MARCOULE

Etablissement COGEMA (usine de retraitement de combustibles irradiés)
     Le 22 mars 1983, lors des essais habituels précédant le démarrage d'une campagne de dégainage sur du combustible UNGG, le détecteur de fumée de la fosse de stockage de magnésium a déclenché une alarme. Simultanément une explosion sourde s'est produite au niveau du transporteur vibrant des déchets de magnésium reliant le cellule de dégainage à la fosse de stockage tandis qu'une contamination radioactive de surface était constatée dans le local entourant la vis de transfert du magnésium.
     Il a été procédé à l'évacuation du personnel d'exploitation et à des recherches sur les causes de cet incident. Les premières analyses ont indiqué une activité surfacique du hall de dégainage de l'ordre de 50 microgray par heure (5 mrad/h) et une activité atmosphérique maximale de 3,4.10⁷ becquerel/m³ (0,034 mCi/m³) limitée à la zone contrôlée.
     Lors des opérations de mesure, un agent a subi une légère contamination radioactive.
     Cet incident n 'a pas eu de conséquences notables pour l'environnement mais a entraîné l'arrêt de 1’installation.

     Le 22 mars 1983 s'est produit un double incident à Marcoule, au cours des opérations préliminaires au démarrage d'une campagne EDF (combustible CHINON A3 sous-irradié).
     L'incident s'est produit dans la ligne d'évacuation des déchets magnésium:
     - incendie du magnésium accumulé à la base de la vis intermédiaire sud (à l'arrêt depuis septembre 82),
     - explosion à l'intérieur de la ligne de transfert des déchets magnésium (à l'arrêt depuis deux ans).

b) Contamination atmosphérique et de surface dans les différents locaux
     - local de vis intermédiaires
     - sous-sol nord
     - sous-sol sud et accès
     - hall E
     - hall ABCD
     - local nord
     - salle de commande

     Conséquences:

c) sur l'exploitation de l'atelier

     La dissémination atmosphérique et surfacique a été limitée à la zone contrôlée.
     Le hall ABCD, la salle de commande, le hall E ont été soumis à décontamination, ainsi que les sous-sols nord et sud et le local des vis intermédiaires.
     Sur le plan des installations mécaniques, l'effet cumulé de l'incendie et de l'explosion risque d'avoir des conséquences importantes sur l'exploitation de la partie de l'atelier assurant le dégainage des combustibles à âme graphique.
     Les causes de l'accident restent mal expliquées, cependant l'incendie a, semble-t-il, pris naissance dans la cuve de la vis sud là où des déchets magnésiens (détection en septembre 82) devaient subir une dissolution chimique.
     L'explosion qui a eu lieu plus tard est probablement due à la présence d'hydrogène.
     30 kg d'uranium auraient subi une combustion. Cet uranium se serait accumulé au cours des années d'exploitation; quant à l'hydrogène, sa présence ne peut s'expliquer que s'il y avait de l'eau dans le fond de la cuve à vis.

     Il apparaît que dans certains secteurs de l'industrie nucléaire, le laisser-aller finit par l'emporter sur les principes de surveillance et de sûreté.
     Cette situation de banalisation des risques ne peut que s'étendre. Tous les beaux discours officiels clamant que l'industrie nucléaire est la plus sûre deviennent ridicules quand on constate qu'on remet en service des installations non en état de marche, dans lesquelles traînent des morceaux de gaine oubliés depuis deux ans!
     On peut d'ailleurs se poser des questions sur le sérieux avec lequel sont rédigés les rapports statuant sur les bilans d'entrée-sortie de matière fissile.
     Dernière remarque, le détournement à des fins militaires du combustible civil explique l'hostilité avec laquelle avait été reçue la 8ème recommandation du rapport du groupe de travail sur la gestion des combustibles irradiés (voir Gazette N°52, p. 17): «Le groupe suggère également que soit étudiée la possibilité de déclassifier la partie de l'usine de Marcoule non directement concernée par la fabrication de matière fissile à usage militaire».

«Quelle défense pour la paix?» Eléments de réflexion sur la dissuasion nucléaire française. Document disponible au secrétariat de «Justice et Paix», 71 rue Notre-Dame des Champs, 75006 Paris (3 F l'exemplaire plus 5 F de port).

«Protester pour survivre». E. Thompson. Collectif de Scientifiques pour le Désarmement (prix : 10 F. S'adresser à M. Petitjean, CRN, rue de Loess, 67037 Strasbourg).

Repères, série «entreprises et branches»:

- «Le nucléaire». Jean-Pierre Angelier. La découverte, Maspéro, Paris.
- Pourquoi l'énergie nucléaire?
- Quelles sont aujourd'hui ses applications, des centrales aux sous-marins?
- Quelles industries vivent du nucléaire?
- Quels sont les dangers du nucléaire ?
- Y a-t-il une crise de l'électronucléaire?
- Quels sont les risques de prolifération de l'arme atomique?
- Le nucléaire est-il une arme de domination des pays riches?
- L'énergie nucléaire a-t-elle un avenir?

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