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N°280, juin 2016

ATTENTION DANGER:
PIÈCES FALSIFIÉES DANS LE NUCLÉAIRE

L’autorité de sûreté nucléaire met de nouveau en garde Areva sur l’état des usines de La Hague

 
      L’ASN accuse Areva de "lacunes sérieuses" à La Hague (usinenouvelle.com)
     Philippe Varin et Philippe Knoche, respectivement président et directeur général d’Areva, ont été auditionnés par l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN). L’instance pointe du doigt l’état de corrosion des évaporateurs assurant la concentration des produits de fission sur le site de La Hague.
     Et si le remplacement des évaporateurs de La Hague intervenait plus tôt que prévu le scénario qui semble se dessiner pour Areva. L’autorité de sûreté nucléaire (ASN) vient de rendre public l’audition, le 11 février 2016, du président et du directeur général du leader français du secteur. Philippe Varin et Philippe Knoche se sont vus reprocher l’état de corrosion des évaporateurs. Ces structures interviennent dans le traitement des déchets nucléaires afin de vitrifier les éléments radioactifs qui seront ensuite enfouis dans des couches géologiques profondes.
     Sur le papier, il n’y a rien à craindre. Les évaporateurs ont été conçus dans les années 80 dans un acier choisi pour ses capacités d’endurance vis-à-vis de la corrosion. La durée de vie a été établie à 30 ans, cela implique un remplacement de ces installations, mis en service entre 1989 et 1994, au plus tôt en 2019. Seulement, la corrosion s’avère plus importante que prévue
 
     Une nouvelle qui tombe au pire moment pour Areva
     Le groupe français a réalisé en 2012 et 2014 des mesures d’épaisseur de ses évaporateurs à la demande de l’ASN. Une corrosion plus importante que celle attendue a alors été identifiée. Alertée en 2014, l’ASN a ordonné un suivi approfondi des vitesses de corrosion des évaporateurs. À la suite de plusieurs mesures, il a été demandé à Areva de présenter les dispositions envisagées pour réduire les risques de ses évaporateurs. C’est cette demande qui a conduit à l’audition le 11 février des deux dirigeants du groupe par l’ASN.
     L’Autorité de sûreté nucléaire a décidé d’encadrer réglementairement la poursuite du fonctionnement des évaporateurs. Areva devra une fois de plus renforcer leur surveillance, mais également se doter de moyens supplémentaires (isolement, détection, etc.) afin de limiter les conséquences d’une éventuelle fuite ou rupture.
     De plus, au vu des dernières mesures effectuées, la sûreté de l’installation est remise en cause à moyen terme. Le remplacement de l’évaporateur le plus dégradé pourrait se produire dès 2018.
     Une nouvelle qui tombe au pire moment pour le groupe français qui doit présenter le 25 février des résultats pressentis comme mauvais. Plongé dans le calvaire du réacteur de Flamanville, Areva n’a plus de liquidité, mais devra tout de même effectuer des travaux à La Hague qui se chiffrerait au minimum à une centaine de millions €.
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Note du 16 février 2016
Rejets de plutonium dans la Loire
Recherche d’un marquage historique au sein d’une archive sédimentaire collectée le 21 juillet 2015 à Montjean-sur-Loire
Note IRSN février 2016 (pdf)
 
      Contexte
     Les deux réacteurs du CNPE de Saint-Laurent-des-Eaux situé sur la Loire en aval d’Orléans, ont été couplés au réseau les 14 mars 1969 (réacteur SLA1) et 9 août 1971 (SLA2), respectivement. Ces réacteurs ont subi des accidents qui ont conduit à la fusion d’éléments de combustibles: le 17 octobre 1969 (SLA1) et le 13 mars 1980 (SLA2). De plus, le 21 avril 1980, l’éclatement d’un conteneur d’un élément combustible dans la piscine d’entreposage des combustibles usés de SLA2 a conduit à une contamination importante de l’eau de cette piscine. Après un traitement par filtration pendant quelques mois, cette eau a été rejetée en Loire induisant un rejet de l’ordre de 1 GBq en émetteurs alpha sur l’année 1980. Les réacteurs ont été mis à l’arrêt définitif respectivement le 18 avril 1990 et le 27 mai 1992.
     Une étude réalisée en 1980 (Thomas,1982) a permis de mettre en évidence à cette époque la présence des isotopes 238 et 239, 240 du plutonium dans les matières en suspension de la Loire, à des niveaux de concentration et dans des rapports d’activité (238Pu/ 239, 240Pu > 0,04) attestant de rejets industriels.
     L’IRSN, en collaboration avec l’Université de Tours, a prélevé une archive sédimentaire dans les berges de la Loire en aval d’Angers afin de rechercher la trace de ces rejets anciens.

     Archive sédimentaire sur le site de Montjean-sur-Loire
     Le site de Montjean-sur-Loire (0°51’23,1"O - 47°23’34,0"N; Altitude: 13 m) est une marge alluviale de la plaine d’inondation de l’île Chalonne. Cette marge n’est immergée que pendant les crues (1), soit entre 20 et 40 jours par an au cours des 50 dernières années, et offre des conditions satisfaisantes de conservation des dépôts. Le site de Montjean-sur-Loire a été choisi parce qu’il est situé à l’aval de tous les CNPE du bassin de la Loire (Fig. 2) et que ses archives sédimentaires ont déjà été datées par le 137Cs  (Grosbois et al., 2012).

CNPE sur le bassin de la Loire 

     Des carottages ont été réalisés sur ce site le 21 juillet 2015. Les carottes de 2 m de longueur cumulée ont été ouvertes et découpées en tranches de 5 cm d’épaisseur. Les tranches ont été analysées par spectrométrie gamma pour doser le 137Cs utilisé pour la datation de l’archive sédimentaire, puis pour certaines, par spectrométrie alpha pour la recherche des isotopes du plutonium.
     Le 137Cs a été détecté jusqu’à 118 cm de profondeur, à des concentrations comprises entre 1,6±0,7 (3) Bq/kg et 56,2±2,4 Bq/kg. Le profil de concentration en 137Cs met en évidence:
     - un pic majeur à 92 cm de profondeur, attribuable au maximum des retombées atmosphériques globales des tirs nucléaires de surface (1963);
     - un pic de plus faible amplitude, à 32,5 cm de profondeur, attribuable aux retombées de l’accident de Tchernobyl (1986). Une analyse détaillée des débits de la Loire après l’accident montre que le site n’a pas été inondé avant février 1988, ce qui permet de dater ce pic à 1988 (4).
     Cette démarche a permis d’attribuer à chaque tranche échantillonnée un âge estimé et une incertitude associée liée à l’épaisseur des tranches et aux taux de sédimentation apparents (5).

Les isotopes de plutonium dans l’archive sédimentaire de Montjean-sur-Loire
     L’évolution temporelle des concentrations en 238Pu et 239, 240Pu est présentée sur les figures 4a et 4b, respectivement, ainsi que celle des rapports d’activité 238Pu et 239, 240Pu (Fig. 4c). Les valeurs sont données en annexe. Les strates analysées correspondent aux niveaux entre 22,5 cm et 102,5 cm (dates de dépôt estimées entre 1997±3 et 1958±2).
(suite)
suite:
évolution temporelle concentrations en Pu
évolution temporelle concentrations en Pu

évolution temporelle concentrations en Pu
Figure 4
Evolution temporelle des concentrations en 238Pu (a) et 239, 240Pu (b) et du rapport d’activité 238Pu/239, 240Pu (c) dans la carotte de Montjean-sur-Loire; pour chaque symbole, la barre horizontale représente l’incertitude sur la datation; la barre verticale est celle de l’incertitude associée à la mesure des isotopes du plutonium correspondant à ±2ơ ; les ronds ouverts correspondent aux concentrations en 238Pu et aux valeurs du rapport d’activité 238Pu/239, 240Pu corrigées de la décroissance radioactive pour la date du dépôt. Sur le graphe c, la courbe verte correspond aux valeurs attendues sous nos latitudes en prenant en compte les seules retombées atmosphériques consécutives aux essais nucléaires de surface et à l’explosion d’un satellite Transit 5BN-3 au-dessus de l’Océan indien en 1964 (d’après Duffa, 2001).

     Les concentrations en 239, 240Pu passent par un maximum en 1963 (3900±170 mBq/kg) puis décroissent régulièrement pour atteindre 258±14 mBq/kg au milieu des années quatre-vingt. Dans le même intervalle, les concentrations en 238Pu sont en revanche beaucoup plus variables: de l’ordre de 40 à 60 mBq/kg jusqu’au milieu des années soixante, elles augmentent jusqu’à des valeurs de 80 mBq/kg pour le niveau daté à 1967±2; après une décroissance progressive jusqu’aux alentours de 26 mBq/kg au cours des années soixante-dix, elles montrent un nouveau pic à 50±5 mBq/kg (soit 66±7 mBq/kg à la date du dépôt) en 1980±2. Les concentrations en 238Pu et 239, 240Pu observées dans cette dernière strate sont cohérentes avec les valeurs enregistrées par Thomas (1982) en octobre 1980 dans les particules en suspension de la Loire aval (900±100 mBq/kg pour le 239, 240Pu et 400±200 mBq/kg pour le 238Pu) compte tenu des différences granulométriques des matériaux étudiés (6) et de la décroissance radioactive.
     Le rapport d’activité 238Pu/239, 240Pu présente également deux maximums: le premier est enregistré en 1967-69 (0,11±0,01 en valeur corrigée de la décroissance à la date du dépôt); le second en 1980 (0,14±0,02 en valeur corrigée de la décroissance à la date du dépôt). Après 1980, ce rapport diminue, et semble se stabiliser à environ 0,03 dès le milieu des années quatre-vingt, soit une valeur caractéristique des retombées atmosphériques globales. Ces observations sont également en accord avec les travaux de Thomas (1982) qui indiquent des valeurs de rapport d’activité 238 Pu/239, 240Pu, dans les particules en suspension collectées au début des années 80, variant de 0,15 à 0,42.

Interprétation des concentrations en plutonium dans l’archive sédimentaire de Montjean-sur-Loire

     En l’absence de source industrielle, les isotopes de plutonium sont issus des retombées atmosphériques des tirs nucléaires de surface (1945-1980) et des retombées atmosphériques liées à l’explosion du satellite Transit 5 BN-3 au-dessus de l’Océan Indien (1964). Les mesures réalisées à l’époque (en 1970 et 1971) dans les sols de l’hémisphère nord sous nos latitudes indiquent des teneurs moyennes de 25±10 mBq/kg en 238Pu, et de 700±200 mBq/kg pour le 239, 240Pu avec un rapport d’activité de 0,036±0,006 (Hardy et al., 1972).
     A la fin des années soixante, l’archive sédimentaire enregistre des teneurs en 239, 240Pu de l’ordre de grandeur (1090±50 mBq/kg) de celles attendues dans les sols à cette époque suite aux retombées atmosphériques précitées; en revanche les concentrations en 238Pu (78±8 mBq/kg, soit 115±12 mBq/kg à la date du dépôt), sont plus de quatre fois supérieures aux teneurs moyennes estimées dans les sols au cours de cette période. De même, les valeurs du rapport d’activité (0,105±0,010 à la date du dépôt) sont significativement supérieures à la valeur de 0,036±0,006 caractérisant les sols de nos latitudes à cette époque (Fig. 4c). Le pic daté à 1967 pourrait correspondre à un rejet accidentel en octobre 1969, car il n’y a pas eu de crue (donc pas de dépôt) entre octobre 65 et mai 69.
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      Le pic de concentration en 238Pu (1967, mais plus probablement 1969) et les valeurs du rapport d’activité associées attestent sans équivoque d’apports additionnels en plutonium d’origine industrielle dans le bassin versant de la Loire. Ces observations pourraient correspondre à l’enregistrement des rejets en Loire consécutifs à l’accident du CNPE de Saint-Laurent-des-Eaux (SLA1) survenu en octobre 1969.
     En 1980, l’archive sédimentaire enregistre des teneurs en 238Pu de 50±5 mBq/kg, soit 66±7 mBq/kg à la date du dépôt, c’est-à-dire près de 4 fois les teneurs attendues en l’absence de toute influence industrielle (7); cette même année, les valeurs du rapport d’activité (0,144±0,016 à la date du dépôt) sont très supérieures à la valeur de 0,038±0,006 caractérisant les sols de nos latitudes à cette époque (Fig. 4c). La diminution progressive des concentrations et des rapports d’activité après le début des années 80 peut être interprétée comme la rémanence d’un rejet unique ou la trace de plusieurs rejets de moindre ampleur réalisés sur cette période. Notons que dans les échantillons de matières en suspension prélevées en juin 1982, avril et mai 1983 (Thomas, 1982), les rapports d’activité demeurent anormalement élevés (de l’ordre de 0,10±0,05).
     Les pics de concentration en 238Pu en 1980±2 et les valeurs du rapport d’activité observés entre 1980 et 1983 attestent sans équivoque d’apports additionnels en plutonium d’origine industrielle dans le bassin versant de la Loire aux environs du début des années 80.
     Ces observations pourraient correspondre à l’enregistrement de rejets effectués en Loire par le CNPE de Saint-Laurent-des-Eaux (SLA2) en 1980, voire ultérieurement dans de moindres proportions.

     En bref...
     Les concentrations en 238Pu et 239, 240Pu et les rapports d’activité 238Pu/239, 240Pu mesurés dans l’archive sédimentaire collectée le 21 juillet 2015 à Montjean-sur-Loire attestent de rejets d’origine industrielle dans la Loire, qui pourraient avoir pour origine les accidents survenus en 1969 et 1980 sur les unités SLA1 et SLA2 du CNPE de Saint-Laurent-des-Eaux.
     Références
1- Duffa C. (2001). Répartition du plutonium et de l’américium dans l’environnement terrestre de la basse vallée du Rhône. Thèse Univ. Marseille, 171pp.
2- Grosbois C., Meybeck M., Lestel L., Moatar F., Lefèvre I. (2012). Severe and contrasted polymetallic contamination patterns (1900–2009) in the Loire River sediments (France), Science of the Total Environment, 435-436, 290-305.
3- Hardy E. P., Krey P. W., Volchok H. L. (1972). Global inventory and distribution of Pu-238 from SNAP-9A, health and safety laboratory, United States Atomic Energy Commission, New York. N. Y. 10014.
4- Thomas A. (1982). Comportement géochimique des radionucléides à l’amont de l’estuaire de la Loire. Contrat CNEXO n°82/6844, 24pp.
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Annexe
Concentrations en 238Pu et 239, 240Pu (mBq/kg) et rapport d’activité 238Pu/239, 240Pu dans l’archive sédimentaire de Montjean-sur-Loire; les concentrations sont données à la date du prélèvement (21 juillet 2015).
concentration en Pu archive sédimentaire Montjean-sur-Loire

Notes
1-Dans les marges alluviales, les archives sédimentaires cumulent les dépôts des crues inondant la zone de prélèvement. Au cours de certaines années, l’absence de crue inondante peut conduire à des discontinuités dans les chroniques des dépôts annuels. L’analyse des chroniques de débits permet alors d’identifier ces discontinuités et de recaler, le cas échéant, l’année d’un dépôt à une date ultérieure, correspond à l’occurrence d’une crue inondante.
2-Principe de la datation par le 137Cs: quand les dépôts sont continus et non perturbés, les carottes sédimentaires montrent deux pics d’activité en 137Cs: l’un lié aux retombées de l’accident de Tchernobyl (1986) ; le second lié au maximum des retombées des essais nucléaires atmosphériques (1963). En l’absence d’autres marqueurs chronologiques, les pics d’activité sont datés à 1986 et 1963; les différents niveaux de la carotte sont datés par interpolation linéaire entre 1963 et 1986, et entre 1986 et la date du prélèvement.
3-Les concentrations sont toutes exprimées en Bq ou mBq par kilogramme de sédiment sec.
4-Le 137Cs déposé sur les sols des bassins versants à la suite de l’accident de Tchernobyl est progressivement transféré vers les cours d’eau durant plusieurs années.
5-Un taux de sédimentation, grandeur physique, s’exprime en g/cm2/an; le taux de sédimentation apparent est celui observé, en cm/an.
6-Les dépôts résiduels sur les marges alluviales sont des matières solides de granulométrie plus grossière en comparaison aux particules en suspension en transit dans la colonne d’eau collectées par Thomas (1982). Ainsi, ces dépôts présentent généralement des concentrations massiques plus faibles que celles des matières en suspension.
7-Le rapport d’activité 238Pu/239, 240Pu des retombées atmosphériques est de 0,038 en 1980; si l’on considère que les rejets industriels de 239, 240Pu sont nuls ou négligeables, la concentration attendue en 238Pu peut être déduite de la concentration en 239, 240Pu à cette date (460 mBq/kg), soit 17 mBq/kg; la concentration en 238Pu effectivement mesurée est près de 4 fois supérieure.

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Centre de Stockage de la Manche:
45 ans de rejets de tritium dans le ruisseau Ste Hélène
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ÉTUDE ACRO – communiqué du 14 avril 2016
 
      Le tritium, «c’est naturel», mais dans La Hague, il est «surnaturel». Cet isotope de l’hydrogène est généralement observé à 0,2 Bq/L dans l’eau des océans, et à environ 1 Bq/L dans les eaux continentales, hors influence d’installations nucléaires.
     Dans l’environnement du Centre de Stockage de la Manche (CSM), le tritium est, pour le moins, à des concentrations beaucoup plus élevées.
     Il est courant de l’observer à plus de 100 Bq/L dans l’eau du ruisseau Ste Hélène plusieurs semaines de suite. Pourtant, depuis 2003, les arrêtés d’autorisation de rejet des exploitants ANDRA et AREVA prescrivent de ne pas dépasser les 100 Bq/L en concentration hebdomadaire de tritium dans la Ste Hélène.
     Ainsi, les données de l’ANDRA font apparaître une concentration de 109 à 283 Bq/L durant six semaines en 2014. C’était 100 à 250 Bq/L durant 24 semaines consécutives en 2006, 32 semaines à plus de 100 Bq/L en cette même année 2006!
     Selon nos estimations, en 2014, les «relâchements» vers ce seul cours d’eau ont représenté plus de 90% des 86 GBq (milliard de becquerels) de tritium rejetés par le CSM dans l’environnement. Pour une raison incompréhensible, l’intégralité de ces « relâchements » dans la Ste Hélène est ignorée du décompte officiel des rejets du centre.
     Cette situation perdure depuis les années 70 avec l’arrivée de déchets contenant du tritium sur le site qui a entraîné rapidement une pollution massive des nappes phréatiques.
     Les eaux souterraines ainsi polluées contaminent depuis 45 ans les résurgences, cours d’eau, puits chez des particuliers, abreuvoirs, avoisinants.
     Recommandations de l’ACRO
     L’ACRO considère que la réglementation doit être strictement respectée en matière de limites de rejets dans les ruisseaux de La Hague, et que l’on doit avoir la même considération pour le domaine public que pour le domaine de l’exploitant AREVA où une pratique d'assainissement est mise en place (2).
     C'est pourquoi l'ACRO préconise d’épurer enfin la contamination des nappes phréatiques en pratiquant un pompage de la nappe dans la zone Nord du CSM.
     Commentaires
     * Un premier commentaire doit nous interpeller quant au traitement pour le moins différencié - de situations de pollutions radioactives de l'environnement et, en particulier des nappes phréatiques.
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     Ainsi, le 10 septembre 2014, le tribunal de police de Dieppe a condamné EDF à 10.000 euros d’amende pour une fuite de tritium détectée en octobre 2012 dans un piézomètre de contrôle de la centrale nucléaire de Penly (Seine-Maritime)(3/4). Un écoulement dans la nappe phréatique avait engendré des traces de tritium à des concentrations comprises entre 34 et 60 Bq/L, pour un taux habituel de 8 Bq/L dans ce même tube de contrôle [ASN2013].
     Cette jurisprudence «EDF» détonne dans l’environnement du CSM. Ainsi, en 2014, le taux de tritium dans certains puits de contrôle est à plus de 80.000 Bq/L (PZ131).
     En 2013, l’eau recueillie dans un des bacs de surveillance du réseau de drainage profond était à un taux de 5.410.000  Bq/L (BR088)... Loin des 34 à 60 Bq/L dans un puits de contrôle de Penly.
     Sur le plateau de La Hague ces taux de tritium de 34 à 60 Bq/L ne sont pas rencontrés de manière incidente dans les nappes phréatiques, mais en permanence dans les eaux de surface (40 à 400 Bq/L)
      Un second commentaire démontre une fois de plus que l'information reste diffusée de façon très partielle.
     Suite à un questionnement porté par cette étude ACRO, à l’occasion d’une réunion de travail CLI – exploitants le 11 mars 2016, nous avons appris que les piézomètres de la zone Nord-Est du site AREVA ont été fortement contaminés par un pompage industriel dans cette zone.
     Les données recueillies dans notre étude situent cet évènement en 2001, il y a 15 ans. Cet évènement, identifié par les exploitants et sans doute connu des autorités, était totalement ignoré par les CLI AREVA la Hague et CSM, malgré un questionnement de l’ACRO sur la non-publication des données sur un piézomètre en 2009 (5), dont le comportement tritium était aberrant.
     Malgré la publication de la loi dite TSN en 2006 (Transparence et Sûreté Nucléaire), la «transparence» est perfectible.
Notes
1- Etude en ligne sur le site de l’ACRO
2- Pour la zone Sud-Ouest sur le domaine AREVA, l’efficacité d’un tel pompage a été démontrée dès la mi-1992 par le pompage en EVT7 (60.000 m3/an). Le taux de tritium dans les piézomètres de cette zone AREVA, en périphérie du CSM, est inférieur à 100 Bq/L en 2014.
3- L’arrêt de la centrale à béton en 1990 avait entraîné une brusque augmentation du taux de tritium au droit de l’ex-point de pompage (50.000 Bq/L en 1992).
4- Le Monde, 10 septembre 2014
5- Lettre ACRO du 6 février 2009 adressée à AREVA NC La Hague
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