider depuis 1993 est aujourd'hui la plus importante association française totalement indépendante qui vient en aide aux populations d'Ukraine, du Bélarus et de Russie victimes des conséquences de l'explosion du réacteur de Tchernobyl.
     Je vous remercie d'avoir accepté de répondre au nom du gouvernement français à quelques interrogations relatives au dossier de Tchernobyl.

Le 30 septembre 2007
Réponse obtenue par «Le Dniepr» le 6 novembre 2007:
 
     «Comme convenu voici les réponses aux questions que vous nous avez envoyées. Nous sommes désolés mais nous n'avons pas pu traiter certaines d'entre elles car elles ne relèvent pas de nos compétences ministérielles. Sachez que nous en sommes vraiment désolés.
     En tout cas le ministre était vraiment ravi de pouvoir réaliser cette interview car l'Ukraine est un pays qui revêt une importance stratégique pour la France et les enfants de Tchernobyl est une cause qui lui tient personnellement à cœur.

     Bien à vous,
     Aurore Longuet
     Service de presse d'Hervé Novelli»

MEYER: «Lundi 17 septembre 2007, accompagné des représentants de BOUYGUES et de VINCI qui forment le consortium NOVARKA, vainqueur de l'appel d'offres lancé par la BERD pour la construction de la nouvelle enceinte de confinement du réacteur n°4 de la centrale de TCHERNOBYL, vous vous êtes rendu sur le site du réacteur sinistré puis vous avez assisté à la signature du contrat.
Que signifie la signature de ce contrat pour le gouvernement français?»

NOVELLI: «Je suis très heureux de la signature de ce contrat. En effet, la construction du sarcophage met fin à une page tragique de l'histoire de l'Ukraine et de la communauté internationale. Il faudra à l'avenir être extrêmement strict sur le respect des règles de sûreté, essentiel pour permettre de créer un climat de confiance dans le nucléaire, source d'énergie essentielle pour répondre aux défis énergétiques et environnementaux de demain. J'ai d'ailleurs tenu à me rendre sur le site du réacteur accidenté pour adresser un message de solidarité à tous ceux que la tragédie a touchés et endeuillés».

MEYER: «Cette signature intervient après quinze ans de tergiversations ukrainiennes, d'appels d'offre sans cesse modifiés voire annulés et de rivalités industrielles internationales. L'instabilité politique en Ukraine depuis son indépendance, la corruption rampante et endémique dans tous les secteurs d'activité de cette ancienne République de l'Union Soviétique ne font-ils pas craindre au gouvernement de la France que ce projet ne puisse pas être mené à terme?»

NOVELLI: «La réponse n'est pas de notre compétence ministérielle»

MEYER: «Le montant du contrat s'élève à 432 millions €. Le financement est assuré par un fonds, le «Chernobyl Shelter Fund» (CSF) constitué en novembre 1997 à l'initiative du G7, abondé de dons internationaux (dont 26,3% de la Commission européenne et 5,77% de la France) et administré par la Banque Européenne pour la Reconstruction et le Développement (BERD). Considérant la nature exceptionnelle du projet, les nombreux problèmes techniques et de faisabilité qu'il reste à résoudre et la durée prévue des travaux (53 mois d'octobre 2007 à 2012), un dépassement du coût semble possible. Dans un tel cas, quelle serait la charge financière supplémentaire pour la France?»

NOVELLI: «Le fonds CSF a reçu 735 M€, dont 308 M€ ont déjà été déboursés pour la préparation du projet. La France a contribué à hauteur de 41,7 M€. A titre de comparaison, la Communauté européenne a donné 204,8 M€, le Royaume-Uni 47,6 M€, le Japon 42,8 M€ et les Etats-Unis 138,8 M€. La lettre de commande mentionne Novarka comme adjudicataire de l'appel d'offre de la BERD pour un montant de 312,5 M€ (l'offre initiale) et une part révisable et actualisable de 139,6 MUSD (en raison du retard du projet et du renchérissement du coût des matières premières). La BERD estime que 490 M€ sont nécessaires. A ce jour, seuls 430 M€ sont cependant disponibles. Une nouvelle reconstitution du fonds CSF sera donc nécessaire à partir de 2009. Cette reconstitution nécessitera la participation de l'ensemble des pays du G7 et de l'UE, conformément au Mémorandum d'Entente signé avec l'Ukraine en 1995, en fonction des capacités contributives de chacun.
     Dans ce cadre, il pourrait être envisageable de réfléchir en termes de contribution par zones géographiques, l'effort, déjà important, consenti par l'UE et ses Etats membres devant être entendu comme un tout. Il est également nécessaire que la Russie et l'Ukraine contribuent de manière significative à cette reconstitution»

MEYER: «Depuis une dizaine d'années, le Parquet Général d'Ukraine ne cesse de traiter des dossiers relatifs à des trafics volumineux de métaux fortement irradiés sortis illégalement de la zone d'exclusion autour de la centrale de TCHERNOBYL. En 2003, la «direction» de la centrale nucléaire a été accusée par la Justice ukrainienne d'avoir vendu illégalement 315 tonnes de tubes métalliques en cuivre, nickel et fer. Le Parlement européen vient d'intervenir récemment à ce propos. Depuis la signature de ce contrat, l'image de notre pays est associée dans l'opinion publique internationale au démantèlement de la centrale de Tchernobyl. Le gouvernement français envisage-t-il des mesures pour contrer ces vols et trafics de déchets radioactifs?»

NOVELLI: «La réponse n'est pas de notre compétence ministérielle»

MEYER: «Selon une étude publiée le 17 septembre dernier, réalisée par «The Blacksmith Institute», un organisme américain spécialisé sur la question environnementale, la région de Tchernobyl figure toujours en tête du classement des endroits les plus pollués de la planète. Au delà de ce contrat obtenu par 2 sociétés françaises, le gouvernement français dont l'environnement semble être l'une des priorités actuelles projette-t-il de participer à la gestion des conséquences environnementales de cette catastrophe qui se poursuit aujourd'hui?»

NOVELLI: «La réponse n'est pas de notre compétence ministérielle»

MEYER: «A l'invitation des autorités, je me suis rendu sur le site de Tchernobyl. Saisissant spectacle que ce cadavre de métal et de béton, balafré d'échafaudages et de contrepoids chargés de maintenir le vieux sarcophage. A plus d'une centaine de mètres de la centrale blessée, notre compteur Geiger affichait plus de 300 microroentgen par heure (mR/h) alors que la valeur moyenne de la radiation naturelle dans notre pays oscille entre 10 et 20 mR/h. Nous avons croisé dans cette atmosphère radioactive des ouvriers, des techniciens, des hommes en uniforme, des femmes élégantes mais personne ne portait d'équipement de protection. Les sociétés BOUYGUES et VINCI affirment que tout le personnel travaillant dans la zone de montage sera équipé de tenues adaptées et de dosimètres qui feront l'objet chaque jour d'un traitement spécifique réalisé sur le  site. Ces employés des sociétés françaises bénéficieront-ils sur place des contrôles, du suivi et des prestations des organismes de contrôle français, en particulier de l'IRSN?»

NOVELLI: «La réponse n'est pas de notre compétence ministérielle. Il faut se diriger vers le consortium Novarka»

MEYER: «21 ans après l'explosion du réacteur de Tchernobyl, des millions de personnes consomment encore aujourd'hui en Ukraine (mais aussi au Bélarus et en Russie) des produits contaminés, en particulier par le césium 137. Notre association humanitaire, en collaboration avec l'Académie des Sciences d'Ukraine, a démontré la contamination encore actuelle et parfois importante de l'organisme des enfants qui vivent jusqu'à 200 km de Tchernobyl. Le projet prévoit l'intervention de 900 ouvriers ukrainiens encadrés par un personnel d'encadrement français composé de 60 expatriés.
     Les ingénieurs et techniciens français vont-ils consommer eux aussi des produits locaux radioactifs ou bien seront-ils alimentés en nourriture saine importée, éventuellement de France?
     Si de la nourriture saine est acheminée, les centaines d'Ukrainiens qui travailleront sur le chantier auront-ils droit eux aussi à cette nourriture?»

NOVELLI: «La réponse n'est pas de notre compétence ministérielle. Il faut se diriger vers le consortium Novarka»

MEYER: «Lors de votre récent séjour ukrainien, vous avez pu visiter le Centre Médical français de Kiev. Mme Marie-Laurence Simonet, sa fondatrice, vient d'exprimer son inquiétude quant à la progression depuis quelques années du nombre de cas de leucémie chez les enfants qui vivent sur les territoires contaminés par les retombées radioactives de Tchernobyl. Pour notre part, fort de notre présence constante depuis une quinzaine d'années auprès des populations de ces régions, nous pouvons témoigner de la situation sanitaire dégradée de ces personnes.
     Le gouvernement de la France envisage-t-il d'apporter un soutien sanitaire aux populations qui continuent de vivre en Ukraine, au Bélarus et en Russie sur des sols notablement contaminés par la radioactivité de Tchernobyl?»

NOVELLI: «La réponse n'est pas de notre compétence ministérielle»

MEYER: «Les 15 et 16 novembre 2005, le Président de la République d'Ukraine a effectué une visite de travail en France. Lors de sa réception par le Président Jacques Chirac, ont été abordés le renforcement des relations bilatérales, notamment économiques et l'approfondissement du partenariat privilégié UE/Ukraine. Quelques jours auparavant à Kiev, les deux ministres des Affaires Etrangères ont signé la Feuille de Route. Deux ans après cette signature, quelles sont les réalisations effectives?»

NOVELLI: «La "feuille de route" a largement contribué à relancer la dynamique des relations bilatérales entre la France et l'Ukraine. Cette feuille de route contient outre des volets politique, justice, sécurité et culture, un large volet économique qui fixait des objectifs dans les secteurs de l'énergie, des transports et des infrastructures. Elle visait également le suivi de mémorandums signés entre les entreprises françaises (AREVA, GdF, Air France, Bouygues, 3M, EADS, Sagem, CMA-CGM, Arcelor, Saint Gobain) et les Ministères ukrainiens. Aujourd'hui,  l'essentiel des objectifs de la feuille de route a été réalisé.
     Encouragés par le bilan positif de la mise en œuvre de la "feuille de route" de 2005, une deuxième "feuille de route" franco-ukrainienne, pour la période 2008-2009, pourrait être signée, par les Ministres des Affaires étrangères ukrainien et français, après la formation d'un nouveau gouvernement.»

MEYER: «A l'occasion d'une rencontre avec la presse le 12 septembre 2007, M. Jean-Paul VEZIANT, Ambassadeur de France en Ukraine, a évoqué les nouvelles orientations de la France en politique étrangère. Le 17 septembre, à l'issue de la cérémonie de signature du contrat, vous vous êtes entretenu avec M. Viktor Iouchtchenko, Président de l'Ukraine au nom du gouvernement français. Quel est l'état actuel de nos relations politiques bilatérales avec l'Ukraine et quelles sont les perspectives d'avenir?»

NOVELLI: «Nos relations sont excellentes, comme l'atteste le rythme de ces visites.
     Dans les domaines qui sont les miens, nos relations sont également bonnes même s'il existe des marges de progression. En 2006, les échanges commerciaux avec l'Ukraine ont progressé de 33% et ont dépassé pour la première fois le milliard €. L'excédent commercial de la France est passé à 463 M€ en 2006 (contre 347 M€ en 2005), atteignant ainsi un niveau record. La France est aussi un investisseur de premier plan en Ukraine dans les domaines bancaire, agroalimentaire et de la grande distribution.
     Avec un montant d'exportations proche de 800 M€ en 2006, la France se place au 8ème rang des fournisseurs de l'Ukraine. J'ai à l'occasion de mon déplacement pu témoigner au Président ukrainien la détermination du gouvernement français à soutenir les efforts de nos entreprises sur ce marché en plein essor. Après le succès de la première "feuille de route" signée entre les deux pays en 2005, je souhaite que cet accord soit rapidement renouvelé et contribue à accélérer le rythme de ce rapprochement.»