La G@zette Nucléaire sur le Net! 
G@zette N°262, décembre 2011

Nouvelles en vrac
Electricité: la France passera-t-elle l’hiver?
Le mercredi 26 octobre 2011 par Valéry Laramée de Tannenberg
   Extrait: Y aura-t-il de l'électricité à Noël? L'arrêt de 8 réacteurs nucléaires allemands provoque des sueurs froides en France où le courant importé d'outre-Rhin permettait jusque-là de passer sans trop d'encombre les grands pics de consommation de l'hiver. Des pénuries et des pannes d'électricité en France sont une menace réelle, a averti le cabinet de conseil Capgemini dans son étude annuelle sur l'énergie en Europe, publiée ce mercredi 26 octobre. Le risque existe en cas de conditions très défavorables, a reconnu le ministre de l'énergie Eric Besson, en cas de temps très froid et de retards dans le lancement de centrales thermiques en Allemagne. Dans ce scénario, oui, il pourrait y avoir des difficultés, a-t-il dit à l'Assemblée en réponse à un député. En cause, outre le manque de disponibilité de l'électricité nucléaire allemande: l'aggravation chaque année du phénomène...
Les conséquences de Fukushima revues à la hausse
     Une équipe internationale de chercheurs, dirigée par le Dr. Andreas Stohl [1] de NILU [2] a fourni de nouvelles informations sur la quantité de matière radioactive qui a été libérée dans l'atmosphère lors de l'accident de la centrale nucléaire de Fukushima, endommagée par le séisme et le tsunami au Japon en mars 2011. Cette étude a été menée par des chercheurs de NILU, de l'Université des Ressources Naturelles et des Sciences de la Vie de Vienne [3], de l'Institut Central Autrichien de Météorologie et Géodynamique [4], de l'Université Polytechnique de Catalogne [5], et de Goddard Sciences de la Terre, Technologie et Recherche (Columbia, USA) [6].
     L'étude montre que les rejets radioactifs sont bien plus importants que ce que le gouvernement japonais a annoncé, mais également que les piscines utilisées pour stocker les éléments radioactifs ont contribué de manière significative aux émissions de césium 137, élément extrêmement dangereux tant pour ses propriétés physiques que pour sa longue période radioactive (30 ans). "Il ne fait aucun doute que l'accident de Fukushima est le plus grave accident nucléaire depuis Tchernobyl, notamment en terme d'émissions de xénon 133 et de césium 137", confirme Andreas Stohl.
     Les travaux de recherche sont basés sur l'observation effectuée depuis plusieurs stations de surveillance dans le monde, un modèle de dispersion atmosphérique, ainsi que sur les informations concernant le cours des événements lors de l'accident. "Nos calculs sont basés sur environ 1.000 mesures effectuées au Japon, aux Etats-Unis et en Europe. Cette étude est la plus complète existant aujourd'hui sur le sujet.", dit Andreas Stohl.
     Tout indique que les rejets de césium 137 ont à la fois commencé et se sont terminés, plus tôt que prévus. La quantité libérée est estimée à 36 PBq (unité de mesure de l'activité d'un radionucléide du système international, un pétabecquerel valant dix puissance quinze becquerels). Cela correspond à 42% des rejets de Tchernobyl, ce qui fait de l'accident Fukushima la deuxième plus grosse émission de césium 137. 80% de cet isotope serait parti dans l'océan, tandis que 19% aurait été déposé sur le territoire japonais.
suite:
     Les résultats de l'étude montrent en outre que les rejets de xénon 133 ont été d'environ 16.700 PBq. C'est le plus grand rejet civil jamais enregistré, environ 2,5 fois plus élevé que lors de l'accident de Tchernobyl en 1986. Sa dispersion aurait commencé dès le matin du 11 mars, après le tremblement de terre. Le xénon 133 n'est absorbé que dans une faible mesure par le corps humain, ses effets sur la santé sont donc moins préoccupants. "Il est cependant primordial de comprendre ce qu'il s'est passé durant l'accident.", précise Andreas Stohl.
-[1] Dr. Andreas Stohl: ast@nilu.no
-[2] NILU: (institut norvégien de recherche atmosphérique)
-[3] 
- [3] BOKU: http://www.boku.ac.at
- [4] ZAMG: http://www.zamg.ac.at
- [5] UPC: http://www.upc.edu/eng
- [6] GESTAR: http://gestar.usra.edu/

Le Japon étend l'interdiction de la vente de riz contaminé au césium 137
LEMONDE.FR avec AFP | 29.11.11 | 11h09
     Les autorités japonaises ont interdit, mardi 29 novembre, aux exploitants agricoles de deux localités supplémentaires de vendre leur riz, après la découverte de niveaux excessifs de césium radioactif. Elles demandent à plusieurs autres de suspendre les livraisons avant de nouveaux contrôles.
     "Nous avons ordonné ce jour au préfet de Fukushima d'interdire la commercialisation du riz produit cette année dans deux localités de Date", a indiqué un porte-parole du gouvernement. Sont concernées par la nouvelle interdiction quelque 300 exploitations situées dans deux zones de la municipalité de Date qui s'ajoutent aux 154 fermes rizicoles de la localité d'Onami (dépendante de la ville de Fukushima) sur laquelle un embargo a été décrété le 17 novembre.

LA PROVINCE DE FUKUSHIMA, QUATRIÈME PRODUCTEUR DE RIZ
     Les dernières mesures effectuées sur du riz récolté dans ces aires des communes de Fukushima et Date ont révélé une teneur en césium radioactif supérieure à la limite légale provisoire de 500 becquerels par kilogramme fixée par le gouvernement central.
     Par ailleurs, la préfecture de Fukushima a demandé à 2381 exploitants de deux autres zones, Nihonmatsu et Motomiya, de suspendre les livraisons de leur riz dans l'attente de nouveaux contrôles. Elle avait déjà auparavant enjoint à 1941 cultivateurs de quatre lieux-dits, dont ceux de Date, de stopper leurs expéditions en attendant de conduire de nouveaux tests.
     La province rurale de Fukushima, quatrième terroir de production de riz du Japon, est largement contaminée par les rejets radioactifs issus de la centrale nucléaire de Fukushima saccagée par le séisme et le tsunami du 11 mars dans le Nord-Est.
     Les premiers contrôles, effectués sur des échantillons, avaient incité le préfet à se féliciter hâtivement de la qualité et de la sûreté de la production locale, mais des mesures plus fines effectuées ultérieurement ont révélé des différences notables de contamination en fonction des aires de culture. Certains prélèvements ont affiché une teneur en césium 137 près de quatre fois supérieure au plafond, soit près de 2.000 becquerels par kilogramme.

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Accidents nucléaires et protection de la thyroïde par l’iode stable
P. Smeesters, L. Van Bladel
8 mars 2011
Résumé
     En cas d’accident nucléaire, des substances radioactives peuvent être libérées dans l’atmosphère et être entraînées par les vents, parfois à grande distance de l’installation en cause. La présence d’isotopes radioactifs de l’iode parmi les substances relâchées est pratiquement une constante lors d’accidents affectant des réacteurs nucléaires. La population peut être exposée par inhalation directe lors du passage du nuage radioactif ou par ingestion d’aliments contaminés suite aux retombées. L’iode radioactif s’accumule rapidement (en quelques heures) dans la glande thyroïde qu’il irradie sélectivement et où il peut produire des cancers. Le moyen le plus  approprié pour éviter cette accumulation d’iode radioactif est de prendre rapidement, à titre préventif, de l’iode stable (non radioactif) en solution diluée. Ceci suppose cependant que cet iode stable soit disponible au moment de l’accident pour la population affectée.
     L’article décrit les principes et les modalités pratiques de la protection thyroïdienne par l’iode stable en cas d’accident nucléaire, y compris la distribution à la population autour des sites belges. Comme la protection thyroïdienne par l’iode stable n’intervient, en pratique, jamais comme une mesure isolée, et que son indication ou ses modalités peuvent dépendre d’autres mesures prises, il est nécessaire d’envisager cette question dans le contexte global de la gestion des situations d’urgence nucléaire. C’est pourquoi l’article débute par la discussion de questions plus générales telles que la justification des interventions, la nécessité d’une approche centralisée, le principe et le choix des niveaux d’intervention.

Une consultation pour limiter l'urbanisation autour des sites nucléaires
http://www.actu-environnement.com/
Lundi 17 octobre 2011
     L'ASN lance une consultation sur les futures règles d'encadrement du développement des activités autour des sites nucléaires. 
     Objectif: éviter qu'un développement trop important ne remette en cause les procédures d'urgence en cas d'accident.
     L'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a mis en consultation un projet de guide relatif à la maîtrise des activités au voisinage des installations nucléaires de base (INB). Le document de 19 pages, qui met en œuvre les mesures prévues par la circulaire du 17 février 2010, propose un cadre national pour la concertation locale sur la maîtrise des activités autour des sites nucléaires.
Il s'agit d'appliquer une démarche similaire à celles des Plans de prévention des risques technologiques (PPRT) qui encadre les implantations dans les zones proches des sites Seveso à hauts risques.
     La consultation publique est ouverte du 17 octobre au 17 décembre 2011, conjointement sur les sites internet du ministère de l'Ecologie et de l'ASN.

Efficacité des plans d'urgence
     Le principal objectif des règles proposées est de préserver l'opérabilité des plans de secours en situation d'urgence, comme la mise à l'abri, l'évacuation et l'ingestion d'iode stable, prévues par les plans d'organisation de la réponse de sécurité civile (Plan Orsec) et les plans particuliers d'intervention (PPI).
     Or, cette opérabilité "pourrait être remise en cause si des activités inappropriées venaient à s'implanter dans la zone [considérée]". Il s'agit donc d'encadrer le développement des activités à proximité des INB et d'adapter les voies de circulation selon le risque.
 L'ASN rappelle que les sites nucléaires ont une durée de vie "de l'ordre de plusieurs décennies" et "au cours de cette période, les territoires situés à leur proximité peuvent subir d'importantes évolutions". "Ainsi, une faible augmentation annuelle de la capacité d'accueil peut, à terme, aboutir à un accroissement total significatif de la population", juge l'ASN qui propose que soit analysé "tout projet de nature à augmenter le nombre de personnes exposées". Objectif: ne pas remettre en cause les paramètres qui ont prévalu lors du choix initial des sites.
     En attendant l'institution de servitudes d'utilité publique
 Pour cela, l'ASN propose "l'institution de servitudes d'utilité publique autour des sites nucléaires de manière structurée et équilibrée sur le plan national". Cependant, ces servitudes ne sont pas encore établies.
     "Dans l'attente de l'aboutissement de [la mise en œuvre de ces servitudes] qui prendra plusieurs années" le guide propose donc d'établir, "une démarche prudente de maîtrise des activités susceptibles de se développer autour des sites nucléaires".
     Limiter l'installation d'activité dans la zone à risque
 Pour cela, l'ASN privilégie tout d'abord de "limiter le développement dans la zone à risque à la satisfaction des besoins de la population résidente". Il s'agit de limiter l'implantation des installations à celles nécessaires aux besoins de la population et d'éviter l'implantation de celles pouvant constituer un point d'attraction des populations de passage ou résidant en dehors. L'ASN propose en contrepartie de privilégier le développement des activités locales au-delà des zones à risques.

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     Ce contrôle porte sur le développement des activités industrielles, des habitations, des établissements recevant du public, des points d'attraction et des établissements de plein air. Le projet de guide propose une échelle de vulnérabilité des projets comme outil d'aide à la décision.

Attribution des acteurs
     Le guide propose par ailleurs au préfet des modalités de concertation locale. Il précise tout d'abord les différentes attributions des acteurs directement intéressés au développement des zones visées par le guide : maires, exploitants, ASN et directions départementales du territoire (DDT).
     Il précise ensuite le rôle d'autres acteurs selon le contexte ou l'avancement des travaux: commissions locales d'information (CLI), chambres consulaires, direction régionale de l'environnement, de l'aménagement et du logement (Dreal), etc.
     Concrètement, l'ASN est chargée de définir les zones à risque, la DDT réalise un pré-diagnostic en partenariat avec les acteurs locaux et le préfet porte à connaissance du public ces informations et organise une concertation avec les acteurs intéressés au projet.


Sécurité nucléaire: visite surprise et situations burlesques

AFP Décembre 2011:  Documentation foisonnante et parfois erronée, clef du tableau électrique indisponible car en commande: une visite inopinée de parlementaires dans deux centrales nucléaires pour des exercices d'urgence n'a rien dévoilé d'alarmant mais donné lieu à des situations parfois burlesques.
     Les exploitants sont animés par un haut de degré de responsabilité a souligné d'entrée Claude Birraux, président de l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques (Opecst), avant de détailler les péripéties de sa visite nocturne dans la centrale de Paluel (Seine-Maritime).
     Les responsables de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) qui l'accompagnaient mercredi soir y ont simulé une perte totale des alimentations électriques et du diesel de secours du réacteur numéro 1 qui nécessitait son branchement sur la tranche numéro 2 pour rétablir l'alimentation en énergie.
     Un cas de figure similaire à celui qui a provoqué l'accident dans la centrale japonaise de Fukushima le 11 mars dernier.
     L'alerte fictive est lancée à 22h00 et les agents d'astreinte arrivent sur place rapidement pour préparer ce raccordement électrique, une opération qualifiée d'exotique par EDF, a rapporté M. Birraux jeudi lors d'une conférence de presse.
     Les déconvenues s'enchaînent: à 23h30, les agents annoncent qu'une clef nécessaire pour ouvrir un panneau d'alimentation électrique est actuellement en commande et n'est pas disponible sur le site... 
     A 00h00, l'équipe arrive dans le local électrique de la tranche 1 mais les indications du document de procédure ne correspondent pas au panneau électrique qu'ils y trouvent: le local non plus n'est pas numéroté
     Il y a un doute: les clés sur le panneau sont-elles mal étiquetées ou bien sommes-nous dans le mauvais local' Le local non plus n'est pas numéroté, ce qui ne facilite pas la manoeuvre, poursuit le député.
     Il faudra plusieurs allers et retours entre la tranche 1 et la tranche 2 pour que les agents de la centrale découvrent qu'une partie des instructions qu'ils ont entre les mains sont inexactes. L'énigme est résolue mais l'opération n'est pas effectuée pour autant. L'équipe décide alors, de sa propre initiative et à raison, de se rendre dans la tranche 3.
     Malheureusement, le guide de procédure d'EDF comporte de nouvelles inexactitudes, des ambiguïtés et certaines actions semblent tout bonnement inutiles au personnel sur place, relève Claude Birraux.
     Jugement sans appel de l'ASN, cité par l'Opecst: le guide technique d'EDF pour cette procédure, daté de décembre 2008, comporte de nombreuses erreurs et lacunes, et il n'était à l'évidence pas opérationnel.
     Toutefois, il est important de signaler que le personnel a su se poser de bonnes questions, n'est jamais resté bloqué devant ces situations parfois burlesques, et au final réussissait à progresser dans ce guide technique qu'il n'hésitait pas à critiquer ouvertement, insiste M. Birraux.
     L'inspection menée par le sénateur Bruno Sido, vice-président de l'Opecst, à la centrale du Blayais (Gironde) a là encore mis en lumière les difficultés des agents à se repérer dans le maquis documentaire d'EDF décrivant les consignes à suivre en cas d'incident.
     Il aura ainsi fallu une demi-heure et quatre personnes compulsant frénétiquement leurs fiches pour répondre à la question posée par l'ASN: quel est le critère conduisant à l'arrêt du pompage d'eau en cas d'inondation.
     Les agents d'EDF cherchaient dans la rubrique pompage alors que la réponse se trouvait dans la rubrique inondation, a expliqué M. Sido.
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CNPE de Fessenheim
Inspection n°PINSSN-STR-2011-0828 du 25 mars 2011: détection de tritium dans la nappe 
document asn (pdf)

     Une inspection inopinée a eu lieu le 25 mars 2011 au CNPE - Fessenheim suite à la déclaration le 22 mars 2011 par l’exploitant de la détection d’une teneur en tritium de l’ordre de 500 Bq/L, dans le cadre des contrôles périodiques de l’eau de la nappe dans le piézomètre N08. 
     Suite aux constatations faites à cette occasion par les inspecteurs, j’ai l’honneur de vous communiquer ci-dessous la synthèse de l’inspection ainsi que les principales demandes et observations qui en résultent. 

Synthèse de l’inspection
     L’inspection du 25 mars 2011 menée suite à la déclaration d’un Evénement Intéressant l’Environnement (EIE) relatif à la détection ponctuelle de tritium dans la nappe sous la partie industrielle du site de Fessenheim. Elle avait pour objectif d’examiner les actions entreprises pour caractériser cette pollution, identifier son origine et de prendre connaissance des dispositions à mettre en place. 
     La pollution a été détectée le 21 mars 2011 dans l’eau de la nappe prélevée le 18 mars 2011 dans le piézomètre N08 situé sous le site de Fessenheim. L’exploitant a identifié comme origine possible de cette pollution le débordement d’un réservoir TEU dans une rétention inétanche. Des analyses sont en cours pour caractériser la pollution, identifier son origine de façon certaine et évaluer la possibilité de dépolluer les eaux souterraines. Les inspecteurs se sont rendus dans le local où la pollution de la nappe est susceptible d’avoir eu lieu. 
     Les inspecteurs ont relevé deux écarts, dont un à l’arrêté ministériel du 31 décembre 1999 fixant la réglementation technique générale destinée à prévenir et limiter les nuisances et les risques externes résultant de l’exploitation des installations nucléaires de base.
A. Demandes d’actions correctives 
     Lors de l’inspection, vous avez informé les inspecteurs des résultats des analyses disponibles et d’actions visant à caractériser la pollution de la nappe et à en rechercher l’origine. 
     Demande n° A1 a: Je vous demande de me transmettre sous deux jours le plan d’actions mis en œuvre pour surveiller l’évolution de cette pollution
     Demande n° A1 b: Je vous demande de me transmettre sous deux semaines une cartographie montrant l’étendue de la pollution
     Demande n° A1 c: Je vous demande de me transmettre sous deux semaines le plan d’actions que vous vous êtes fixé pour résorber cette pollution
     Demande n° A1 d: Je vous demande de me transmettre, sous un mois un rapport sur l’origine, les circonstances et les conséquences de cette pollution, notamment son impact sur l’environnement et la santé.

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     Demande n° A1 e: Je vous demande de me transmettre sous un mois un plan d’actions pour éviter le renouvellement de ce type de pollution sur le site. 
     Lors de l’inspection, vous avez indiqué avoir identifié, dans le cadre de la recherche de l’origine de cette pollution, un débordement de la bâche 2 TEU 017 BA survenu le 6 mars 2011. Lors d’un transfert d’effluents, aucune alarme de niveau sur la bâche 2 TEU 017 BA n’a permis de prévenir le débordement vers le puisard du local W 050 situé à - 9.5 m dans le BW via la canalisation de trop plein. 
     Demande n°A2a: Je vous demande de m’indiquer quels sont les dispositions (alarmes, procédures, rondes,...) de surveillance en place sur la bâche, le trop plein et le local W050
     Demande n°A2b: Je vous demande de m’indiquer pourquoi ces dispositions n’ont pas permis d’empêcher cette pollution, et pourquoi les contrôles périodiques n’ont pas permis de détecter ces dysfonctionnements
     Demande n°A2c: Je vous demande de me confirmer que les dispositions de surveillance sont désormais opérationnelles
     Demande n°A2d: Je vous demande de réaliser une analyse de risque visant à compléter les dispositions de surveillance

     Une analyse réalisée sur l’eau présente sur le sol du local W050 met en évidence un débordement du puisard et une contamination du local. 
     Demande n°A3a: Je vous demande de prendre les mesures adéquates pour décontaminer le local W050
     Demande n°A3b: Je vous demande de m’indiquer pourquoi la pompe de ce puisard ne dispose pas d’un débit suffisant pour éviter son débordement
     Le local W050 qui constitue la rétention de la bâche 2 TEU 017 BA est situé à une profondeur de 9,5 m sous la surface du sol. Ses murs sont donc directement en contact avec la nappe phréatique. Le sol du local est recouvert d’un liner afin de le rendre étanche vis-à-vis de la nappe. Or, les inspecteurs ont constaté une fissure sur ce liner ce qui remet en cause son étanchéité.  Vous avez indiqué aux inspecteurs avoir connaissance de ce défaut depuis 2008. 
     L’article 14 de l’arrêté ministériel du 31 décembre 1999 fixant la réglementation technique générale destinée à prévenir et limiter les nuisances et les risques externes résultant de l’exploitation des installations nucléaires de base prescrit: «La capacité de rétention est étanche aux produits qu’elle pourrait contenir et résiste à l’action physique et chimique des fluides
     Demande n°A4a: Je vous demande de prendre les mesures adéquates pour garantir l’étanchéité du local W 050 constituant la rétention de 2 TEU 017 BA sans autre délai que techniquement nécessaire
     Demande n°A4b: Je vous demande de vérifier et de me transmettre sous un mois un bilan exhaustif de l’état de l’étanchéité de toutes les rétentions au titre de l’arrêté du 31/12/1999 et de les remettre en conformité le cas échéant.

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     Demande n°A4c: Je vous demande de m’indiquer pourquoi ce défaut d’étanchéité n’a pas été réparé depuis sa découverte et les dispositions que vous prenez pour éviter un délai de traitement aussi élevé à l’avenir
     Demande n°A4d: Je vous demande de me transmettre la liste des locaux servant de rétention situés sous le niveau du sol et de me confirmer que ces locaux sont étanches
     Demande n°A4e: Je vous demande de lancer une étude visant à mettre hors de portée immédiate de la nappe les locaux susceptibles de servir de rétention.

B. Compléments d’information 
     Lors de l’inspection, vous avez indiqué que le local W 050, abritant un certain nombre d’équipements, constitue la rétention de la bâche 2 TEU 017 BA. 
     Demande n°B1a: Je vous demande de m’indiquer le volume et la hauteur utile du local constituant la rétention de la bâche 2 TEU 017 BA. 
     Demande n°B1b: Je vous demande de me préciser la liste de tous systèmes qui ont pour rétention le local W050. 
     Demande n°B1c: Je vous demande de me préciser la liste des matériels IPS présents dans le local W 050 et les mesures prises pour garantir leur disponibilité en cas de présence d’effluents dans celui- ci. 
     Lors de l’inspection, vous avez indiqué que la fréquence des analyses sur le piézomètre N08 avait été augmentée au courant de l’année 2010. 
     Demande n°B2: Je vous demande de m’indiquer les piézomètres concernés par une augmentation de la fréquence d’analyses et les raisons motivant cette évolution de la fréquence. 

Réponse EDF 12 mai 2011
     À l’intention de la CLI
     Suite à votre courrier daté du 18 avril 2011 concernant la détection de traces de tritium sur le site, je vous prie de trouver ci-dessous les éléments de réponse aux questions posées par des membres de la CLI.
     Dans le cadre de la surveillance régulière des eaux souterraines, nous avons détecté à mi-mars, la présence de tritium, sur le site, à 250 m, en aval de la partie industrielle de nos installations, sur l’un des piézomètres qui équipent le site de Fessenheim.
     Le tritium est un radioélément produit naturellement dans l’atmosphère terrestre par action des neutrons présents dans les rayonnements cosmiques sur l’azote et l’oxygène de l’air, mais également artificiellement lors des essais militaires aériens ou par l’industrie (nucléaire, horlogerie, peinture,...). 
     Ce radioélément a été détecté le 18 mars 2011 et les concentrations mesurées restent faibles. Cependant cela révèle un problème d’étanchéité ponctuel dans nos installations. Ce constat a conduit à mettre en place un plan d’actions permettant:
     - Un suivi renforcé des eaux souterraines avec la réalisation de cartographies destinées à cerner le déplacement du tritium. Cet aspect conduit à suivre 11 piézomètres à une fréquence allant d’une fois par semaine à une fois par jour. À l’heure actuelle, plus de 300 contrôles ont été menés à bien.
     - Un pompage en nappe destiné à ralentir la propagation du tritium et à en éliminer une partie avec les eaux d’exhaure de la salle des machines.
     - De quantifier l’activité tritium en limite de l’INB grâce au forage de trois piézomètres supplémentaires en limite de la partie exploitée de nos installations.
     - De rechercher l’origine de l’eau tritiée par un examen minutieux de l’ensemble des circuits véhiculant de l’eau tritiée.
     - De rechercher l’origine de l’eau tritiée par une expertise rigoureuse local par local de l’ensemble du génie civil.
     L’activité maximale mesurée depuis la détection du tritium, environ 800 Bq/l, a rapidement diminué. Actuellement les valeurs mesurées sont en diminution et notamment au piézomètre situé au plus près des installations industrielles. Les activités restent faibles et n’induisent aucune conséquence sanitaire ou radiologique, sachant que la limite de potabilité retenue par l’Organisation Mondiale de la Santé est de 10.000 Bq/l. Par ailleurs les mesures réalisées au droit de la limite nord de la clôture du site, indiquent l’absence de tritium.
     Les investigations se poursuivent et le suivi de la nappe est maintenu.

suite:
COMMENTAIRE GAZETTE
Voici le courrier de JP Lacote

     Monsieur le Directeur, cher Monsieur Rosso,
     Le bureau de la CLIS m'a fait parvenir votre réponse relative à la détection de traces de tritium sur le site du CNPE de Fessenheim en mars dernier. 
     En ce qui me concerne, le questionnement concernait les réponses concrètes apportées aux demandes d'actions correctives et aux compléments d'information formulés par l'Autorité de Sûreté Nucléaire dans sa lettre de suivi de l'inspection en date du 25 mars 2011.
     Je vous remercie pour cette réponse.
     Cependant, je ne vous cacherai pas qu'elle ne saurait répondre à mon attente. En effet, ce que j'attendais, concernait les observations et les réponses correspondant à chaque point formulé.
     Dans ce cas précis, il m'importait et m'importe encore de recueillir les éléments me permettant d'apprécier les réactions de l'autorité de sûreté et de l'exploitant face à une pollution ayant impacté la nappe phréatique.
De plus, si de votre point de vue, les activités mesurées restent faibles et n'induisent aucune conséquence sanitaire ou radiologique, permettez-moi d'avoir un autre avis. À mon sens, et après recherche, l'activité maximale mesurée aurait dû entraîner des investigations supplémentaires.
     Je reformule donc ma demande, à savoir, porter à notre connaissance, point par point, les réponses apportées aux demandes suivantes, voir ci-dessus:
     - demandes n°A1a à n°A1e, demandes n°A2a à n°A2d, demandes n°A3a et n°A3b, demandes n°A4a à n°A4e, demandes n°B1a à n°B1c, demande n°B2.
     Vous remerciant d'avance, je vous prie d'agréer mes sincères salutations.
     Jean-Paul Lacote, membre représentant Alsace Nature à la CLIS de Fessenheim, vice-président de l'ANCCLI.
(Commentaire: toujours le manque criant d’accès à la réponse EDF aux demandes des  inspecteurs...)


Nucléaire: une audition de l'OPECST pointe les enjeux associés au plutonium, à La Hague et au Mox
Actu-Environnement

     Dans le cadre des travaux de l'OPESCT, les parlementaires ont auditionné des spécialistes du nucléaire de génération IV. Une audition qui éclaire certains enjeux associés à La Hague dans un contexte de vive opposition politique sur l'avenir du site.

Usine de retraitement nucléaire - La Hague
     L'audition "avenir de la filière nucléaire", organisée le 17 novembre 2011 à l'Assemblée nationale par l'Office parlementaire des choix scientifiques et technologiques (OPECST) a permis de présenter les enjeux des réacteurs nucléaires dits de "génération IV", c'est à dire les réacteurs à neutrons rapides, fonctionnant au plutonium et à l'uranium appauvri, régénérant leur combustible.
     Une présentation réalisée en introduction de l'audition a soulevé d'emblée les questions liées au cycle du combustible nucléaire et en particulier le rôle du plutonium. Un sujet complexe qui a rejoint l'actualité politique la plus brûlante.
     Présidée par Christian Bataille, député (PS) du Nord, l'audition s'inscrivait dans le cadre des travaux de la mission parlementaire sur la sécurité nucléaire qui travaille actuellement à la rédaction d'un rapport sur l'avenir de la filière nucléaire française.
Qu'est-ce-que la régénération?
     Un réacteur RNR combine un combustible fissible (le plutonium 239) et un élément fertile (l'uranium 238). La fission d'un atome de Pu239 libère des neutrons qui, pour une partie, entretiennent la réaction nucléaire dans le cœur du réacteur et, pour le solde, vont "transmuter" l’U238 réparti autour du cœur. Les atomes d'U236 fertile capturent un neutron pour transmuter en U239 qui devient ensuite du Pu239 par émission de rayonnements bêta.
     Avec ce type de réaction le  produit donc de l'énergie (par fission) et transforme l'U238 pour obtenir du PU238 qui de nouveau permet d'alimenter la réaction, d'où le terme de régénération.

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L'intérêt de la génération IV
     Dans sa présentation introductive, titrée "la problématique du déploiement des réacteurs de 4ème génération", Sylvain David, chargé de recherche à l'Institut de physique nucléaire d'Orsay (IPNO), place la gestion du combustible au centre des enjeux.
     Avec les réacteurs actuels fonctionnant à l'uranium enrichi à environ 4% en U235, il faut extraire quelque 200 tonnes d'uranium naturel par an pour chaque gigawatt (GW) de puissance installée. Une consommation qui pourrait être réduite à 130 tonnes en améliorant l'extraction de l’U233, présent dans l'uranium naturel et le combustible irradié, et en introduisant du plutonium.
     Avec les réacteurs à neutrons rapides, le plutonium disponible deviendrait constant grâce à la régénération. Ces réacteurs ne consommeraient plus qu'une tonne par an d'isotope 238 de l'uranium par GW de puissance installée. Or cet isotope, qui constitue l'uranium appauvri, ne manque pas: la France dispose d'environ 300.000 tonnes de ce résidu de l'enrichissement de l'uranium destiné à alimenter les 58 réacteurs français. La France disposerait de "5.000 ans de production d'électricité", estime Sylvain David.
     Compte tenu des disponibilités en uranium, "le recours rapide à la génération IV s'impose dans les scénarios de développement rapide du nucléaire", synthétise le chercheur de l'IPN, précisant que par "rapide", il entend un scénario visant 2.500 GW de puissance nucléaire installée en 2040, soit une multiplication par plus de 8 du parc mondial actuel de 300 GW. "Ce n'est pas le cas aujourd'hui", concède néanmoins Sylvain David.
Un scénario incertain
     Reste que pour développer une telle filière "il faut accumuler le plutonium" pour avoir suffisamment de combustible au départ du processus. Actuellement, le stock de plutonium français, hors plutonium militaire, est d'environ 300 tonnes, alors que 1.000 tonnes seraient nécessaires pour remplacer les réacteurs actuels par des réacteurs de quatrième génération.
     Cela implique trois contraintes selon Sylvain David. Tout d'abord, si la transition à puissance constante est possible pour la France, elle ne l'est pas pour un Etat qui souhaiterait accroître sa capacité nucléaire, comme la Chine ou l'Inde.
     Ensuite, la vitesse de déploiement d'un parc de réacteurs à neutrons rapides est déterminée par la disponibilité du plutonium. Il s'agit donc de prévoir une période de transition, pendant laquelle des réacteurs "classiques" produiraient le plutonium nécessaire à alimenter les réacteurs à neutrons rapides au fur et à mesure de leur mise en marche.
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     Enfin, la troisième condition est qu'"un tel scénario, même s'il est incertain, interdit de considérer le plutonium comme un déchet". Cette condition pointe directement l'un des enjeux fondamentaux du passage à la quatrième génération, à savoir le retraitement des combustibles usés qui constitue l'unique source de plutonium.
     C'est ce que fait l'usine de la Hague (Cotentin) qui sépare l'uranium résiduel, le plutonium et les actinides mineurs. Seuls les actinides mineurs sont vitrifiés et considérés comme des déchets. L'uranium résiduel et le plutonium deviennent des matières valorisables, soit pour produire du combustible Mox, soit dans le cadre de la génération IV.
La Hague et le Mox au cœur des enjeux
     Alors que le Parti socialiste et Europe Ecologie Les Verts se querellaient au sujet de l'avenir de La Hague et du Mox, l'enjeu n'a pas échappé au sénateur (UMP) de la Haute-Marne, Bruno Sido. "Sans faire de politique politicienne", avance l'élu, "la meilleure façon d'empêcher de développer un processus, la quatrième génération en particulier, c'est de faire en sorte qu'il n'y ait plus de plutonium". Et Sylvain David d'expliquer que "si l'on envisage de passer à la quatrième génération, il est évident qu'on ne peut pas se permettre de vitrifier le plutonium".
     "C'est une matière très précieuse qu'il faut conserver", poursuit-il, précisant que "c'est ce qu'on fait puisqu'il [n'est pas] comptabilisé dans les déchets mais dans les matières valorisables". On comprend en creux qu'il est tout aussi indispensable de conserver l'usine de La Hague, l'outil permettant de l'extraire.
     Pour être complet le spécialiste explique que "la stratégie du Mox [développée par EDF en France] a tendance à accumuler moins vite le plutonium". Une stratégie qui semble contreproductive si l'on souhaite développer les réacteurs à neutrons rapides puisque dans "les scénarios de développement de la quatrième génération il faut arrêter l'usage du Mox 10 ou 15 ans avant".
     Enfin, du plutonium militaire pourrait être utilisé, en particulier dans le contexte de démantèlement des armes atomiques. Un sujet sur lequel les spécialistes auditionnés par l'OPECST ne se sont pas prononcés au motif que les stocks de plutonium militaire sont inconnus et que la qualité du plutonium différerait. Ils ont néanmoins évoqué un accord signé en 2000 par les Etats-Unis et la Russie visant à utiliser les "excès" du plutonium militaire, par rapport aux besoins de l'armée, en les incorporant dans du Mox.
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