La G@zette Nucléaire sur le Net! 
N°37
PUISQU'ON VOUS LE DIT
3.  OU L'ON VOIT COMBIEN IL EST DIFFICILE D'INFORMER...
 
     Les entreprises d'électricité européennes se retrouvent au sein de l'Union Internationale des Producteurs et Distributeurs d'Energie f:lectrique (UNIPEDE). Du 11 au 15 juin 1979, le l8ème congrès s'est tenu à Varsovie. Pour notre part, nous nous sommes penchés sur le rapport du Comité des relations publiques. On peut y lire:
     ... Tout porte à croire que le fuel sera destiné à l'avenir, principalement aux pays du Tiers-Monde et que le charbon sera réservé aux industries chimiques. Dès lors, les pays industrialisés devront avoir recours à l'énergie nucléaire.
     La sollicitude de ces experts est assez extraordinaire...
     Laisser ainsi le fuel aux pays du Tiers Monde... Mais abordons maintenant le passage relatif aux énergies nouvelles:
Le recours aux énergies douces
     Il n'est pas un jour où l'on ne trouve dans les journaux un article qui vante les mérites de ce bon vieux soleil, de la force des marées, etc. Il suffit de voir dans une librairie scientifique le nombre d'ouvrages consacrés à ces énergies dites "douces" pour se rendre compte que ce problème est vraiment à l'ordre du jour. En fait, en dehors des spécialistes, la plus grande partie du public rêve à la solution énergétique miracle. Il est impératif pour l'industrie électrique, non seulement de faire savoir dans quelle mesure elle participe aux recherches faites dans ce domaine, dans quel délai des résultats satisfaisants peuvent être attendus, mais aussi de faire connaître la part des besoins énergétiques qui sera couverte par ces méthodes. Le public doit savoir que l'industrie électrique ne néglige aucune ressource énergétique possible.
     Voilà. L'essentiel est de faire savoir... Le savoir-faire, lui, est secondaire. Nous arrivons ainsi tout naturellement au nucléaire et à... un «émoi» dû aux vilains opposants:
L'émoi nucléaire
     Cet émoi, consciencieusement entretenu par les adversaires du nucléaire, n'est pas près de s'apaiser. Dans la plupart des pays occidentaux, la presse écrite et parlée est grandement responsable de cet état de choses".
(...)
     Que faire en cette matière? Poursuivre et redoubler l'intensité de l'information faite jusqu'à présent (visites de centrales, conférences, films, brochures, conférences de presse, contacts personnels avec les autorités, avec les leaders de l'opinion publique, information du personnel, etc.), tout en gardant à l'esprit qu'il n'y a aucun espoir de faire changer d'avis les détracteurs du nucléaire, mais qu'il convient de faire admettre par la masse silencieuse, même sans grand enthousiasme[7], l'impérieuse nécessité de l'énergie nucléaire.
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Il est à noter qu'avant la crise énergétique de 1973, personne ne s'inquiétait de la disponibilité des énergies. Depuis, certains milieux s'en préoccupent sans, pour autant, que l'homme de la rue se tracasse à ce sujet. Pourtant il faudrait que ce dernier sache combien il est dépendant de l'énergie, même si l'électricité n'en représente qu'une partie non majoritaire.
     La plus grande difficulté de pareille opération reste toujours la différence profonde du vocabulaire des uns et des autres. Les électriciens parlent en termes scientifiques, même simplifiés, alors que les contestataires parlent en termes émotifs.
     Quelques principes en matière d'information électrique et nucléaire resteront valables:
     - ne jamais accepter un débat public en direct si on n'a  pas l'assurance d'avoir un temps de parole au moins égal à celui accordé à l'autre partie et en se souvenant que le modérateur est rarement modéré...
     - s'il sagit d'un débat en différé, on exigera d'entendre et de voir l'enregistrement avec son émission...
     - le délégué à de telles prestations sera non seulement fort compétent et au courant des derniers arguments de la contestation, mais il aura de plus les qualités d'un "débater"...
     - même le plus petit incident prend les dimensions d'une catastrophe lorsque la contestation a l'impression qu'on a cherché à le cacher...
     - éviter dans la mesure du possible, le référendum pour ou contre le nucléaire. L'indifférent, représentant-type de la masse silencieuse, préfère la pêche ou la grasse matinée.
     A bon entendeur... Voyons maintenant l'opération charme:
Le souci constant de l'image de l'industrie électrique. 
     Le Service des Relations Publiques doit rester le représentant permanent de l'opinion publique en général, et de la clientèle en particulier, auprès de l'industrie électrique. L'image de toute industrie dépend beaucoup de la qualité du produit, de l'efficacité du service et de la compétence et de l'amabilité du personnel. Le service des Relations Publiques a pour mission d'observer le respect de ces trois principes par l'industrie et, le cas échéant, de faire des suggestions à ce sujet à la Direction générale. Les choses les plus simples et les moins onéreuses ont tellement d'importance: la qualité d'une réponse au téléphone ou à une lettre, la promesse tenue, un sourire, etc.
     L'image de l'industrie électrique peut être ternie par un défaut de qualité ou de service des activités «satellites», tels les installateurs électriciens, les fabricants et vendeurs d'appareils d'utilisation ou de matériel divers[8]. Le souci constant de l'image est une raison de plus pour entretenir le dialogue avec ces "satellites".
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6. Et au fait, qui construit les centrales?
7. Sic.
8. Voyez donc où sont les affreux qui vous sabotent une image de marque!
     L'image que l'industrie électrique peut refléter aux yeux des divers publics est très changeante, et fort différente selon qu'il s agisse d'un public plutôt que d'un autre. Il faut donc se livrer à l'observation fréquente et répétée, par tous moyens adéquats, de l'évolution de l'attitude de ces différents groupes. Cette observation doit conduire à des conclusions dont il sera tenu compte notamment pour le choix par la Direction des actions qu'elle désire mener en fonction du public qu'elle veut atteindre.
     L'industrie électrique doit être présentée comme une branche d'activité qui a parfaitement conscience de l'importance de ses responsabilités et qui est orientée obligatoirement vers un avenir à moyen et à long terme, Elle sait que l'énergie qu'elle fournit conditionne la santé économique et le bien-être de millions d'hommes.
     Voyons maintenant les cibles à atteindre:
     Les moyens de diffusion (mass media)
          Les voies de communication les plus efficaces et les plus importantes, dont disposent nos entreprises sont celles des moyens de diffusion (presse, radio, télévision et films). Grâce à eux on peut atteindre des millions de personnes. En plus du rôle qu'ils jouent pour répandre les nouvelles, ces moyens de diffusion contribuent à la formation de l'opinion publique grâce à leurs articles de fond, leurs conférences contradictoires et leurs débats. Il convient que le service que nous procurons aux moyens de diffusion soit de haute qualité, complet et sincère. Les moyens de diffusion accueillent favorablement les informations, surtout sur des sujets techniques qui nécessitent une simplification en vue d'être compris du grand public, mais nous ne devons pas perdre de vue le fait que ces moyens de diffusion font eux-mêmes partie du monde des affaires et qu'il s agit pour eux de vendre des journaux ou d'attirer des lecteurs, des spectateurs ou des auditeurs. Ils sont donc à la recherche de matières sensationnelles ou donnant lieu à controverse, car cela intéresse les gens. Si nous admettons ce point de vue, c'est notre rôle de provoquer des « occasions nouvelles » sur de tels sujets controversés en instituant des tribunes pour les membres de nos directions, en organisant des manifestations spéciales et en fournissant des documents que les moyens de diffusion pourront utiliser, sous la forme dont ils ont besoin, écrite ou visuelle.
     Il est hors de question que les moyens de diffusion puissent devenir les porte-parole de nos entreprises ou de notre politique commerciale : les journalistes sont des reporters et des observateurs indépendants et, en tant qu'êtres humains, ils ont également leurs points de vue personnels. Notre rôle est de les aider à façonner leurs points de vue en assurant un service professionnel, en répondant rapidement et sincèrement aux questions posées, en leur fournissant des informations convenables et en organisant pour eux des entrevues avec la direction de nos entreprises, des spécialistes ou des experts.
     Un directeur d'entreprise ou un expert n'est pas nécessairement une « star» de la presse, de la radio ou de la télévision. Pour être réussie, une interview exige une préparation et des répétitions, et c'est précisément le rôle du service des Relations publiques que de préparer les personnes qui auront à participer aux interviews, de préférence dans les conditions très voisines des conditions réelles, de manière qu'elles puissent se voir ou s'entendre exactement de la même manière que plus tard des millions de spectateurs, télespectateurs ou auditeurs pourront les voir ou les entendre.
(...) 
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Les écologistes
     Ce néologisme a trop souvent un sens péjoratif pour les membres de l'industrie électrique. Il faut rappeler aux gens soucieux du respect de la nature, quelle que soit leur préoccupation majeure, que l'industrie électrique s'occupe depuis un demi-siècle à résoudre et à amoindrir des désagréments que ses installations provoquent inévitablement à leur environnement. Une centrale électrique agrémente fort peu un paysage champêtre, et la vue d'un pylône ne réjouit que celui qui l'a conçu, mais l'une comme l'autre sont indispensables, L'industrie électrique s'efforce chaque jour de concilier au maximum l'intérêt général et les intérêts particuliers. Elle fournit une énergie non polluante et elle la transporte de façon parfaitement sûre. Voilà deux qualités que les écologistes devraient apprécier, si les mots Amoco Cadiz et Camping de Los Alfaques leur rappellent certains souvenirs. (dans moins de 6 ans: Tchernobyl!)
     Le rôle de l'industrie électrique est de répondre aux besoins et à la demande générale. Elle peut et doit informer sa clientèle sur l'usage optimal de l'énergie électrique, mais elle ne peut ni ne sait réduire ou freiner ces besoins. Cela n'est d'ailleurs pas son rôle. Par contre, elle pourrait dialoguer davantage avec le public, et surtout avec les écologistes, des dangers que comporte l'augmentation des délais d 'étude et de construction des centrales. Les écologistes ne sont pas tous anti-nucléaires et les anti-nucléaires ne sont pas tous écologistes, Il y aurait intérêt à faire sentir cette distinction au public, et surtout à certains groupements de jeunes, qui pourraient sapercevoir que I'écologie - science qui étudie les rapports des êtres vivants avec leur milieu naturel - ne se préoccupe guère de certains aspects politiques ou de choix de sociétés. Ceux-là comprendraient peut-être qu'il faut bien avoir recours à la fission, en attendant que la fusion nucléaire soit mise au point.[9]

Les groupements de consommateurs
     Au cours de la crise économique que nous traversons, le nombre des associations de consommateurs et la pression qu'elles exercent ont augmenté.
     Ces mouvements sont, parfois, devenus une puissance préoccupante. Dans certains pays des législations ont été prévues pour protéger le «pauvre» consommateur en difficulté de paiement; ailleurs, ce sont des tarifs de faveur pour les pauvres, les vieux, les malades, etc. L'apparition dans le public du "droit à la consommation" peut se révéler fort grave pour les services publics. Le Comité des Relations Publiques estime que le Comité de Direction de l'UNIPEDE devrait recommander à ses membres d'inscrire ce "droit à la consommation" en bonne place parmi leurs inquiétudes. Le développement et l'évolution de ce soi-disant «droit» doit être suivi très attentivement.
     Que devrait faire l'industrie électrique face à ces forces nouvelles baptisées «consumérisme»? Le dialogue semble s'imposer car lui seul peut permettre une plus grande compréhension réciproque, notamment en matière tarifaire, de contrôle de la qualité du service et des appareils, etc.

p.7
9. Nous consacrerons bientôt un numéro de la Gazette à la fusion.
Une société ... savante?
     Nous avons suivi avec intérêt l'assemblée générale de la S.F.E.N. (Société Française d'Énergie Nucléaire) du 18 juin 1980. Nous avons pu apprendre ainsi que les mauvais résultats financiers (-50.000 F en 1979) dus sans doute aux efforts particuliers du "Comité des Relations Publiques" seront heureusement compensés par "l'actualisation de la subvention des membres bienfaiteurs et donateurs".
     Avez-vous une idée, cher lecteur, sur ces généreuses personnes?
     De plus nous avons pu voir que le recrutement se développe dans la catégorie des divers:
%
EDF
CEA
Industrie
Divers
1978
32
21
26
21
1979
30,5
19
25
25,7
1980
30
18,8
25
26,1

     Ce qui permet de dire que:
     "L'effort de recrutement dans la catégorie des "Divers" a donc été couronné de succès, en particulier dans le milieu médical et sera poursuivi dans des secteurs toujours difficiles à pénétrer: corps enseignant, magistrature, les églises, etc." 
     Mais attention il ne s'agit pas d'admettre n'importe qui...
     "Au cours de la discussion, il a surtout été demandé que la crédibilité de la S.F.E.N. soit maintenue en  étant plus strict sur le parrainage des nouveaux membres, compte tenu de l'extension des "Divers". Le parrainage devra retenir tout particulièrement l'attention des Groupes Régionaux qui auront la prise en charge des nouveaux membres, ce qui a entraîné l'adjonction d'un article "Conditions d'admission" au Règlement intérieur, qui a été adopté au cours de la réunion du Conseil d'Administration qui a suivi l'Assemblée Générale."
     A moins que cela soit par peur de perdre la "crédibilité scientifique", et donc l'efficacité?

     Les écoles
     Les méthodes nouvelles d'enseignement s'ouvrent davantage sur le monde extérieur et ses problèmes économiques. Les programmes prévoient plus de temps libre pour des conférences et des visites, ce qui exige un surcroît de travail et d'imagination de la part du corps professoral. Aussi ce dernier est-il, en général, enchanté de recevoir 1'aide de l'industrie électrique. Une documentation, un film, un audio-visuel ou encore une visite de centrale, quelle aubaine, d'autant plus que les ressources énergétiques et leurs problèmes se trouvent généralement inscrits aux programmes scolaires actuels!
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     L'école constitue le lieu idéal pour un contact objectif avec le jeune qui n'est pas encore un client. Cette objectivité implique impérativement que ce contact soit exempt de toute idée promotionnelle, même si elle a pour but, de faire apparaître le visage moderne de l'industrie électrique. Cette objectivité absolue constitue les lettres de créance de notre industrie auprès du corps enseignant et des autorités dont celui-ci dépend. D'où une légère inquiétude du Comité des Relations publiques lorsqu'il a appris que le deuxième Colloque Marketing de l'UNIPEDE avait inscrit au programme d'une de ses séances de travail le thème «L'école en tant que groupe cible».[10]
     Les actions d'information menées jusqu'à présent dans et vers tous les niveaux de l'enseignement ont amélioré de façon spectaculaire la qualité des relations que notre industrie entretient avec les autorités locales, régionales ou nationales dont l'enseignement dépend. Cet effet second encourage à la persévérance, et même à l'accélération de la fréquence des actions auprès des écoles.

     Le personnel
     Le personnel est de loin le public auquel l'industrie électrique devrait réserver le plus de soin sur le plan de la formation et de l'information. Or, il n'est pas certain qu'il en soit ainsi. Il est illusoire de penser que l'industrie, parce qu'elle paie son personnel, lui alloue certains avantages et lui donne parfois formation et information, crée nécessairement autour d'elle une équipe ayant un esprit commun, un but commun, nantie d'un même sens des responsabilités et prête à défendre avec enthousiasme les options choisies par la Direction. Un sondage d'opinion qui serait fait parmi les membres du personnel donnerait peut-être de curieux résultats. Quoi qu'il en soit, il reste évident pour le Comité des Relations publiques que le personnel reste le meilleur moyen et le moins cher[11] pour l'industrie électrique de présenter une image favorable à son environnement. Adhésion, compétence et sourire pourraient constituer les points forts d'un programme de motivation du personnel. 
     La Direction et une partie importante du personnel devraient subir une formation qui les préparerait au dialogue avec les divers publics, et surtout aux contacts avec les mass media. Les difficultés de communication, entraînées par le langage et les différentes significations que chacun accorde aux mots qu'il emploie, sont réelles, et les résoudre n'est pas simple.

     Voilà. Et soyez bien conscient, cher lecteur, que ceci n'est pas particulier à l'énergie électrique.
p.8
10. Sic
11. Le personnel sait bien ce qui lui reste à faire!

4. SAINES INQUIÉTUDES... VERTUEUSES INDIGNATIONS
 
     Lors de la 22ème conférence de l'Agence Internationale de l'Energie Atomique (AlEA) (Vienne septembre 1978) le directeur général[12] de cette institution a prononcé un discours remarqué par sa force, mais aussi par l'inquiétude qu'il manifestait devant la baisse des commandes nucléaires.
     «Comment en est-on arrivé là? Rappelons-nous que le siècle qui a précédé la 2ème Guerre Mondiale a été surnommé l'âge d'or de la technique, et que l'esprit de l'époque s'est traduit par la formule: "Ce qui est difficile, on le fait immédiatement; l'impossible prend un peu plus longtemps". Au cours des 25 dernières années, cette conviction a perdu de sa force et la foi dans les bienfaits du progrès technique s'est muée en une méfiance allant jusqu à remettre en cause la nécessité et l'utilité de développer les applications des sciences et des techniques.
     Dans des milieux de plus en plus nombreux, la technique comme telle en est venue à être considérée comme une force maléfique. Dans certains pays, des groupes de pression ont réussi à empêcher les gouvernements, pourtant élus démocratiquement, d'apporter à la société des transformations techniques essentielles."
     Intolérable n'est-ce pas? Ce doit être du totalitarisme, non? C'est ce que l'on doit appeler la décadence n'est-ce pas?
     "Peut-être convient-il également de dire ici que ce phénomène est particulièrement évident dans les pays prospères très industrialisés à économie de marché. Les pays en développement qui comptent plus des deux tiers de la population du globe ont toujours pour premier souci d'accéder dans les meilleures conditions aux techniques modernes et de les mettre au service de leur progrès et de leur indépendance économique. Les pays à économie centralisée continuent eux aussi à considérer la science et les techniques comme des forces bénéfiques. A cet égard, il convient de rappeler les paroles de Lénine sur l'urgente nécessité et l'importance de la production d'électricité pour le progrès social."
     Mais hélas dans les pays industrialisés:
     "Certes, tout le monde souhaite profiter de tous les bienfaits que l'énergie électrique met à la portée de l'homme, mais certains groupes estiment qu'il est inutile de progresser plus avant. Ils ne pensent guère aux moyens nécessaires pour maintenir le niveau de vie des pays industrialisés, sans parler de ceux qu'il faut mettre en œuvre pour élever celui des pays en développement. Ils ne pensent guère qu'il faudra donner nourriture et eau à une population qui atteindra probablement le cap des 6 milliards à la fin du siècle. Se payant d'expressions telles que «techniques appropriées, douces ou intermédiaires», et prenant leurs désirs pour des réalités, ces doctrinaires envisagent un monde où les pays en développement pourraient se contenter de moulins à vent tandis que les pays industrialisés se satisferaient de la croissance zéro.
suite:
Qu'on ne s y trompe pas: les petites sources d'énergie non classiques sont peut-être le meilleur moyen d'alimenter les petites collectivités rurales, mais elles ne peuvent actionner les rouages de l'industrialisation.
     Dans cette idéologie nébuleuse, l'énergie nucléaire est devenue le symbole des techniques dures que prennent si violemment à partie les adversaires du progrès. On peut trouver à cela deux explications.
     L'une est que les conséquences d'un freinage ou d'un arrêt de la préparation et de la construction des centrales nucléaires ne se font pas sentir immédiatement. Les difficultés n'apparaîtront que six ou dix ans plus tard sous forme de pénurie d'énergie électrique et c'est alors que l'on s'en prendra aux directions des compagnies d'électricité et des services publics. Cette difficulté tient en partie au fait que l'agenda du scientifique ou de l'ingénieur ne concorde pas avec celui de l'homme politique. Il ne fait aucun doute, par exemple, que ceux qui préconiseraient l'interdiction des engrais artificiels - principaux agents de pollution de l'environnement - ne trouveraient guère de partisans, car les conséquences d'une telle décision se feraient sentir dans l'année même qui suivrait, et l'opinion publique n'en aurait pas encore oublié les responsables.
     L'autre raison qui fait de l'énergie nucléaire un bouc émissaire, c'est que la plupart des gens, consciemment ou non, associent l'utilisation pacifique de l'énergie nucléaire à la fabrication d'armes nucléaires.
     Or, jusqu'à présent, aucun pays n'a mis à profit la construction d'une centrale nucléaire pour fabriquer des explosifs nucléaires. Rappelons également que, de 1945 à 1954, trois pays ont entrepris la fabrication d'explosifs nucléaires, suivis de deux autres de 1955 à 1964, et d'un seul de 1965 à 1974. Pendant cette même période, la capacité nucléaire mondiale est passée de 5 à 54.000 MW pour 19 pays. Ceci suffirait à conclure qu'il n'existe aucune relation de cause à effet entre l'expansion de l'énergie d'origine nucléaire et la fabrication d'explosifs nucléaires."
     Voilà, c'est clair, alors messieurs les élus du peuple, nous vous traçons la voie, votre devoir vous appelle:
     "L'industrie nucléaire a besoin de retrouver ce qu'elle avait dans les années 60 : sa confiance dans des gouvernements capables de prendre des décisions sans équivoque, la certitude qu'en cas de besoin d'autres pays lui fourniront des combustibles ou des services, la certitude de pouvoir trouver des emplacements et y construire des usines sans avoir à subir des formalités interminables et coûteuses.
p.9a
12. M. Sigvard Eklund.

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