La G@zette Nucléaire sur le Net!  
G@zette N°215/216

DOSSIER ENERGIE
Commentaire GAZETTE


     Je vous offre trois contributions sur l'énergie.
     1- Celle de Action Environnement tente de bâtir une politique énergétique sans nucléaire s'appuyant sur l'idée suivante :
     “La politique énergétique pour les prochaines décennies ne peut donc s'élaborer indépendamment de la politique économique, sociale, territoriale et environnementale du pays. C'est pourquoi il faut élaborer un véritable projet de développement durable dans lequel s'intégrera la politique énergétique. Ce projet remettra beaucoup de choses en question, mais il est à la fois nécessaire et urgent de l'élaborer puis de le réaliser.”
     Cette politique énergétique se décline alors en 7 points (que je mets dans l'ordre de leur papier): 
     - abandon du nucléaire mais prise encharge de la remise en ordre des sites miniers, de centrales, de toutes installations nucléaires...
     - réduction de la consommation de pétrole
     - réduction de la consommation globale d'énergie et meilleure utilisation de l'énergie
     - développement des énergies renouvelables
     - décentralisation de la production d'énergie
     - réduction de la dépendance extérieure
     - réorientation de la recherche

     2- Celle de J. Hamon (Institut de Recherche pour le Développement, Paris) s'appuie sur :
     “La sortie du nucléaire doit être placée dans un quadruple contexte rarement évoqué par ses promoteurs : la durée de vie des tranches nucléaires en service, les contraintes de la lutte contre les émissions excessives de gaz à effet de serre, la problématique de la disponibilité commerciale des énergies fossiles conventionnelles, et la nécessité d'éviter un choix socio-économique.”

     3- Extraits du rapport du "Comité des Sages"

     Commentaires
     Personnellement je penche plus pour la ligne de pensée de Action Environnement mais je vous ai transcrit l'argumentaire proche des écologistes pour le nucléaire parce que je pense que connaitre les argumentaires permet de mieux intervenir sur ce sujet complexe. 
     Dans la contribution de J. Hamon il y a plusieurs affirmations qui demandent à être explicitées :
     - la durée de vie des réacteurs
     Les affirmations d'EDF, même appuyées par un rapport de l'Office Parlementaire n'ont pas force de loi. C'est l'Autorité de Sûreté appuyée par ses appuis techniques qui donnera des autorisations de fonctionnement au-delà de 30 ans. Cette autorisation repose sur l'estimation du vieillissement possible de la cuve et de l'enceinte de confinement mais aussi sur l'état général du réacteur en examen. Les voeux d'EDF sont donc des voeux pas des certitudes. La tenue des aciers mais surtout l'état des installations gouverneront le temps de vie.

suite:
     - surcapacité qualifiée de légère. Environ 20% de la production sert à l'exportation. Quant à la canacicule elle a révélé un planning d'arrêt mal pensé en cas de grosses chaleur. Mais les nécessités du réseau seront difficilement compatibles avec des réacteurs situés seulement sur le Rhone, le Rhin ou la mer (océan atlantique, Mer du Nord ou Manche)
     - Le nombre de réacteurs envisagée au niveau européen : 750 en 2018 est irréaliste. Comment croire que l'on pourra dés 2005 construire 5 réacteurs par an. Même en les répartissant sur les 25 pays européens, les capacités industrielles font défaut.
     Mais envisager comme alternative 46.800 éoliennes en 2023 soit 246 par an dés 2005 est tout aussi irréaliste.
     - Auune des hypothèse n'a de sens: 100 EPR en 25 ans est tout aussi sans fondement que 160.000 éoliennes. De même envisager un équipement du Sahara pour ramener l'électricité photovoltaïque de l'Afrique vers l'Europe est d'une part oublier que les pays d'Afrique sont maitres chez eux et d'autre part sûrement pas la voie à suivre.
     Je n'ai aucune solution miracle mais je reste persuadée que le premier geste fort sera de lancer un vaste progtamme d'économie d'énergie, de cesser de privilégier la voiture particulière et les camions et d'arrêter de croire ou faire croire que le nucléaire est la solution. S'il y avait une solution ça se saurait : un programme ne peut être que diversifié et ouvert. Mais il est vrai qu'il faut cesser les parlottes et agir. Quant à donner des chiffres il est inutile d'essayer de remplacer un 1000 MWé par 1350 éoliennes. Apprenons à décentraliser VRAIMENT et à concocter des plans régionaux en fonction des besoins des habitants et des possibilités de leur environnent.
     Je sais être en contradiction avec ceux qui pensent qu'il faut relancer le charbon. Simplemenyt il ne faut pas oublier qu'en l'état du parc charbon EDF nous garderions de toute façon une vingtaine de réacteurs nucléaires puisque nous ne voulons pas faire d'économies, bien sûr pas toujours si faciles mais on peut effectivement changer de politique industrielle, de politique des transports. De toute façon toute politique qui prévoit un accroissement de la consommation pétrole, électricité est vouée à l'échec.
     Et même si la Chine est partie sur un schéma de croissance sans frein, cela ne signifie pas qu'elle a raison mais qu'elle ne sait pas tirer de leçons de ce qui se passe dans les pays “dits riches”.
p.8

ACTION ENVIRONNEMENT
Association agréée de protection de l'environnement
LA POLITIQUE ÉNERGÉTIQUE DE LA FRANCE
Avis de l'association Action Environnement
     La production, le transport et la consommation de l'énergie sont à l'origine d'atteintes très graves à l'environnement, à la santé publique et au cadre de vie des populations, en France et ailleurs dans le monde. Ils sont une composante majeure de la crise environnementale que connaît la planète aujourd'hui.
     Comme le reconnaissait le président de la République, le 3 mai 2001 (discours d'Orléans), «nous devons aller progressivement vers un système énergétique différent, plus économe, notamment en matière d'énergie fossile».
     Nous proposons que la France modifie profondément son système énergétique afin de l'inscrire dans le développement durable, avec sept axes majeurs :
     - la préservation de l'environnement, et en particulier de l'eau, de l'air et des climats
     - la prévention des catastrophes de toutes sortes
     - la protection de la santé et du cadre de vie des populations
     - la prise en compte du long terme et des générations futures
     - la souci d'un accès équitable à l'énergie pour tous les peuples et toutes les personnes
     - l'utilisation économe des ressources naturelles, surtout des ressources non renouvelables
     - la participation du public aux décisions relatives au choix des types d'énergie et à la production de l'énergie.
     De par son appartenance à l'Union européenne et du fait qu'elle a signé ou ratifié des déclarations, des conventions ou des traités internationaux, la France a pris des engagements, qu'elle doit tenir.
     Nous rappelons et citons ci-dessous quelques-uns de ces textes:
     - Traité instituant la Communauté européenne (25 mars 1957)
     «La Communauté a pour mission  (.) de promouvoir dans l'ensemble de la Communauté un développement harmonieux, équilibré des activités économiques (…), un niveau élevé de protection et d'amélioration de la qualité de l'environnement…» (article 2)
     «La politique de la Communauté dans le domaine de l'environnement contribue à la poursuite des objectifs suivants:
     - la préservation, la protection et l'amélioration de la qualité de l'environnement,
     - la protection de la santé des personnes
     - l'utilisation prudente et rationnelle des ressources naturelles…» (article 174)
     - Décision du Parlement européen et du Conseil du 22 juillet 2002 établissant le 6° programme d'action communautaire pour l'environnement
     «Le programme vise à :
     - souligner que le changement climatique constitue le défi principal pour les dix prochaines années et au-delà, et contribuer à l'objectif à long terme que constitue la stabilisation des concentrations de gaz à effet de serre dans l'atmosphère à un niveau qui empêche toute perturbation anthropique dangereuse du système climatique (…),
     - contribuer à atteindre un niveau élevé de qualité de la vie et de bien-être social pour les citoyens e leur procurant un environnement dans lequel la pollution n'a pas d'effets nuisibles sur la santé humaine et l'environnement ainsi qu'en encourageant un développement urbain durable,
     - exploiter plus efficacement les ressources et mieux gérer les ressources et les déchets pour instaurer des modes de production et de consommation plus durables (.) en visant à garantir que la consommation de ressources renouvelables et non renouvelables ne va pas au-delà de ce que l'environnement peut supporter.»  (article 2)
suite:
     - Articles 5 et 8 dans leur intégralité.
     - Directive 2001/77/CE du Parlement européen et du Conseil du 27 septembre 2001 relative à la promotion de l'électricité produite à partir de sources d'énergie renouvelables sur la marché intérieur de l'électricité.
     - «La Communauté reconnaît la nécessité de promouvoir en priorité les sources d'énergie renouvelables, car leur exploitation contribue à la protection de l'environnement et au développement durable. » (Considérant 1)
     - Objectif indicatif national pour la France 2010 pour la part de l'électricité produite à partir de sources d'énergie renouvelables dans la consommation brute d'électricité : 21% (1997 : 15%)
     - Déclaration de Rio de Janeiro sur l'environnement et le développement (1992)
     «Le droit au développement doit être réalisé de façon à satisfaire équitablement les besoins relatifs au développement et à l'environnement des générations présentes et futures. » (Principe 3)
     «Pour parvenir à un développement durable, la protection de l'environnement doit faire partie intégrante du processus de développement et ne peut être considéré isolément. » (Principe 4).
     - Rapport du Sommet mondial pour le développement durable -  Johannesburg (2002)
     «Nous estimons que l'élimination de la pauvreté, l'adaptation des modes de consommation et de production, ainsi que la protection et la gestion viable du stock de ressources naturelles nécessaires au développement économique et social sont des objectifs primordiaux de développement durable et en sont aussi les conditions préalables. » (annexe - §11)
     - Protocole de Kyoto (1997): Ratifié par la France le 10 juillet 2000
     Les pays de l'Union européenne doivent réduire d'ici à 2008-2012 les émissions de gaz à effet de serre de 8% par rapport aux niveaux de 1990.
     Dans le droit français, on peut citer notamment le Code de l'environnement, qui affirme l'importance de la protection des espaces, ressources et milieux naturels et de la qualité de l'air et qui définit les principes fondamentaux du développement durable (art. 110-1) ou bien encore la loi du 19 février 2001 tendant à conférer à la lutte contre l'effet de serre et à la prévention des risques liés au réchauffement climatique la qualité de priorité nationale.
     Enfin il est très important de souligner que le système énergétique est intimement lié à l'habitat, à l'aménagement du territoire, aux déplacements et aux modes de transport, et finalement aux modes de vie de la population.
     On ne saurait modifier la politique énergétique sans modifier les politiques relatives à l'habitat, à l'aménagement du territoire et aux transports.
     La politique énergétique pour les prochaines décennies ne peut donc s'élaborer indépendamment de la politique économique, sociale, territoriale et environnementale du pays. C'est pourquoi il faut élaborer un véritable projet de développement durable dans lequel s'intégrera la politique énergétique. Ce projet remettra beaucoup de choses en question, mais il est à la fois nécessaire et urgent de l'élaborer puis de le réaliser.
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1. ABANDONNER LE NUCLÉAIRE
     La France possède un important parc électronucléaire de centrales PWR qui fournit environ 80% de l'électricité du pays.
     Les partisans du nucléaire mettent en avant l'un de ses avantages: sa contribution à la limitation des rejets de gaz à effet de serre. Malgré cet avantage indéniable, le nucléaire ne nous paraît pas être compatible avec le développement durable, pour les raisons suivantes :
     1/ Le combustible (uranium) est une ressource non renouvelable
     2/ Le nucléaire produit des déchets radioactifs très dangereux et d'une très longue durée de vie. Alors que le nucléaire existe depuis plus de 40 ans dans notre pays, aucune solution satisfaisante n'a encore été trouvée pour l'élimination ou le stockage de certaines catégories de ces déchets, en particulier pour les déchets à haute activité, pour les déchets à vie longue (des centaines de milliers ou de millions d'années) et pour les combustibles irradiés non retraités.
     On peut d'ailleurs se demander si, pour des substances d'une telle durée de vie et d'une telle toxicité, il est possible de trouver une solution de confinement satisfaisante.
     En tout cas, les générations futures auront à gérer ces déchets alors qu'elles ne bénéficieront probablement pas de la forme d'énergie qui les a générés et elles auront peut-être même à en subir les conséquences néfastes.
     Produire de tels déchets est donc contraire aux principes du développement durable, et notamment aux principes de précaution, de prise en compte du long terme, de pollueur-payeur et de respect des générations futures.
     3/ Les centrales nucléaires existantes, ainsi que beaucoup d'autres installations nucléaires (centres de recherches, usines d'enrichissement, usine de retraitement, stockage de déchets radioactifs), peuvent connaître des accidents graves et même des catastrophes.
     Leurs causes peuvent être :
     - des défaillances, dysfonctionnements, incendies…d'origine interne
     - un séisme de grande amplitude
     - des événements météorologiques extrêmes : inondation, tempête, froid intense…
     - la chute d'un avion de ligne
     - un acte de malveillance
     - un acte terroriste
     - un acte de guerre.
     Or plusieurs de ces causes ne sont pas prise en compte dans les études de sûreté, dans la conception et la construction des centrales ou dans les plans de secours.
     Un accident à caractère catastrophique est donc possible. Dans ce cas, des rejets importants et brutaux de substances et de gaz radioactifs pourraient avoir des effets extrêmement graves pour la population et pour l'économie des régions touchées et contaminées.
     Même si la probabilité d'une telle catastrophe est très faible, le simple fait qu'elle existe (et même si elle est officiellement niée) fait du nucléaire une énergie inacceptable et contraire à une perspective de développement durable.
     Voir sur ce sujet le dossier publié en octobre 2002 par l'association ACTION ENVIRONNEMENT : «L'insécurité nucléaire» 38 pages.
     Par conséquent nous proposons 
     - la fermeture progressive de toutes les centrales nucléaires
     - la fermeture immédiate des centrales les plus anciennes ou les plus proches des grandes agglomérations
     - l'abandon du projet EPR
     - l'abandon de tout projet de construction de nouveaux réacteurs nucléaire
     - l'arrêt du retraitement des combustibles irradiés
     - l'arrêt du chantier du laboratoire souterrain de Bure (Meuse) et l'abandon des recherches d'autres sites pour l'implantation de laboratoires souterrains
     - le renforcement des recherches pour le conditionnement et l'entreposage des déchets
     - le renforcement de la sécurité des installations qui continueront à fonctionner
    - la révision de la doctrine relative aux accidents, afin d'inclure les risques de rejets rapides et massifs de radioactivité
suite:
     - la révision totale de la réglementation relative aux mesures préventives et aux situations de crise
     - l'assainissement et le suivi à long terme de tous les sites miniers d'uranium.

2. RÉDUIRE LA CONSOMMATION DE PÉTROLE

     Le pétrole est l'énergie primaire la plus consommée en France (47% de le consommation totale d'énergie en 2000). Il est presque entièrement importé. 85 millions de tonnes de pétrole brut et 26 millions de tonnes de produits raffinés ont été importées en 2001.
     Il est impératif de réduire fortement la consommation de pétrole pour les raisons suivantes :
     1/ Le pétrole est une énergie non renouvelable. Ses réserves pourraient être épuisées dans quelques décennies.
     2/ La production et le transport du pétrole sont à l'origine de nombreuses destructions ou dégradations des milieux naturels et de l'environnement en général, des mers et des océans en particulier.
     3/ La consommation du pétrole est responsable du rejet, dan l'atmosphère, de nombreux polluants (oxydes d'azote, oxydes de soufre…) nocifs pour les écosystèmes et la santé des hommes.
     4/ La combustion du pétrole provoque l'émission de gaz carbonique, l'un des principaux gaz à effet de serre.
     Or l'on prévoit que l'accumulation du gaz carbonique dans l'atmosphère entraînera un réchauffement qui provoquera lui-même d'importantes modifications des climats, lesquelles risquent d'avoir des répercussions très fortes, et en partie catastrophiques, sur les écosystèmes, la biodiversité, l'économie et les conditions de vie dans de nombreuses régions du monde.
     D'après certains spécialistes, comme Warren Washington, du Centre national de recherche atmosphérique (NCAR) américain, la température mondiale moyenne pourrait augmenter de 10° à la fin du siècle si les émissions de gaz à effet de serre n'étaient pas réduites.
     D'après Jean Jouzel, climatologue, « il faut redescendre à 2 ou 3 milliards de tonnes d'émissions mondiales de gaz à effet de serre dans la deuxième moitié du 21° siècle alors qu'on est déjà aujourd'hui à 7 milliards. Si on ne fait rien, on sera à 20 milliards en 2100. » (Midi Libre – 21.02.2003).
     Comme la consommation de pétrole va probablement augmenter, dans les années à venir, dans les pays en voie de développement, il est absolument nécessaire qu'elle baisse dans de fortes proportions dans les pays riches, dont la France.
Cette réduction passe notamment par une réforme complète de la politique des transports, qui consomment plus de la moitié du pétrole. Il faut favoriser le transport des marchandises par le rail, le développement des transports en commun pour les personnes (autobus, train, métro, tramway…) et les déplacements non motorisés.

3. RÉDUIRE LA CONSOMMATION GLOBALE ÉNERGIE ET MIEUX UTILISER L'ÉNERGIE

     Il est nécessaire de réduire la consommation globale d'énergie et d'améliorer l'efficacité énergétique pour les raisons suivantes :
     1/ Toute production d'énergie, même la production d'énergies renouvelables, a un impact sur l'environnement, le cadre de vie ou les paysages.
     Moins consommer d'énergie, c'est donc avoir moins d'énergie à produire et à transporter et donc réduire les impacts.
     2/ L'abandon du nucléaire et la réduction (puis la suppression) de la consommation de pétrole ne peuvent se réaliser qu'en mettant en place une politique d'économie d'énergie ambitieuse et touchant à tous les domaines : transports, véhicules, habitat, industrie, appareils électriques et électroniques, éclairage, matériaux, etc.
     Le gisement des économies d'énergie est le premier gisement d'énergie de France.
p.10

     QUELQUES EXEMPLES :
     Transports: Le transport en commun des personnes et le transport des marchandises par rail nécessitent moins d'énergie que le transport en voiture et que le transport par camion.
     Véhicules: Il est possible de faire des véhicules (voitures notamment) qui consomment encore moins d'énergie que maintenant, malgré les progrès déjà réalisés.
     Matériaux: Le recyclage des matériaux (papier, carton, verre, métal…) nécessite moins d'énergie que la production de matériaux neufs.
     Habitat: L'isolation et la conception même des bâtiments (ou leur modification) permettent de réduire fortement les besoins en chauffage et les besoins de climatisation en été (habitat bioclimatique).
     Éclairage: Le remplacement des lampes classiques par des lampes basse consommation permet une réduction significative de la consommation d'électricité (éclairage des appartements et des locaux, éclairage public).
     Appareils: Les appareils ménagers et les appareils électriques et électroniques peuvent consommer moins d'énergie que beaucoup de ceux qui existent ;

     - L'objectif de réduction de la consommation d'énergie doit être intégré dans toutes les politiques sectorielles.
     - La modification des modes de vie, des modes de consommation et des modes de déplacement peut permettre de réduire fortement les consommations d'énergie. L'énergie doit devenir une préoccupation quotidienne, intégrée dans la vie de tous les habitants ;
     Cela passe par des actions d'information, de sensibilisation et de formation menées à grande échelle et sur le long terme ;
     - Une partie de l'énergie produite est mal utilisée, c'est-à-dire que le rendement global est mauvais.
     Deux exemples :
     Le chauffage électrique: Le rendement du chauffage utilisant l'électricité produite par des centrales thermiques ou nucléaires est très mauvais. De plus, si on utilise de façon croissante le gaz pour produire de l'électricité (afin de remplacer le pétrole et l'uranium), il sera encore plus aberrant d'utiliser cette électricité pour le chauffage avec un rendement global de 25 à 30% alors que le rendement de la combustion directe de gaz dans les logements a un rendement de 80% environ.
     Il faut arrêter toute publicité et toute promotion en faveur du chauffage électrique.
     La perte d'énergie dans la production de l'électricité: Une bonne partie de l'énergie produite par une centrale thermique ou une centrale nucléaire est perdue (dispersion dans l'air et dans l'eau de refroidissement). Grâce aux techniques de la COGENERATION qui permettent de produire de la chaleur ou de la vapeur en plus de l'électricité, le rendement global est bien meilleur (70 à 90%).

4. DÉVELOPPER LES ÉNERGIES RENOUVELABLES

     Il est nécessaire de favoriser fortement les énergies renouvelables afin de compenser l'arrêt progressif des centrales nucléaires et la réduction de la consommation de pétrole.
     L'objectif de 21% en 2010 fixé par la directive 2001/77/CE (voir ci-dessus p.3) doit être atteint et même dépassé, de même que les objectifs figurant en annexe de l'arrêté du 7 mars 2003 relatif à la programmation pluriannuelle des investissements de production d'électricité (Tableau 1).
     Les principales énergies renouvelables qui doivent être développées sont :
     L'énergie solaire:
     - solaire thermique : fourniture d'eau chaude pour le chauffage des locaux ou de l'eau
     - solaire photovoltaïque : fourniture d'électricité
     L'énergie éolienne: Création de parcs éoliens offshore, sur les côtes ou à l'intérieur des terres (fournitures d'électricité).
     La France dispose du deuxième potentiel éolien d'Europe.
     L'énergie hydraulique: La plupart des sites sont déjà équipés et le potentiel est donc assez faible.
     Possibilité de petites installations pouvant alimenter une habitation ou un hameau.
suite:
     Le bois: La France possède la première forêt d'Europe occidentale et le bois-énergie est sa principale ressource énergétique d'origine renouvelable après l'hydraulique. Cette ressource peut pourtant être davantage exploitée pour le chauffage individuel ou le chauffage collectif.
     Le bois-énergie n'engendre pas d'émissions nettes de gaz à effet de serre tant que la surface boisée est stable ou en croissance.
     Le biogaz: il peut être produit par les décharges de déchets ménagers, les fosses à lisier et les installations de méthanisation utilisant les biodéchets, les boues d'épuration, les déchets agricoles ou les déjections animales.
     La valorisation énergétique du biogaz peut produire de l'électricité, de la chaleur ou du carburant. Il peut également être injecté directement dans le réseau de gaz naturel.
     Le biogaz valorisable pourrait représenter de 1à à 20% de la consommation française de gaz naturel.
     Les biocarburants: Certaines terres agricoles peuvent être utilisées pour la culture des plantes, telles que le tournesol ou le colza, qui sont des sources d'énergie renouvelables : production d'ester méthylique, de méthanol, d'éthanol ou mieux encore d'huile végétale brute. Ces biocarburants remplaceraient une partie du pétrole.
     La géothermie: - la ressource géothermique profonde doit être utilisée avec précaution et modération, sinon les gisements peuvent s'épuiser (et par conséquent il ne s'agit plus vraiment d'une énergie renouvelable).
     Exemple : Meaux (Seine et Marne) – 15.000 logements chauffés grâce à l'exploitation de l'eau chaude profonde (1.800 mètres)
     - la ressource géothermique superficielle (terme abusif pour "pompes à chaleur") mérite d'être davantage exploitée pour le chauffage des habitations, de l'eau sanitaire, des piscines ou pour la climatisation.
     Les énergies de la mer: énergie des marées, des courants ou des vagues.
     Les techniques permettant d'exploiter et d'utiliser ces différentes énergies existent déjà, et parfois depuis longtemps. Ces énergies peuvent donc être développées très rapidement ;
     Outre leur caractère renouvelable, et inépuisable pour certaines d'entre elles, elles présentent de grands avantages, tels qu'une faible production de déchets et de gaz à effet de serre, un impact faible en terme de santé publique, de faibles risques de catastrophes et l'abondance sur le territoire national.
     Leur développement doit cependant se faire en tenant compte de leur impact sur les milieux naturels, l'environnement, le paysage et le cadre de vie.
     «La double stratégie efficacité énergétique / sources d'énergies renouvelables est fortement créatrice d'emploi locaux, incite à la création de PME-PMI, augmente la productivité et la compétitivité des entreprises, développe des industries d'équipement, renforce nos capacités d'exportation, diminue les dépenses fatales des ménages, consolide l'aménagement et le développement durable du territoire, participe évidemment de la protection et de l'amélioration de l'environnement, accroît notre indépendance énergétique et diminue la facture énergétique, enfin permet à la France de respecter ses engagements internationaux, notamment dans le cadre de la lutte contre le changement climatique ;
     (…) A long terme (50 ans), l'épuisement probable ou la concentration géographique des ressources fossiles à bas coûts d'extraction, la disgrâce du nucléaire dans l'opinion publique et le renchérissement de ses coûts, enfin, sûrement la contrainte carbone (augmentation de l'effet de serre) plaident pour que notre stratégie soit mise en  oeuvre dès aujourd'hui lorsque l'on considère que les temps de réponse de la demande en énergie (…) sont de l'ordre du demi-siècle.» (Rapport au Premier Ministre «Stratégie et moyens de développement de l'efficacité énergétique et des sources d'énergies renouvelables en France», par Yves Cochet – 2000 – La documentation française.)
p.11

5. DÉCENTRALISER LA PRODUCTION D'ÉNERGIE
     La Production française d'énergie est très centralisée, surtout pour ce qui concerne l'électricité (de grosses unités de production et des ouvrages de transport d'électricité à travers tout le territoire).
     L'abandon du nucléaire et la réduction de la consommation du pétrole obligent à revoir toute l'organisation de la production d'énergie ;
     L'objectif est que chaque région, chaque commune, chaque ville, chaque village et chaque bâtiment produise une partie (la plus grande possible) de l'énergie qu'il consomme. Il s'agit principalement de l'énergie sous forme de chaleur et sous forme d'électricité.
     Pour la CHALEUR: géothermie, capteurs solaires à eau, habitat bioclimatique, bois, biogaz…
     Pour l'ÉLECTRICITÉ: éoliennes, panneaux photovoltaïques, biogaz, hydroélectricité…
     A l'échelle départementale ou régionale, il est aussi possible de produire des biocarburants.
     Une telle décentralisation de la production d'énergie permettra de réduire le nombre des grosses installations de production, qui fonctionneront pour la plupart au gaz.
     Il est donc nécessaire de revoir toute la législation et toute la réglementation de façon à permettre, à favoriser et à faciliter cette nouvelle orientation de la politique énergétique qui aura également pour effet de responsabiliser les consommateurs d'énergie
     Il faut notamment inciter les collectivités locales, les entreprises et les particuliers à s'équiper en moyens de production d'énergie. Les communes peuvent être productrices d'énergie et distributrices de l'énergie ainsi produite.

6. RÉDUIRE LA DÉPENDANCE A L'ÉGARD DE L'EXTÉRIEUR

     Aujourd'hui la quasi-totalité du pétrole, du gaz et de l'uranium proviennent de pays étrangers ;
     Cette situation de très grande dépendance rend fragile et vulnérable toute l'économie de notre pays, comme plusieurs « crises pétrolières » l'ont déjà montré. D'autre part, le développement durable implique que chaque pays et chaque région essaie de satisfaire lui-même ses besoins de base et en particulier ses besoins en énergie. Enfin la réduction du transport des matières énergétiques réduira les risques d'accidents et de catastrophes.
     Nous proposons donc que la France produise l'essentiel de son énergie. L'abandon du nucléaire, la réduction de la consommation de pétrole et le développement des énergies renouvelables permettront d'atteindre progressivement cet objectif.

7. RÉORIENTER LA RECHERCHE

     Aujourd'hui les crédits publics en matière de recherche fondamentale et appliquée sont majoritairement consacrés au nucléaire, qu'il s'agisse de la fission ou de la fusion.
Nous proposons la sortie et l'abandon du nucléaire (voir p4 à 6). Par conséquent, il est possible de réorienter totalement la recherche dans le domaine de l'énergie.
     - Pour ce qui concerne le NUCLÉAIRE, étant donné que certaines centrales vont continuer à fonctionner pendant plusieurs années et vu les risques d'accidents graves qui subsisteront donc, les travaux de recherche doivent s'appliquer à l'amélioration de la sûreté des installations existantes. Ils doivent aussi se poursuivre dans le domaine de l'élimination et du stockage des déchets radioactifs, mais sans créer pour l'instant d'installations ou de laboratoires pouvant être convertis en installations de stockage définitives.
     - En dehors du nucléaire, les crédits doivent être attribués aux recherches portant sur :
     • l'efficacité énergétique
     • la réduction des consommations énergétiques dans l'habitat et les transports
     • les énergies renouvelables : éolien, solaire, biomasse, géothermie, énergies de la mer…
     • les énergies ou les systèmes de production énergétique susceptibles de remplacer le pétrole et l'électricité nucléaire, notamment dans les transports.
suite:
Comment sortir du Nucléaire ?
Par Jacques HAMON
Directeur de recherche (e.r.), Institut de Recherche pour le Développement, Paris
30 décembre 2003

Introduction

     Dans le texte qui suit sortir du nucléaire ne concerne que les filières d'utilisation courante, et l'EPR. Les filières de quatrième ou cinquième génération, en cours d'étude, ne produisant pas de résidus radioactifs à vie longue, et susceptibles de brûler les résidus des présentes filières, ne sont pas concernées.
La sortie du nucléaire doit être placée dans un quadruple contexte rarement évoqué par ses promoteurs : la durée de vie des tranches nucléaires en service, les contraintes de la lutte contre les émissions excessives de gaz à effet de serre, la problématique de la disponibilité commerciale des énergies fossiles conventionnelles, et la nécessité d'éviter un choix socio-économique.
La durée de vie des tranches nucléaires en service et le remplacement de leur potentiel énergétique
     Conformément aux conclusions d'un rapport approuvé par le Sénat et la Chambre des Députés (Bataille & Birraux, 2003)), la durée de vie acceptable des tranches nucléaires françaises vient d'être portée à 40 ans permettant, s'il en est ainsi décidé par EDF, après approbation de l'Agence de Sûreté Nucléaire, de sortir du nucléaire sans autre difficulté que d'avoir à le remplacer par des énergies renouvelables pour ne pas accroître les émissions de gaz à effet de serre. Il faut en effet noter que cette production d'électricité nucléaire évite l'émission annuelle de 70 millions de tonnes équivalent carbone (Bataille & Birraux, 2003). Trente-quatre tranches devront fermer d'ici 2023, 20 autres d'ici 2029, et les 4 dernières avant 2039. La puissance installée de ces tranches nucléaires est pour moitié de 900 MW et de 1300 MW, soit une moyenne de 1100 MW installés et de 825 MW effectifs. La France dispose d'une légère surcapacité de production électrique, mais a manqué d'électricité lors de la récente canicule tandis que le passage de la route au rail (tramway, métro, train) et l'utilisation de véhicules familiaux et de service électriques consommera de l'électricité. Un taux de replacement de l'énergie nucléaire proche de l'identique devrait donc être retenu, en l'ajustant pour tenir compte des économies d'électricité découlant de l'interruption de fabrication du carburant nucléaire. Une telle modération paraît toutefois incompatible avec la récente suggestion de la Communauté européenne de construire 750 centrales thermiques d'ici 2018 (Ricard, 2003).
     Pour l'avenir prévisible, seule l'électricité éolienne peut remplacer l'électricité nucléaire. L'échéance n'étant pas immédiate , il paraît logique de faire appel à des équipements de pointe, récemment validés, ayant une puissance installé moyenne de l'ordre de 4 MW l'un, ce qui dans un bon gisement de vent (rendement moyen d'au moins 25% de la puissance installée), correspond à une puissance effective de 1,2 MW. Ceci n'est vrai que si, pendant les périodes de vent trop fort, ou trop faible, la production électrique est assurée par d'autres sources ce qui ne sera que rarement le cas du fait de la lutte contre les émissions de gaz a effet de serre. Lorsque la production électrique sera essentiellement éolienne, l'énergie devra être stockée en période de bon vent, et relarguée en période de mauvais vent, avec une perte en ligne de l‘ordre de 60%. Dans la première hypothèse de travail il ne faudrait que 688 éoliennes pour remplacer une tranche nucléaire mais, dans la seconde, il en faudra 1376. Dans le calendrier précité cela implique la mise en oeuvre de 46800 éoliennes avant 2023, de 27500 autres avant 2029, puis de 5500 avant 2039. Il s'agit là d'un projet très ambitieux une telle demande française excédant de loin la capacité mondiale de production de ces types d'éoliennes.
     L'objectif précité pourrait être revu un peu à la baisse en exploitant le potentiel hydraulique des hautes vallées de l'Allier et de la Loire et celui de centaines de petits cours d'eau dont l'importance environnementale est probablement surestimée. La dérive climatique pourrait toutefois réduire ce potentiel (Gillet & Hopquin, 2003), comme celui de tous nos cours d'eau déjà exploités.
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Contraintes représentées par la nécessité vitale de stabiliser le climat.
     Notre biosphère peut recycler annuellement 3 milliards de tonnes équivalent carbone de gaz à effet de serre alors que, depuis quelques décennies, nous en émettons plus de 6 milliards de tonnes, d'où la dérive climatique (Jancovici, 2002; Le-Treut & Jancovici, 2002 ; Dubois & Lefèvre, 2003). Pour stabiliser le climat il ne suffira pas de ramener les émissions annuelles à 3 millions de tonnes ; il faudra aussi éponger les émissions excessives du passé. Avec des émissions annuelles réduites à 2 milliards de tonnes l'équilibre ante ne serait pas atteint avant le milieu du 22ème siècle et, même réduites à 1 milliard de tonnes cet objectif ne serait atteint que vers la fin du 21ème siècle ; d'ici là des phénomènes d'autoaccélération peuvent se produire plaçant la dérive climatique hors de tout contrôle humain (Hamon, 2002 b). La France peine à se conformer aux engagements de la première phase du protocole de Kyoto (Frémeaux & al., 2003) alors que, pour tenir compte de ce qui précède, notre pays devrait le plus rapidement possible réduire ses émissions de gaz à effet de serre à moins de 5% de leur niveau de 1990, ce qui implique l'abandon progressif et presque total des énergies fossiles conventionnelles hors utilisation carbo- et pétro-chimique (Hamon, 2002 b). Les perspectives de capture puis de séquestration, du dioxyde de carbone dans des couches géologiques profondes n'offrent pour l'instant aucune alternative crédible (Morin, 2003), nos émissions de ce gaz à effet de serre étant trop dispersées pour être capturées.
     La décision communautaire précitée (Ricard, 2003) paraît incompatible avec celles déjà prises par la Communauté en faveur de la diminution des émissions de gaz à effet de serre et d'une augmentation de la proportion des énergies renouvelables dans la production électrique.

Inévitable disparition commerciale des énergies fossiles conventionnelles

     Même en négligeant la nécessité de lutter contre les émissions de gaz à effet de serre (Le Treut & Jancovici, 2001 ; IPCC, 2001), nous ne pourrons aller bien loin dans l'utilisation des énergies fossiles conventionnelles (Hamon, 2000 ; Bobin & al., 2001 ; Combi, 2003). Le seul développement socio-économique de la Chine va, d'ici 2035, tripler sa demande énergétique désormais centrée sur le gaz naturel et le pétrole. L'Inde suit de peu. Bien d'autres grands pays du tiers-monde ont aussi des besoins énergétiques croissants (Frémaux & al., 2003). Les ressources prouvées sont modestes. Les ressources escomptées sont plus importantes mais concernent presque exclusivement le charbon et les pétroles ultra-lourds, les énergies les plus polluantes en termes de dérive climatique. Espérer disposer commercialement, en quantités illimitées et à un prix raisonnable, d'énergies fossiles conventionnelles moins sales au delà de 2035 est un pari audacieux et, au delà de 2050, un pari probablement stupide (Jancovici, 2003 ; Dubois & Lefèvre, 2003).
     L'électricité représente actuellement 20% de notre consommation énergétique et les énergies fossiles conventionnelles, avec une pincée de renouvelables, 80% qu'il va falloir rapidement remplacer par des énergie renouvelables (Birraux & Le Déaut, 2001) en tenant compte de la spécificité des besoins en matière de transports (Gonnot, 2003), tout en espérant que les économies d'énergie, qui tardent à se manifester (Kempf, 2003), permettront de mettre la barre un peu moins haut.
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Potentiel des énergies renouvelables, hors éolien.
     Ce potentiel a été récemment revu d'une façon exhaustive par l'Office parlementaire pour l'évaluation des choix scientifiques et technologiques (Birraux et Le Déaut, 2001). Les auteurs ont bien précisé que Les énergies renouvelables offrent de nouvelles solutions à une demande d'énergie qui continue de croître et peut revêtir de nouvelles formes Non substituables aux énergies fossiles ou nucléaires, les énergies renouvelables en sont, en réalité, complémentaires. Le problème est que ces énergies renouvelables, en quelques décennies, devront presque entièrement remplacer les énergies fossiles.
     La géothermie, pompes à chaleur inclues, est sous-utilisée, mais ce potentiel est assez localisé.
     Les biocarburants, et la biomasse en général, avec un rendement énergétique net par hectare et par an de moins d'une tonne équivalent pétrole (Hamon, 2000), ont peu à offrir mais n'en seront pas moins indispensables, fournissant des carburants liquides pouvant facilement être substitués à l'essence et au diesel.
     Le bois s'est vu attribuer un potentiel notable, mais en négligeant tous les coûts énergétiques de production et de gestion; une fois ces coûts pris en compte, le potentiel bois devient négligeable, sauf sur les lieux de production. Le bois présente toutefois un intérêt, sa pyrolyse fournissant du méthanol, de nombreuses molécules recherchées par l'industrie chimique, et du charbon de bois qui, hydrogéné, peut donner de l'essence de synthèse.
     Sauf percée technologique, toujours escomptée, le solaire photovoltaïque est trop coûteux pour être pris en compte dans l'avenir prévisible. Dans le cas où le coût du kWh photovoltaïque se rapprocherait de celui de l‘éolien, et sous réserve d'une association avec un dispositif de stockage performant, une partie notable des besoins électriques domestiques pourraient être satisfaits, sans perte d'énergie au transport.
     Des prototypes permettant d'exploiter de façon souple l'énergie des courants marins, des marées et des vagues sont en cours d'évaluation en Europe occidentale avec des résultats intéressants, mais les énergies ainsi recueillies restent très modestes pour un encombrement marin et littoral notable.
     Le complément énergétique devra donc être essentiellement assuré par le solaire thermique, et par l'électricité éolienne.
     Le solaire thermique est exploitable dans l'ensemble de la France métropolitaine, mieux dans le sud en été que dans le nord en hiver. Il est basé sur l'utilisation de surfaces bien exposées au soleil, d'échangeurs thermiques et de ballons de stockage des thermies relativement encombrants si une autonomie de plusieurs jours est requise. Il exige une source auxiliaire de chauffage en cas de manque durable d'ensoleillement source qui, à terme, dans les zones urbaines, ne saurait qu'être électrique. On peut estimer qu'il existe, en France métropolitaine, 30 millions d'habitations principales (E. de S., 2003) et, tous autres types de bâtiments confondus, l'équivalent de 30 autres millions de structures familiales d'habitation, ayant un taux annuel de réhabilitation ou de renouvellement de 2%. Cela permet d'envisager la mise en place de plus d'un million d'ensembles de solaire thermique par an pendant un demi-siècle. Reste à bâtir la capacité industrielle et professionnelle susceptible de satisfaire une telle demande.
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Quels transports en absence d'hydrocarbures fossiles ?
     La question des transports mérite une analyse détaillée. Hors métro, tramway et train, tous nos transports sont basés sur des énergies fossiles en voie de disparition qui, à de rares exceptions près, ne pourront être remplacées, directement ou indirectement, que par l'énergie électrique.
     De grand progrès ont été faits dans la capacité des stockage des batteries d'accumulateurs, assurant aux véhicules électriques une autonomie dépassant les 200 km. Hors le poids des accumulateurs, le point faible des véhicules électriques est la lenteur de recharge des batteries mais, pour des utilisations locales, les batteries peuvent être rechargées chaque nuit, ou faire l'objet d'un échange standard avec un second jeu de batteries personnalisé confié par abonnement à un garage.
     Il y a fort longtemps nos transports publics urbains étaient mus à l'air comprimé, et le prototype d'un véhicule familiale à air comprimé a récemment été présenté à Lyon avec une autonomie de 200 km (Penel, 2002). L'avantage de l'air comprimé est que toute station service peut le produire avec un compresseur électrique (de préférence aux heures durant lesquelles l'électricité est bon marché), le stocker dans ses cuves, et alimenter les véhicules des consommateurs en un temps très bref. Évidemment le réservoir à air comprimé est encombrant et, avant d'être utilisé, l'air comprimé doit être réchauffé.
     On parle beaucoup des véhicules à pile à combustible embarquées alimentées à l'hydrogène (AFH2, 2001 ; Le Hir, 2003), mais cela ne paraît pas sérieux (Hamon, 2002 c), l'hydrogène devant être produit par craquage de l'eau dans des centrales thermiques, notamment nucléaires, ou par décomposition électrique de l'eau, puis être comprimé, transporté, stocké et chargé dans les véhicules dans des conditions certes réalisables mais plus complexes que celles requises pour un véhicule électrique, ou permises par l'utilisation de l'air comprimé. Le remplacement de l'hydrogène par des composés renouvelables liquides riches en hydrogène (éthanol, méthanol, etc…) simplifierait les problèmes de transport et de stockage dans les stations service et les véhicules, mais implique de faire appel à un réformeur, encombrant et à durée de vie relativement limitée, et émet du dioxyde de carbone (Galley & Gatignol, 2000). L'avenir des piles à combustible est donc probablement dans de grandes installations fixes, alimentées à l'hydrogène, et non dans les transports.
     Pour le transport à longue distance des voitures familiales deux solutions sont envisageables  les mettre sur des trains, électriques, ou sur des véhicules gros porteurs, à air comprimé.
     Une petite quantité de biocarburants liquides produite localement, d'emploi aussi souple que celui de l'essence et du gazole, sera disponible, dérivée de l'éthanol, du méthanol (oxydation du méthane des fermenteurs ou pyrolyse du bois), des huiles de colza et de tournesol, de la condensation du méthane, et de l'hydrogénation du charbon de bois (Hamon, 2002 d). De modestes importations seront probablement réalisables. Ces biocarburants devraient être réservés à des usages prioritaires : défenses civile, défense communautaire, liaisons aériennes essentielles.
     Le remplacement de la route par le rail est préconisé partout, avec peu de réalisations à ce jour. Il faut noter que la dispersion de l'habitat ne facilite pas la rentabilisation des transports périurbains, que le rail ne saurait assurer les livraisons de proximité et que, pour les transports rapides à longue distance, les sillons et tunnels fret dédiés n'existent pas et que des plateformes de tri rapide automatisé des conteneurs dans les principaux nœuds ferroviaires restent encore à construire. Le plan de développement des infrastructures de transport 2004-2033 ne paraît rien contenir de substantiel dans ces domaines (de Robien, 2003).
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Comment économiser l'énergie ?
     On parle beaucoup des économies d'énergie basées sur un meilleur bâti, sur des dispositifs d'éclairage faible consommation, sur des équipements électroménagers plus performants, et sur des véhicules plus économes. Ce potentiel a été présenté en détail dans Facteur 4 (von Weizsäcker & al., 1997), mais cet ouvrage mélange allègrement des propositions réalistes et des erreurs d'analyse relevant d'Alice au Pays des Merveilles, ce qui nuit à sa crédibilité, et les approches réellement envisageables ont leurs limites.
     Le bâti ne se renouvelle qu'à raison de 2% par an, et les excellentes suggestions négawatt concernent essentiellement des maisons individuelles neuves construites sur d'assez grandes parcelles (Couturier & al., 2003 ; Delacroix, 2003).
     Les ampoules à faible consommation ont un bon potentiel mais, pour les utiliser à la place de tubes fluorescents, il faut modifier le cablage électrique.
     Des équipements électroménagers très performants sont disponibles, mais la tentation est grande de remplacer un petit frigidaire obsolète par un combiné frigidaire-congélateur plus important ou même par un frigidaire et un grand congélateur et, depuis la canicule 2003, la climatisation a le vent en poupe.
     En matière de voiture familiale, la tendance est au remplacement de vieux véhicules par des voitures plus grandes, climatisées, à direction assistée. En dépit de quelques avancées, le décret Véhicules hors d'usage du 01 août 2003, et le Plan véhicules propres du 15 septembre 2003 (Janis, 2003 a&b) ne préparent pas la France à mettre en oeuvre une nouvelle politique des transports automobiles. D'ailleurs les principaux producteurs d'automobiles ne croient pas à une réduction de la consommation et sont toujours à la recherche de véhicules propres (Lauer, 2003 a& b).
     Il ne faut toutefois pas oublier que de considérables économies d'énergie dépendent d'autres ajustements de notre mode de vie (Jancovici, 2002).
     - La production de poisson et de viande est très énergivore. Remplacer poisson et viande par des haricots secs, des lentilles, des pois cassés, du soja ou par de la farine de luzerne (Thiébeau & al., 2003) est possible sans nuire à notre santé.
     - Le remplacement des supermarchés situés à la périphérie des villes, voire en pleine campagne, par des commerces de proximité accessibles à tous sans voiture
     - Les grandes migrations saisonnières, souvent en voiture, vers la montagne et les plages ne sont pas indispensables; on peut les remplacer par la lecture de bons auteurs à la maison. Les gros véhicules 4x4 sont à la mode, or ce sont des gouffres à énergie ; on devrait s'en passer, sauf pour des usages professionnels. La consommation d'énergie des véhicules, s'accroît avec la vitesse, qui devrait être limitée à 90 km/h sur autoroute et à 70 km/h ou moins, sur route. Les voyages en avion bénéficiant d'un carburant détaxé constituent un gaspillage d'énergie ; pourquoi ne pas taxer le kérosène ; et pourquoi prendre l'avion sans obligation professionnelle majeure (Agir pour l'Environnement, 2003), alors que les téléconférences sont très performantes et l'utilisation d'Internet de mieux en mieux sécurisé ?
     - La Politique Agricole Commune a entraîné une course à la productivité sans justification économique (Rolland & al., 2003) et à de ruineuses productions animales hors sol (Thiébeau & al., 2003) éloignées des centres de consommation; pourquoi continuer (Hamon, 2000/2001) ?
     - En matière de bâti, le béton est très énergivore; pourquoi ne pas privilégier le bois (Béhaghel, 2002), ou même l'adobe, en faveur dans l'ouest des États-Unis, et récemment relancé  pour des bâtiments à étages dans l'ouest de la France ?
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Faudra-t-il remplacer à l'identique, par des énergies renouvelables, notre présente consommation d'énergie assurée par les énergies fossiles conventionnelles ?
     Avec l'utilisation systématique du solaire thermique, l'utilisation optimale des mini-énergies renouvelables, et une action continue en faveur des économies d'énergie, on peut espérer que, vers 2050, seule la moitié de notre présente consommation d'énergies fossiles conventionnelles aura dû être remplacée par l'électricité éolienne. En suivant l'approche retenue pour le remplacement de l‘électricité nucléaire, cette substitution partielle aux énergies fossiles impliquera la mise en oeuvre d'environ 160.000 éoliennes de 4 MW installés. L'appel d'ensemble à l'éolien serait ainsi de l'ordre de 240.000 d'une telle puissance.
     Un bon gisement éolien doit assurer un rendement effectif de 25%, ou plus, de la puissance installée ; ce qui est disponible le long d'un arc littoral allant de la Vendée à la frontière belge, et d'une zone littorale triangulaire allant de la frontière espagnole au Var en remontant la vallée du Rhône. Il doit être libre d'entraves administratives majeures à l'implantation des éoliennes ce qui, au sein de cet arc et de cette bande, correspond à environ 30.000 km2 terrestres et 10.000 km2 du domaine maritime. La densité moyenne serait ainsi de l'ordre de 6 éoliennes au km2, ce qui paraît acceptable. Chaque éolienne doit disposer d'une zone de service, d'une voie de service et d'un câble électrique enterré près de cette voie de service. L'installation, hors tour et nacelle, demande de quelques dizaines (sur terre) à  quelques centaines (en mer) de tonnes de béton. Il s'agit donc d'installations permanentes réduisant l'utilisation des terres et zones marines littorales concernées. Il faut noter que, notre bon gisement éolien étant très localisé, il devra, pour alimenter le reste du pays, disposer d'un réseau de transport à très haute tension plus important que celui requis par nos présentes centrales nucléaires.

Pourra-t-on éviter un choc socio économique?

     Un problème de calendrier va se poser, notre présente énergie nucléaire disparaissant presque complètement d'ici 26 ans et notre énergie fossile conventionnelle d'ici 50 ans, alors qu'avec la meilleure volonté du monde le solaire thermique (2020-2070) n'aura réalisé que la moitié de son potentiel, et l'éolien une petite fraction du sien, les oppositions locales croissant rapidement à partir d'un certain taux d'occupation des sols par les éoliennes, comme observé en Allemagne et au Danemark. Il paraît ainsi peu probable que les 240000 éoliennes précitées puissent être mises en  place avant la fin du siècle.
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Or va donc exister un hiatus énergétique de plusieurs décennies entre la disparition du nucléaire et du fossile conventionnel et leur remplacement, partiel, par des énergies renouvelables indigènes. Ce hiatus sera général en Europe, que les pays aient eu une politique énergétique nucléaire ou non, le taux de croissance des renouvelables ne pouvant compenser la vitesse de disparition des énergies fossiles.
     Hors un retour massif, mais ponctuel, à l'énergie nucléaire (pour la France une centaine tranches EPR de 1.500 MW l'une, installées à proximité de la mer ou le long de la moyenne et basse vallée du Rhône pour garantir leur refroidissement), la seule solution paraît être la production massive d'électricité solaire thermique (Birraux & Le Déaut, 2001 ; Quaschning, 2003) le long de la frange nord du Sahara et son importation directe par d'innombrables lignes à très haute tension ou, indirecte, sous forme d'hydrogène comprimé produit en Afrique du Nord par hydrolyse de l'eau de mer, puis transporté en Europe par hydrogèniers, et distribué par pipelines jusqu'à des piles à combustibles fixes situées à proximité des grands centres de consommation d'énergie. Contrairement à certaines attentes (Marquet, 2003 ; Couturier, & al., 2003, Réseau Sortir du Nucléaire, 2003), la France deviendra toute électrique, ou presque. C'est à cela qu'il faut préparer les résidents français.
     Les chiffrages précités devront être ajustés en fonction des retours sur expérience, encore peu nombreux concernant le potentiel effectif de la géothermie et du solaire thermique, et ceux des économies familiales d'énergie, de la réduction des transports routiers à l'essentiel inévitable, et d'un aménagement du territoire plus économe en énergie. Des investissements spécifiques pouvant atteindre une centaine de milliards d'euros par an seront probablement nécessaires. Heureusement les bas de laine français paraissent déborder (Frémeaux & al., 2003).
     Une autre société, basée sur un partage équitable des ressources, a été proposée il y a plus de 20 ans (Brandt, 1980), sans aucune réponse tangible des pays les plus industrialisés, alors que la survie de notre civilisation dépend d'une décroissance énergétique maîtrisée (Boursier & Chilan, 2003 ; Clémentin & Cheynet, 2002 ; Hamon, 2002 ; Silence, 2003), politiquement improbable si l'on en croit Marcel Deneux (Deneux, 2002), une improbabilité confirmée par les valses hésitations gouvernementales dans ce domaine (Hopquin, 2003).
     Voulons-nous avoir un avenir, ou bien seulement un passé ?
     Si nous voulons avoir un avenir il faut agir, vite, car il est déjà presque trop tard.
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DÉBAT SUR L'ÉNERGIE
Paris, le 15 octobre 03
Extraits du Rapport du Comités des Sages
P. Castillon, M. Lesggy, E. Morin
Remis à Nicole Fontaine, ministre déléguée à l'Industrie
CONCLUSION GÉNÉRALE

     Le Comité des Sages a accepté une mission délicate dans un contexte peu favorable. Il a eu une totale liberté d'expression pour formuler son avis.
     L'avis rendu porte sur la forme et sur le fond du Débat.
     Sur la forme, le Comité des Sages considère qu'il y a eu une réelle volonté de débattre, de laisser s'exprimer tous les points de vue, contrairement aux suspicions exprimées avant le Débat par les opposants qui y étaient invités, suspicions assez largement reprises par les média. Il y a bien eu pluralisme et équilibre des expressions, ce qui est un bon début dans un pays où une culture de débat reste à créer et à substituer à une culture de confrontation. Il faut donc regretter le refus de certains groupes écologiste de s'associer pleinement au Débat, même si leurs avis ont pu être clairement exposés en cours de route.
     Malgré la grande qualité des interventions, le grand nombre de suggestions enregistrées, la bonne tenue des débats dans un esprit plutôt constructif, il faut noter l'absence de présentation de stratégies globales argumentées et chiffrées.
     On ne peut reprocher à l'opération son volet de communication et de pédagogie, vu les progrès qui sont à réaliser dans la compréhension par le grand public d'un problème aussi complexe que celui de l'énergie, qui ne fait guère partie de ses préoccupations immédiates.
     Les sept réunions nationales, 250 débats partenaires, les trois millions de brochures, le site Internet, auront certainement contribué à éclairer une partie du public.
     Ce Débat, qui a laissé des zones d'ombre, doit être le point de départ d'une série d'opérations analogues, susceptibles de créer progressivement un climat de meilleure perception des problèmes et des positions respectives, en complément des autres types de manifestations possibles telles que les « débats citoyens » et en faisant suite à ce que le monde de l'éducation doit entreprendre pour informer et former les jeunes.
     S'il n'a pas été le Débat rêvé par les uns, nié par d'autres, du moins aura-t-il été une étape positive, dont le débat parlementaire à venir tirera sans doute des enseignements utiles.
     Sur le fond, la contribution du Comité des Sages doit forcément être considérée comme un point de vue parmi tant d'autres, ne prétendant pas apporter une réponse à toutes les questions complexes liées à l'énergie. Il s'agit davantage d'une réflexion d'auditeurs indépendants approfondissant, à l'occasion du Débat, l'un des défis du XXe siècle et suggérant quelques orientations.
     La prise de conscience de l'urgence des problèmes vient au premier plan, combinant la perception de l'épuisement des ressources fossiles, du plafonnement des productions et des risques de crise et de dépendance accrue, avec la problématique de l'effet de serre, désormais à la base de nouveaux engagement internationaux. 

suite:
Il en résulte la nécessité de lancer des actions majeures d'efficacité énergétique, afin de stabiliser puis réduire les consommations, d'abord au niveau national, dans la continuité et avec l'exemple donné par les pouvoirs publics, en veillant à l'application des lois et décrets correspondants.
     Ces mesures sont l'occasion d'une interrogation sur les modes de vie et l'organisation de la société engagée dans un consumérisme non durable. Il s'agit de penser en termes de besoins de chaleur, de froid, de transport, d'éclairage, de production et de vie des produits, avec la fixation d'objectifs rigoureux et le suivi des réalisations.
     En ce qui concerne les moyens de production pour faire face à la demande ainsi réajustée, il semble nécessaire de raisonner en termes de complémentarité plutôt que de substitution, car l'avenir implique un effort d'innovation sur toutes les filières possibles, en privilégiant celles qui présentent des perspectives de rééquilibrage de nos sources nationales, actuellement fortement nucléaires dans le domaine électrique.
     Un suivi attentif des expériences réalisées en Europe doit permettre de profiter de certaines d'entre elles et un effort ciblé de recherche et de développement s'impose pour rattraper les retards et participer à la compétition dans les renouvelables.
     Mais l'examen des perspectives mondiales incite à penser que toutes les sources d'énergie seront nécessaires pour faire face aux besoins croissants de la planète: les renouvelables ne pourront faire face seules à cette croissance et la France doit préserver ses positions reconnues de leader technologique, ce qui est le cas dans le nucléaire.
     C'est donc dans cet esprit, plus que dans la seule analyse d'un bilan offre/demande, et en tenant compte des contraintes de Kyoto, que devront se décider les prochains investissements énergétiques français. (Une réflexion supplémentaire serait nécessaire sur les déchets nucléaires, le retraitement, le plan plutonium).
     Enfin, l'importance des efforts à réaliser implique une coopération européenne et mondiale au niveau de la recherche et du développement, des réseaux d'interconnexion, afin d'assurer avant la seconde moitié de ce siècle des solutions durables aux problèmes énergétiques, conditions essentielles de la poursuite de la croissance et du bien-être, notamment dans les pays en voie de développement.
     Les solutions nécessitent une confiance dans la capacité d'innovation et l'intelligence humaine, qui sont à long terme les véritables énergies durables.
 
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