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N°96/97 

TCHERNOBYL, TROIS ANS APRES


LA SITUATION RADIOLOGIQUE

     Nous ne nous intéressons pas ici à l'évolution de la situation du réacteur proprement dit [voir à ce sujet Gazette Nucléaire no 69/70, juillet 1986, Tchernobyl] mais aux conséquences radiologiques du point de vue des populations et de la gestion de la crise ouverte par la catastrophe. On distingue deux étapes:
     - la phase d'urgence, celle ayant nécessité l'évacuation de 135'000 personnes et la création de la zone «fermée» des 30 km. En fait, elle a duré jusqu'en août 86 et la zone évacuée s'étendait alors jusqu'à environ 50 km de Tchernobyl, du moins dans la partie biélorusse, et non 30 km comme on le dit généralement.
     - la phase de gestion du moyen et long terme qui est la phase actuelle. Désormais, on sait qu'elle s'applique à des superficies et à une population beaucoup plus étendues que celles impliquées par les calculs théoriques des experts. La contamination des sols est irrégulière, elle est très élevée en des tachesqrn sont situées à plus de 250 km de Tchernobyl. Elle a rendu nécessaire la création de zones «contrôlées». Elle conduit le cas échéant à évacuer la population comme cela s'est produit en février dernier et à prévoir le déplacement d'autres localités lorsque les critères d'«acceptabilité» définis par les autorités ne peuvent pas être respectés.
     La situation réelle n'a pas correspondu aux prévisions des experts et il a fallu que les autorités soviétiques civiles et militaires innovent, improvisent une gestion au jour le jour dont on peut à présent faire un premier bilan.

1. Les contre-mesures
     Avant Tchernobyl, les experts en radioprotection ont élaboré des recommandations basées sur l'optimisation des analyses coût/bénéfice (CIPR 40, mai 1984), en cas d'accident nucléaire majeur.
     Les contre-mesures sont envisagées à l'aide de 2 niveaux de doses:
     - le niveau inférieur en dessous duquel il est inutile de prendre les contre-mesures
     - le niveau supérieur au dessus duquel les contre-mesures auront presque certainement été mises en oeuvre. C'est donc dans l'intervalle des 2 niveaux que les décisions doivent être envisagées et adaptées aux conditions locales et à l'évolution de la situation accidentelle.

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Le but des contre-mesures est:
     1) d'éviter les effets non stochastiques, c'est-à-dire ceux qui se produisent chez tout individu irradié dès qu'un certain seuil de dose est atteint vomissements, anorexie, etc., insuffisances hématologiques, érythèmes, atteintes du cristallin (cataracte), diminution de la fertilité par atteinte cellulaire des gonades, etc...
     2) de minimiser les effets stochastiques, c'est-à-dire l'apparition de cancers radioinduits et de maladies génétiques dont le nombre est calculé à partir de la dose collective et du facteur de risque. Pour la CIPR, 125 cancers mortels et 42 maladies génétiques graves pour 1 million d'homme x rem. (Seuls sont pris en compte les cancers mortels).

2. La phase d'urgence : prévisions et réalité
     L'adoption de mesures d'urgence est prévue lorsque des limites de dose fixées à l'avance peuvent être atteintes, lors d'une irradiation externe du corps entier, de l'irradiation de la glande thyroïde par l'Iode 131 ou par irradiation d'autres organes spécifiques. Selon les conditions, elle peut nécessiter le confinement (mise à l'abri), l'administration d'iode stable, l'évacuation. Il s'agit de pallier d'abord aux dangers liés à l'exposition par irradiation externe et par inhalation.
     La publication 40 de la CIPR recommande d'envisager:
     - le confinement, au-dessus d'une irradiation corps entier de 0,5 rem (5 mSv).
     - l'administration d'iode stable lorsque l'équivalent de dose à la thyroïde atteint 5 rem (50 mSv).
     - l'évacuation, au-dessus d'une dose corps entier de 5 rem et d'une dose thyroïde de 50 rem (500 mSv).
     Il est ainsi défini des limites en-dessous desquelles il est inutile d'envisager des contre-mesures (le niveau inférieur précédemment décrit). Les contre-mesures devraient avoir effectivement été mises en oeuvre pour des doses 10 fois plus élevées (niveau supérieur).
     Les limites d'intervention soviétiques ne figurent pas en clair dans l'annexe 7 du rapport à l'AIEA d'août 1986. Elles sont décrites dans le rapport d'Iline et Pavlovski de septembre 1987: l'évacuation doit être envisagée au-dessus d'une dose d'irradiation externe de 25 rad et est obligatoire au-dessus de 75 rad.

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     En fait, à Tchernobyl, rien ne s'est passé selon les prévisions. «La situation autour du réacteur différait sensiblement de celle qui est notée dans le Manuel de Protection Civile» a indiqué Y. Izraël, du Comité d'Etat à l'hydrométéorologie, dans Biélorussie Soviétique du 14 mars 89: «Presque pendant 10 jours une grande quantité de produits radioactifs se sont échappés du réacteur détruit... Sur le site de la catastrophe, on a fait intervenir les régiments de l'armée chimique. La situation radiologique s'étant dégradée dans la nuit du 27 avril 1986 ², la Commission d'état a pris la décision d'évacuation en se basant sur nos mesures de rayonnement g
     «La décision d'évacuer la population dans un rayon de 30 km autour de la centrale a été prise parce que les niveaux de rayonnement étaient élevés dans cette zone et que des vents amenaient sans arrêt la  radioactivité à partir du réacteur accidenté» (Pravda, 20 mars 1989).
     L'annexe 7 d'août 1986 du rapport soviétique à l'AIEA indiquait que «dans les premiers jours ayant suivi l'accident, 90'000 personnes ont été évacuées de la zone des 30 km ce qui, avec les 45'000 habitants de Pripyat, faisait 135'000 personnes».
     Dans les décomptes ultérieurs, il est question de 116'000 personnes évacuées durant l'année 1986. En république d'Ukraine 90'000 personnes de 75 localités en république de Biélorussie 25'000 personnes de 107 localités ; en république de Russie :1'000 personnes de 4 localités, et il a fallu ré-évacuer 14 localités.
     Il y a incohérence des données officielles non seulement en ce qui concerne le nombre des personnes évacuées mais également la date d'évacuation. Le rapport d'août 1986 laissait entendre une évacuation dans les jours ayant suivi l'explosion. Or, on a quelques détails concernant la Biélorussie par le journal Biélorussie Soviétique du 9 février 1989 : «déjà au s mai 86 était terminée l'évacuation de 50 agglomérations dans la zone des 30 km avec 11'400 habitants
     - en juin 86, la situation radiologique a exigé l'évacuation de 28 villages avec 6'000 personnes
     - en août 86, l'évacuation de 29 localités avec 7'300 personnes»
soit en tout 24'700 personnes de 107 localités (au mois de décembre 1986, 1'600 habitants sont retournés dans 12 localités près de Braguine).
     Si on compare ces chiffres avec ceux donnés dans les légendes des cartes des zones sous contrôle publiées dans le même journal, on trouve bien que l'évacuation a concerné en Biélorussie 24'700 personnes, mais au 5 mai 1986 dans la zone des 30 km, c'est environ 6'000 habitants qui étaient évacués, les autres, hors de la zone des 30 km jusqu'à 50 km de Tchernobyl, ont été évacués entre juin et août 1986.
     La difficulté d'évacuer les zones rurales a été soulignée par le chef de l'état-major de la défense civile de Biélorussie, Grichaguine, «Avant l'accident on enseignait aux gens comment organiser l'évacuation des grandes villes vers les campagnes. Or pratiquement on a été obligé de déplacer les populations des régions rurales, les services de la défense civile étaient mal préparés à ce genre d'opération».

3. Les critères soviétiques des mesures d'urgence après l'accident de Tchernobyl
     Les décisions d'urgence (évacuation, zone sous contrôle, fermeture d'une zone) auraient été prises selon les valeurs des débits de dose en rayonnement gamma (Y. Izraël, Pravda, 20 mars 1989).

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     Une 1ère carte des retombées initiales aurait été disponible dès le 2 mai 86 dans un rayon de 100 km et une carte générale des débits de dose en g le 10 mai 86, cartes dont il n'est pas fait mention dans le rapport d'août 86. «Cependant, la formation complète du nuage radioactif et des points chauds s'est poursuivie pendant tout le mois de mai» nous dit-on par ailleurs et a affecté des régions lointaines jusque dans les pays Baltes, la péninsule de Kola, le Caucase. La superficie du territoire contaminé dans les premiers jours de l'accident et où le débit de dose était supérieur à 0,2 mR/h [0,2 milliroentgen/h, environ 10 fois le rayonnement naturel] couvre environ 200'000 km2. [Pour fixer les idées, la superficie de la Biélorussie est de 207'000 km2, l'Ukraine 603'000 km2].
     Mesures d'urgence et débits de dose auraient été les
suivants:
     - évacuation lorsque le débit de dose est supérieur à 5 mR/h (3 mrem/h)
     - zone sous contrôle lorsque le débit de dose est compris entre 3 et 5 mR/h avec évacuation temporaire des femmes enceintes et des enfants
     - zone «fermée» (interdite) lorsque le débit de dose est de 20 mR/h.
     Y. Izraël, dans la Pravda du 20 mars 89, indique bien que dans les zones contrôlées on a évacué temporairement les femmes enceintes et les enfants mais il omet de dire que ce fut une décision locale:  «En Biélorussie, on a pris une décision indépendante des nôtres [Moscou], la décision de déplacer temporairement la partie de la population la plus fragile, les enfants et les femmes enceintes, dans des zones où le niveau de radiation atteignait 3 mR/h. C'était une bonne décision et ainsi la premiere étape [phase d'urgence] était terminée» (Y. Izraël, Biélorussie Soviétique, 14 mars 89).
     On ignore de combien de personnes il s'agit et quand a eu lieu cette évacuation. Pour l'instant, nous n'avons pas de renseignements concernant l'Ukraine.
     Selon Iline et Pavlovski, tous les enfants (plus de 27'000) des zones évacuées ont été envoyés dans des établissements sanitaires pendant l'été 1986 à titre de précaution. Au total, 5,4 millions de personnes dont 1,7 millions d'enfants auraient reçu de l'iode stable à titre prophylactique.
     «Grâce à ces mesures d'urgence, aucun habitant n'aurait eu de trouble de santé lié à l'irradiation» qu'il faut traduire par: aucun effet non stochastique a été observé.
     Remarque: Il est intéressant de comparer les niveaux de contre-mesures envisagés par les autorités sanitaires françaises avec ceux des autorités soviétiques. La phase d'urgence selon les plans particuliers d'intervention (PPI) français correspond environ à 24 heures. Il y aurait confinement pour une dose d'irradiation externe de 0,5 rem (5 mSv) pour le corps entier. Ceci correspond à un débit de dose de 20 mrem/heure. A 3 mrem/heure, les soviétiques, eux, recommandaient l'évacuation.

Les normes (alimentaires, le sol, etc...)
     La norme de contamination du lait a été fixée à 3'700 Bq/l pour l'Iode 131 et des laits ont atteint le million de Bq/l en Biélorussie et en Ukraine. Pour les césium 137 et 134, la limite n'est pas donnée pour le lait. 

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On sait que le lait en poudre analysé par la CRI I-rad commercialisé en Arménie et venant de Biélorussie contenait plus de 13'000 Bq/kg en Césium (137 et 134) et 45 Bq/kg en Strontium 90.
     L'eau du réservoir de Kiev n'aurait jamais été contaminée au-delà de la norme, 370 Bq/1 en Cs.
     En fait, on peut se demander s'il y a vraiment eu des normes pour le Césium juste après l'accident; aucune donnée n'est fournie à part celle de l'eau et on reste sceptique sur la non contamination de l'eau...
     On nous dit que des normes temporaires de contamination surfacique du sol ont été établies dès le mois de mai 86 et fixées à
     - 7 Curies/km2 pour le Cs 137, soit 259'000 Bq/m2, qu'on a relevé ensuite à 15 Curies/km2 (555'000 Bq/m2)
     - 3 Curies/km2 pour le Sr 90, soit 111'000 Bq/m2
     - 0,1 Curie/km2 pour le Pu 239 et 240, soit 3'700 Bq/m2. Ces niveaux de contamination sont très élevés. A titre d'exemple, donnons les limites dérivées en cas d'accident nucléaire fournies en mars 1986 (avant Tchernobyl) par le National Radiological Protection Board britannique (NRPB - DL - l0 march 1986) pour la contamination surfacique des pâturages par le Césium 137 et devant entraîner une interdiction du lait:
     - pour le groupe çritique des enfants de 1 an(*): 35'000Bq/m2
     - pour les adultes : 160'000 Bq/m2
     D'une façon générale, il est dit que des analyses d'échantillons de sol ont été effectuées en masse mais aucune carte de contamination surfacique n'a été donnée dans les mois qui ont suivi l'accident, concernant les courbes d'iso-activité du Cs 137, Sr 90, Pu 239 et 241.
     Un document du ministère de la République d'Arménie du 8 septembre 1986 sur la commercialisation du thé en URSS selon les directives centrales du 8 août 1986, est assez significatif sur la façon de raisonner des responsables. Si la contamination du thé est:
     - inférieure à 3'700 Bq/kg, la c6nsommation est autorisée dans toute l'URSS par le réseau commercial,
     - de 3'700 à 18'500 Bq/kg, le thé peut être vendu dans le réseau commercial à part les R.S.S. d'Ukraine, de Biélorussie, les régions de Briansk et de Moscou,
     -jusqu'à 185'000 Bq/kg, uniquement pour les établissements de restauration collective, dans toute l'union.
     Les régions très contaminées d'Ukraine, de Biélorussie et celle de Briansk dans la République de Russie ont droit à un thé moins contaminé; il en est de même pour la région de Moscou qui est très peuplée. Le thé très contaminé peut être vendu partout dans les collectivités car on suppose que les consommateurs n'y boivent que peu de thé chaque jour.
     Cela revient à dire que toute la production de thé (dont le niveau de contamination n'est pas supérieur à185'000 Bq/kg) est consommé. Le nombre total de cancers radio-induits sera réparti sur un si grand nombre d'individus qu'il deviendra invisible.

5. La situation radiologique actuelle enURSS
     Le Professeur Y. Izraël, dans la Pravda du 20 mars 1989, analyse la contamination actuelle des sols en URSS. Les contours d'isoactivité surfacique en Cs 137, de 15 Ci/km2 et 40 Ci/km2, y sont présentés. Des taches de contamination à des niveaux élevés existent donc actuellement en dehors de la zone évacuée initiale. 

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Par exemple, dans les régions de Gomel en Biélorussie, de Jitomir en Ukraine et jusqu'à 250 km environ de Tchernobyl à la jonction des régions de Moghilev en Biélorussie et de Briansk en Russie.
     Les superficies contaminées en Cs 137 seraient les suivantes:
     - De 5 à 15 Ci/km(111 à 555 kBq/m2): 21'000 km2
     - Plus de 15 Ci/km2 (> 555 kBq/m2): 10'000 km2, se
répartissant comme suit:
     2'000 km2 en République de Russie
     1'500 km2 en Ukraine (dont 500 km2 dans la zone évacuée initiale)
     7'000 km2 en Biélorussie (dont 3 000 km2 dans la zone évacuée initiale).
     Il y aurait 230'000 personnes vivant sur ces territoires dans 640 agglomérations.
     Ces résultats proviennent d'études de radioactivité de l'air et du sol effectuées en 1988 et couvrant une superficie de 350'000 km2. Ils montrent, est-il précisé, que «peu de changements auraient été observés au cours du temps concernant les lignes d'iso-activité surfacique de 15 et 40 Ci/km2 pour le Cs 137, 3 Ci/km2 pour le Sr 90 et 0,1 Ci/km2 pour les Pu 239 et 240». On ne trouverait ces niveaux élevés de Sr et de Pu que dans la zone évacuée initiale («la zone des 30 km et certains secteurs adjacents»).

6. Les cartes de contamination de Biélorussie: les zones sous contrôle
     Les cartes exposéese en public à Minsk le 2 février 1989 et publiées dans Biélorussie Soviétique du 9 février (Sovietskaya Biélorussia) montrent les territoires où les populations sont soumises à un contrôle sanitaire. Deux types de zones ont été définis selon le degré de contamination et la nature du contrôle:
     Zone (1) : contrôle permanent, terre très contaminée
     Zone (2) : contrôle périodique, terre moins contaminée qu'en zone (1)
     Ces territoires concernent deux grandes régions géographiques oû des zones (1) sont enclavées à l'intérieur de zones (2)
     - une première bande entre Gomel et Kritchev (à l'Est de Moghilev) orientée Nord-Sud, d'environ 160 km et atteignant 130 km d'Est en Ouest dans sa partie la plus large (cette bande s'étend à l'Est en république de Russie vers Briansk, mais cette partie ne figure pas sur la carte publiée en Biélorussie). Des zones à contrôle permanent se trouvent à plus de 250 km de Tchernobyl.
     - une deuxième bande orientée Est-Ouest, d'environ 160 km de large et atteignant 50 km du Nord au Sud, est celle proche de Pripyat. (Elle s'étend en Ukraine vers le Sud mais cette partie ne figure pas sur la carte).
     Cette bande comprend au Sud-Est la fraction de territoire biélorusse située dans la zone d'exclusion initiale des 30 km, correspondant au pénmètre évacué en avril-mai 1986, zone (4), ainsi qu'une zone dite (3) dont la population a été évacuée entre juin et août 1986 d'environ 20 km de large, adjacente à la zone d'exclusion (4).


* La distinction pour le césium entre enfants et adultes disparaît des publications ultérieures d'août 1987 (NRPB - 6S7 - GS8). Le temps de rétention du Cs serait 5 fois plus court chez les jeunes enfants que chez les adultes. Il ne serait donc pas nécessaire d'avoir des normes différentielles. Cette hypothése s'appuie sur un très petit nombre d'observations et à notre avis demanderait à être vérifiée par de multiples anthropogammamétries.
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La contamination en Césium 137 au voisinage de Tchernobyl, en Ukraine et en Biélorussie (le cercle indique la zone «fermée» de 30 km)
- lignes d'iso-activité surfacique de 15 à 40 Curies/km2
- contour de débit de dose de 5 mR/h au 10 mai 1986. (d'après la Pravda du 20 mars 1989)
Détail des zones sous contrôle clans la partie biélorusse proche de Tchernobyl (Sovietskaya Bielorussia, 9 fév. 1989).
Caractéristiques des différentes zones
données par le journal biélorusse
     «1) Zone de contrôle permanent, strict: elle comprend 415 agglomérations des régions («oblast») de Gomel et de Moghilev avec 103'000 habitants. Sur le territoire de cette zone, un «complexe» a été réalisé qui met en oeuvre toute une série de mesures de protection contre les radiations dans le but de créer des conditions de vie qui soient sans danger pour la population: la santé des populations est sous contrôle permanent, l'arrivage de produits alimentaires «propres» est assuré, le réaménagement et la décontamination des localités est en cours. Des méthodes agrochimiques sont mises en oeuvre pour décontaminer la terre et pour l'«améliorer».
     2) Zone de contrôle périodique: elle comprend 637 localités où vivent 206'600 personnes. Sur ce territoire est organisée l'observation permanente de la santé et un contrôle sur la qualité des aliments.
     3) Zone évacuée: elle a été créée en juin-août 1986. Elle comprenait 75 localités d'oû on a évacué 18'700 habitants. Cette zone est transférée à la Réserve écologique d'Etat de Polésie.
     4) Zone fermée: ce territoire a subi la plus forte contamination radioactive. Y habitaient 4'400 personnes avant la catastrophe dans 20 localités. Le périmètre de cette zone est clôturé et une garde y est assurée. Cette zone est transformée en Réserve écologique d'Etat de Polésie.»
     Les cartes publiées par la Pravda et celles de Biélorussie Soviétique ne sont pas superposables. Les zones sous contrôle permanent apparaissent plus étendues que les taches de contamination à 40 Ci/km2, et des zones à contrôle périodiques sont situées en dehors des domaines délimités par le contour d'iso-activité surfacique à 15 Ci/km2.
     D'autre part, on nous dit que les contours de contamination surfacique ont peu évolué; on peut alors s'étonner de ne pas voir figurer à l'intérieur des zones de forte contamination en Cs 137 publiées aujourd'hui des régions où le débit de dose était de 5 mR/h au 10 mai 1986 et qui ont justifié des mesures d'évacuation.
     Ajoutons que selon Pokimieïko, responsable à l'hydrométéorologie de Biélorussie, 18% de la Biélorussie est contaminée. D'après le Président du Conseil de Biélorussie, 20% des terres exploitées est contaminée.
     L'exploitation des terres contaminées continue dans des régions situées en dehors des zones évacuées. Les habitants des zones de contrôle reçoivent 1 rouble par jour (environ l0F) et un complément de salaire de 25% pour acheter de la nourriture «propre» et ne pas consommer la nourriture locale
 
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