La G@zette Nucléaire sur le Net! 
N°175/176, juin 1999 
GRATTER OÙ ÇA FAIT MAL: L'INTERIM ET LES REJETS

Editorial / SOMMAIRE

Voici la Gazette de l'été. 

     Cette Gazette traitera peu de l'énergie en général mais vous présente la contribution d'un lecteur, contribution qui vous aidera dans votre réflexion. De même l'article sur les intérimaires vous permettra de comprendre les enjeux. 
     Du groupe Radioécologie du Nord Cotentin ressort que la radioprotection a besoin d'un sérieux coup de neuf. Et il n'est pas évident que la loi sur la transparence aide vraiment à ce toilettage. Je reste sur mon idée, la DSIN a pris des forces, elle parvient (même si c'est difficile) à obliger les industriels à plus de respect de la loi. Donc pour le moment on ne touche pas même si on essaie de lui améliorer ses performances. Par contre pour le côté radioprotection on se dote enfin d'une entité à la mesure du programme et des problèmes des travailleurs. En particulier on crée un vrai bureau de radioprotection à la Santé. On libère les médecins du travail de la tutelle des employeurs. 
     On pourrait d'ailleurs doter la Santé d'un ministère, ce serait sûrement plus efficace pour la protection des travailleurs et pour la prévention des maladies des populations. 
     Cette méthode aurait pu être efficace mais elle n'a pas été choisie et on a préféré prendre la voie de casser tout... Et comme le report de la loi sur la transparence est essentiellement dû à la peur des exploitants, je suis perplexe sur la meilleure action à mener. 
     Du groupe sur la transposition de la directive européenne et son application aux déchets il ressort aussi des problèmes de radioprotection et des problèmes sur qui fait quoi en matière de déchets. Les rencontres, visites avec les acteurs du domaine sont pleines d'enseignements. On constate que le CEA, aussi bien à Marcoule qu'à Valduc ou Cadarache, gère la problématique des déchets sans qu'on sache qui coordonne... L'ANDRA n'a pas les moyens de s'occuper d'autre chose que du site Aube. Elle s'investit un peu dans les Très Faiblement Actifs mais c'est dans l'optique de gérer un autre site. Sinon on découvre au détour d'une visite que COGEMA stocke (vous avez bien lu stocke) les résidus miniers. Evidemment toutes les mines sont arrêtées ou sur le point de l'être, l'ensemble des résidus, stériles représentent de l'ordre de 52 millions de tonnes. Oue faire sur un site exploité depuis les années 50 et où on a tout mis en vrac? Rien... 
     Non pas du tout, on recouvre les résidus avec les stériles, comme cela on diminue l'émission radon. Pour le reste je pense qu'on brûlera des cierges pour les 10 ans à venir. Ensuite, me direz-vous, ensuite on aura oublié...; certains sites comme celui de Saint Priest sont plus difficiles à gérer mais basta ça passe ou ça craque. Et pour le moment c'est en train de passer, nous allons avoir dans le Massif Central quelques jolies réserves derrière des barbelés où seules des herbes auront le droit de pousser. Halte aux arbres, bannissons les lapins. 
     Bon rien n'est facile mais ma tendance naturelle est d'éviter que les pollueurs dressent eux-mêmes leur plan d'assainissement. Quant au "bon" CEA et au "bon" IPSN, on a déjà donné. Certes ils se doivent de réparer leurs errements d'hier mais pas dans le secret de leurs décisions. En ce qui concerne les tas de résidus, l'IPSN a lancé un grand programme de modélisations. Ils ont commencé par s'exercer sur une mine Est-allemande où tous les paramètres étaient inconnus. Puis ils ont instrumentés la Crouzille pour vérifier leurs modèles. Et là pas de chance ça ne marche pas vraiment. De plus sur une étendue de plusieurs hectares ils ont 3 points de mesures. il faut bien commencer par quelque chose... Oui évidemment, mais la Crouzille est déjà entièrement recouverte et engazonnée, je vous le disais reste la prière... Après avoir attendu 40 ans pour s'apercevoir qu'un environnement pollué, ce n'est pas facile à récupérer, maintenant on récupère sans savoir quoi faire réellement. Je plains les générations dans 50 ans. 
     Une petite info au passage, sur EDF et ses problèmes: 
"Les goélands argentés sont jugés indésirables à la centrale nucléaire de Paluel (Seine-Maritime). La direction de l'établissement, niché en bord de falaise, vient d'ordonner la stérilisation des oeufs de ces oiseaux car l'acidité de leurs fientes attaque les joints des couvercles des bâtiments de confinement des réacteurs. Deux alpinistes professionnels sont chargés depuis mardi de mener à bien cette opération, qui ne va pas sans risques, compte tenu des attaques des goélands. Ils ont recensé 219 nids de goélands argentés sur les toits du site nucléaire qui emploie I 200 personnes, entre Dieppe et Fécamp, au coeur du pays de Caux.
     Pendant quelques jours, les deux hommes vont stériliser les oeufs des oiseaux en pulvérisant un mélange liquide de formol et d'huile de paraffine. Cette solution enduit les pores des coquilles et empêche les oeufs de se développer
     Une seconde opération du même type interviendra quinze jours après la première au cas où d'autres pontes auraient eu lieu dans l'intervalle." Intéressant, non?! 
     Autre info, cette fois, sur les transports en provenance du "réseau sortir du nucléaire". Il s'agit d'un conteneur aux boulons non vissés à fond: 
     "L'électricien indique que Transnucléaire, la filiale de la Cogema chargée du transport lui a assuré que ce défaut de vissage aurait été sans conséquence. [en cas de chute]
     D 'ailleurs on se demande bien pourquoi il y a des normes dans l'industrie nucléaire française puisque les écarts sont (par définition?) sans conséquences.
     De son côté, l'hebdomadaire Der Spiegel fait état de nouveaux défauts sur des conteneurs allemands, de type Castor, «Allemands» certes, mais ce sont les conteneurs qui doivvent être utilisés pour les retours de colis vitrifiés à partir de La Hague. Comme l'entreprise en question (Gesellschalt für Nuklear-Behälter mbH) détient 80% du marché mondial des conteneurs pour combustible nucléaire...

     Des composants en plastique intégrés dans les parois métalliques des conteneurs présenteraient un taux de dilatation inattendu.

     Version officielle: une spirale de chauffage serait tombée lors du test sans que personne ne le remarque. Ce que Le Monde (article de H. Morin) ne précise pas : ce plastique sert à absorber le flux neutronique et il n 'aurait pas assez de place pour se dilater (créant une pression interne). Ces conteneurs HAW 28 sont conçus spécialement pour les DHA.
     Selon la DSIN, les conteneurs français. de type TN 28, ne sont pas construits sur le même principe.
     C'est sans doute pour cela qu'on n'a pas besoin de serrer les boulons en France ! Transnucléaire et Gesellschaft für Nuklear-Behälter mbH sont au moins des entreprises à capitaux distincts: les transports nucléaires entre la France et l'Allemagne, interrompus en 1998 à la suite de révélations concernant des contaminations radioactives relevées sur des convois français et allemands, sont toujours suspendus.
     Tandis que les transports en France ont repris bien que dépassant toujours les normes.» 
     On transporte pollué et dévissé mais bien sûr sans conséquence!!! 
     Un petit point «TMI vingt ans après" vu dans les faits marquants d'EDF. 
     "Le nettoyage de TMI-2, commencé en août 1979, dura 14 ans et coûta près d'un milliard de dollars. Après 6 années de préparation. ledéchargement du combustible débuta en octobre 1985. L'opération s'effectua sous eau, des opérateurs placés sur une plate-forme au-dessus du réacteur transférant le combustible endommagé dans des conteneurs. Au final, en avril 1990, 342 conteneurs avaient été transférés pour stockage au laboratoire national de l'Idaho.
     Les opérations de nettoyage produisirent plus de 10'000 m3 d'eau, dont le traitement par évaporation s'étala de janvier 1991 à août 1993. Des règles de surveillance et d'entretien ont été définies pour garantir le maintien du niveau de sûreté de l'installation dans le temps. En décembre 1993, l'Autorité de sûreté américaine a délivré l'autorisation transformant TMI-2 en unité de stockage de ses propres matériaux laissés on place.
     TMI- 1 était à l'arrêt pour rechargemont au moment de l'accident. Des modifications furent effectuées sur l'installation. La formation et les procédures d'exploitation firent l'objet de mises à niveau. La production reprit en octobre 1985. Depuis lors, cette unité affiche de hauts niveaux de sûreté et de disponibilité. Au début des années 1990, l'Autorité de sûreté américaine la classait parmi les 4 unités les plus sûres du pays." 
     5 ans pour vider le combustible et 3 pour traiter l'eau et TMI-2 est son propre site de déchets, rassurant. Et il a fallu 6 ans pour amener TMI-1 à un niveau de sûreté correct, Tout va bien on Pennsylvanie. 
     Une autre petite nouvelle concernant les sites miniers: 
     "La Ministre chargée de l'Environnement a diffusé en mai1999 aux préfets concernés une "doctrine" relative au réaménagement des stockage de résidus de traitements des minerais d'uranium. Cette doctrine a été élaborée par I 'IPSN et discutée au sein d'un groupe de travail piloté par le ministère de l'environnement en tenant compte des dernières recommandations internationales en matière de protection des personnes du public. Parallèlement, le ministère a demandé un point sur l'état des sites miniers dans leurs régions.
     L'extraction et le traitement de minerais d'uranium engendrent d'importantes quantités de résidus faiblement actifs. A la fermeture d'un site, l'exploitant est tenu de déposer auprès du préfet un dossier de réaménagement, où il précise notamment les dispositions techniques qu'il a prises, ou qu'il prévoit de prendre, pour limiter l'impact radiologique sur l'homme et l'environnement des produits stockés sur le site.
     La doctrine comporte de nouvelles modalités d'appréciations de l'impact radiologique des stockages de résidus miniers soumis à la législation des installations classées pour la protection de l'environnement (ICPE). L 'impact devra être évalué à la fois pour le scénario d'évolution normale et pour des scénarios hypothétiques (cons truction d'une résidence, chantier de terrassement ou de creusement,...) avec des hypothèses plus réalistes que celle retenues dans la législation actuelle.
     La quantités de résidus de traitement chimique de minerais d'uranium actuellement stockée en France est d'environ 50 millions de tonnes réparties sur une vingtaine de sites dont 9 dépassent le million de tonnes. La période de certains éléments présents dans les stockages de résidus (75'000 ans pour le thorium 230 et 1620 ans pour le radium 226) justifie l'intérêt de disposer d'études sur l'impact radiologique à long terme de ces stockages" . (extrait du 'Bulletin de I'IPSN, juin 1999) 
     Remarquez qu'on parle stockage et CE SONT DES STOCKAGES car actuellement COGEMA recouvre ses tas d'un doux gazon vert... Quant à l'IPSN on y modélise à tour de bras pour évaluer l'évolution d'un site de stockage mais c'est un peu jeune: avec 3 points sur des hectares on espère ... Bon on fera une thèse et une publication mais rien de sérieux pour le devenir des mines. 
     Et pour finir: Cher Jean on a enfin reconnu ton travail sur l'irradiation avec les appareils radio mais reconnaitre ne signifie pas prendre le problème à bras le corps. 
     Le rapport qui en parle est signé d'un radiologue de Cochin et de l'OPRI. 

Bonne lecture

SOMMAIRE
EDITO
Rationalité instrumentale et santé au travail (dossier sur les intérimaires du nucléaire, Annie Thébaut-Mony)
Greenpeace (La Hague ou rejets = déchets)
Extraits Enerpresse (I - Radioprotection II - Yucca Mountain III -Tokai-Mura IV -Savannah river)
Extraits des défis du CEA: la propulsion nucléaire
DSIN synthèse du rapport d'activite 1998
CSSIN point sur le palier N4
«Entre "Le nucléaire, avenir de l'écologie?" et un avenir sans nucléaire?»
Pub pour nos amis: Les enveloppes illustrées MDPL, Stop Nogent: le bug de l'an 2000, Stop Golfech
Stop Melox

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