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N°165/166
ON NOUS ÉCRIT
I - A propos des mines, lettre du CLADE

Lettre à Monsieur le Directeur Général de l'ANDRA 

Objet: Inventaire National des Déchets Radioactifs 1998, Actualisation de l'édition 1997 

     Monsieur,
     Suite à vos lettres en date du 21 Octobre 1997, du 6 Février 1998 et du 27 Février 1998, nous notons que «vous prenez en compte les déclarations des administrations et celles des producteurs ou détenteurs de déchets» comme en LIMOUSIN avec la COGEMA et la DRIRE. Vous ajoutez que «les remarques et suggestions des Associations sont les bienvenues.»
     Nous savions déjà tout cela puisque l'on retrouve ce commentaire dans tous les «rapports ANDRA» liés à l'inventaire National des déchets radioactifs.
     Dans votre lettre du 21 Octobre 1997 (Observatoire de l'ANDRA) vous indiquez : «Il n'est pas dans notre mission de contrôler les sites de la COGEMA pas plus que les stockages miniers, tout simplement parce que nous ne sommes pas qualifiés pour le faire. Le contenu des déclarations qui nous sont faites et que vous retrouvez donc dans les fiches que nous publions est de la responsabilité du détenteur.»
     Si vous ne prenez en compte que les déclarations des administrations et celles des producteurs ou détenteurs de déchets, permettez-nous de vous dire que c'est l'acceptation de l'auto-contrôle c'est tout simplement fermer les yeux sur les nombreux abus et mensonges des industriels et administratifs comme en LIMOUSIN avec la COGEMA et la DRIRE.
     Le fait de ne pas contrôler les sites de la COGEMA pas plus que les stockages miniers vous rend complice de toutes les actions cachées et inavouables. La structure de l'ANDRA, votée par le législateur, ne vous permettrait pas une telle investigation.
     Votre seul pouvoir serait donc : «d'interroger les autorités ou les propriétaires concernés et d'examiner la pertinence ou non de l'établissement d'une fiche».
     La CLADE pense donc, considérant le lourd passif lié au traitement du dossier de l'uranium en LIMOUSIN, que l'action de l'ANDRA est pour l'instant nulle dans cette région pour isoler et déceler des sites «oubliés» par la COGEMA et la DRIRE.
     D'ailleurs, dans sa pseudo synthèse des pré-études et pré-expertises relatives aux anciens sites miniers de la COGEMA, on peut lire une forme d'aveu de l'administration : «Pendant la phase d'exploitation, des produits mal identifiés ont été déposés et mélangés aux résidus de traitement.»
     Pourtant, jusqu'à la fin 1991, avant la publication du rapport DESGRAUPES, les mêmes autorités administratives affirmaient «qu'il n'y a pas de déchets radioactifs enfouis en LIMOUSIN. 

 (suite)
suite:
     Rappelant notre exigence d'expertise sur l'ensemble des sites de la COGEMA promise par Monsieur le Préfet devant la défunte Commission Locale d'Information dans la suite logique de la pré-étude conduite par la CRIIRAD à la demande des Conseils Régional et Général, la CLADE s'appuie notamment sur le propos que l'ANDRA met en exergue de son action:
     «Une source radioactive «oubliée» ou «perdue», même de faible activité, est potentiellement plus dangereuse pour la Santé Publique qu'une usine où sont entreposés ou produits des déchets radioactifs sous surveillance.»
     La CLADE en appelle aussi au Principe de Précaution, inscrit dans le Traité de MAASTRICHT comme dans la Loi: «Face à une incertitude scientifique ou face à des risques de dommages graves ou irréversibles, il ne faut pas remettre à plus tard l'adoption de mesures visant à préserver la dégradation de l'environnement.»
     Fin Janvier 1998 la CLADE a indiqué (lors d'une conférence de presse) avoir trouvé des sites radioactifs clandestins non répertoriés dans le rapport annuel de l'ANDRA. Sachez que la CLADE n'enverra pas des déclarations écrites sur ces sites comme le font l'administration et la COGEMA.
     Par communication téléphonique, votre collaborateur Monsieur BERNARD PALLARD avait indiqué à Monsieur LAMIREAU THIERRY qu'il effectuerait un déplacement en LIMOUSIN afin que la CLADE puisse réellement présenter ces lieux. Les finances de l'ANDRA ne permettraient-elles pas un tel déplacement?
     L'ANDRA, apte à ouvrir des recherches pour une mise en place de laboratoires souterrains (Cf. les déchets nucléaires à très haute activité) serait incapable de réaliser des investigations sur d'anciens sites miniers...
     L'ANDRA doit concrètement agir dans le lourd dossier nucléaire environnemental et sanitaire en LIMOUSIN.
     Nous vous indiquons deux mesures effectuées sur deux sites clandestins
     1/Activité globale sur des produits prélevés: :13,5 millions de Becquerels par kilogramme.
     2/ 89'078 Bq/kg de matières sèches de Plomb 212, 74'351 Bq/kg de Bismuth 212, 4'346'483 Bq/kg de plomb 210, 1'103'018 de Bq/m3 de radon 222.
     A vous de juger si ces indications peuvent vous exonérer d'une visite en LIMOUSIN...
     Enfin, nous vous informons que Monsieur le Préfet de la HauteVienne et la DRIRE LIMOUSIN ne respectent pas vos recommandations et celles de Monsieur CHRISTIAN BATAILLE (député) comme indiqué page 82 dans le rapport intitulé : «L'évolution de la Recherche sur la gestion des Déchets Nucléaires à haute activité/tome II : les déchets militaires/Office Parlementaire d'Évaluation des Choix Scientifiques et Technologiques! 17 Décembre 1997.»
p.27

     «L'existence d'une seuil de banalisation des déchets, comme le soulignait le Directeur Général de l'ANDRA, Mr YVES KALUZNY pourrait conduire à des pratiques de dilution des déchets de façon à se placer au-dessous du seuil fatidique. Il suffit en effet de mélanger une faible quantité de déchets fortement contaminés avec une grande masse de produits neutres pour obtenir une activité massique moyenne au-dessous de ce seuil.»
     Monsieur le Directeur, ce risque de «dilution» de la radioactivité n'est pas théorique puisqu'il est constamment pratiqué en LIMOUSIN par la COGEMA.
     A titre d'exemple je vous renvoie au dossier concernant le déplacement des fûts d'urano-thorianite (origine: ancienne usine militaire du BOUCRET) du site du SEPA/COGEMA à BESSINES au site de la COGEMA à JOUAC (HAUTE-VIENNE).
     Grâce à la CLADE, il a été démontré que ce stockage au SEPA àBESSINES était illégal puisque Monsieur le Préfet a ordonné son
transfert. 
Or, qu'ont fait la COGEMA et la DRIRE ? Ils ont appliqué ce que vous-même, Monsieur le Directeur, avez dénoncé: la pratique de dilution des déchets de façon à se placer au-dessous d'un seuil fatidique.
     Très simplement dit : la COGEMA (sous couvert de la DRIRE et de Monsieur le Préfet) a balancé le contenu des fûts (thorium en grande quantité pourtant classé dans la catégorie «Très Radiotoxiques» ainsi que de l'uranium) dans les boues radioactives des bassins (non protégés sur les côtés et le fond) de l'usine de JOUAC.
     D'ailleurs l'ANDRA a repris très laconiquement ce principe dans une page du répertoire 1997 alors que le Directeur que vous êtes dénoncez cette pratique
     Monsieur le Directeur, en espérant une réponse avec la plus grande célérité, nous renouvelons notre souhait de voir un représentant de l'ANDRA venir en LIMOUSIN pour pousser plus loin les investigations nécessaires à une moins mauvaise gestion du lourd passif lié à l'exploitation minière de l'uranium.
p.28

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