La G@zette Nucléaire sur le Net! 
G@zette N°239/240
Séisme, Générateurs de Vapeur, démantèlement

Papeete le 19 juillet 2007
Compte-rendu réunion de Moruroa e tatou* avec M. Jurien de la Gravière
* Sites internet: site 1, site 2 et archives sur le Centre d'Expérimentation Nucléaires du Pacifique: Point-Zero-Canopus


     Présents: M. Jurien de la Gravière DSND, Dr Frédéric Poirrier DSCEN, M. Marcel Villeneuve, MM Roland Oldham, John Doom, Marius Chan, Robert Tauarua, Gilles Faana, Michel Arakino, Jean Mairihau, Bruno Barrillot, Moana Tunutu.

     1 – Débat sur la loi sur la loi de présomption:
     Le rapport du CSSEN ne recommande pas la mise en discussion d'une loi sur le suivi des essais nucléaires. Selon M. Jurien de la Gravière, elle serait inutile car elle généraliserait des indemnisations pour des maladies qui ne seraient pas attribuables aux essais nucléaires. Dans la même logique, le DSND ne recommande pas la mise en place d'un fonds d'indemnisation. 
     Sur la question de la commission, M. Jurien de la Gravière semble ne pas connaître autre chose que les commissions d'enquête parlementaires. Une telle commission d'enquête a été repoussée par la Commission des Affaires étrangères et de la défense nationale du Sénat en décembre 2006 en même temps que la proposition de loi déposée par Mme Hélène Luc. 
     En fait, la commission proposée par les associations et reprise dans toutes les propositions de loi est une commission de suivi ou de pilotage du suivi des essais nucléaires. Il ne s'agit pas d'une commission d'enquête. Par sa composition qui associe gouvernement, parlement et société civile, la commission proposée permettra à tous les partenaires concernés de résoudre les problèmes liés aux conséquences des essais. Une telle commission permettrait d'éviter le face à face (de fait) des associations avec le seul ministère de la Défense, juge et partie sur les essais nucléaires.
     La difficulté du dialogue sur ce point avec le DSND est qu'il se déclare non compétent en la matière puisque la loi, le fonds d'indemnisation et la création d'une commission dépendent d'une décision politique. L'objectif final de la loi, d'un fonds d'indemnisation et d'une commission de suivi est de sortir du champ "pseudo-scientifique" sur les reconstitutions dosimétriques ou les retombées "sans danger" pour entrer dans le champ de la décision politique.
     La science ne pourra pas tout résoudre, surtout lorsque les faits à l'origine des maladies se sont déroulés plusieurs dizaines d'années auparavant. De plus, l'argumentation scientifique et le recours à la justice qui sont proposés aux victimes constituent une difficulté majeure pour les personnels polynésiens des sites nucléaires qui n'ont pas la "culture" judiciaire.
     Le recours au cas par cas tel qu'il est proposé par le DSND va constituer une injustice de plus à l'égard des Polynésiens. Une telle procédure profitera davantage à une majorité de vétérans métropolitains qui ont davantage de "moyens" pour constituer leurs dossiers en justice.
     2 – La mission médicale
     Moruroa e tatou insiste pour rappeler que le suivi médical des anciens travailleurs de Moruroa est une revendication qui est même antérieure à la création des associations. En 1997, la principale préoccupation des 900 anciens travailleurs qui ont participé à l'enquête sociologique EEPF – Hiti Tau concernait leur santé et celles de leurs enfants.
     M. Jurien de la Gravière assure que la Convention sur le "bureau médical de suivi" est conforme à la législation et qu'il l'a fait valider par le Conseil d'État. Il affirme avoir l'accord de la CPS sur la question des maladies professionnelles et qu'en cas d'une décision de reconnaissance d'une maladie liée aux essais nucléaires, l'État en assumerait la charge.

suite:
     Dans ces circonstances, Moruroa e tatou ne voit pas la raison de la disposition prévue dans la convention où un nouvel organisme viendrait déterminer si telle ou telle maladie est ou non due aux essais nucléaires, ce qui est du rôle de la CPS. Moruroa e tatou présume qu'une telle disposition laissera carte blanche au ministère de la défense pour continuer à affirmer ce qu'il a toujours déclaré, à savoir que les essais n'ont aucune conséquence sur la santé. Moruroa e tatou estime que l'État et le ministère de la défense sont juges et parties dans le dossier des essais nucléaires et que ce n'est pas de leur responsabilité de décider de l'origine des maladies.
     M. Jurien de la Gravière a laissé entendre qu'il serait prêt à supprimer les articles de la convention (ou de l'annexe) contestés par Moruroa e tatou.
Moruroa e tatou souhaite, pour clarifier le rôle du "bureau médical de suivi", que sa responsabilité soit confiée à un organisme indépendant, la Croix-Rouge ou une ONG humanitaire par exemple.
     La question du cancer de la thyroïde est à nouveau venue dans le débat, M. Jurien de la Gravière affirmant que l'étude de M. Florent de Vathaire de l'INSERM n'était pas validée par les Académies des sciences et de médecine. Il annonce que les archives seront ouvertes à des chercheurs des Académies des sciences et de médecine pour "refaire" l'étude de Florent de Vathaire.
     Moruroa e tatou remarque que le ministère de la défense choisit des chercheurs qui vont dans son sens des "essais propres" et rejette les études de M. Florent de Vathaire lorsqu'elles ne vont pas dans le même sens. M. de Vathaire est tout de même directeur de recherche à l'INSERM et un épidémiologiste reconnu comme spécialiste du cancer en Polynésie. Les deux Académies ont d'ailleurs, dans leur rapport sur l'étude de M. de Vathaire, reproché aux organismes concernés (i.e. le ministère de la défense) de ne pas avoir ouvert leurs archives à M. de Vathaire, ce qui pourrait avoir faussé les conclusions de son rapport. Les deux Académies recommandent d'ailleurs qu'une collaboration entre le ministère de la défense et le CEA soit mieux organisée avec M. de Vathaire.
     3 – La liste des anciens travailleurs de Moruroa
     Pour M. Jurien de la Gravière, il n'est pas possible de communiquer à une association une liste des anciens travailleurs, au nom de la législation "informatique et liberté". Le DSND signale également que certains anciens travailleurs ont demandé à ne pas figurer sur cette liste, ce qui est leur droit.
     Pour Moruroa e tatou, cette fin de non recevoir est inadmissible. Roland Oldham conteste ce refus du ministère de la défense. Il rappelle que le gouvernement australien a fait publier sur le site internet du ministère des anciens combattants la liste de tous les Australiens qui ont participé aux essais anglais. Pourquoi la France est-elle aussi réticente à ouvrir ses archives?
     M. Jurien de la Gravière renouvelle ses propos sur la difficulté de reconstituer les listes et de les mettre sur informatique en raison de la dispersion des documents selon les services ou les armées. Marius Chan, ancien gendarme à Moruroa, rappelle que la mission des gendarmes de Moruroa comportait l'inscription sur des registres de toutes les personnes qui étaient à Moruroa, militaires comme civils, à leur arrivée et à leur départ. Il est donc possible de reconstituer la liste des anciens travailleurs en consultant les archives de la gendarmerie à Rosny sous Bois.
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     Le débat sur l'ouverture des archives des essais nucléaires fait apparaître la même intransigeance du ministère de la défense. Il n'est pas question d'ouvrir ces archives au nom du "respect des engagements de la France en matière de non prolifération".
     John Doom fait remarquer que les Américains ont ouvert largement leurs archives et qu'elles sont disponibles aujourd'hui sur internet. M. Jurien de la Gravière affirme que les archives américaines sont expurgées page par page de toute information qui porterait atteinte à la non prolifération. Cette affirmation ne correspond pas à la réalité, montrant ainsi que le DSND n'a probablement jamais consulté par lui-même les documents américains.
     4 – Organisation pour les dossiers médicaux
     Ce point concernait plus particulièrement le Dr Poirrier qui accompagnait M. Jurien de la Gravière, tout au moins partiellement puisqu'il gère seulement les dossiers du DSCEN, c'est-à-dire les dossiers médicaux des personnels ayant été embauchés par le CEP (Défense) et les dossiers du Service de Protection Radiologique des Armées, dépendant aussi de la Défense. Les autres dossiers sont gérés par le CEA et par les services de médecine du travail.
     Moruroa e tatou souhaiterait pouvoir être averti assez tôt des envois de dossiers médicaux depuis la métropole. L'association pourrait ainsi plus rapidement avertir l'ancien travailleur que son dossier doit lui parvenir par la poste et qu'il doit aller le chercher dans les plus brefs délais.
     Moruroa e tatou signale aussi que les travailleurs polynésiens ont des difficultés pour se souvenir des dates exactes de leurs séjours à Moruroa. Certains services, comme les Archives hospitalières des Armées de Limoges, exigent des dates précises d'hospitalisation avant d'envoyer le dossier médical: il serait souhaitable que les responsables de Limoges s'adaptent au contexte particulier polynésien… 
     5 – Les réhabilitations dans les îles
     M. Jurien de la Gravière s'est déclaré satisfait des opérations de "déconstruction – réhabilitation" dans les îles. Il visitera le chantier de Pukarua et a même proposé qu'à l'occasion Moruroa e tatou puisse visiter le chantier de Reao à l'occasion d'une rotation de l'avion militaire.
     Moruroa e tatou a enregistré cette proposition. Un litige foncier reste cependant pour Tureia où Moruroa e tatou – en présence des propriétaires – a souligné qu'un accord avec les propriétaires puisse être conclu avant toute opération de démolition des blockhaus. M. Jurien de la Gravière a proposé que ce litige soit abordé avec l'administrateur des Tuamotu Gambier, notamment avec les documents attestant les droits de propriétés[1].
     John Doom a, de nouveau abordé la question de la réfection de la cathédrale Saint-Michel de Rikitea. Il a rappelé que le CEP avait participé par l'achat et le transport des matériaux à la réfection du toit de cette église du temps des essais aériens et qu'il serait normal que le ministère de la Défense finance la réfection de la toiture.
     M. Jurien de la Gravière a répondu que le ministère de la Défense ne prendrait pas à sa charge ces travaux mais qu'il avait lui-même fait appel au mécénat pour le financement et qu'il aurait vraisemblablement une réponse d'ici quelques mois.
suite:
     Moruroa e tatou a posé la question de la création de "lieux de mémoire" sur la période des essais nucléaires dans ces îles qui ont subi deux ou trois décennies de présence militaire. M. Jurien de la Gravière n'est pas opposé au principe de ces "lieux de mémoire" à condition que des propositions lui soient faites. Il imagine un local fixe dans une île avec des moyens audiovisuels ou autres et des documents (audiovisuels, CDRom, exposition) transportables dans les autres îles. John Doom a répondu que Moruroa e tatou ferait des propositions à ce sujet après consultation des populations.
     Concernant le futur chantier de réhabilitation de Hao, M. Jurien de la Gravière a reconnu qu'effectivement, la tâche serait immense et pourrait avoir une durée de deux ans. Revenant d'une visite de l'atoll, il a pu constater les dégâts environnementaux qui ont pour origine, non seulement les activités militaires mais aussi la mauvaise gestion du "démantèlement" de l'ancienne base militaire aérienne en 1999-2000. Bruno Barrillot a fait remarquer que si Hao était dans un tel état, c'est notamment en raison de l'absence de contrôle des travaux de démantèlement qui, pour une grande part, ont été réalisé par des entreprises locales "amies" des dirigeants politiques locaux et de Tahiti. Le pillage de l'ancienne base a été davantage organisé par ces entreprises que par les habitants du village d'Otepa qui n'ont finalement récupéré que ce qui restait. Bruno Barrillot s'est déclaré inquiet de voir que le DSND traitait de la réhabilitation de Hao en concertation avec ceux mêmes qui avaient laissé faire et profité du "pillage" des années 1999-2000. Il a demandé que le contrôle de l'État sur les travaux qui seront prévus sur Hao soit effectif et rigoureux.
     M. Jurien de la Gravière a reconnu les carences des précédentes opérations lors du départ des Armées et il a assuré que l'État serait vigilant.
     Concernant la destination des déchets produits par la destruction des anciennes installations militaires, M. Jurien de la Gravière a précisé que les gravats de béton ont été contrôlés et qu'ils sont exempts de radioactivité. Ces gravats ont été concassés et pourront être réutilisés pour des besoins locaux (route, digue...). Quant aux ferrailles, elles ont été compactées et mises en packs transportables: dans l'attente d'une destination définitive, elles seront entreposées provisoirement à Moruroa. 
     En fin de réunion, M. Jurien de la Gravière a remis au Président de Moruroa e tatou un exemplaire du récent rapport (mai 2007) du Comité de liaison pour la coordination du suivi sanitaire des essais nucléaires français. M. Jurien de la Gravière a déclaré qu'il serait toujours prêt, à l'avenir, pour d'autres rencontres avec Moruroa e tatou. Le Président Roland Oldham a remercié le DSND en se déclarant satisfait de ces échanges "même si parfois les mots ont été un peu durs de la part de Moruroa e tatou". 
Association Moruroa e tatou
[1] Les responsables de Moruroa e tatou accompagnés des représentants de la famille propriétaire d'une partie du terrain loué par les Armées pour la construction des blockhaus ont rencontré M. Beaufaÿs, administrateur des Tuamotu Gambier, le mercredi 11 juillet 2007. Un dossier contenant les documents de propriétés et les propositions de la famille Mairihau a été remis à l'administrateur.
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COMMUNIQUE DE PRESSE
Papeete le 5 août 2007

     Le 6 août à Hiroshima, les victimes du nucléaire parleront d'une même voix. Lundi 6 août, Roland Oldham, président de Moruroa e tatou sera présent à Hiroshima aux célébrations du souvenir du premier bombardement nucléaire sur une population civile, il y a 62 ans, le 6 août 1945.
     Première victime de l'arme nucléaire, le peuple japonais ne commémore pas seulement chaque année, les 6 et 9 août, l'horrible souffrance de plus de 200.000 morts à Hiroshima et Nagasaki. Ainsi, le maire d'Hiroshima, M. Akiba, est devenu un leader très engagé sur le plan international pour l'abolition de toutes les armes nucléaires dans le monde.
     De leur côté, les associations de survivants des bombardements - les hibakusha – tiennent aussi exprimer leur solidarité avec toutes les victimes des essais nucléaires dans le monde. C'est pourquoi, à l'occasion des commémorations des 6-9 août, elles donnent la parole aux représentants des associations de vétérans et des populations de Polynésie, d'Algérie, d'Australie, de Fidji, des Marshall, du Kazakhstan, des États-Unis, de Chine… qui ont subi les essais nucléaires des grandes puissances.
     Ce 6 août, à Hiroshima, puis le 9 à Nagasaki, Roland Oldham présentera l'action de l'association Moruroa e tatou pour faire reconnaître les droits des anciens travailleurs de Moruroa. "Pour nous, en Polynésie, la page des essais nucléaires ne s'est pas tournée avec la fermeture du centre d'essais de Moruroa en 1996, a-t-il déclaré. Des centaines d'anciens travailleurs de Moruroa sont déjà décédés et leurs veuves réclament justice.
     En 2007, autant l'État français que les actuelles institutions de la Polynésie ne veulent prendre au sérieux les conséquences de 197 essais nucléaires sur la santé des Polynésiens et sur leur environnement."
     Comme les associations de victimes des essais nucléaires, les associations d'hibakusha d'Hiroshima et de Nagasaki se battent encore aujourd'hui pour faire reconnaître les droits des survivants et de leurs descendants. Les hibakusha veulent faire reconnaître leur état de victimes du nucléaire, ils veulent également que l'État japonais élargisse la liste des maladies, cancéreuses ou non, présumées liées aux bombardements nucléaires.
     Roland Oldham présentera les avancées de la lutte des Polynésiens qui a obligé, depuis mai 2007, l'État français à commencer à nettoyer les anciens sites militaires de Polynésie liés aux essais et à envisager un suivi médical des travailleurs et des populations. Le représentant des Îles Marshall annoncera la décision du Congrès américain, en date du 10 juillet 2007, de verser à nouveau 150 millions de dollars (1 milliard 300.000 de francs CFP) au Fonds d'indemnisation des victimes des essais américains aux Marshall et de consacrer annuellement 2 millions de dollars jusqu'en 2023 au suivi sanitaire des victimes des Marshall.
     Le représentant américain annoncera que les sénateurs des États de l'Idaho et du Montana venaient, le 1er août, de déposer un projet de loi accordant des indemnisations et un suivi médical pour des populations de leurs États qui ont subi les retombées des essais du Nevada jusqu'en 1963 et qui, encore aujourd'hui étaient écartés de la loi d'indemnisation réservée aux habitants du Nevada. 
     "Nous prenons conscience que notre lutte pour les droits des victimes des essais nucléaires ne fait que commencer, déclare Roland Oldham. Les États qui ont imposé leurs essais nucléaires doivent désormais prendre leurs responsabilités."

Association Moruroa e tatou.
suite:
COMMUNIQUE
Moruroa e tatou en appelle à l'Autorité de sûreté nucléaire

Papeete le 16 juillet 2007
     Selon Le Monde du 13 juillet 2007, l'autorité de sûreté nucléaire (ASN) vient de demander à EDF de revoir sa gestion des déchets radioactifs de démantèlement de la centrale nucléaire de Brennilis en Bretagne, pourtant hors service depuis 1986. L'ASN parle de "manque de rigueur", d'"incohérence complète", de "la forte sous-évaluation, d'un facteur 30 à 200, de l'activité radiologique de certains déchets triés". Elle constate même que "20% des fûts de déchets radioactifs entreposés à Brennilis ont révélé des signes de corrosion externe."
     Moruroa e tatou estime que l'ASN devrait également se préoccuper de la gestion des déchets radioactifs entreposés à Moruroa à propos desquels nous avons de fortes raisons de nous inquiéter:
     - 2.700 tonnes de déchets radioactifs rejetés à l'océan aux abords de Moruroa entre 1972 et 1982, sans compter les 532 tonnes rejetées entre Hao et Amanu
     - 11.526 fûts et "viroles" et 4.723 m3 d'agrégats et ferrailles contaminés "stockés" entre 1982 et 1997 dans des puits du sous-sol de Moruroa dont les sommets sont aujourd'hui sous l'eau.
     M. Jurien de la Gravière affirme que tout cela n'est que "broutilles" et sans risque pour la contamination de la chaîne alimentaire. 
     "Il est temps qu'on s'arrête de prendre les Polynésiens pour des arriérés.  Je m'étonne que l'ASN ne soit pas encore venue inspecter les atolls de Moruroa et de Fangataufa où les fûts et autres déchets radioactifs baignent dans les eaux alors que cet organisme s'inquiète des taches de rouille sur les fûts de Brennilis," déclare Roland Oldham. 
     En effet, l'ASN, autorité administrative indépendante, créée par la loi du 13 juin 2006 relative à la transparence et à la sécurité en matière nucléaire aurait dû depuis longtemps accompagner M. Jurien de la Gravière dans ses croisières en Polynésie. Le Président de l'ASN  n'est-il pas le co-pilote avec le Délégué à la sûreté nucléaire de défense (M. Jurien de la Gravière) du Comité de liaison pour la coordination du suivi sanitaire des essais nucléaires?
     Le suivi environnemental de Moruroa, Fangataufa et Hao devrait être confié, de préférence, à cette autorité de sûreté nucléaire indépendante qui se montre si soucieuse de la moindre incartade aux règles de la sécurité menaçant nos compatriotes de métropole. Les Polynésiens sont-ils voués éternellement à la tutelle lénifiante et souriante du ministère de la défense qui aujourd'hui comme hier nous ressasse le discours sur les essais propres?
     Moruroa e tatou va interpeller M. André-Claude Lacoste, président de l'Autorité de sûreté nucléaire afin qu'il vienne en Polynésie française pour “vérifier le respect des règles et des prescriptions auxquelles sont soumises les installations ou activités nucléaires” de Moruroa et Fangataufa, ce qui fait partie des missions de l'ASN prévues par la loi du 13 juin.

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