La G@zette Nucléaire sur le Net! 
N°173/174
LE COIN DES LECTEURS

REPONSE DE M. DEGONDE SUR LES ACTIONS POUR UNE AUTRE
POLITIQUE ENERGETIQUE

DEMOCRATIE
     La seule possibilité que nous ayons est, naturellement, de nous adresser à l'opinion publique. On a assisté en Janvier à un nouvel épisode du feuilleton «Les décisions étant prises, le débat est ouvert». Et d'ailleurs, quel débat! Confiné au Parlement, lieu par excellence de l'indifférence superbe aux questions énergétiques et sans vote: on ne risquait pas de débordement!
     Les nucléocrates auraient ils peur à ce point d'affronter l'opinion publique et les opposants?
     Or des sondages disent que le nucléaire, ça ne passe plus dans l'opinion. Nous pouvons essayer d'exploiter cette situation nouvelle en disant à Jospin:
     «Pendant des années nos dirigeants se sont retranchés derrière des sondages favorables pour refuser tout débat considéré comme sans objet, vu le consensus. Aujourd'hui, la situation s'étant complètement retournée, nous sommes fondés à exiger un authentique débat et un référendum sur la poursuite du nucléaire. La Démocratie française serait-elle décidément incapable d'admettre que la population choisisse son avenir énergétique?»
     Et que l'on ne vienne surtout pas nous dire que ce débat a déjà eu lieu au Parlement: les opposants Verts (qui appartiennent d'ailleurs à la Majorité) ont eu dix minutes pour s'exprimer. Dix minutes pour des millénaires d'ennuis!
     Je suggère que le GSIEN donne une Conférence de Presse, si possible avec des partenaires comme la CRII-RAD, l'ACRO, GREENPEACE et le CEA pendant la Campagne des Européennes pour profiter d'une meilleure attention de l'opinion. En effet, on peut peut-être espéré trouver un écho, voire des relais, par exemple auprès de DCB et par ricochet auprès de quelques autres; bref réintroduire le problème dans le champ politique ce que nous aurions sans doute plus de mal à obtenir hors cam-pagne électorale.
SUR LE FOND
     La position prise en AG du GSIEN me paraît être une très bonne base pour une relance de l'action.

QUELQUES AUTRES REMARQUES UN PEU DÉCOUSUES!

     Primauté de la notion d'économies d'énergie.
     Toute politique énergétique digne de ce nom devrait comporter un volet dont le rôle serait de rendre en permanence minimales les consommations des divers secteurs énergétiques. C'est à ces consommations rendues minimales qu'il reviendrait alors de piloter, de déterminer la production énergétique. En rèsumé, c'est l'action d'économie qui doit être désormais le fondement de toute politique énergétique rationnelle.
     Il serait très utile de disposer d'une évaluation du potentiel actuel d'économies d'énergie du pays. Cela permettrait de passer assez vite à des propositions concrètes et réalistes.

ACCIDENT NUCLÉAIRE: UN RISQUE INASSUMABLE

     Il nous faut ramener la menace d'accident au centre du débat, parce que c'est une raison majeure sinon la raison majeure de refuser l'option électro-nucléaire. Il faut sommer nos autorités de s'expliquer sur les mesures (de toute façon vaines et dérisoires) qu'elles envisagent de prendre pour faire face à une crise nucléaire grave reconnue maintenant comme possible, après des années de dénégation farouche. Cela permettra en passant de mettre à l'épreuve la réalité du discours officiel sur la transparance nouvelle formule!
suite:
CO2
     Il faudrait faire reconnaître la production de déchets nucléaires comme un détriment environnemental au même titre que le gaz carbonique d'origine anthropique. Dans l'esprit des officiels, le CO2 est bien davantage un argument pour la poursuite et la légitimation de l'option nucléaire qu'un authentique souci écologique. Une preuve: EDF dénonce en France avec véhémence le CO2 comme un danger pour la Planète mais construit en Espagne, en Chine, etc..., des centrales à charbon de plusieurs milliers de MW. Le CO2 français serait-il donc plus virulent que le CO2 espagnol, chinois? Qui dénoncera la tartufferie des préoccupations écologistes d'EDF? Plus généralement, il faudrait prendre en compte les quatre contraintes relevées par Benjamin Dessus: effet de serre, déchets nucléaires, raréfaction des ressources fossiles, dégradation et concurrence d'usage des sols et bien entendu la menace d'accident.

COGENERATION

     Il faut savoir qu'EDF et Pierret s'efforcent de donner un coup d'arrêt au développement jugé trop rapide à leurs yeux de la cogénération de grande puissance. EDF veut limiter à 1000 MWé la puissance «rachetée» aux cogénérateurs, hors obligation réglementaire. Or cette puissance cogénérée pourrait être très supérieure. Cette situation de blocage n'est malheureusement pas portée à la connaissance de l'opinion. En vertu de la transparence sans doute! On peut trouver les éléments de cette controverse dans la revue de l'officieuse ATEE,
Energie Plus, No212, 216, 217,222.
     La cogénération pourrait être un efficace moyen d'éviction progressive du nucléaire du chauffage électrique et du même coup de réhabilitation de ce dernier!! En effet, ne peut-on pas envisager des petits réseaux distribuant électricité et chaleur (et pourquoi pas le froid) à l'échelle d'un quartier ou d'un groupe d'immeubles (quelques MW à une dizaine de MW) alimentant les convecteurs déjà en place et sans modification de ces derniers? Dans un tel cas, le chauffage électrique honni n'est évidemment plus un scandale thermodynamique et cette solution est très probablement économiquement avantageuse. En effet, dans beaucoup de cas de cogénération de cette puissance, la revente du courant à un tarif pourtant nettement inférieur à celui qu'EDF applique à ses clients, rentabilise l'opération. Il semble donc assez légitime de tabler sur ce coût en auto-consommation. (A vérifier de manière plus précise.)
     Selon Energie Plus ci-dessus, le marché d'installations cogénératrices adaptées au tertiaire domestique et professionnel est considéré (à l'étranger...) comme immense. Il va falloir être très attentif à l'émergence rapide de la petite et de la micro-cogénération (puissance inférieure à 215 kWé, limite inférieure du contrat d'achat) jugées très prometteuses, ailleurs qu'en France évidemment. De tous les moyens actuellement disponibles, la cogénération est celui qui permet une production électrique de masse, rapidement mobilisable et utilisant le contenu énergétique du combustible de manière optimale . C'est donc un facteur essentiel de la rénovation énergétique.
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