La G@zette Nucléaire sur le Net!
N°92/93, février 1989
numérisation assurée par A. Vérignon (GSIEN)
ET SI ON PARLAIT ECONOMIE
Editorial / SOMMAIRE
     
     Dans le courrier adressé à la Gazette, il y a des demandes pour avoir un dossier économie: en voici un qui trainait dans nos tiroirs depuis les présidentielles. Nous l'avons pris tel quel avec ses redites, ses maladresses, mais il fait un point intéressant. Si vous-même vous disposez d'autres documents, n'hésitez pas, cela peut être fort intéressant de continuer à publier des documents économie.
     A part cela, nous avons reçu du Ministère de l'Environnement un dossier sur «la radioactivité dans l'environnement» par Philippe Diffre (avril 1988). Il fait le point sur bien des questions et nous vous le recommandons. N'hésitez pas à le demander au Ministère, service de documentation.
     Pour le reste, vous avez tous appris le redémarrage de Superphénix. Le débat sur le sujet a été, bien évidemment, complètement escamoté mais qui en doutait?
     Le nucléaire est le rendez-vous des occasions perdues: on aurait pu avoir un débat en 1977 grâce au rapport Schloessing (voir la Gazette N°15/16) qui avait été fort sévère sur la mise en place du nucléaire. Bien sûr on ne l'a pas eu mais EDF et le CEA nous ont gratifiés du rapport Pintat. Plus de critiques, les sénateurs louaient la fée électricité nucléaire.
     Puis en 1979 on a recommencé avec une pétition signée par 600.000 personnes qui demandait un débat, une mise à plat des problèmes. A l'époque, le PS, dans l'opposition, avait signé. Mais en 1981, il a oublié. Le nucléaire et la France, même combat!
     Il faut avouer que les rapports des politiciens avec l'énergie nucléaire sont bien curieux. C'est un sujet tabou qui les fascine et les rend, pour la plupart, muets. Il faudrait pourtant se décider à faire le point, à examiner la politique énergétique.
     Au lieu de se lancer dans cet exercice, on accepte sans discussion le changement des réacteurs avec du combustible enrichi au plutonium, dénommé MOX. On accepte sans discussion puisqu'EDF avait prévu au niveau de l'enquête de pouvoir faire ce changement dans 16 REP de 900 MWe. Prévoyante entreprise. Nous ne sommes jamais assez vigilants et ce point qui nous apparaît maintenant comme crucial, nous l'avions un peu sous-estimé.
     C'est vrai qu'il pouvait permettre d'éviter les surgénérateurs dans un premier temps. En fait, la situation est plus compliquée, le passage du plutonium dans les REP permet seulement de ne pas immobiliser un combustible cher. Puis, pouf, utiliser vraiment le plutonium, il faut un rapide à cause de la composition isotopique du mélange.
suite:
     Et nous voilà ramenés au début de notre propos car nos «chers» ennemis ont bien concocté leur coup. La politique énergétique pour 2010 se décide maintenant en 1989-90.
     Avec les REP au MOX et les surgénérateurs en l'an 2010, ils sont en train d'engager notre avenir, une fois de plus sans débat et en douceur sans faire de vagues. Tout se passe dans le secret des cabinets et tout le monde, à part une poignée d'initiés, sera mis devant le fait accompli.
     Pour mieux parvenir à leurs fins, ils ont même européanisé leur lobby (accords de 84) et ce lobby vient de se conforter en 1989. Bien sûr, il est un peu squelettique: France, Angleterre, RFA. Mais ils espèrent bien voir revenir les autres, Belgique, Italie, Hollande.
     Un petit rayon de soleil: la Belgique par le truchement de son ministre de l'industrie a mis un véto à la poursuite des recherches du centre de MOL, sur le surgénérateur. Tout de suite les boucliers se sont levés: on va démanteler des équipes d'ingénieurs, on va devoir recycler des techniciens. Eh bien oui, que ces équipes s'occupent d'autres énergies, cela serait hautemeni payant puisqu'elles sont  si compétentes. Quant à la mise au rebut de cette technique, pourquoi aurait-elle plus de chance que la sidérurgie ou le textile?
     Il serait hautement préférable d'analyser en détail le poids du nucléaire dans certaines faillites: on ferait alors attention à obtenir un développement harmonieux. Mais que le poids de sa partie militaire est donc lourd. Quand la France gèlera-t-elle enfin son armement? Quand aura-t-elle enfin l'attitude que lui dicte 1789?
     Apparemment jamais car nous nous obstinons d'une part à vendre des armes tous azimuts et d'autre part à rester les tenants de la dissuasion nucléaire.
     Les élections municipales vont avoir lieu, c'est un bon moment pour rediscuter. En séquences, nous allons avoir les élections européennes, ce sera aussi un bon moment mais attention aux promesses, l'enfer en est pavé.
     Il est temps, plus que temps, que nous oeuvrions pour tenter d'infléchir l'avenir. Sinon, nous resterons le pays le plus nucléarisé d'Europe et finalement nous serons le pays qui a les centrales, les déchets et le chômage: les sous-développés de l'Europe avec une technologie soit disant de pointe. Pas mal!
     Bonne lecture!
     Merci de vos réabonnements. Nous avons de quoi vous offrir vos trois Gazettes de l'année. Que ceux qui sont en retard n'oublient pas d'envoyer leur contribution et la Gazette de fin d'année sera financée. Merci à tous.
p.1

SOMMAIRE
EDITO
DOSSIER ECONOMIE:
Pour une autre politique de l'énergie; économie et maîtrise de l'énergie; l'endettement d'EDF
Le chauffage électrique: introduction; une particularité française
Superphénix; comité Stop Nogent

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