La G@zette Nucléaire sur le Net! 
G@zette N°223/224

AUTRES NOUVELLES

La Criirad annonce la libération du scientifique biélorusse Bandajevski
     LYON, 6 août 2005 (AFP) - 
     Le scientifique biélorusse Iouri Bandajevski, spécialiste de médecine nucléaire condamné en 2001 à huit ans de réclusion au Bélarus pour avoir notamment critiqué la gestion de l'après Tchernobyl, a été libéré vendredi soir, a annoncé samedi à l'AFP la Commission de Recherche et d'Information Indépendantes sur la Radioactivité (Criirad).
     "Le professeur Bandajevski a été libéré hier (vendredi) soir, il est chez lui à Minsk. Pour le moment il est en liberté conditionnelle, et il ne peut pas voyager, mais je l'ai eu au téléphone et il va bien", a déclaré Romain Chazel, vice-président de la Criirad.
Ancien recteur de l'institut de médecine de Gomel, Iouri Bandajevski était considéré par Amnesty International comme un prisonnier d'opinion. Il a été arrêté fin 1999 et condamné en juin 2001 pour "corruption" à huit ans de détention dans un camp.
     Il a notamment accusé le pouvoir de son pays d'irresponsabilité dans la gestion des retombées de la catastrophe de Tchernobyl sur la santé des populations et d'en cacher la véritable ampleur.
     La Criirad souhaite maintenant que le professeur Bandajevski "retrouve les moyens de poursuivre ses recherches", et invite ceux qui le souhaitent à participer à la mise en place d'un laboratoire de recherche biomédicale à Minsk, à travers le site web http://www.criirad.org>www.criirad.org.
     Début avril, l'épouse du Pr Bandajevski, Galina Bandajevskaïa, était venue en France, à Lyon, annoncer la création prochaine de ce laboratoire privé, en marge d'un colloque international sur la prévention des risques nucléaires.
     La Criirad est un laboratoire privé créé après l'accident de la centrale ukrainienne de Tchernobyl du 23 avril 1986.
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Suez veut faire d'Electrabel un géant européen de l'électricité
     AFP - 09/08/05 - Le groupe français d'énergie et d'environnement français ambitionne de devenir opérateur d'un réacteur nucléaire de troisième génération EPR "à partir de 2015". En attendant, il lance une offre d'achat de 11,2 milliards d'euros sur les parts qu'il ne détient pas encore dans sa filiale belge Electrabel (49,9% du capital), premier producteur d'électricité en Belgique.
     Le rachat de l'intégralité d'Electrabel avait été maintes fois évoqué dans la presse, mais les dirigeants de Suez avaient démenti, jugeant que leur position leur convenait "parfaitement".
     Selon un courtier interrogé mardi par l'AFP, cette opération était attendue "car Electrabel est une vache à lait pour le groupe". Le groupe belge a annoncé début août une hausse de 5,9% de son chiffre d'affaires au premier semestre, à 6,151 milliards €.
     Par cette opération, Suez "favorisera la création d'un pôle européen fort dans l'électricité, basé à Bruxelles, organisé autour d'Electrabel. Le dialogue avec les autorités belges sur des sujets importants tels que l'approvisionnement énergétique de la Belgique et sa politique nucléaire sera renforcé et structuré", souligne le groupe.
Selon Suez, "la complémentarité d'Electrabel et de Suez permettra de consolider l'expansion déjà entamée hors de Belgique dans le domaine de l'énergie".
Le groupe français prévoit de porter à quelque 15% sa part de marché à moyen terme en France et, dans cette perspective, d'investir environ 1 milliard d'euros dans des projets de capacités nouvelles, incluant une participation dans le réacteur nucléaire de troisième génération EPR, de nouvelles unités à cycle combiné gaz et des unités d'énergie renouvelables.
     Le PDG de Suez, Gérard Mestrallet, cité dans le communiqué, estime que cette opération va permettre de créer "un puissant leader européen franco-belge dans l'énergie et l'environnement", et se dit "convaincu de la création de valeur qui en résultera pour le groupe, pour ses actionnaires et pour les intérêts européens dans les secteurs de l'énergie et de l'environnement".
     Le français, qui s'est progressivement recentré sur deux coeurs de métier, l'énergie et l'environnement, était devenu actionnaire majoritaire d'Electrabel en décembre 2003.
Suez veut devenir opérateur d'un réacteur nucléaire EPR
     AFP - 09/08/05 - Le PDG du groupe d'énergie et d'environnement Suez, Gérard Mestrallet, a déclaré mardi que le groupe ambitionne de devenir opérateur d'un réacteur nucléaire de troisième génération EPR "à partir de 2015", au cours d'une conférence de presse.
     Le groupe français n'a jamais caché son intention de participer à la construction d'un réacteur à eau sous pression.
     M. Mestrallet avait indiqué en octobre que Suez pourrait participer au tour de table pour la construction de l'EPR à Flamanville (Manche), à condition d'être considéré comme un "vrai partenaire industriel". Ce type de réacteur devrait entrer en service à l'horizon 2012, pour prendre le relais des 58 réacteurs qui équipent actuellement les 19 centrales nucléaires françaises.
p.28b

IRSN
Cinquième et dernier essai du programme de recherche Phébus PF
mené avec succès
     Le 18 novembre 2004, à 16h40, s'est terminé avec succès le cinquième essai du programme Phébus PF, programme de recherche en sûreté nucléaire de dimension internationale sur les accidents graves [1]. Cet essai, piloté par l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), a permis de reproduire, à échelle réduite mais dans des conditions représentatives, un accident de fusion du cœur d'un réacteur nucléaire à eau sous pression. 
     La cinquième expérience a été menée à Cadarache au sein du réacteur de recherche en sûreté Phébus. En préparation depuis quatre ans, ce dernier essai visait à affiner les données sur les mécanismes de dégradation d'un cœur de réacteur à eau sous pression équipé de barres de commande en carbure de bore. Ce type de barres de commande équipe les réacteurs à eau sous pression 1.300 MWe et 1.450 MWe (dernière génération de REP français), les réacteurs à eau bouillante (REB), les VVER (réacteurs de conception russe), ainsi que l'EPR. 
     Pendant l'essai, les expérimentateurs ont pu observer un dégagement de méthane, de monoxyde de carbone et de gaz carbonique au cours de la phase d'oxydation des gainages du combustible. Ces dégagements, observés pour la première fois, sont liés à la présence de carbone dans la barre de commande.
     Il est désormais nécessaire d'évaluer l'impact que pourraient avoir ces gaz sur le comportement chimique des produits de fission et en particulier de l'iode radioactif présent dans l'enceinte de confinement du réacteur. Par exemple, le méthane, en se combinant à l'iode, pourrait former un composé organique très volatil et donc impossible à piéger par les filtres en cas de rejet accidentel dans l'environnement. [2] Quatre années seront nécessaires pour dépouiller et exploiter les résultats de ce dernier essai, confirmer ou infirmer ces hypothèses.
[1] L'expression «accident grave», dans le domaine de la sûreté nucléaire, recouvre une réalité bien précise: elle désigne les situations où la puissance du réacteur nucléaire ne peut plus être évacuée par les systèmes de refroidissement. La fusion du cœur du réacteur est alors inévitable. La probabilité qu'un tel accident se produise est faible, mais les conséquences sont potentiellement importantes. Un accident de ce type s'est déjà produit à Three Mile Island aux Etats-Unis en 1979. 
[2] Cet iode volatil  serait par exemple rejeté dans l'environnement  dans le cas d'un accident très grave et prolongé si l'exploitant était conduit à faire des rejets à l'extérieur de la centrale afin d'éviter une surpression de l'enceinte de confinement du réacteur. Il s'agit là d'une situation extrême à très faible probabilité. A Three Mile Island, seul accident de ce type à s'être produit jusqu'ici, la progression de l'accident a été arrêtée suffisamment tôt et les produits de fission sont restés dans l'enceinte de confinement.
suite:
Objectif des VERTS: 100% d'énergies renouvelables d'ici 2050
...en Suisse
     AFP - 23 mai 2005 - Berne - La Suisse n'a besoin ni de nouvelle centrale nucléaire ni de centrale à gaz, car d'ici 2050 les énergies renouvelables pourraient assurer 100% de l'approvisionnement énergétique du pays. C'est ce que prévoient les Verts dans leurs objectifs de politique énergétique publiés lundi à Berne. Selon eux, deux tiers de la consommation d'énergie peuvent être économisés.
     "La Suisse ne remplit absolument pas ses objectifs minimaux en matière de protection du climat", ont dénoncé les Verts. La consommation en énergie augmente toujours massivement, alors qu'aucune mesure n'incite les clients à réduire leur consommation. "L'approvisionnement énergétique actuel, basé à 70% sur l'uranium et les énergies fossiles, nuit à l'homme et à l'environnement, participe à l'augmentation des conflits géopolitiques et est synonyme de forte dépendance de l'étranger".
     Fort de ce constat, les Verts demandent la mise hors service d'ici 2010 "de nos trois centrales nucléaires des cavernes", en l'occurrence Mühleberg, Beznau I et II. Ils estiment le "risque sécuritaire" trop important, suite aux pannes des dernières semaines à Leibstadt et Sellafield en Grande-Bretagne, alors que le problème du stockage définitif des déchets radioactifs n'est pas résolu.
     Bonjour le solaire
     "L'ère du nucléaire est révolue, bonjour l'ère du solaire!" Les Verts considèrent qu'il est réalisable d'assurer tout l'approvisionnement du pays par les énergies renouvelables d'ici 2050. "A long terme, l'abandon des énergies fossiles est inévitable et pas seulement pour des raisons climatiques", ont-ils souligné. Selon eux, il faut s'attendre à une hausse massive du prix du pétrole ces prochaines années, ainsi qu'à une recrudescence des conflits géopolitiques.
     Or, le lobby de l'énergie est puissant avec pas moins de 30 élus au Parlement. "Pour mieux contrôler le marché, ceux-ci demandent une production centralisée, dans de gigantesques installations", ont dénoncé les Verts. Ces derniers préconisent au contraire une production décentralisée à l'aide de nombreuses petites installations, garantes d'une sécurité de l'approvisionnement et d'une réduction des distances de transport.
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Angleterre - Fuite de liquide radioactif non décelée dans une centrale nucléaire (presse)
     29/05/2005 - AFP - Quelque 83.000 litres de liquide hautement radioactif ont fui depuis plus de neuf mois de la centrale nucléaire de Sellafield (nord-ouest de l'Angleterre, à la suite d'une rupture de conduite non décelée, rapporte dimanche l'Independent on Sunday.
     Selon le journal, il s'agit de l'incident nucléaire le plus grave enregistré en Grande-Bretagne depuis des années.
     A la Une, le journal indique que la fuite, égale à la moitié du contenu d'une piscine olympique, a été détectée le 19 avril et est le résultat d'une série d'erreurs humaines et techniques.
     The Independent on Sunday affirme que le groupe nucléaire britannique, qui gère Sellafield, a tardé à avertir qu'une erreur s'était produite:
Une fuite radioactive énorme ferme l'usine nucléaire de THORP 
     Une fuite du combustible nucléaire fortement radioactif dissous dans l'acide nitrique concentré, suffisamment pour remplir une demi piscine de taille olympique, a forcé la fermeture de l'installation de retraitement Thorp de Sellafield. Le mélange fortement dangereux, contenant environ 20 tonnes de combustible d'uranium et de plutonium, a fuit par rupture d'une canalisation dans une énorme chambre d'acier inoxydable qui est si radioactive qu'il est impossible d'y entrer.
     La récuperation des liquides et la réparation des canalisations prendront des mois et peuvent exiger  la construction de robots spéciaux et d'engins avec des techniques sophistiquées conçus pour réparer l'usine pour 2.1 milliards de livres.
     La fuite n'est pas un danger pour le public, mais est susceptible d'être un désastre financier pour le contribuable depuis que les recettes de l'usine THORP, calculé à plus de1 Mlivres par jour, sont censées payer le retraitement des résidus des installations nucleaires.
     La fermeture ne pouvait pas survenir à un plus mauvais moment pour l'industrie nucleaire. La Grande-Bretagne lutte pour atteindre sa cible de réduction des émissions de gaz à effet de serre (20% des niveaux de 1990 d'ici 2010), et ce, en dépit d'un programme substantiel de construction de fermes éoliennes. Mais, dans le même temps sa capacité de production d'électricité sest également frappée par la fermeture de ses centrales à charbon .
     La décision de construire une nouvelle génération de centrales nucléaires est l'un des problèmes les plus sensibles que Tony Blair doit affronter au début de son troisième mandat.
     Une note de briefing aux ministres sur l'option nucleaire a été rendue publique et révèle que cette nouvelle capacité nucléaire pouvant diminuer les gaz à effet de serre n'a pas été encore examinée en raison de l'opposition de Margaret Beckett, Secrétaire d'Etat pour l'Environnement, l'Alimentation et les Affaires Rurales.
     L'autorité de Retraitement Nucléaire, organisme qui a pris le contrôle de l'usine de BNFL, le 1er avril, a un budget d'assainissement de 2.2 milliards de livres pour cette année, sa première année d'exercice (560 Mde livres devait être affectés à l'usine THORP).
suite:
     Richard Flynn, le porte-parole de la NDA, a dit : "Si les recettes de l'usine ne sont pas perçus alors évidemment cela retardera les plans de nettoyage."
     Vendredi le British Nuclear Group, compagnie de gestion formée pour gérer le site de Sellafield au nom de la NDA, a tenu une réunion avec l'Inspection de Sûreté du Gouvernement, Nuclear Installation Inspectorate (NII), pour discuter comment nettoyer la fuite et réparer la conduite. La compagnie doit obtenir l'approbation des inspecteurs avant d'y procéder.
     Un problème à l'usine a été noté la premiere fois le 19 avril  quand les opérateurs n'ont pu justifier tout le combustible usé qui avait été dissous dans l'acide nitrique, les volumes récupérés étant trop faibles. Les cameras de surveillance balayant l'intérieur de l'usine ont permis de trouver la fuite.
     Bien que la majeure partie du produit soit de l'uranium, le combustible contient aussi, environ 200 kg (440 lb) de plutonium, assez pour fabriquer 20 armes nucléaires. Il doit, donc, être recupéré et vérifié pour se conformer aux règles internationales visant à empêcher que les matériaux nucléaires tombent dans de mauvaises mains. Le liquide devra être siphonné et stocké jusqu'à ce que les travaux puissent être achevés, mais la méthode pour les réaliser n'a pas encore été conçue.
     La compagnie a créé une commission d'enquête pour découvrir comment la fuite s'est produite. Le NII lancera des investigations séparées et a le pouvoir de poursuites en justice si les procédures correctes n'ont pas été suivies.
     L'usine THORP produit de l'uranium et du plutonium à partir du combustible usé en grandes quantités alors que seulement une minuscule proportion peut être réutilisée comme combustible en réacteur. Ses détracteurs proclament également qu'elle n'est pas rentable parce qu'elle n'a jamais fonctionné à sa capacité nominale depuis son démarrage, il y a 12 ans. Elle a accumulé des années de retard dans son plan de charge.
     Ceci a irrité quelques clients et le British Nuclear Group est attaqué en justice par l'un de ses clients, les propriétaires allemands de la centrale électrique de Brokdorf, qui bloquent 2.772 livres par jour destinées à l'entreposage de combustible usé, car il aurait dû être retraité depuis des années.
     En 12 ans THORP a retraité 5 644 tonnes de combustible sur les 7.000 tonnes visées pours ses dix premières années. L'année dernière, elle n'a pas atteint sa cible de 725 tonnes, n'en réalisant que 590.
     Martin Forwood, de Cumbrians opposé au nucléaire, a dit que la NDA avait ète "naïve" en plaçant sa confiance sur les recettes de THORP, étant donné son experience professionnelle. Le "retraitement est d'une manière flagrante incompatible avec le mandat officiel d'assainissement de la NDA, qui se trouvera maintenant sans ressources en raison du dernier accident de THORP. Les nouveaux propriétaires rendraient le plus grand service au contribuable en mettant hors service Thorp et en le fermant une fois pour toutes."
     Le directeur de gestion de British Nuclear Group, Barry Snelson, qui a ordonné la fermeture de l'usine, a dit : "Laissez-moi rassurer les gens car l'usine est dans un état sûr et stable.”
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infonucleaire@altern.org
La bombe atomique d'Hiroshima couverte par un brevet français?
     L'énergie atomique se manifesta publiquement pour la première fois le 6 août 1945: destruction à peu près complète et instantanée d'Hiroshima. La "performance" fut répétée trois jours plus tard sur Nagasaki avec le même succès. Si la surprise fut grande dans l'opinion publique, parmi les savants il n'en fut rien car ils envisageaient ce développement scientifique depuis 1939. Contrairement à ce qui a été écrit plusieurs années plus tard, ces destructions de masse ne traumatisèrent ni le milieu scientifique ni l'opinion publique. Elles furent perçues comme le début d'une ère nouvelle, "l'âge atomique" confirmant la fiabilité de cette nouvelle source d'énergie. Le mercredi 8 août 1945, on put lire à la une du journal Le Monde : "Une révolution scientifique: Les Américains lancent leur première bombe atomique sur le Japon" voir: 
http://www.dissident-media.org/infonucleaire/lemonde_8aout.html 
     L'unanimité fut assez parfaite dans l'ensemble de la presse. L'ampleur du désastre, ces êtres humains qui, en quelques millionièmes de seconde, furent "volatilisés" et ne laissèrent qu'une ombre sur les murs, loin de déclencher horreur et indignation, fut reçue comme la preuve objective d'un avenir radieux pour une humanité qui allait enfin être débarrassée à tout jamais des contraintes du travail. La matière se révélait source inépuisable d'énergie, qu'il serait possible d'utiliser partout sans limite, sans effort, sans danger. D'invraisemblables projets étaient présentés sérieusement comme à notre portée dans un avenir très proche. On parlait de faire fondre la glace des pôles par bombardement atomique pour produire un climat tempéré sur la terre entière, d'araser le Mont Blanc ou de combler la Méditerranée pour irriguer le Sahara (Joliot), etc.
     Le délire scientiste n'a plus jamais atteint de tels sommets. Les explosions sur le Japon furent glorifiées et bénies par tout ce que l'establishment scientifique avait de disponible: à l'époque cela s'appelait "les savants". La mobilisation fut spontanée pour nous initier à cet avenir que les prix Nobel du "Projet Manhattan" nous avaient soigneusement préparé. Hiroshima devait ouvrir à l'humanité une ère de liberté, on entrait dans la modernité libératrice.
     La seule voix discordante fut celle d'Albert Camus dans l'éditorial de Combat le 8 août 1945 :
( //www.dissident-media.org/infonucleaire/combat_8aout.html )
     "Le monde est ce qu'il est, c'est-à-dire peu de chose. C'est ce que chacun sait depuis hier grâce au formidable concert que la radio, les journaux et les agences d'information viennent de déclencher au sujet de la bombe atomique. On nous apprend, en effet, au milieu d'une foule de commentaires enthousiastes, que n'importe quelle ville d'importance moyenne peut être totalement rasée par une bombe de la grosseur d'un ballon de football. Des journaux américains, anglais et français se répandent en dissertations élégantes sur l'avenir, le passé, les inventeurs, le coût, la vocation pacifique et les effets guerriers, les conséquences politiques et même le caractère indépendant de la bombe atomique. [...] Il est permis de penser qu'il y a quelque indécence à célébrer une découverte qui se met d'abord au service de la plus formidable rage de destruction dont l'homme ait fait preuve depuis des siècles". Ces positions lui valurent, quelques jours plus tard, de violentes critiques.
suite:
     Pour France-Soir, l'ère nouvelle fut inaugurée le 16 juillet 1945, date de l'essai de la première bombe atomique. Il titre le 8 novembre 1945: "Le 16 juillet 1945 à Alamogordo, par une nuit d'orage, le monde est entré dans une ère nouvelle". L'article se poursuit ainsi: "L'espèce humaine a réussi à passer un âge nouveau: l'âge atomique".
     Ce même journal titrait un article le 9 août 1945: "L'emploi de la bombe atomique ouvre des horizons illimités".
     Le 10 août 1945, après la destruction de Nagasaki, France-Soir confiait ses colonnes à "un prince, académicien français et prix Nobel de physique" qui titrait son article: "L'homme pourra demain tirer plus d'énergie de quelques grammes de matière désintégrée que de la houille, de l'eau et du pétrole, par le prince Louis de Broglie, de l'Académie française".
     Le 8 août 1945, le journal Libération titrait en première page: "La nouvelle découverte peut bouleverser le monde. [...] Charbon, essence, électricité ne seraient bientôt plus que des souvenirs".
L'Humanité du 8 août 1945 (voir: http://www.dissident-media.org/infonucleaire/l_humanite_8aout.html ) titre en première page: "La bombe atomique a son histoire depuis 1938, dans tous les pays des savants s'employaient à cette tâche immense: libérer l'énergie nucléaire. Les travaux du professeur Frédéric Joliot-Curie ont été un appoint énorme dans la réalisation de cette prodigieuse conquête de la science". 
     Les journaux mentionnent à de nombreuses reprises la part jouée par la France dans cette prodigieuse découverte. Ainsi on trouve dans le Figaro du 9 août 1945 un communiqué de l'AFP: "Paimpol 8 août - M. Joliot-Curie fait de Paimpol la communication suivante: L'emploi de l'énergie atomique et de la bombe atomique a son origine dans les découvertes et les travaux effectués au Collège de France par MM. Joliot-Curie, Alban et Kowarski en 1939 et 1940. Des communications ont été faites et des brevets pris à cette époque".
     Un de ces brevets porte sur les "Perfectionnements aux charges explosives",
brevet d'invention n°971-324 (voir: http://l2.espacenet.com/espacenet/bnsviewer?
CY=fr&LG=fr&DB=EPD&PN=FR971324&ID=FR++++971324A++I+), "demandé le 4 mai 1939 à 15 h 35 min à Paris".
     Cependant, personne n'osa réclamer au gouvernement américain des royalties, bien que finalement on affirmât que la destruction de Hiroshima était couverte par un brevet français! Seul un bénéfice moral était attendu en exigeant que l'opinion mondiale reconnût la contribution française aux massacres d'Hiroshima et de Nagasaki.

     COMMENTAIRE ADDITIF:
     Des royalties furent versées à la France pendant 30 ans (jusqu'en 1969) et servirent à alimenter le fond des “bourses Joliot” gérés par le CEA et attribuées à des étudiants en physique nucléaire.

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Essais nucléaires: Une pension pour un vétéran irradié
RFI - 08/06/2005 - Valérie Gas
     La justice française a franchi, mardi 7 juin, une étape importante dans la reconnaissance des préjudices subis par les militaires français présents sur les sites où des essais nucléaires ont été réalisés par l'armée. Pour la première fois, un tribunal a reconnu en première instance que la maladie d'un vétéran était liée à son service sous les drapeaux et lui a accordé une indemnisation. Cette décision donne l'espoir à tous ceux, soldats et civils, qui ont été exposés de la même manière entre 1960 et 1996 en Algérie et en Polynésie, de voir la justice s'intéresser enfin à leur cas.
     André Mézières est satisfait. Cet ancien caporal-chef de l'armée française, âgé aujourd'hui de 65 ans, vient d'obtenir du tribunal des pensions militaires de Tours une pension d'invalidité à vie. André Mézières est, en effet, atteint depuis cinq ans d'une terrible maladie invalidante : la polymyosite qui s'attaque au système musculaire et occasionne une paralysie progressive. Tous les gestes de sa vie quotidienne sont rendus difficiles et douloureux par cette pathologie qui est apparue, selon lui, à cause de l'exposition aux radiations qu'il a subie lors de son service en Algérie entre février 1962 et mars 1964.
     A cette époque, André Mézières servait sur une base aérienne toute proche de la zone où étaient réalisés des essais nucléaires dans le désert algérien. Il a effectué des manipulations et des relevés pour mesurer les effets des tirs. Durant ces opérations, il ne portait pas de protection et a donc été exposé aux radiations. A aucun moment, il n'a été prévenu des risques qu'il encourait. C'est pour protester contre cette négligence et cette indifférence qu'il a décidé d'engager une procédure pour faire reconnaître la responsabilité de l'armée dans la maladie qui le frappe aujourd'hui. Il explique ainsi : «On ne nous a rien dit, on nous a menti».

     Une brèche ouverte
     Plus de trois ans après avoir déposé sa demande auprès des tribunaux, il a finalement obtenu gain de cause. Les juges ont reconnu qu'à défaut de preuve du contraire apportée par les autorités françaises, sa maladie pouvait en effet être liée à l'exposition aux radiations puisqu'il avait été au «contact proche ou latent de matériaux et matériels précédemment irradiés». André Mézières n'a donc pas été obligé de faire la preuve que son hypothèse était juste mais a bénéficié de l'incapacité de l'armée à la remettre en cause.
      C'est ce qui a fait dire au président de l'Aven (Association des Vétérans des essais nucléaire) qui suit environ 200 dossiers similaires en cours d'examen par la justice, Jean-Louis Vallatx : «Ce n'est pas la reconnaissance symptomatique de la contamination mais c'est une présomption reconnue par le tribunal. C'est une première». Il s'est d'autre part réjoui de voir aussi «pour la première fois en France», un tribunal des pensions militaires reconnaître «en première instance que la maladie du vétéran est imputable au service». Dans les trois autres dossiers où les plaintes de militaires contaminés lors des essais nucléaires en Algérie ou en Polynésie avaient abouti, cela n'avait pas été le cas.
     Cette décision du tribunal de Tours est d'autant plus importante qu'elle intervient alors qu'André Mézières a décidé d'engager une procédure contre l'armée environ quarante ans après les faits. D'autres plaintes déposées pour les mêmes raisons avaient été déboutées parce qu'elles étaient intervenues trop tard, au-delà du délai de 30 jours après le départ du plaignant de l'armée. Dans l'affaire Mézières, le tribunal n'a pas jugé que cette situation justifiait de rejeter la requête du plaignant. Il a, au contraire, pris en compte le fait que «les conséquences d'irradiation peuvent se révéler tardivement, même jusqu'à plusieurs décennies après l'exposition au danger radioactif». 

suite:
L'ancien caporal-chef devrait donc recevoir, si l'État ne fait pas appel de la décision du tribunal dans les deux mois, une pension d'invalidité à 70%, à effet rétroactif à la date du dépôt de sa plainte, pour l'indemniser de l'infirmité engendrée par sa maladie.
     Dans ce contexte, une brèche est désormais ouverte pour tous les autres militaires français qui ont, dans le cadre de leur service dans l'armée, subi une exposition à des produits radioactifs dans les régions où la France a mené des essais nucléaires, l'Algérie et la Polynésie. De même pour les populations civiles de ces zones. On estime qu'entre 1960 et 1996, date à laquelle la France a arrêté son programme après avoir procédé à 245 tirs dont 45 aériens, au moins 100.000 personnes auraient été exposées dans le Sahara ou dans le Pacifique. Mais jusqu'à présent, l'État n'a pas reconnu sa responsabilité concernant les dangers auxquels les populations militaires et civiles ont été soumises.
     Face à ce qu'elles ressentent comme une terrible injustice, les victimes qui ont développé des maladies s'organisent de plus en plus pour demander réparation à l'État. Une information judiciaire a d'ailleurs été ouverte le 20 septembre 2004 à Paris pour enquêter sur les conséquences des essais nucléaires français sur les personnes qui y assistaient. Cette plainte contre X a été déposée pour «homicide involontaire» et «atteinte involontaire à l'intégrité physique ayant causé une incapacité totale de travail de plus de trois mois ou n'excédant pas trois mois».

DERNIERE NOUVELLE
     Il y a encore du travail à faire : signez la pétition en grand nombre pour obliger à la prise en compte des problémes de santé des vétérans et tout simplement des travailleurs et des populations.

Essais nucléaires : le ministère fait appel contre une pension militaire

     10/08/2005 - AFP - Le ministère de la Défense a fait appel mercredi du jugement du tribunal des pensions de Tours accordant une pension d'invalidité à André Mézière, ancien militaire souffrant de polymyosite, due selon lui, à une exposition aux radiations lors d'essais nucléaires, a-t-on appris auprès du ministère.
     Le ministère de la Défense a fait appel de ce jugement devant la cour régionale des pensions au motif que "la polymyosite ne figure pas au tableau des maladies professionnelles susceptibles d'être liées à une radiation", a indiqué le porte-parole du ministère, Jean-François Bureau.
     Le ministère de la Défense a estimé par ailleurs que le jugement du tribunal de Tours fait "une mauvaise interprétation du principe de l'imputabilité" selon lequel le plaignant doit faire la démonstration que "l'invalidité résulte de l'activité exercée comme militaire", a précisé M. Bureau.
     Le tribunal des pensions de Tours avait accordé, le 7 juin, "une pension militaire d'invalidité à vie à compter du 4 janvier 2002 (date du dépôt de sa demande), au taux de 70%, pour infirmité" à M. Mézière. Cet ancien militaire de 65 ans souffre d'une polymyosite causée selon lui par des essais nucléaires auxquels il avait participé en Algérie.
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PÉTITION URGENTE
JUSTICE POUR LES VÉTÉRANS  FRANÇAIS VICTIMES DE LA "GUERRE DU GOLFE"

Les soussignés à
Madame le Ministre de la défense
Monsieur le Secrétaire d'État aux Anciens Combattants
Monsieur le Premier ministre
Monsieur le Président de la République

    Quatorze ans après la "guerre du Golfe", les maladies souvent très graves et les infirmités contractées à cette occasion, connues ailleurs sous le nom de "syndrome du Golfe" et au moins en partie reconnues aux États-Unis et en Grande-Bretagne, ne le sont pas du tout en France. Les militaires français vétérans de cette guerre n'ont obtenu aucune reconnaissance de la part de l'armée. Ils ne reçoivent aucune pension d'invalidité. Ils doivent se soigner à leurs frais ou aux frais de la Sécurité Sociale. S'ils parviennent à accéder à leurs dossiers médicaux, ceux-ci sont  incomplets ou falsifiés. Les veuves ou les familles des victimes décédées ne reçoivent aucune aide.
                    En désespoir de cause après quatorze ans de vaines démarches, l'un de ces vétérans gravement atteint, M. Christian Prud'homme, s'est mis en grève de la faim le 13 mai 2005 pour faire reconnaître ses droits et ceux de ses camarades.
                    En tant que citoyens, contribuables, électeurs, nous lui apportons notre soutien. Nous estimons que la France a une dette envers ceux qui l'ont servie sous les drapeaux ou qui ont subi les effets de sa politique, que ce soit pendant la guerre du Golfe, dans les Balkans, ou lors des essais nucléaires du Sahara et du Pacifique qui ont fait des victimes civiles et militaires. Nous vous demandons de répondre positivement et sans délai à l'interpellation de M. Christian Prud'homme et de ses camarades, de soumettre d'urgence à une juridiction indépendante son cas et tous ceux dont l'armée a été, est ou sera saisie, et d'affecter une part du budget de la défense, en progression constante, au règlement des soins et des pensions auxquels ils ont droit.

Prière de retourner cette pétition par courrier à: ACDN 31, Rue du Cormier, 17100 – Saintes
Par FAX : 05 46 74 08 60   Par courriel à: avigolfe@tiscali.fr et acdn.france@wanadoo.fr

NOM                  Prénom
Adresse (précise)
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