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Les perspectives de développement durable en Méditerranée
Source ADIT, novembre 2005

    A l’issue de quatre années de travail, le Plan Bleu vient de publier son rapport intitulé "Méditerranée : Les perspectives du Plan Bleu sur l’environnement et le développement" qui présente sur plus de 400 pages un bilan et des perspectives sur l’environnement et le développement du bassin méditerranéen. Des questions et des propositions qui tentent d’intégrer le développement durable dans les scénarios envisageables pour cette région où pays du Nord et du Sud doivent s’entendre dès maintenant sur l’avenir qu’ils souhaitent partager.     Comment, à partir de l’analyse de la situation actuelle et des évolutions possibles, s’orienter vers des politiques de développement durable pour l’ensemble du Bassin méditerranéen ?  Car la méditerranée présente son lot de contraintes spécifiques : pressions  particulièrement fortes dues au tourisme, à l’urbanisation du littoral, à l’irrigation agricole, au transport maritime... Des questions qui concernent les deux rives de la Méditerranée autour du devenir de nos villes, de nos campagnes, de nos montagnes et de notre littoral, mais aussi de nos modes de transports,  de notre énergie, de nos ressources en eau...


De gauche à droite : Paul Mifsud, Coordinateur du Plan d’action pour la Méditerranée,
Lucien Chabason, Président du Plan Bleu, Serge Antoine, représentant de la France à la Commission Méditerranéenne de Développement Durable,
et Guillaume Benoit, Directeur du Plan Bleu
Photo © Laurent Mignaux - Medd

    Faisant suite au rapport officiel publié en 1989, le présent rapport propose une actualisation des données et une analyse prospective de l’environnement et du développement de la région méditerranéenne. Plus de 300 experts des pays riverains et de l’Union Européenne ont été consultés. Une richesse et une diversité de points de vue qui contribuent à la crédibilité des solutions envisageables pour préserver la qualité et la spécificité de l’écorégion, notamment autour de nouvelles dynamiques de développement intégré.     Dès le 2e Sommet mondial sur le développement durable de Johannesburg l’accent a été mis sur la nécessaire modification de nos modes de consommation et de production, sur la protection et la gestion durable des ressources.
    L’ouvrage publié par le Plan Bleu permet de mesurer les progrès réalisés depuis 1985 et propose des scénarios alternatifs de développement durable autour de 6 problématiques : eau, énergie, transports, espaces urbains, espace rural, littoral et environnement marin... avec des objectifs réalistes.


La sécheresse, symbole d’une ressource rare, fragile et inégalement répartie
Photo © Laurent Mignaux - Medd

    Alors qu’en Méditerranée l’eau est une ressource rare, fragile et inégalement répartie. Les prélèvements agricoles approchent du niveau limite au regard des ressources disponibles tandis que les pollutions en modifient le régime ou la qualité et limitent encore les usages. 
    Face à l’accroissement prévu des pressions sur la ressource en eau il est urgent d’agir sur la demande plutôt que sur l’offre, réponse traditionnelle des politiques de l’eau en Méditerranée, qui atteint aujourd’hui ses limites.
    La gestion de la demande en eau consiste à réduire les pertes et les mauvaises utilisations (fuites, gaspillages) et à améliorer l’utilisation de la ressource. Une approche qui tout en limitant les impacts environnementaux, les risques de conflits, le coût d’accès à l’eau, dégage également des opportunités de croissance économique et des conditions de stabilité pour la région. Une telle politique permettrait d’éviter, pour les 15 ans qui viennent, la construction de 100 barrages dans les pays méditerranéens.


Recourir au fort potentiel méditerranéen en énergies renouvelables
Photo © Plan Bleu

    En matière d’énergie, on constate, depuis quelques décennies, une très forte progression du gaz naturel aux dépens du pétrole, mais dans de nombreux pays, il n’existe pas encore de politique incitative à l’économie d’énergie ou au développement des énergies renouvelables.
    Du fait des évolutions démographiques et des modes de vie, les pays du Sud devraient, d’ici 2025, connaître des taux de croissance de leur demande énergétique environ quatre fois plus élevés que les pays développés alors même que  les énergies renouvelables resteraient marginales. 
Ces évolutions ne sont pas sans conséquences à la fois géopolitiques, socio-économiques et environnementales : croissance de la dépendance énergétique, des coûts d’approvisionnement, des impacts sur l’environnement...
    Le scénario alternatif propose donc une utilisation plus rationnelle de l’énergie (réduction des pertes des réseaux, isolation des logements, équipements électroménagers, technologies industrielles économes, transports etc.) et un recours plus systématique au fort potentiel méditerranéen en énergies renouvelables (solaire, éolien).


Malgré les interdictions, les transports maritimes génèrent leurs propres pollutions
(eaux de ballast, lavage des citernes, boues et eaux de cales)
Photo © Plan Bleu

    Tandis qu’actuellement, en matière de transports, plus de 80% des déplacements s’effectuent par la route entraînant les nuisances habituelles (bruit, pollution, accidents...),  les transports maritimes génèrent aussi, malgré les interdictions, leurs propres pollutions en mer (eaux de ballast, lavage des citernes, boues et eaux de cales).     Dans le scénario de base à l’horizon 2025, les trafics routiers et maritimes (ainsi que leurs nuisances) devraient continuer à augmenter dans des proportions très importantes.
    Seule alternative : découpler croissance économique et mobilité motorisée. Cela suppose l’adoption de mesures dissuasives au transport routier et incitatives pour les solutions alternatives (groupage des marchandises, covoiturage, gestion du trafic, multimodalité...).


Face au développement attendu: réinventer la ville méditerranéenne
Photo © Plan Bleu

    Même si les dynamiques urbaines demeurent différentes entre Nord et Sud, les taux d’urbanisation convergent et les prévisions à l’horizon 2025 annoncent 75% de population urbaine (380 millions) dans les  pays méditerranéens.     Les experts invitent donc à réinventer la ville méditerranéenne : maîtrise de l’étalement urbain, amélioration du cadre de vie dans les villes, promotion de modes de vie moins gaspilleurs et moins pollueurs, dynamisation de l’économie urbaine valorisant le patrimoine historique et culturel constituent des objectifs majeurs pour changer de scénario.


Le développement rural passe par une valorisation des produits typiques et biologiques
Photo © Plan Bleu

    L’espace rural méditerranéen se caractérise principalement par sa surexploitation au Sud et un déficit de gestion au Nord et  des écarts croissants de productivité agricole et de revenus entre les deux rives. 
    Si rien n’est fait, on peut facilement prédire la poursuite de la décroissance de la population agricole au Nord gagnant au Sud et à l’Est, y entraînant le maintien de la pauvreté et des dégradations irréversibles aux ressources naturelles : épuisement des ressources en eau, désertification, perte de terres agricoles rongées par l’urbanisation et les infrastructures.
    Un développement rural durable semble seul en mesure d’y réduire la pauvreté, de revitaliser les arrière-pays, de développer des marchés intérieurs et internationaux, de sauvegarder des biens publics environnementaux et de maintenir des cohésions sociales. 
Cela nécessiterait une protection des terres agricoles péri-urbaines, une valorisation des produits typiques et biologiques, un tourisme rural...


Le littoral: 46.000 km d’espace propice à toutes les activités économiques
Photo © Plan Bleu

    Sur le littoral, long de 46.000 km, espace on ne peut plus convoité, le cumul des pressions conduit à une spirale de dégradations : artificialisation,  pollutions en tous genres... et la tendance prévoit encore une forte croissance des pressions démographique, touristique, économique, industrielle... Les risque majeurs sont ceux d’une saturation du littoral, d‘une artificialisation supplémentaire de 4000 km de côtes mais aussi de grandes pollutions marines accidentelles.     Si la Convention de Barcelone adoptée en 1975 a permis de réduire les dégradations, un accord international pour le littoral sera nécessaire pour :
    * doter d’une politique littorale les pays qui n’en disposent pas encore ;
    * développer une synergie pour les financements privés et publics ;
    * étendre MARPOL aux produits chimiques ;
    * appliquer effectivement l’interdiction des pollutions opérationnelles ;
    * équiper les ports méditerranéens en installations de réception des polluants. 

    Le document "Méditerranée : Les perspectives du Plan Bleu sur l’environnement et le développement", est publié aux éditions de l’Aube et diffusé par Le Seuil. Avec ses 432 pages, ses 250 cartes et graphiques (pour la plupart inédits), ses études de cas, c’est un ouvrage de référence pour tous ceux qui veulent comprendre, analyser, agir. Souhaitons avec le Plan Bleu qu’il contribue à "faire de l’Euroméditerranée un exemple mondial de co-développement durable" !

Le dossier de présentation est téléchargeable à partir du site internet du Plan Bleu:
http://www.planbleu.org/actualite/fr/Mediterranee2025.html


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