La G@zette Nucléaire sur le Net!
N°38, sept. oct. 1980

LA SOCIETE DE L'HOMME SAVANT
EDITORIAL / SOMMAIRE

     Existe-t-il encore une raison, un besoin, un intérêt à la parution de la Gazette Nucléaire?
     Parfois l'équipe de rédaction s'interroge, tout n'a-t-il pas été dit, le sujet présente-t-il encore un intérêt au moment où le programme nucléaire français semble de plus en plus florissant, où les centrales sont inaugurées et rentrent en service, malgré le refus des populations, malgré le problème toujours inquiétant des fissures de tubulures? Puis il y a la guerre au Proche-Orient entre l'Iran et l'Irak et ce que l'on appelle le troisième choc pétrolier; et puis il y a l'élection de Reagan que l'on dit pro nucléaire, et qu'espéraient bon nombre de nucléocrates. Et encore récemment en France trois des partis les plus importants se déclaraient pour le surgénérateur, et l'extension de La Hague et, et... Alors, baisser les bras, se résoudre au fatalisme, en se disant que nous aurons eu raison trop tôt et que l'on verra bien après, bref, accepter le fait... et aller à la pêche à la ligne, satisfait du travail accompli?
     Eh bien non! L'équipe a décidé de poursuivre non pas par obstination solitaire, mais bien parce que si l'on en juge par les renouvellements d'abonnements, aussi bien que par nos nouveaux lecteurs, nous sommes attendus, sollicités même. Mais la vraie raison qui nous pousse à poursuivre, c'est que maintenant nous entrons réellement dans ce que l'on peut appeler le temps nucléaire.
     Jusqu'ici, on a connu le temps des premières réalisations, puis celui de la construction du programme; maintenant, des installations vont fonctionner, des déchets s'accumuler, des travailleurs vont prendre «des doses»... Alors, bien sûr, le combat va prendre un autre sens, car en plus de tenter d'infléchir le cours des constructions pour demander aux gens leur avis, pour débattre, nous devons maintenant nous battre aussi sur la sécurité et le fonctionnement de toute cette énorme machinerie nucléaire. C'est en ce moment que s'ouvre réellement la société nucléaire qui a été choisie pour nous par les grands appareils détenteurs du pouvoir.
suite:
     Il va falloir «s'adapter» à cette nouvelle forme d'énergie qui ne se stocke pas, elle non plus, et suit très mal la demande de consommation sur laquelle donc il faudra agir. Cela va bientôt être aussi l'époque de faire les comptes et qui peut croire que l'électricité va voir son prix  diminuer  en francs constants, comme l'ont dit les promoteurs du programme?
     Les nucléocrates tiennent le débat nucléaire pour terminé - «après les chocs pétroliers, vous comprenez...» - et ils tiennent en permanence le langage de la nécessité, de la fatalité, en reconnaissant même avec cynisme que «bien sûr, il va falloir sortir du nucléaire le plus vite possible, que d'accord, ce n'est pas la panacée miracle, qu'il y a des problèmes, mais que voulez-vous, NOUS  SOMMES  CONDAMNES...» D'ailleurs, ajoutent-ils, le «débat» sur les surgénérateurs, organisé par Antenne 2 et Europe 1, a montré que les gens avaient parfaitement accepté les centrales PWR.
     Eh bien, nous, nous sommes de ceux qui ne baissent pas les bras et nous considérons que notre rôle d'information sur l'énergie, et particulièrement sur l'énergie nucléaire, est loin d'être terminé: «Conditions de travail, situation du retraitement, dénonciation de l'absurdité de Superphénix et des surgénérateurs», autant de sujets sur lesquels il nous faut poursuivre notre information.
     D'un autre côté, il nous faudra poursuivre nos études sur les énergies renouvelables, sur lesquelles les mass-media semblent se pencher avec solicitude sans doute, pour mieux faire oublier leur mutisme sur le nucléaire.
     Mais de toutes les façons, c'est vous lecteurs qui déciderez. Tant que vous nous écrirez, que vous serez indulgents pour nos retards, pour nos erreurs de gestion, tant que vous vous réabonnerez spontanément lorsque votre bande adresse l'indiquera, nous poursuivrons notre tâche (et toujours bénévolement...). Nous allons bientôt atteindre notre quatrième anniversaire et entrer dans notre cinquième année de parution - et toujours avec vous, lecteurs fidèles.
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ENCART
Pour une autre politique de l'énergie
Pour un débat démocratique sur l'énergie
(pétition signée par près d'un million de citoyens, dont le citoyen François Mitterrand...)

· Je m'oppose au choix du «tout nucléaire» fait par le gouvernement.
· J'exige la levée du secret qui entoure toutes les décisions concernant l'énergie, la mise en place de moyens d'information décentralisés et indépendants et le renforcement des mesures de sécurité pour les travailleurs et la population.
· J'affirme que pour faire face à la crise il faut un nouveau type de développement fondé sur les besoins des travailleurs et des populations et sur des réalités régionales. Il s'agit d'imposer une politique qui économise les ressources non  renouvelables, utilise toutes les ressources non exploitées en France et s'appuie sur un vaste plan de développement des énergies nouvelles. Cette politique alternative est susceptible de créer, à terme, des centaines de milliers d'emplois nouveaux.
· Je demande l'organisation d'un large débat public et contradictoire sur la politique énergétique de notre pays, ce qui implique:
     - des consultations et des décisions démocratiques sur les grands choix énergétiques aux niveaux régional et national
     - la suspension du programme électro-nucléaire actuel tant que le débat démocratique n'aura pas été conduit à son terme.

SOMMAIRE
EDITO
Messieurs soyez au service
Irradiations et militaires
Le Proche-Orient et le nucléaire
Retour sur Kychtym; suite dossier Plogoff
Affaire de l'uranium de Namibie

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